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SÉANCE DU MARDI 18 MARS 1997 |
VERGADERING VAN DINSDAG 18 MAART 1997 |
M. le président. L'ordre du jour appelle diverses demandes d'explications au secrétaire d'État à la Coopération au Développement sur la situation à l'est du Zaïre.
La parole est à Mme Mayence.
Mme Mayence-Goossens (PRL-FDF). Monsieur le président, depuis quelques semaines, je désirais interroger M. le secrétaire d'État à propos de la situation dans la région des Grands Lacs. Ma demande d'explications est devenue pressante étant donné ses récentes déclarations péremptoires au sujet d'un nouveau génocide. J'aurais pu tout aussi bien m'adresser au Premier ministre en lui demandant, à l'instar de la formule bien connue « Y a-t-il encore un pilote dans l'avion ? », s'il y a encore quelqu'un aux Affaires étrangères.
La situation est vraiment ahurissante ! Il n'y a pas si longtemps, la Belgique faisait autorité en ce qui concerne l'Afrique centrale. Les grandes puissances se référaient à nos décisions et notre influence en la matière était considérable. En un mot, nous étions des experts.
Aujourd'hui, je constate avec dépit que nous n'avons même plus de politique africaine. Notre vision est totalement floue. Il n'y a pas si longtemps, le ministre des Affaires étrangères défendait des positions claires. Les titulaires des départements de la Coopération au Développement, du Commerce extérieur et des Affaires européennes s'associaient à la démarche du ministre pour donner une image cohérente de ce que nous pensions et de ce que nous voulions réaliser. Aujourd'hui, nous observons une totale zizanie.
Plus grave encore, nous déléguons nos responsabilités aux O.N.G. dès qu'une situation devient délicate. En outre, le secrétaire d'État ne s'inquiète pas de l'opinion de nos ambassadeurs ou de nos services diplomatiques. Il préfère se fier aux O.N.G. ou à des témoins anonymes. Je ne sais pas si M. Moreels se rend compte des responsabilités qu'il prend en s'en remettant aux dires de témoins anonymes comme M. Balas, ce sujet français devenu père blanc et qui, par la force des choses, épouse la thèse de cet ordre particulièrement mal à l'aise à l'égard de la problématique rwandaise. Il a non seulement adopté le mode de vie des Rwandais, mais il a également pris leur défense. Il trouve des « correspondants » en Belgique, tel que M. Godding. Ces personnes produisent des documents qui attestent d'un grand désordre, de morts et de massacres. N'importe qui, de n'importe quel camp, pourrait vous les présenter.
Il est inadmissible, monsieur le secrétaire d'État, que ces personnes deviennent vos guides et vos maîtres à penser en matière de politique de coopération. Il n'existe plus de politique africaine en Belgique et la commission spéciale Rwanda l'illustre de manière pénible. La situation au Rwanda nous pèse terriblement, mais l'étalement sur la scène internationale de la zizanie existant entre le ministre des Affaires étrangères et vous-même nous préoccupe également.
Malgré mon estime à votre égard, j'ai le regret de vous dire que votre voyage fut un fiasco. Vous n'avez pas été reçu au Rwanda. Vous êtes arrivé en retard à l'aéroport de Kampala, ce qui a permis aux officiels ougandais de ne pas vraiment vous faire la leçon. De plus, vous n'avez pas voulu vous rendre au Burundi. Enfin, au Zaïre, vous avez livré des tonnes de médicaments de la part de Memisa, une O.N.G. du CVP. Une partie de cette livraison a été amenée à Kisangani. Elle a été entièrement pillée par des soldats zaïrois et le peu qui en restait a été détourné par les rebelles.
Je voudrais que le gouvernement Dehaene, dont vous êtes l'interlocuteur privilégié en ce qui concerne la coopération au développement, clarifie sa position.
Il n'existe, par ailleurs, pas plus de politique d'aide humanitaire que de politique africaine à proprement parler. Les conclusions d'un colloque qui s'est déroulé au département des Affaires étrangères rejoignent d'ailleurs mon point de vue en la matière. Les O.N.G. comme les militaires ont pu, à cette occasion, exprimer leur avis sur la politique d'aide humanitaire. Le constat est extrêmement grave puisque ces organisations déplorent de devoir « faire la politique » en lieu et place des hommes politiques. Elles reconnaissent d'ailleurs qu'elles se sont parfois trompées, ce qui les a mises en position difficile. Elles ne reçoivent, en fait, aucune ligne de conduite claire.
Je voudrais illustrer ce qui précède à votre intention, monsieur le secrétaire d'État, et à celle du ministre des Affaires étrangères par un exemple très précis. Le Burundi vous presse depuis un certain temps déjà de fournir une aide humanitaire aux personnes se trouvant dans les camps de regroupement de Hutus, et ce sous peine d'expulser les O.N.G. Cette requête, adressée au ministre des Affaires étrangères, est restée sans suite. Je sais qu'en abordant ce problème, je sors du sujet qui nous occupe aujourd'hui et du cadre de vos compétences, mais je veux simplement vous expliquer que, même en matière d'aide humanitaire, notre État n'a pas de politique. On agit, me semble-t-il, au coup par coup, en fonction des demandes formulées par les uns et les autres. Cette situation me préoccupe beaucoup.
Notre attitude s'apparente à celle de la France, qui soutient uniquement les « perdants » d'Afrique centrale. Cela vaut autant pour le Rwanda et le Burundi que, maintenant, pour le Zaïre. Nous gaspillons nos forces à aider un régime moribond. Vous me répondrez certainement que votre intervention concerne le volet humanitaire, mais comme la vision belge n'est pas claire à cet égard non plus, je reste très sceptique.
J'espère que vous pourrez nous éclairer au sujet de la politique belge en la matière. Je suis encore plus impatiente que voici trois semaines de connaître votre point de vue à ce sujet. (Applaudissements.)
M. le président. La parole est à M. Mahoux.
M. Mahoux (PS). Monsieur le président, les explications que je souhaite obtenir concernent uniquement M. le secrétaire d'État à la Coopération au Développement. Je me garderai de confondre les genres et de poser des questions concernant la politique étrangère, compétence du ministre des Affaires étrangères.
Je soulignerai d'abord la difficulté d'adopter une attitude claire et définitive dans la région des Grands Lacs. Je viens d'entendre certains reproches formulés à l'égard d'une politique de soutien à un régime moribond. Permettez-moi de rappeler que voici quatre mois, en commission des Affaires étrangères, certains collègues peut-être ceux qui sont intervenus aujourd'hui ont souhaité une reprise des relations, précisément avec le même gouvernement qualifié de moribond.
Quoi qu'il en soit, je compte centrer mon intervention sur les problèmes relevant de vos compétences, monsieur le secrétaire d'État, et couvrant une période un peu longue, dans la mesure où la crise dure maintenant depuis un certain temps. En effet, si certaines demandes d'explications développées aujourd'hui furent déposées au fur et à mesure de l'évolution de la situation, il n'a pas été possible de les inscrire plus tôt à l'ordre du jour du Sénat, compte tenu des impératifs d'agenda liés à votre charge. Je ne doute pas que vos réponses seront précisément éclairées par la tournure des événements au fil du temps.
Je rappelle que depuis le début de la crise dans l'est du Zaïre, le gouvernement a fourni un réel effort pour procurer une aide humanitaire aux réfugiés rwandais et burundais ainsi qu'aux personnes zaïroises déplacées, et que vous avez obtenu de la présidence de l'Union européenne la mise en place d'une commission de coopération au développement.
Je voudrais souligner également les efforts consentis à l'époque par le ministre des Affaires étrangères ainsi que par vous-même pour obtenir l'envoi d'une force militaire multinationale devant rendre possible le rapatriment des réfugiés rwandais.
À cet égard, la situation, fort heureusement, a largement évolué. En effet, malgré l'échec de la pression diplomatique belge concernant l'envoi d'une force multinationale, un grand nombre de réfugiés sont rentrés au Rwanda. Il reste cependant des dizaines de milliers de réfugiés qui fuient devant la progression des forces de l'Alliance. Ces réfugiés, des civils, pour la plupart des femmes et des enfants, feraient l'objet d'exactions de la part des forces armées zaïroises. Comme pour la question des camps de réfugiés à la frontière entre le Rwanda et le Kivu, il importe de faire la distinction entre, d'une part, ceux qui contrôlent les camps et éventuellement aussi les réfugiés, qui sont originaires du Rwanda et responsables pour une bonne part du génocide de 1994 ou, en tout cas, qui y sont impliqués, et, d'autre part, les populations civiles qui constituent l'immense majorité des réfugiés.
À cet égard, je tiens à mettre l'accent sur l'importance de la création des couloirs humanitaires. Comme leur nom l'indique, le rôle de ces couloirs consiste à offrir aux réfugiés la possibilité non seulement d'obtenir de l'aide humanitaire, à l'exclusion d'une aide militaire, mais aussi de pouvoir rentrer dans leur pays d'origine.
Monsieur le secrétaire d'État, je vous pose les questions suivantes. Avez-vous connaissance du nombre de réfugiés rwandais qui se trouvent pour la plupart encore au Zaïre ? Sous quelle forme budget , via quelle organisation et dans quelle région la Coopération au Développement a-t-elle apporté de l'aide aux réfugiés et aux personnes déplacées depuis le début de la crise ? Avez-vous connaissance de l'existence de réfugiés en Zambie ? La Coopération au Développement compte-t-elle mener une action à cet égard ? Avec l'élargissement de la zone contrôlée par les forces de l'Alliance et l'éloignement des réfugiés par rapport à la frontière rwandaise, quels sont les scénarios possibles pour le retour de ces réfugiés au Rwanda ? Au cours des derniers jours, nous avons entendu que certains d'entre eux parvenaient encore à rentrer au Rwanda, non sans difficultés cependant. Ces difficultés deviennent de plus en plus aiguës. Cette situation a-t-elle été débattue au Conseil des ministres de la Coopération au Développement à Amsterdam ? L'Union européenne a-t-elle une vision coordonnée par rapport à ce problème ? Le Conseil a-t-il abouti à des conclusions opérationnelles et partagées par l'ensemble de ses membres ?
Enfin, une question supplémentaire est liée à l'évolution récente de la situation : si l'on considère que l'objectif est de venir en aide aux populations, quels projets sont développés pour apporter un soutien dans la partie du territoire zaïrois qui est sous contrôle de l'Alliance et où se posent des problèmes extrêmement importants en matière de santé ? Si la situation sur le plan militaire et politique évolue de jour en jour, celle des populations dans l'est du Zaïre demeure inchangée. Plusieurs témoins directs ont rapporté, encore récemment, qu'il existait des besoins particuliers en termes de médicaments.
Je crois véritablement, monsieur le secrétaire d'État, que dans cette région du Zaïre également, où la situation est peut-être la plus calme et la plus maîtrisable, il y a des populations que nous sommes appelés à secourir. Je ferai référence de manière plus spécifique au témoinage ramené par M. Galan en Belgique concernant cette situation dramatique, sur le plan médical, des populations dans les territoires sous contrôle de l'Alliance.
De voorzitter. Het woord is aan de heer Hostekint.
De heer Hostekint (SP). Mijnheer de voorzitter, mijn verzoek om deze vraag om uitleg dateert reeds van 5 maart laatstleden. Iedere dag kunnen wij de toestand in Oost-Zaïre echter zien evolueren.
Volgens onze informatie ligt met de val van Kisangani voor de rebellen de weg naar de rest van Zaïre open. Men kan gerust stellen dat het regime van Mobutu op sterven na dood is en rebellenleider Kabila een machtsfactor is geworden waar de internationale gemeenschap, en dus ook België, niet meer naast kan kijken. Sinds de inval in Oost-Zaïre hebben de rebellen een vierde van het Zaïrese grondgebied veroverd. Bij gebrek aan weerstand van het Zaïrese leger is er geen sprake meer van een echt front. Bij de televisiebeelden valt op dat de rebellen vaak worden toegejuicht door de plaatselijke bevolking en dat soldaten van het Zaïrese leger plunderend door de dorpen trekken. Men verwacht dat straks Lubumbashi zal vallen en wellicht ook de hoofdstad Kinshasa. In een periode van ongeveer twee maanden is de situatie in Zaïre dus drastisch veranderd.
Het uitgangspunt van het bezoek van de staatssecretaris aan Oost-Zaïre was hoofdzakelijk van humanitaire aard. Wij kunnen respect opbrengen voor de inspanningen die hij recentelijk en in de korte periode waarin hij het departement van Ontwikkelingssamenwerking onder zijn bevoegheid heeft, leverde, toch hebben een aantal kritieken.
Mevrouw Mayence heeft daarnet reeds verwezen naar de uitspraken van de staatssecretaris over een mogelijke genocide. Dit is een zeer zwaar woord om in de mond te nemen. Wij herinneren ons de discussie over de gebeurtenissen van drie jaar geleden in Rwanda. Wanneer men het woord « genocide » in de mond neemt, moet men zeker zijn dat er wel degelijk sprake is van een volkerenmoord. De staatssecretaris heeft die uitspraak achteraf gecorrigeerd en gesproken van « genocidaire tendensen », maar in de pers zijn toch een aantal verklaringen gepubliceerd, waarin men hem de term « genocide » in de mond legt.
De staatssecretaris heeft zich gebaseerd op getuigenissen en indirecte bewijzen die onmiddellijk werden ontkracht en ontkend, onder meer door het Hoog Commissariaat voor de Vluchtelingen van de VN en de bisschop van Goma.
Daarom wil ik de staatssecretaris dan ook in eerste instantie vragen op basis van welke bewijzen hij die uitspraken heeft gedaan en of hij thans over bijkomende aanwijzingen beschikt om die verklaringen te staven.
Een ander misverstand en mevrouw Mayence heeft ook hierop al gewezen is dat aan het bezoek van de staatssecretaris aan Oost-Zaïre, waarmee hij mijns inziens nobele bedoelingen had, toch een politiek karakter werd gegeven. Verklaringen of ontmoetingen worden immers al snel geïnterpreteerd als een blijk van voorkeur voor de ene of andere partij in het conflict.
Mijn vraag is dan ook welk mandaat de staatssecretaris van de regering heeft gekregen en of er ter voorbereiding van zijn bezoek overleg werd gepleegd met het departement en de minister van Buitenlandse Zaken.
Volgens De Standaard zou de staatssecretaris hebben verklaard dat zijn bezoek een politiek signaal van jewelste te noemen is. Indien dit niet correct is, dan heeft de verslaggever in De Standaard zich vergist. Ik zou graag hebben dat de staatssecretaris hierbij enige toelichting geeft.
Ik zal niet langer uitweiden en nu de vragen stellen die ik op 5 maart heb ingediend.
Ten eerste, hoeveel vluchtelingen zijn er nog in Zaïre ?
Ten tweede, welke steun en hoeveel steun wordt er gegeven ? Via welke organisaties en in welke streken wordt aan de vluchtelingen en de ontheemden in Zaïre steun gegeven ?
Ten derde, is het correct dat er nu reeds vluchtelingen zijn in Zambia ? Wat is de staatssecretaris voor Ontwikkelingssamenwerking van plan hiervoor te doen ?
Ten vierde, welke concrete beslissingen werden in verband met Oost-Zaïre genomen op de Europese Raad van de ministers van Ontwikkelingssamenwerking van einde februari ?
Voorts heb ik nog enkele vragen van politieke aard, die ik misschien beter aan minister Derycke zou stellen. Toch zal ik een poging ondernemen.
Heeft de staatssecretaris zich tijdens zijn bezoek een idee kunnen vormen van de gevoelens die de lokale bevolking koestert ten aanzien van de rebellenleider Kabila ?
De inname van de stad Kisangani gedurende het afgelopen weekend zal wellicht grote gevolgen hebben voor de vluchtelingen die zitten samengetroept in de regio en voornamelijk langs de Zaïrestroom. De humanitaire hulp aan deze vluchtelingen dreigt in gevaar te komen.
Ik dank de staatssecretaris bij voorbaat voor de antwoorden die hij op mijn vragen zal willen verstrekken.
M. le président. La parole est à M. Destexhe.
M. Destexhe (PRL-FDF). Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État a utilisé des mots très graves, notamment celui de génocide, lequel me paraît hors de propos.
Le problème, monsieur le secrétaire d'État, c'est que vous connaissez parfaitement la définition du génocide, puisque vous avez travaillé pour une organisation humanitaire, laquelle, pour sa part, a été concernée par un véritable génocide, à savoir celui des Tutsis au Rwanda, en 1994. Par ailleurs, comme vous avez lu un grand nombre d'ouvrages sur le sujet, vous savez parfaitement qu'un génocide repose sur trois principes.
Le premier porte sur « l'intention d'exterminer un groupe défini sur des bases ethniques, religieuses ou nationales ».
Le second vise « la décision d'exterminer les femmes et les enfants ».
Troisième principe, le génocide doit se dérouler dans le cadre « d'un plan concerté d'extermination qui ne peut être mis en oeuvre que par les plus hautes autorités de l'État ».
Compte tenu de votre parfaite connaissance de la définition d'un génocide, monsieur le secrétaire d'État, pourquoi avez-vous jugé utile de qualifier de « génocide » la situation dans l'est du Zaïre ?
J'ai sous les yeux le document qui a servi de base à vos déclarations. Je ne le reprendrai pas dans le détail, car Mme Mayence y a déjà fait allusion. Il a été diffusé à l'initiative d'une O.N.G. flamande, Broederlijk Delen si je prononce bien qui accrédite ainsi un discours révisionniste en ce qui concerne le génocide du Rwanda.
De heer Vandenberghe (CVP). Mijnheer de voorzitter, door een zo eerbiedwaardig initiatief als Broederlijk Delen van op de tribune belachelijk te maken, maakt de heer Destexhe van deze Senaat een cabaret. Een dergelijke benadering is de Senaat onwaardig.
M. Destexhe (PRL-FDF). Monsieur le président du groupe CVP, que cela vous plaise ou non, c'est cette O.N.G. qui a fait circuler ce torchon parmi des journalistes et des O.N.G. tout à fait respectables ! Je ne suis pas surpris que vous fassiez une telle intervention, précisément aujourd'hui.
De heer Vandenberghe (CVP). Daarover gaat het niet, mijnheer Destexhe. De wijze waarop u een actie als Broederlijk Delen in een zogenaamde poging om Nederlands te spreken belachelijk maakt, gaat mij te ver.
M. Destexhe (PRL-FDF). Monsieur Vandenberghe, il semble que vous ayez un problème avec les faits, dans ce dossier comme dans certains autres.
De heer Vandenberghe (CVP). Mijnheer Destexhe, met de feiten heb ik hoegenaamd geen probleem, want ze spreken voor zich.
M. Destexhe (PRL-FDF). Les faits sont clairs, je vous l'accorde : une O.N.G. révisionniste s'est servie d'informations qui ne sont aucunement prouvées. Le document que j'ai sous les yeux dit notamment que « le génocide du Kivu est la continuation de celui de 1994 », mais je crois que pratiquement tout le monde en connaît la teneur.
La question est de savoir, monsieur le secrétaire d'État, si vous êtes devenu le porte-parole des O.N.G. qui repandent un discours révisionniste.
J'en viens à ma seconde question. Mon intervention sera brève, puisque l'ensemble des collègues ont déjà évoqué les points essentiels.
Au début de cette crise, monsieur le secrétaire d'État, vous avez proposé, au sein de cette assemblée, la création d'une base humanitaire militarisée à Kisangani. Vous nous avez décrit l'importance des besoins humanitaires, lesquels ne pouvaient être satisfaits que par une intervention militaire. Cette proposition vous paraît-elle judicieuse aujourd'hui ? Quelles en étaient les conséquences prévisibles sur le plan politique ?
M. le président. La parole est à M. Jonckheer.
M. Jonckheer (Écolo). Monsieur le président, comme M. Mahoux l'a rappelé, il va de soi que la politique extérieure relève de la responsabilité du ministre des Affaires étrangères. C'est dans le cadre des demandes d'explications adressées à M. Derycke que nous pourrons développer plus largement nos réflexions sur la politique menée par la Belgique en Afrique centrale.
Cela dit, monsieur le secrétaire d'État, vos déclarations dans la presse écrite et à la radio sur le génocide m'ont également surpris. Vous avez entendu mes collègues à ce sujet et je n'ajouterai rien. J'aimerais néanmoins que vous nous fassiez part de vos sources et que vous nous expliquiez exactement les intentions que vous poursuivez en intervenant de la sorte.
Plus précisément, ma question est la suivante : estimez-vous disposer à suffisance d'informations et d'analyses de source internationale sur la situation en Afrique centrale, qu'elles proviennent d'experts gouvernementaux ou académiques ? L'exemple concret pour lequel je vous ai demandé une réponse et que je vous ai communiqué par écrit est le suivant : « Le secrétaire d'État était-il au courant du fait qu'une réunion s'est tenue les 6 et 7 mars derniers à New York, sous l'égide du centre Carter, du Council of Foreign Relations, réunion qui se tenait dans le cadre de la préparation de la mission de l'envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies, M. Mohamed Sahnoun, au Zaïre. Assistaient à cette réunion, des experts extérieurs, des délégués d'O.N.G. mais aussi des représentants officiels de la France, du Canada, de la Suisse, de l'Afrique du Sud et du Cameroun. La Belgique a été invitée à cette réunion par le biais de son ambassadeur des Grands Lacs et a décliné l'invitation, selon mon informateur. »
Je trouve cette absence assez regrettable. En faisant référence à votre plan d'avenir de la coopération et à l'importance que vous accordez à la diplomatie de terrain pour la prévention des conflits, je pense que cette réunion de préparation de la visite du représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, où se cotoyaient experts gouvernementaux et académiques, impliquait notre présence.
J'aimerais savoir si vous étiez au courant de la tenue de cette réunion. Quelle est votre appréciation sur le fait que nous n'y avons pas participé ?
M. le président. La parole est à Mme Lizin.
Mme Lizin (PS). Monsieur le président, mon intervention comportera trois thèmes. J'évoquerai tout d'abord la visite du secrétaire d'État ensuite, j'aborderai ce que j'appellerai les incohérences de la politique actuelle à l'égard de l'Afrique, en particulier de la zone qui nous intéresse aujourd'hui; enfin, j'en viendrai aux problèmes de sécurité que peuvent rencontrer les citoyens belges et français à très court terme.
Tout d'abord, en ce qui concerne votre visite, monsieur le secrétaire d'État, étiez-vous informé par nos ambassades et nos ambassadeurs, particulièrement à Kigali et à Nairobi, du fait qu'elle était peu souhaitée officiellement ? J'étais présente à Kigali et à Nairobi à cette période. J'ai pu mesurer et je sais qu'ils l'ont répercuté combien ils ne la souhaitaient pas ni l'un ni l'autre, en raison du travail engagé, un travail extrêmement délicat et pointilleux mais parfois couronné de succès, malgré la grande difficulté que comporte aujourd'hui la poste d'ambassadeur belge dans cette région. Votre visite était perçue d'avance comme un élément négatif.
Le pire était l'Ouganda où vous saviez que devait avoir lieu une grande semaine commerciale préparée minutieusement par des responsables belges pendant un an. Partir du principe que nous allions les « crosser » et que nous ne démarrerions pas à n'importe quelles conditions la coopération avec l'Ouganda était incontestablement une erreur. Kigali vous a répondu encore plus clairement et je crains que ce ne soit le sentiment le plus partagé.
Mais votre visite au Zaïre j'espère que l'on pourra un jour l'appeler à nouveau « Congo » était sans doute la plus délicate. J'aimerais que vous nous disiez si votre visite a été protégée par l'équipe qui avait été recrutée par un Belge puisqu'il faut bien le reconnaître connu et cité dans la presse, M. Tavernier. Était-il possible de visiter Kisangani, sans être sous la protection d'une armée qui n'avait d'armée que le nom et qui déjà, à l'époque, était soumise aux instructions d'une équipe bien particulière de mercenaires ?
Savez-vous ce qu'ont fait les Serbes dans Kisangani pendant que vous y étiez, monsieur le secrétaire d'État ? Vous êtes-vous intéressé au comportement de ces armées d'occupation qui sont la honte de l'Europe ? Et que dire de Nairobi où notre ambassadeur avait négocié péniblement la contrepartie d'une installation située à El Doret ? Il venait d'obtenir à Nairobi les lettres qui engageaient les Kenyans à ne pas vendre de munitions dans la région des Grands Lacs. Avez-vous au moins vérifié que cette disposition était appliquée ?
Il n'est plus besoin de souligner les incohérences de la politique actuelle. Je ne parlerai pas de vos divergences avec le ministre lui-même; le problème est plus profond. Il concerne toute l'équipe qui définit aujourd'hui notre diplomatie. Elle se trompe puis corrige les erreurs, ce qui aggrave l'image d'incohérence.
Nous n'avons pas compris que l'Afrique se réveille, qu'une Afrique efficace est aujourd'hui à l'oeuvre, de l'Afrique du Sud à l'Ouganda en passant par le Rwanda. Peut-être certains ont-ils cru qu'en continuant quelques petits jeux, ils pourraient retarder l'avènement de cette Afrique-là. C'est trop tard; cette Afrique est là, malheureusement sans les Belges, bien qu'il faille nuancer. En effet, des Belges sont présents dans ces régions. Ils sont nombreux à Kigali. Ils ont choisi, malgré l'orientation du gouvernement actuel, de travailler et d'essayer de reconstruire.
Après avoir refusé toute relation avec le gouvernement et la personne du président Mobutu, même dans le but de l'influencer à l'égard de la politique erronée qu'il a menée, nous reconstruisons in extremis une alliance parfaitement non fondée et refusée en profondeur par tous les peuples du Zaïre, sans doute à l'exception de son ethnie. Du Kasaï au Katanga, du Kivu au Bas-Zaïre, de l'ensemble de ce pays, des milliers et des milliers de voix s'élèvent pour nous demander d'arrêter de le soutenir, même un peu.
J'en viens à la sécurité.
Monsieur le secrétaire d'État, vous vous êtes rendu à Kisangani pas longtemps, il est vrai et vous avez dû y voir ceux qui y travaillent. Savez-vous que le recrutement de mercenaires est aujourd'hui condamnable en Belgique ? Savez-vous que vous avez fréquenté quelques-uns de ceux qui avaient été recrutés ? Je n'ose penser que vous avez fréquenté le recruteur qui est d'ailleurs rentré. M. Tavernier s'est d'ailleurs permis de venir donner quelques informations à des personnes qui ont ce métier pour règle. Va-t-on faire semblant qu'on ne le sait pas ? N'appliquera-t-on pas la loi belge à un citoyen belge ?
Avez-vous réfléchi à une politique en cette matière, monsieur le secrétaire d'État ? Saviez-vous, pendant votre visite, que M. Haesendonck, envoyé spécial de M. Derycke, dans la région des Grands Lacs, avait, lui, rencontré les émissaires de M. Kabila et qu'il en avait évidemment tiré un certain nombre de conclusions qui interviennent sans doute dans les orientations formulées aujourd'hui par le ministre Derycke ? Savez-vous où et quand ont eu lieu ces contacts ? Si vous l'ignorez, je pourrai vous le dire à l'issue de ce débat.
J'aborderai à présent la sécurité des Belges et des Français dans la zone qui est encore aujourd'hui sous contrôle de ce qu'il reste d'une armée en déroute. Nous parlons ici à très court terme. M. Derycke est au Caire. Je pense qu'il est extrêmement dangereux cette semaine de ne pas être en Belgique. En effet, mille Belges au moins et beaucoup plus de Français se trouvent dans une situation qui peut évoluer très dangereusement d'une minute à l'autre, surtout si la santé du président actuellement hospitalisé à Cannes se détériore beaucoup plus vite qu'on ne le dit. Il ne suffit pas de dire à ces ressortissants de ne pas y aller. Ceux qui ont des raisons de ne pas s'y trouver n'y sont sans doute plus.
Sachez en tout cas qu'une insécurité profonde est entretenue par des personnes qui dépendent de ce gouvernement zaïrois auquel vous avez rendu visite récemment et qui est votre allié aujourd'hui, force est de le reconnaître. Je citerai deux personnes particulièrement dangereuses, M. Baramoto et M. Nsimbi, qui disposent en réalité de l'armée, des armes et des stocks de munitions. Si une quelconque action n'est pas entreprise rapidement à cet égard, nous risquons de voir se produire non seulement des émeutes dans cette ville mais surtout des pillages qui viseront ceux qui sont apparus, peut-être à tort, comme des soutiens à l'exploiteur. Dès lors, je vous propose de mettre très rapidement en oeuvre une politique publique qui ne laisse désormais planer aucun doute quant à la position de notre pays.
En ce qui concerne l'insécurité à Kinshasa, nous considérons à la lumière de notre expérience antérieure que, pour contourner la fermeture de l'aéroport en cas d'émeute, la traversée du fleuve vers Brazzaville s'impose. L'activité des milices a également transformé Brazzaville en poudrière.
M. Moens, vice-président, prend la présidence de l'assemblée
Les échos en provenance de Bangui nous montrent qu'en fait c'est l'ensemble de cette partie de l'Afrique qui veut se révolter contre ceux qui, tout en étant nos alliés, ont ignoré nos messages.
La situation est très grave. Les nombreuses vies en péril appellent M. le secrétaire d'État à prendre une attitude responsable. Dès lors, nous espérons des réponses adéquates. Nous suivrons au jour le jour ses réactions face au danger.
De voorzitter . Het woord is aan mevrouw Thijs.
Mevrouw Thijs (CVP). Mijnheer de voorzitter, ik ben blij dat de staatssecretaris vandaag naar de Senaat is gekomen om op onze vragen om uitleg te antwoorden. Reeds twee maanden lang hebben wij immers in de Senaat geen woord uitleg of informatie gekregen over de toestand in Zaïre. Minister Derycke is hier nog geen toelichting komen geven over de verklaringen die dienaangaande werden afgelegd, noch over de stappen die recentelijk werden gedaan, terwijl daarover nochtans verschillende vragen om uitleg werden ingediend. Het Parlement heeft recht op informatie.
Ik zou graag de mening van de staatssecretaris kennen over de toestand in Zaïre. Ik wens daarbij niet, zoals de heer Destexhe, organisaties die hard werken in het belachelijke te trekken. Hopelijk krijgen wij binnenkort ook de nodige uitleg van minister Derycke.
Na de gebeurtenissen van dit weekend, waarbij de stad Kisangani zonder slag of stoot in handen van de rebellen is gevallen, lijkt het alsof de situatie in Zaïre in een definitieve plooi aan het vallen is. De troepen van Laurent Kabila bezetten nu bijna één vijfde van het Zaïrese grondgebied. De positie van Kabila wordt daardoor aanzienlijk sterker, met als gevolg dat hij ook politiek sterker wordt en een belangrijke gesprekspartner wordt bij mogelijke onderhandelingen. Volgens persberichten worden de rebellen in Kisangani positief onthaald. Dat zou erop kunnen wijzen dat Kabila en zijn aanhangers ook kunnen rekenen op de stijgende steun van de plaatselijke bevolking.
De complexe situatie van de vluchtelingen lijkt hopeloos te worden. Dit weekend nog lanceerden de Verenigde Naties een noodkreet. Hutu-vluchtelingen die verder Zaïre worden ingedreven door de oprukkende rebellen, gesteund door Rwanda en Uganda, leven in erbarmelijke omstandigheden. Het aantal doden bij de vluchtelingen stijgt aanzienlijk. De beelden uit het kamp Tingi-Tingi waren overduidelijk. Heel wat vluchtelingen zijn ondertussen in Ubundu aangekomen.
Naast het vluchtelingenprobleem zo blijkt uit de verslaggeving van de reis van de staatssecretaris zijn er ook de bedenkelijke levensomstandigheden van de Zaïrezen zelf. Wordt Zaïre het volgende Afrikaanse land dat de ineenstorting op politiek, maatschappelijk en humanitair vlak nabij is ? Het is voor mij vooralsnog onduidelijk hoe de toestand is in Oost-Zaïre, waar Kabila de controle heeft. Is het optimisme van de plaatselijke bevolking gerechtvaardigd ? Is het Kabila om de verbetering van Zaïre te doen, of gaat het om een louter strategisch optreden om de rijke provincies in handen te krijgen en te houden ? Wat is de echte rol van landen als Rwanda, Burundi en Uganda ?
Ik vraag mij de jongste tijd vooral af in welke mate de Verenigde Staten betrokken zijn bij de destabilisering van Zaïre. Zoals zo vaak in Afrika zijn er allerlei scenario's die elkaar doorkruisen. In elk geval is weer eens de bevolking de dupe. Ons land is altijd voorstander geweest van een internationaal optreden in Zaïre en steunt tot nu toe het bewind in Kinshasa. De integriteit van het Zaïrese grondgebied dient te worden hersteld en de buitenlandse troepen moeten het land verlaten. Vandaag controleren de rebellen echter een belangrijk deel van het land en een eventuele interventie dreigt ruimschoots te laat te komen. Toch lees ik in een interview dat Kofi Annan, secretaris-generaal van de Verenigde Naties, nog altijd pleit voor een vredesmacht om de vluchtelingen te beschermen en dat hij het een schande vindt dat de internationale gemeenschap al maanden werkloos toekijkt. Annan blijft steun zoeken voor een VN-operatie.
Voor de staatssecretaris heb ik de volgende vragen. Wat is op het ogenblik de situatie op humanitair vlak in Zaïre ? Welke ontwikkelingshulp is dringend noodzakelijk zowel in bezet als in niet-bezet gebied ? Welke rol kan ons land daarin spelen ? Wat is het lot van de vluchtelingen die steeds verder Zaïre worden ingestuurd ? Heeft de staatssecretaris echt de indruk dat Kabila op de steun van de bevolking kan rekenen ? Net zoals Kofi Annan is de staatssecretaris voorstander van een militaire interventie. Is het kalf echter niet al verdronken, nu Kabila bijna een vijfde van Zaïre controleert ? Moet niet in de eerste plaats een diplomatieke oplossing worden gezocht en gevonden ?
De andere vragen die ik bij de situatie in Zaïre heb, wil ik graag aan minister Derycke stellen. Ik hoop dan ook dat hij binnenkort in de Senaat aanwezig zal zijn.
De voorzitter. Het woord is aan de heer Ceder.
De heer Ceder (Vl. Bl.). Mijnheer de voorzitter, de staatssecretaris heeft zopas een bezoek gebracht aan Zaïre. Het minste wat wij kunnen zeggen, is dat hij hiermee de polemiek over het Belgisch buitenlands beleid in verband met de crisis in Oost-Zaïre opnieuw heeft doen oplaaien. Intussen bereiken ons vanuit Oost-Zaïre de meest uiteenlopende berichten over de humanitaire toestand in het door de rebellen bezette gebied en een groot deel ervan bereiken ons bij monde van de staatssecretaris.
Een eerste vraag die ik wil stellen is de volgende. Is de staatssecretaris van mening dat er in Oost-Zaïre een volkerenmoord aan de gang is ? Het is mij immers nog altijd niet duidelijk of hij in verband met de situatie in Oost-Zaïre het woord « genocide » heeft gebruikt. In De Standaard van 11 maart wordt hij als volgt geciteerd : « Ik heb nooit over genocide gesproken in dit geval. »
En verder zegt hij : « Op dit ogenblik is er misschien van volkerenmoord geen sprake, maar tussen dat woord en de huidige gebeurtenissen bestaat wellicht weinig verschil. »
Nu begrijp ik het helemaal niet meer. Het is dus wel een volkerenmoord, maar de term « genocide » wil de staatssecretaris niet gebruiken. Ik vrees dat de meeste commentatoren het tegenovergestelde hebben begrepen, namelijk dat de staatssecretaris zonder reden « wolf ! » heeft geroepen. Tenzij hij tijdens zijn bezoek meer heeft vernomen en dit vandaag aan de Senaat wil meedelen, ga ik ervan uit dat hij de slechte gewoonte van zijn vroegere vrienden van Artsen Zonder Grenzen heeft overgenomen. Ik verwijs hier naar Artsen Zonder Grenzen Nederland dat heeft toegegeven dat het het aantal vluchtelingen in Oost-Zaïre heeft overdreven om meer fondsen te kunnen verzamelen.
Voorlopig echter is er slechts één getuige van de zogenaamde slachtpartijen en ontkennen zowel plaatselijke NGO's, als UNO-verantwoordelijken en de Nederlandse minister Pronk, dat er aanwijzingen zijn voor een volkerenmoord. Als zij gelijk hebben en ik herhaal dat er geen enkel bewijs van het tegendeel is dan getuigen de uitlatingen van de staatssecretaris van een grote lichtzinnigheid in het hanteren van het begrip « genocide ».
Op welke precieze en bevestigde gegevens steunt de staatssecretaris zich om van een volkerenmoord ik heb het niet over sporadische slachtingen onder burgers, wat al erg genoeg is meer zelfs, van een systematische volkerenmoord te spreken ? De uitleg die ik hem gisteren hoorde geven in het programma van de christen-democratische omroep, met name dat er zware slachtingen zijn geweest, maar dat de geschiedenis dit geheim waarschijnlijk nooit volledig zal prijsgeven, is met alle respect onvoldoende.
Wat bracht de staatssecretaris ertoe om precies nu ontwikkelingsprojecten te bezoeken in een land in volle burgeroorlog ? Hij kan toch moeilijk beweren dat hij naar Kisangani is geweest waar de rebellen toen reeds voor de poorten stonden en dat intussen is ingenomen om te kijken of een waterput, gebouwd op kosten van ABOS, wel goed werkt of om vast te stellen dat de door België opgezette tomatenplantage wel vruchten draagt.
Iedereen kent het engagement en de gedrevenheid van « dokter Moreels ». De vraag is echter of die instelling en dat gedrag wel in overeenstemming te brengen is met het ambt van staatssecretaris voor Ontwikkelingssamenwerking. De regering heeft de staatssecretaris uiteindelijk niet kunnen tegenhouden, maar waarom wilde hij precies nu naar daar gaan ? Kadert dit soms in een nieuw project van « ministers zonder grenzen, ministres sans frontières » ?
De staatssecretaris weet immers goed dat een dergelijk bezoek niet zonder gevolgen is. Zijn aanwezigheid kan beschouwd worden als een officiële steun van België aan Mobutu. De vraag of dat al dan niet terecht is, is zonder belang. Het gaat erover dat dit, zowel door de vrienden als door de vijanden van Mobutu, zo kon worden geïnterpreteerd.
Als klap op de vuurpijl slaagt de staatssecretaris erin een diplomatiek incident met Uganda te veroorzaken. De onvrede van Kampala met zijn boude uitspraken zorgden ervoor dat zijn bezoek aan dat land werd afgelast, precies op het moment dat daar een Belgische week was georganiseerd. Dit is in een korte tijd een flinke prestatie voor iemand die zonder mandaat is vertrokken. Minister Derycke zal wellicht blij geweest zijn.
De staatssecretaris heeft zich reeds laten ontvallen voorstander te zijn van een permanent vredesleger dat in geval van nood en met een sterk mandaat snel kan ingrijpen in brandhaarden in Afrika. Is hij van mening dat een militaire interventie om humanitaire redenen noodzakelijk is in Oost-Zaïre ? Zo ja, hoe sterk zou een dergelijke internationale troepenmacht moeten zijn ? Sluit de staatssecretaris uit dat Belgische soldaten aan een dergelijke operatie zouden deelnemen ?
Vanuit de CVP komen trouwens steeds meer pleidooien voor een actievere politiek in de regio van de Grote Meren. Naast een algemene persconferentie in die zin op 20 februari, pleitte Marc Eyskens eerder reeds voor de herneming van de militair-technische coöperatie met Zaïre en voor een boycot tegen Rwanda. Jan Van Erps is zonder meer voorstander van een militaire interventie. Daartegenover staat het neutraliteitsbeleid van minister Derycke. Is de staatssecretaris tevreden met dit beleid of is hij, net als zijn partij, van mening dat België een actievere politiek pro Zaïre moet voeren ?
Het standpunt van het Vlaams Blok is in elk geval duidelijk : Laurent Kabila, Paul Kagame, Yoweri Museveni en hun Zuid-Soedanese en Ethiopische vrienden schudden aan de boom en de rotte appels vallen naar beneden. Of men dit nu een goede of een slechte zaak vindt persoonlijk behoor ik tot de eerste categorie een zaak is duidelijk : wij hebben geen zaken meer in Zaïre. Het is niet aan ons om verrotte regimes in leven te houden, om kunstmatige post-koloniale grenzen te verdedigen, noch om de belangen van zowel de humanitaire lobby en van de NGO's inclusief Broederlijk Delen als die van kerk, koning en kapitaal te beschermen.
De voorzitter. Het woord is aan de heer Devolder.
De heer Devolder (VLD). Mijnheer de voorzitter, allicht niemand betwist dat heel wat landgenoten zich nog steeds zeer nauw betrokken voelen bij wat er in onze vroegere kolonie geschiedt. Na de val van Kisangani vraagt iedereen zich af of er nu chaos komt in Zaïre met dezelfde dramatische gevolgen, die wij de voorbije decennia reeds enkele malen hebben gekend. Dit zou fataal zijn, zowel voor de Zaïrese bevolking, als voor de vluchtelingen en de nog aanwezige buitenlanders.
De staatssecretaris heeft ter plaatse de situatie kunnen beoordelen en is dus best geplaatst om ons hierover te informeren. Nog deze middag vernam ik via nieuwsberichten dat Kabila een bestand van zeven dagen heeft afgekondigd. Zal de internationale diplomatie en ook het departement van Ontwikkelingssamenwerking van dit bestand gebruik maken en alle middelen aanwenden om een vreedzame oplossing te vinden ?
Eerste minister Dehaene verklaarde gisteren nog op de televisie dat de integriteit van het Zaïrese grondgebied gerespecteerd diende te worden. Bestaat hierover echter wel een internationale consensus ? De Zaïrese politici, ongeacht tot welk kamp zij behoren en naar verluidt bestaan er in Zaïre 418 politieke partijen betreuren dat hun land nog altijd gedomineerd wordt door de trojka Verenigde Staten, Frankrijk en België. Op het ogenblik leven er binnen deze politieke drievuldigheid echter erg uiteenlopende denkbeelden. Betekent dit geen hypotheek voor een gecoördineerd optreden, zowel inzake hulp als voor eventuele andere acties ? Welke houding zou België aannemen indien de situatie in Kinshasa dermate zou verslechteren dat zich situaties zoals in januari 1993 voordoen ? Zal België dan contact zoeken met Kabila, met getrouwen van het Mobuturegime of eventueel met personen van de Hoge Raad voor de Republiek of het overgangsparlement ? Misschien kan er uit die hoek dan een nieuwe figuur naar voren worden geschoven.
De belangrijkste vraag is echter of er in de Belgische regering, en meer in het bijzonder tussen SP en CVP nog wel eensgezindheid bestaat over het Zaïrebeleid. Tijdens het weekend heb ik een boek gelezen, dat naar het schijnt in België op de politieke index staat. Het werd geschreven door Honoré N'gBanda Nzambo Ko Atumba, in Zaïre niet de eerste de beste. Hij was conseiller à la présidence de la République du Zaïre in 1972, werd nadien raadgever op de Zaïrese ambassade in België om daarna terug te keren naar Zaïre waar hij dan in de nauwe kring rond Mobutu werkte als raadgever. Ooit was hij ambassadeur in Israël en in de overgangsregering was hij minister van Landsverdediging. Sinds 1992 is hij veiligheidsadviseur van president Mobutu.
Ik raad alle senatoren aan dit boek met aandacht te lezen. Het heeft als titel La transition au Zaïre, le long tunnel . Daaruit komt duidelijk naar voren dat onze diplomatie even sterk gefaald heeft als het overheidsoptreden in België in het algemeen. De overplaatsing in 1987 van de heer Willems, medewerker aan de Belgische ambassade in Zaïre, was daartoe de aanzet. In 1991 werd de heer Willems kabinetschef van de toenmalige minister van Buitenlandse Zaken, de heer Claes. De tegenstrijdigheden in het dossier en in het buitenlands beleid in het algemeen, namen toen nooit eerder geziene proporties aan. Misschien was de buitenwereld daarvan niet op de hoogte, ingewijden daarentegen wisten maar al te goed hoe zeer de heer Willems woede en haat koesterde ten aanzien van iedereen die ook maar de geringste band had met het Mobuturegime.
Ik wil besluiten met de vraag of het in de huidige omstandigheden mogelijk is indien dit nodig zou zijn een efficiënt hulpactieplan op touw te zetten voor de vluchtelingen en voor onze Belgische landgenoten ter plaatse.
M. le président. La parole est à Mme Willame.
Mme Willame-Boonen (PSC). Monsieur le président, j'éviterai d'aborder les thèmes que mes collègues ont déjà évoqués et me limiterai aux matières qui relèvent des compétences de M. le secrétaire d'État à la Coopération au Développement.
Récemment, la commissaire européenne Emma Bonino tenait des propos accablants sur la situation humanitaire dans le Kivu. Elle revenait de l'enfer; elle avait rencontré des gens qui n'existaient pas !
Mes questions seront très précises. Lors de son récent voyage au Zaïre, M. le secrétaire d'État a-t-il pu se rendre compte personnellement de la situation humanitaire des populations ? Quels étaient à cet égard les objectifs de son voyage ? Qui a-t-il rencontré ? Quelle est son évaluation de la situation humanitaire sur place ? A-t-il trouvé des confirmations de ses craintes concernant des massacres au Kivu ?
Des initiatives politiques ont été prises. La principale réside dans l'adoption de la résolution 1097 du Conseil de sécurité, qui prévoit un plan en cinq points. Alors que les discussions se perpétuent, des êtres humains meurent chaque jour. Quelles sont les solutions que le secrétaire d'État préconise pour garantir la sécurité des populations, qui errent fuyant les combats, et assurer l'accès de l'aide humanitaire ? Quelle est la perspective de l'acheminement de l'aide humanitaire sur un plan pratique ? Quelles sont les conséquences de la prise de Kisangani sur l'organisation de l'action humanitaire ?
Le secrétaire d'État pourrait peut-être nous faire part de ses impressions sur l'état d'esprit de la population. Quelle est l'attitude de cette dernière vis-à-vis de Kabila ? Est-elle effrayée par celui-ci ou le traite-t-elle en libérateur ?
À plus long terme, quel est l'avis du secrétaire d'État sur la perspective de la tenue d'élections ? Sont-elles envisageables, selon quel calendrier et à quelles conditions ? Quelles seraient la signification et la légitimité d'élections dans un pays divisé par la guerre ?
Comme membre de la majorité, je ne puis que déplorer le manque de coordination, pour ne pas dire de cohérence, au sein du gouvernement dans l'approche politique des problèmes de la région des Grands Lacs. On assiste apparemment à la juxtaposition de deux conceptions inconciliables : celle prudente, sinon attentiste, du ministre des Affaires étrangères et celle plus volontariste du secrétaire d'État à la Coopération. Leur désaccord apparent atteste du mal qui ronge la politique étrangère belge depuis quelques années : le manque de consensus sur les objectifs de notre politique internationale et sur les moyens de les atteindre.
Comme membre de la communauté humaine, on ne peut que souligner le manque d'ambition et d'engagement de la communauté internationale dans la recherche d'une solution à un problème humanitaire qui perdure demuis plusieurs années. Les réfugiés sont devenus un instrument politique que l'on utilise au bénéfice de l'un ou de l'autre. Ces hommes et ces femmes ne sont plus que des chiffres et des statistiques, lorsqu'on ne les supprime pas carrément des réflexions.
On constate également l'impuissance de l'Union européenne, qui ne peut s'accorder sur ce problème de la région des Grands Lacs.
En ce qui concerne la Belgique, on ne peut que regretter le manque de souffle et d'ambition de la politique de notre pays vis-à-vis de l'Afrique. J'en ai exposé les raisons précédemment. (Applaudissements.)
De voorzitter . Het woord is aan de heer Anciaux.
De heer Anciaux (VU). Mijnheer de voorzitter, ik heb ook overwogen om een vraag om uitleg te stellen naar aanleiding van het bezoek van de staatssecretaris aan Zaïre. Wellicht iets te lang, want inmiddels waren er al acht vragen om uitleg ingediend. Ik achtte het dan ook niet wenselijk er nog eentje aan toe te voegen.
Ik ging er immers van uit dat de reis in eerste instantie was ingegeven door de grote edelmoedigheid en de humanitaire bezorgdheid van de staatssecretaris en niet zozeer door de politieke verantwoordelijkheid die hij draagt.
Wij kunnen geenszins ontkennen dat de Belgische diplomatie met betrekking tot Zaïre en vooral met betrekking tot de situatie in het gebied rond de Grote Meren ernstig in gebreke is gebleven. Men heeft zich beperkt tot een neutrale en passieve houding, mede wegens de tegenstelling tussen de opvattingen van de socialisten en van de christen-democraten in de regering. Dat is niet goed, want door de makke houding van de Belgische diplomatie verspelen we alle kredietwaardigheid in dat gebied en laten wij honderdduizenden mensen in de steek.
De staatssecretaris moet toch geweten hebben dat zijn bezoek aan Zaïre, door de nog resterende aanhangers van Mobutu, met beide handen zou worden aangegrepen om te verklaren dat België hen nog altijd steunt. Ik weet dat de staatssecretaris zich niet laat gebruiken en terecht maar het staat als een paal boven water dat dit wel is gebeurd. Dat is niet verstandig.
Er zijn drie scenario's mogelijk voor de verdere ontwikkelingen in Zaïre.
Een eerste scenario is dat de erfgenamen van het Mobuturegime na het overlijden van de president, ofwel eensgezind, ofwel manu militari de macht zullen grijpen.
Een tweede mogelijk scenario is dat Kabila zijn militair offensief kan voortzetten en zo het grondgebied grotendeels kan veroveren.
Ik heb wel geen glazen bol om in te kijken, maar ik denk dat velen zich er aan verwachten of misschien hopen dat Zaïre na de dood van Mobutu zal vervallen in Somalische toestanden. Dat is dan het derde en meest waarschijnlijke scenario. Het is immers niet uitgesloten dat de verschillende krijgsheren die nu een groot deel van het leger van Mobutu achter de hand houden, elk een zo groot mogelijk terrein willen veroveren. Dit laatste scenario zou wel eens een humanitaire ramp kunnen betekenen.
Waar willen wij eigenlijk naartoe ? Ik neem aan dat iedereen het ermee eens is dat het Mobuturegime geen garantie inhoudt voor een democratisch politiek verloop. Ik geloof ook niet dat het Kabilaregime garant staat voor democratische ontwikkelingen. Men moet echter ook inzien dat de heer Kabila niet de eerste de beste is. Hij behaalt niet toevallig, waarschijnlijk met de steun van enkele andere landen, militaire overwinningen. Hij is geen toevallige opposant van Mobutu. Hij is een van de weinige oppositieleiders die nooit van kamp veranderd is, nooit gecollaboreerd heeft en altijd consequent tegen het Mobuturegime heeft gestreden. Kabila beschouwen als het grote kwaad is eveneens absurd. Daarom begrijp ik niet dat noch het departement van de staatssecretaris noch de Belgische regering, tot op heden met de heer Kabila contact hebben genomen. Als men een democratische evolutie nastreeft, ligt het voor de hand dat men zo snel mogelijk contacten legt met de heer Kabila en met alle andere partijen in het geschil. Via die diplomatieke weg moet men de kleine groep democraten die in Zaïre klaarstaat en waarvan men zelfs niet zeker is of ze verenigd zijn, helpen om het land tot een democratie om te vormen. Geen contacten leggen met Kabila zou op het ogenblik een onvergeeflijke fout zijn.
Ik zou van de staatssecretaris graag vernemen hoe een mens zo naïef kan zijn dat hij ervan uit gaat dat het bezoeken van een aantal ontwikkelingsprojecten op het terrein op dit ogenblik niet zal worden misbruikt door het Mobuturegime.
Ten tweede vraag ik mij af waarom de staatssecretaris er niet aan heeft gedacht om zelf met de heer Kabila contact te nemen.
Ten derde vraag ik mij af in hoeverre hij gesprekken heeft gehad met minister Derycke om zijn reis voor te bereiden. In hoeverre is deze reis ontstaan uit een gevoel van ergernis over het beleid dat de minister Derycke probeert uit te stippelen ? Is dit een uiting van de tweespalt binnen de regering aangezien de staatssecretaris niet namens de regering maar enkel namens zijn departement naar Afrika ging ?
Bovendien wil ik er nogmaals de nadruk op leggen dat het mijns inziens onvergeeflijk is dat de Belgische diplomatie zich in een situatie heeft laten dringen van waaruit ze geen enkele positieve bijdrage kan leveren.
De voorzitter. Het woord is aan staatssecretaris Moreels.
De heer Moreels, staatssecretaris voor Ontwikkelingssamenwerking, toegevoegd aan de eerste minister. Mijnheer de voorzitter, naast concrete antwoorden, wil ik ook een verslag geven van mijn reis, niet alleen van de acties die ik op humanitair gebied heb ondernomen, maar ook van een aantal indrukken die ik opdeed bij mijn contacten met personen van de civiele samenleving in Zaïre.
Het overbrengen van die indrukken houdt natuurlijk het risico in dat zij in mijn mond worden gelegd. Ik zal dan ook duidelijk citeren wanneer ik het over die indrukken heb.
In elk geval is dit bezoek, dat voor sommigen op een verkeerd ogenblik heeft plaatsgevonden, ingegeven door een humanitaire bezorgdheid in de brede zin van het woord; het is een solidariteitssignaal aan de Zaïrese bevolking. Ik heb de argumenten voor dit bezoek besproken met de eerste minister en met de minister van Buitenlandse Zaken. Men loopt weliswaar altijd het gevaar dat een humanitaire opdracht een politieke kleur krijgt, maar een bezoek aan een land dat in een crisis verkeert kan op middellange tijd zeer belangrijk blijken, ook al is het nut ervan op korte termijn niet onmiddellijk duidelijk.
Ik wil mijzelf uiteraard niet alle eer toewuiven, maar ik heb bij mijn bezoek een specifieke methode en strategie aangewend. Ik heb gesproken met de mensen uit de Zaïrese samenleving en ik heb een informele ontmoeting gehad met de minister van Buitenlandse Zaken. Ik heb een land in oorlog bezocht, maar ik heb mij ook gericht tot het Zaïre van de creativiteit en de inventiviteit, zoals het nu nog altijd bestaat na het afbreken van de internationale samenwerking en het opschorten van de Belgische ontwikkelingssamenwerking in de jaren 90. Ik zal gedetailleerd verslag uitbrengen van de talrijke contacten die ik ter plaatse heb gehad. Dit bezoek is ongetwijfeld nuttig geweest. Wellicht zal men mij kwalijk nemen dat ik weer eens refereer aan mijn medische achtergrond, maar wanneer een patiënt ziek is, moet men dicht bij zijn bed staan en niet werken vanop een afstand.
Mijn bezoek beantwoordde niet alleen effectief aan de nood van de Zaïrese bevolking in Kisangani, maar ook aan de nood van de ontwikkelingssamenwerking in Kinshasa. Ondanks de problemen en de onstabiele situatie waarin men zich in Kinshasa en in de rest van Zaïre dag na dag bevindt, is de ontwikkelingssamenwerking zelf waarschijnlijk nog de enige duidelijke boodschap aan de Zaïrese bevolking.
Mijn bezoek gaf mij de gelegenheid twaalf ton medisch materiaal over te brengen naar het binnenland, waarvan tien ton werden toevertrouwd aan plaatselijke NGO-vertegenwoordigers in Kisangani, waar er, buiten Memisa, nog bijzonder weinig hulporganisaties aanwezig zijn. Het Hoog Commissariaat voor de Vluchtelingen beschikt er slechts over één vertegenwoordiger. De journalisten die mij hebben vergezeld, kunnen dit bevestigen. De bevolking wordt er geconfronteerd met een nijpend voedseltekort. Wellicht zullen sommigen opwerpen dat een voedseltekort een humanitaire en geen politieke aangelegenheid is. Ik kan echter verzekeren dat een voedseltekort voor 500 000 tot 600 000 personen lokale bevolking en Zaïrese verplaatste personen met bovendien een vluchtelingenkamp op 50 km afstand de spanning enorm doet toenemen en zowel het geweld als de politieke destabilisatie in de hand werkt.
Na telefonisch contact vorige week dinsdag met de Wereldvoedselbank in Rome en dankzij het ingrijpen van de Franse minister voor Ontwikkelingssamenwerking is er 200 ton voedsel per schip aangevoerd en hebben er ook twee of drie vluchten met medisch materiaal vanuit Mwanza in Tanzania naar Kisangani plaatsgevonden. Het is niet juist dat dit materiaal is verdwenen en dat het werd gestolen door de Zaïrese soldaten. Mijn departement heeft bijna tweemaal per dag contact met Zaïre; medicijnen zijn ter plaatse en zullen worden verdeeld door de nieuwe autoriteiten die zich in Kisangani bevinden. Het medisch materiaal is in de eerste plaats bestemd voor de inwoners van Kisangani en voor de Zaïrese ontheemden en niet specifiek voor de Rwandese vluchtelingen, zoals in een bepaalde krant te lezen stond. Toen ik ter plaatse was, bevonden zich in Kisangani nagenoeg geen Rwandese vluchtelingen, maar wel ongeveer 35 000 ontheemde Zaïrezen.
Ik heb bovendien moeten vaststellen dat de pers belang hecht aan geruchten als zou ik in Zaïre wapens zijn gaan leveren. Sommige kranten zouden ten minste de gegrondheid van deze geruchten kunnen nagaan bij hun eigen verslaggevers, die samen met mij het vliegtuig hebben genomen.
Tijdens mijn bezoek had ik de gelegenheid in Kinshasa een aantal mensen te ontmoeten. Dat waren, ten eerste, de Belgische coördinatoren, die als opdracht hebben de samenhang van de lopende ontwikkelingsprojecten te verzekeren in het gebied en in de sectoren waarvoor ze de verantwoordelijkheid dragen. Elke coördinator zal voortaan daartoe moeten worden bijgestaan door een Zaïrese collega. Op die manier willen wij bijdragen tot de endogene aanpak van onze ontwikkelingshulp.
Ten tweede, ontmoette ik een aantal vertegenwoordigers van de Belgische NGO's die op het ogenblik nog in Zaïre werkzaam zijn; niet geheel Zaïre is in oorlog. Zij zijn aanwezig en vragen om op het terrein te gaan kijken in de verschillende provincies. Ik ontmoette er mensen die terugkwamen uit Glusunbaji, uit Jemema, uit Oost-Zaïre. Zij wensen de hulp op te starten. Het is mijn taak deze ontwikkelingssamenwerking een impuls te geven, terwijl ik de politieke en militaire evolutie op de voet volg. Maar liefst 35 Belgische NGO's, een derde van alle erkende NGO's in België, zijn betrokken bij het samenwerkingsprogramma met Zaïre. Ik heb vertegenwoordigers van alle aanwezige Belgische NGO's ontmoet en met hen overleg gepleegd. Op een vergadering in Kinshasa heb ik vertegenwoordigers ontmoet van Handicap International, Caritas, Damiaanactie, Cemubac, Memisa, Artsen zonder Grenzen, Fometro, CDI Bwamanda, Foperda, Rode Kruis, enzovoorts.
Ik heb ook vertegenwoordigers van de Zaïrese NGO's en mensenrechtenorganisaties, zoals CNONGD, Azadho, Linelit, Amos, Commission Justice et Paix, FCDD, IZADEZ, CTTD, Groupes de Paix Kibangistes, ontmoet. Dit zijn allen mensen waarvan men zeker nu niet kan zeggen dat zij aanleunen bij het regime. Integendeel, het zijn grote civiele organisaties die sinds tien, vijftien, twintig jaar strijden voor meer respect voor de mensenrechten, voor een grotere transparantie van het beleid, voor een rechtvaardige maatschappij. Men kan dus niet zeggen dat zij een steun vormen voor het huidige regime in Zaïre, zoals sommigen beweren. Op deze belangrijke vergadering hebben wij heel uitvoerig de toestand van de mensenrechten en de evolutie van de politieke situatie in Zaïre besproken.
Voorts ontmoette ik een vertegenwoordiger van de Commission de politique économique et sociale, CPES, die gegroeid is uit het overgangsparlement HCR/PT en ermee belast is regelmatig een verslag op te maken over de sociaal-economische toestand van het land. Deze week zou trouwens een dergelijk rapport worden voorgesteld, maar dit wordt mogelijk uitgesteld vanwege de gebeurtenissen. De CPES heeft een groot structureel sociaal en economisch hervormingsprogramma gemaakt. Het behandelt de heropbouw van het land in verschillende punten.
Een eerste punt van dit rapport gaat over de hervorming van de staat, namelijk over de vraag of de staat moet worden gefederaliseerd. Een tweede punt betreft de vraag wat de staat nog moet doen en wat moet worden geprivatiseerd ? Een derde punt betreft, het macro-economische beleid. Terzake vroeg mevrouw Thijs naar de macro-economische indicatoren. Zaïre kampt met een bijzonder lage monetaire stabiliteit en met een grote inflatie. Een vierde punt betreft de sociale sectoren, een vijfde, de staatsportefeuille, een zesde, de hervorming van het gerecht en de veiligheid, en een zevende, de basisinfrastructuur en de herstelprogramma's op landbouwgebied.
Het is evident dat de totstandkoming van een democratie en dat kan lang duren, wij hebben er 150 tot 200 jaar over gedaan gepaard gaat met een hervorming van leger, politie en dergelijke.
Voorts heb ik ook de Europese gezant ter plaatse, de heer Kreps, ontmoet met wie ik de technische coördinatie van onze samenwerking met Zaïre heb besproken, meer in het bijzonder het protocolakkoord dat onder mijn impuls bij een officieel bezoek aan Zaïre op 3 december werd ondertekend tussen de Europese Unie en de Zaïrese regering. Dit slaat onder meer op het statuut van niet-gouvernementele organisaties, de douanetaksen, de kaderovereenkomsten, de fiscale vrijstelling en het coöperantenstatuut.
Ik ontmoette ook mijn Zaïrese ambtsgenoot, mevrouw Lamdu, tijdens een informele maaltijd.
Ma visite m'a permis de vérifier sur le terrain l'évolution concrète de projets en cours. Je pense notamment au projet Kidele, en périphérie de Kinshasa, où des étudiants de l'université encadrent bénévolement un centre de santé et de formation pour une population démunie.
Je tiens à citer aussi, dans la région de Gemena, au nord, le projet du C.D.I. Bwamanda, projet d'appui aux agriculteurs de la région par la fourniture de semences sélectionnées, par la formation à diversification des productions, par l'amélioration des techniques d'utilisation des sols et par l'achat groupé des productions de ces paysans. Toutes ces activités productives permettent de dégager des surplus financiers qui sont investis dans les activités sociales : des écoles techniques pour mécaniciens ou infirmières, un hôpital et des centres de santé où, par le biais d'une cotisation mutuelle de 200 francs par an, les habitants de la zone peuvent avoir accès à des soins de santé à un prix raisonnable. Ainsi, un mutualiste paiera 150 francs belges pour une opération tandis qu'un non-mutualiste paiera 750 francs belges.
Je répète une fois encore que je ne suis pas d'accord avec ceux qui affirment que ma visite a une dimension politique mal perçue en raison de la stratégie que j'ai suivie. Je souligne que cette visite m'a permis de rencontrer le Zaïre qui vit, qui réalise des choses et qui construit son avenir. Ce Zaïre-là existe aussi; je tiens à le dire une fois encore.
Je veux aussi briser une vision trop étroite donnée à cette visite. Comme on a pu le lire dans Le Soir , je ne suis pas « allé me réconforter auprès du C.D.I. Bwamanda, O.N.G. catholique belge fonctionnant encore et très bien ». Le C.D.I. a, pour votre information, un statut d'O.N.G. zaïroise et non belge. Ce qui importe, c'est que j'ai fait ce choix parce que ce projet développe une approche multisectorielle et que, dans la région, les gens luttent contre la maladie du sommeil, contre la trypanosomiase. Cette maladie a atteint aujourd'hui le niveau de 1945; la situation s'est terriblement dégradée, et c'est par milliers que l'hôpital du C.D.I. doit aujourd'hui traiter les patients atteints par cette maladie et inexorablement condamnés.
Je tiens aussi à mentionner, toujours dans la région de Gemena, un projet de l'Institut de médecine tropicale, développé en collaboration avec certaines universités. Il consiste à étudier l'utilisation de médicaments moins chers et moins toxiques pour soigner cette maladie, dont l'épidémiologie est très compliquée. La reprise de la coopération a permis de construire dans l'hôpital un pavillon spécialement destiné à ces malades, de relancer la pratique des équipes mobiles qui détectent les malades dans les villages et d'entamer une analyse de la maladie afin d'en déceler plus précisément les différents stades pour affiner le dosage des traitements.
Comme je viens de vous l'indiquer, ma visite m'a surtout permis de rencontrer nos partenaires non gouvernementaux : les représentants des associations de droits de l'homme, des O.N.G., de la société civile, cette dernière étant évidemment partie prenante dans la crise qui se déroule au Zaïre. Quelle que soit l'évolution politique future du pays, quel que soit le gouvernement qui dirigera le Zaïre, ces hommes et ces femmes seront dans cinq ans, dans dix ans, les acteurs qui continueront à construire le pays.
Au cours de nos rencontres, ces partenaires zaïrois m'ont fait part de certaines considérations à propos de la situation socio-politique du pays. Afin d'élargir le débat, il me paraît utile d'en évoquer certaines devant votre assemblée, de manière à décrire l'ambiance qui règne actuellement au sein de la société civile zaïroise.
Ainsi, je n'ai rencontré personne qui ne souhaite pas un changement de régime au Zaïre. L'homme de la rue attend ce changement avec une telle impatience qu'il préfère n'importe quelle situation nouvelle à la situation actuelle. Il exprime donc parfois un soutien immédiat à M. Kabila.
Les représentants de la société civile, s'ils partagent le souhait du changement, ne désirent pas « que l'on déshabille Jacques pour habiller Jean ». Ils rappellent « qu'en 1963, au moment où la situation était chaotique, la population a également applaudi l'émergence d'un homme fort, un certain Mobutu, qui durant plus de trente ans s'est ensuite maintenu au pouvoir par la force ».
Le débat au Zaïre aujourd'hui ne doit pas être Mobutu versus Kabila mais « démocratie » versus « non-démocratie ». Le seul moyen de conquérir le pouvoir doit être les urnes.
Il faut être cohérent : exiger la démocratie à l'ouest du Zaïre et refuser la prise de pouvoir par la force à l'est du Zaïre.
La constitution doit être la base de référence pour construire l'avenir du Zaïre; elle est aujourd'hui acceptée par toutes les sensibilités politiques du pays.
Je vous rappelle que, pendant six ans, le H.C.R.P.T. a élaboré, en son enceinte et sous la présidence de monseigneur Monsengwo jusqu'à sa destitution, un projet de constitution. Je vous conseille de le lire car il s'agit d'un remarquable projet de constitution de la troisième république, qui contient trois objectifs essentiels.
Tout d'abord, il prévoit un régime semi-présidentiel. Autrement dit, le président est uniquement responsable de la politique extérieure et de la sécurité du territoire. Ensuite, il instaure un régime parlementaire : la coalition qui sera formée sera présente au niveau du gouvernement et le Premier ministre ne sera plus nommé par le président. Enfin, il met en place la fédéralisation de l'État, avec une division des compétences extrêmement précise entre le pouvoir fédéral et les entités fédérées.
Une discussion sur la loi financière est en cours, tout comme dans notre pays, afin que les provinces riches contribuent dans une plus large mesure que les provinces pauvres aux recettes de l'État fédéral, le reliquat pouvant servir aux secteurs sociaux et autres secteurs d'investissement économique dans leurs entités fédérées.
Après six ans, la constitution a été acceptée à la majorité absolue du H.C.R.P.T. et des parlementaires des régions maintenant occupées par l'alliance.
La Belgique doit jouer un rôle important dans cette transition. Elle est la seule à véritablement connaître le Zaïre et la visite du secrétaire d'État est appréciée des Zaïrois. Elle témoigne du soutien belge à cette population.
Différents scénarios sont souvent présentés. Chacun d'eux est possible puisque, à tout moment, des événements peuvent se produire. Nous avons appris cet après-midi que M. Kabila avait accepté un cessez-le-feu de sept jours. C'est un signe très encourageant vis-à-vis de la résolution 1097 du Conseil de sécurité.
Jusqu'au 7 juillet prochain, le gouvernement, qui est établi pour une période de cinq ans, est constitutionnel. Au-delà de cette date, une période de transition peut être envisagée. C'est ce que l'on appelle la « pré-démocratie » et c'est la thèse de certains pays tels les États-Unis, la Grande-Bretagne et le Canada. Selon le premier scénario, il faut d'abord instaurer un régime stable et ensuite déterminer la meilleure manière de remplir les conditions d'une démocratisation progressive, notamment par l'organisation d'un référendum.
Le deuxième scénario prévoit une négociation entre le gouvernement et l'alliance, avec comme priorités un cessez-le-feu de sept jours la nouvelle a été annoncée ce midi et la mise en oeuvre du plan dit de M. Sahnoun, comprenant cinq points, et qui a été retenu dans la résolution 1097 du Conseil de sécurité.
Le troisième scénario envisage la mise en place d'un gouvernement transitoire d'unité nationale sous lequel des élections seraient organisées le plus rapidement possible.
Certes, des coups d'État peuvent être fomentés, soit par les personnalités que vous avez citées, madame Lizin, soit par d'autres, comme le général Mahele. D'importantes tensions existent actuellement au sein de l'armée; cependant, même si un coup d'État était organisé à l'instigation de M. Mahele, un gouvernement militaire ou civil d'unité nationale pourrait assurer la transition. Celui-ci devrait au moins prévoir la reprise du processus de démocratisation, notamment par le biais d'élections.
La Belgique soutient le deuxième scénario. D'aucuns ont fait état de dissensions entre le ministre des Affaires étrangères et moi-même et du rôle d'arbitre à assumer par le Premier ministre en la matière. Il est tout à fait normal que différentes opinions s'expriment au sein d'un gouvernement et soient soumises à la discussion.
Certains d'entre vous ont dénoncé l'inertie de la Belgique. Cependant, je vous rappelle que notre pays il a pratiquement été le seul a souvent plaidé pour une force multinationale, même si d'aucuns ont, par la suite, estimé que cette attitude était une erreur sur le plan politique. Personnellement, je suis toujours favorable à une telle force, laquelle est d'ailleurs prévue dans l'article 3 de la résolution 1080 du Conseil de sécurité, toujours valable jusqu'à la fin du mois de mars. À mon sens, une force multinationale je reviendrai ultérieurement sur ce point aurait pu épargner bon nombre de victimes et éviter certains problèmes.
Par ailleurs, l'acceptation de mon plan à la coopération bilatérale indirecte avec le Zaïre a permis l'ouverture du dialogue avec ce pays.
Certains d'entre vous ont prôné une coopération bilatérale directe. Cependant, je constate que les acteurs de la société civile qui sont parties prenantes de ce plan, se montrent enthousiastes à l'idée de nous aider et de continuer à être nos partenaires.
Une de mes initiatives a également été reprise par le Conseil des affaires générales des Affaires étrangères, à savoir l'envoi d'envoyé spécial de l'Union européenne, M. Aldo Ayelo.
Toutes ces mesures montrent que notre politique a été beaucoup plus conséquente qu'il n'y paraît. Nous vivons un moment historique et il nous incombe de prendre position en la matière. Nous devons encourager, d'un commun accord, le processus de démocratisation en tant que levier pour les négociations futures, quel que soit le scénario de transition militaire ou civil adopté dans les prochains jours ou les prochaines semaines. Si nous n'agissons pas de la sorte, nous commettrons une erreur au niveau de la nouvelle histoire du Zaïre. Ce pays a connu d'importants bouleversements au fil du temps. Son avenir repose maintenant sur deux éléments fondamentaux qui ont fait l'objet de discussions au sein du parlement, à savoir la constitution de la troisième république et la mise en oeuvre d'un plan clairement défini en matière de réhabilitation économique, sociale et politique. Nombreux sont ceux, non seulement au sein de la société civile, mais aussi du monde politique, toutes tendances confondues, qui sont totalement favorables à ce processus.
Ultérieurement, il sera plus difficile de s'engager dans cette voie en raison du grand nombre de partis existant au Zaïre. Mais vous savez tous comme moi que la politique n'est pas une chose facile. Quoi qu'il en soit, dans le cas qui nous occupe, nous disposons de deux bases constitutionnelles qui peuvent faire évoluer le Zaïre. Même si l'instabilité prévaut actuellement, cette période est sans doute historiquement capitale pour l'avenir de ce pays.
J'en viens aux questions plus précises qui m'ont été posées. En ce qui concerne la situation sur le terrain dans l'est du Zaïre, la ville de Kisangani est tombée aux mains de l'Alliance alors que, mardi dernier, elle donnait l'impression d'être défendue avec force. Personnellement, je n'ai vu aucun mercenaire. En effet, pour assurer ma propre sécurité ainsi que celle de ma délégation et en fonction d'une réflexion politique, j'ai pris la précaution d'atterrir au milieu de la ville dans un aéroport plus petit que celui situé à plusieurs kilomètres et qui implique le passage de check points .
La capitulation rapide de la ville a permis d'éviter un grand nombre de victimes humaines. Une partie importante de la population civile de Kisangani a tout de même fui la ville. J'ai pu voir des radeaux bondés qui traversaient la rivière.
Les 160 000 réfugiés qui avaient fui les camps de Tingi Tingi se sont rassemblés à Ubundu, à 60 kilomètres de Kisangani, le long du fleuve Zaïre. Quelque 60 000 étaient arrivés mardi dernier. Ils étaient bloqués par le fleuve. Certains ont tenté de le traverser avec des moyens de fortune. Il semble que 200 à 300 personnes se soient noyées. J'ai appris de la bouche du seul représentant présent de l'U.N.H.C.R. que les plus faibles étaient encore dans la forêt, sur une très mauvaise route. Le cortège de ces réfugiés s'étalait sur une cinquantaine de kilomètres. À ce moment, peu d'enfants, de femmes et de vieillards avaient atteint Ubundu.
Ik was ten zeerste verwonderd over het vroegtijdig afreizen van de grote hulporganisaties uit een stad die toch niet voortdurend onder het vuur van de bommen lag zoals ik dat in andere oorlogsgebieden heb kunnen meemaken. De Zaïrese bevolking en de vluchtelingen waren aangewezen op een tweetal hulporganisaties, waaronder Memisa; de plaatselijke bevolking telt 500 000 eenheden en heeft een massa vluchtelingen en ontheemden uit Oost-Zaïre opgevangen. Vooral voor deze laatste groep was het uitblijven van elke hulp schrijnend.
In antwoord op de vraag hoeveel Rwandese vluchtelingen op dit ogenblik in Zaïre verblijven, dien ik te verwijzen naar de cijfers van het Hoog Commissariaat voor de Vluchtelingen. Deze cijfers kunnen dan naar believen worden gesteund of tegengesproken. Wel moet het mij van het hart dat de cynische strijd over cijfergegevens van de jongste weken mij niet alleen heeft ontgoocheld, maar mij echt doel walgen. Volgens het commissariaat verblijven er momenteel 377 000 Rwandese en 55 000 Burundese vluchtelingen in Zaïre.
Het aantal ontheemde Zaïrezen blijft stijgen. Alleen in Kisangani wachten 35 000 ontheemden op voedselhulp en op medische bijstand.
Verscheidene senatoren vroegen zich af in welke mate het departement Ontwikkelingssamenwerking sinds het uitbreken van de crisis hulp heeft geboden. Ik zal de lectuur besparen van een twee bladzijden lange lijst. Sinds het uitbreken van de oorlog in november 1996 beloopt de humanitaire hulp toegekend via de basisallocatie noodhulp in het totaal 496 miljoen frank. Dit bedrag werd verdeeld over de hulp aan Rwanda, Zaïre en Burundi.
De situatie in Burundi vormt weliswaar niet het thema van deze interpellaties. Toch kan ik meedelen dat de hulp aan Burundi via de Food for work-programs nog steeds wordt voortgezet en dat de eraan verbonden artsen werkzaam blijven in de plaatselijke ziekenhuizen. Alles wordt in het werk gesteld om de humanitaire hulpverlening maximaal te blijven garanderen.
Door het embargo is er weliswaar een benzinetekort ontstaan waardoor het voedsel dat te Bujumbura aankomt niet langer door de plaatselijke partners naar het platteland kan worden vervoerd. Daarover heb ik een vraag gericht aan het sanctiecomité van de UNO. Het embargo is een beslissing van de Afrikaanse landen, mijn persoonlijke mening daarover doet niet veel terzake. De lekken in het embargo maken er wel een echte gruyèrekaas en de benzine wordt aan woekerprijzen op de zwarte markt aangeboden.
De heer Neel zal overmorgen uit Burundi naar België terugkeren en op mijn kabinet verslag uitbrengen. In de loop van onze regelmatige contacten heeft hij mij verzekerd dat de hulpprogramma's zo goed en kwaad als mogelijk in een oorlogsgebied worden voortgezet; de meeste hulporganisaties hebben het Burundese grondgebied echter verlaten.
Via de projecten en interventies werden 140 miljoen frank besteed, via de multilaterale hulp 70 miljoen aan het Hoog Commissariaat voor de Vluchtelingen en via de voedselhulp nog eens 30 miljoen aan het wereldvoedselprogramma dat eerder reeds enkele tientallen miljoenen mocht ontvangen.
Op grond van de cijfers die ons door de verschillende organisaties en projecten worden bezorgd kom ik op een totaal bedrag van 736,3 miljoen frank hulp. 470 miljoen frank gingen naar Oost-Zaïre en 256 miljoen naar West-Zaïre. Voor zover Ontwikkelingssamenwerking via deze hulp een politieke boodschap zou willen hebben geven, was het een vrij evenwichtige boodschap aan heel het Zaïrese volk, met een lichte voorkeur aan de gebieden die bezet of bevrijd werden door de alliantie van de heer Kabila. Het jaarlijks bedrag van 300 miljoen frank hulp aan Rwanda en de enveloppe van 600 miljoen frank waarover nog besprekingen met de Ugandese autoriteiten moeten worden gevoerd, laat ik hier volledig buiten beschouwing.
M. le président. La parole est à M. Mahoux.
M. Mahoux (PS). Monsieur le secrétaire d'État, ces sommes et ces projets sont-ils encore d'actualité ou est-ce un inventaire de ce qui s'est fait l'année dernière ?
M. Moreels, secrétaire d'État à la Coopération au Développemen, adjoint au Premier ministre. Il s'agit de l'aide humanitaire apportée via des organisations qui travaillent dans l'est et l'ouest du Zaïre, depuis novembre 1996 jusqu'à la prise de Kisangani, et à laquelle il faut ajouter dix ou vingt millions via Memisa. Je parle ici uniquement des organisations d'urgence. À noter que n'est pas reprise dans cette somme la coopération bilatérale indirecte avec la région du Kivu déjà amorcée par certaines O.N.G. et appelée à s'accroître par les négociations futures.
J'en viens à la question des réfugiés zaïrois en Zambie. Selon le département humanitaire des Nations unies, il y aurait actuellement 1 500 réfugiés zaïrois en Zambie. La capacité d'absorption de la Zambie n'est donc pas encore dépassée et le problème peut encore être géré localement. Dans l'hypothèse où ce nombre devait s'accroître et où la Zambie ferait appel à la communauté internationale, nous examinerions la demande, comme nous le faisons déjà pour toute la région.
Quant aux scénarios possibles pour le retour des réfugiés qui se trouvent actuellement plus éloignés de la frontière rwandaise cette préoccupation est d'ailleurs partagée par Mme Ogata , la solution des couloirs humanitaires vu la distance à couvrir, 600 km est quasiment impossible et les rapatriements par avion sont très difficiles à réaliser et très coûteux. En outre, je rappelle que le cessez-le-feu constitue un préalable à toute démarche humanitaire et à tout dialogue sur le plan politique et que sans cela, les réfugiés risquent de s'enfoncer plus profondément encore dans le Zaïre.
De scenario's werden in het begin van deze maand besproken in de Europese Ministerraad in Amsterdam, waarvan de heer Frank het voorzitterschap heeft. Er was het grote internationale congres over conflictpreventie, waar meer dan duizend deelnemers aanwezig waren en waar specialisten, ikzelf et l'ambassadeur spécial du Burundi ont pris la parole. Une réunion informelle s'est ajoutée à cette grande conférence sur la prévention des conflits.
Er wordt ook vrij goed en efficient gewerkt op een informele ministerraad, een informele vergadering. In Amsterdam hebben wij 's avonds gesproken onder meer met de heren Sahnoun en Ayello. In die dagen was ook in Zuid-Afrika de dialoog begonnen, maar is om bepaalde redenen afgesprongen. Op die informele vergadering waar een aantal onderwerpen werden besproken zoals coherentie, voedselverzekering en de situatie in Oost-Zaïre, konden natuurlijk geen formele conclusies worden getrokken. Iedereen was het er wel over eens dat er humanitaire nood heerst zowel in het ene als in het andere deel van Zaïre, dat er een vluchtelingenprobleem is, dat er een rehabilitatie moet komen van Zaïre enerzijds en van Rwanda en Burundi anderzijds.
En ce qui concerne les dysfonctionnements entre le département des Affaires étrangères et de la Coopération, je rappelle le plan en cinq points que nous soutenons d'une manière que l'on ne peut qualifier de passive.
La Belgique a participé à de nombreuses négociations. Certains membres du Sénat spécialisés dans ces questions doivent savoir que la Belgique est bien souvent un des rares pays à avoir demandé que l'on place cette préoccupation à l'ordre du jour tant au niveau des Nations unies que de l'Union européenne. En effet, dans ces grandes réunions, il n'est pas toujours facile d'obtenir qu'un point soit traité, surtout en raison de la multiplicité des problèmes : Bosnie ou plus récemment l'Albanie, etc.
En outre, les cinq points du plan sont inspirés de la réflexion de notre gouvernement.
Premièrement, le cessez-le-feu immédiat.
Deuxièmement, le désarmement de toutes les forces extérieures, y compris les mercenaires.
Troisièmement, la réaffirmation de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale du Zaïre et des autres États de la région des Grands Lacs. Lors de ma visite officielle au Zaïre, j'avais réaffirmé ce principe au nom du gouvernement belge.
Quatrièmement, la protection et la sécurité pour tous les réfugiés et les personnes déplacées et facilités d'accès à l'assistance humanitaire. Je vous rappelle l'article 3 de la résolution 1080, sous-chapitre 7.
Cinquièmement, une solution rapide et pacifique de la crise par le dialogue, le processus électoral et la mise en oeuvre d'une conférence internationale traitant de la paix, de la sécurité et du développement de la région des Grands Lacs. Le processus prévoit deux étapes : la réunion Nairobi III des chefs d'État de la région et la conférence internationale de Lomé qui aura lieu le 26 mars prochain et que MM. Sahnoun et Ayello préparent actuellement.
Les cinq points de la résolution 1097 nous ont également inspirés lors de la visite du ministre des Affaires étrangères aux États-Unis. Nous avons répété cette demande dans tous les conseils formels et informels au niveau européen et, bien sûr, par le biais de la diplomatie tant bilatérale que multilatérale.
J'en viens à l'effet désastreux de la visite à Kampala et Kigali. Je tiens à être clair et précis. Quand j'ai voulu me rendre dans la région des Grands Lacs, je souhaitais faire une visite au Zaïre puis au Rwanda et, enfin, en Ouganda. Ce voyage a été préparé en toute franchise au sein du gouvernement.
Comme Mme Lizin et d'autres membres viennent de le souligner, les relations entre la Belgique et le Rwanda ne sont pas au beau fixe, et ce pour plusieurs raisons : d'abord, à cause des déclarations du ministre des Affaires étrangères sur la présence de troupes rwandaises en territoire zaïrois, ensuite, du fait de mes déclarations sur le génocide et, enfin, parce que la Belgique a proposé il y a une quinzaine de jours au Conseil des affaires générales un embargo total dans la région des Grands Lacs. Je vous rappelle qu'il s'agit d'une mesure pour laquelle j'avais déjà plaidé il y a un an et demi. En effet, en Conseil européen des ministres, j'avais défendu l'idée de placer des observateurs à l'est du Zaïre pour surveiller l'arrivée des armes, ce qui n'a malheureusement pas été fait.
Pour m'être rendu deux fois déjà au Rwanda, j'estime qu'il est toujours préférable d'avoir un contact direct avec les responsables du gouvernement afin d'engager une coopération gouvernementale non une coopération bilatérale indirecte même si nous savons que le tapis rouge ne sera pas déroulé ! Un contact avait été pris avec l'ambassade; normalement, une visite était prévue sur place et une réunion avait été programmée avec le Premier ministre et certains de ses collègues au Rwanda. Bien que ce ne soit pas absolument nécessaire, on m'avait signalé quelques jours avant mon départ que je pourrais sans doute rencontrer le président et le vice-président.
Le vendredi, brutalement, à l'issue si je ne me trompe de la réunion à laquelle s'est rendue Mme Burton, réunion qui s'est déroulée à Kigali au sujet d'un projet en relation avec les femmes, a été diffusé un communiqué selon lequel je ne m'étais basé que sur un témoignage et un draft reprenant des déclarations que je n'ai d'ailleurs jamais faites.
Je me suis entretenu de cette question avec l'ambassadeur du Rwanda en Belgique.
J'ai préféré, en accord avec le gouvernement, ne pas me rendre au Rwanda pour le moment mais sachez que cela me cause un réel problème. En effet, deux arrangements particuliers concernant l'aide au centre de formation des magistrats de Niabisundu et au parquet sont actuellement à la signature.
Nous étions convenus, dans le cadre d'une discussion très ouverte avec le gouvernement du Rwanda, de réunir tous les neuf mois une commission technique. Ce délai est maintenant dépassé et j'ai demandé à l'ambassadeur du Rwanda de me dire, dans les prochains jours, comment il envisage la poursuite de la coopération. En effet, je ne suis pas adepte d'une position intransigeante. La coopération au Rwanda, comme dans d'autres pays, doit bénéficier à toutes les couches de la population : les anciens réfugiés, les rescapés du génocide catégorie oubliée plus que l'on ne l'imagine et les nouveaux réfugiés revenus du Burundi et qui se trouvent dans le sud du pays.
En outre, nous avons établi un projet-pilote de soutien au système judiciaire suscitant un intérêt mondial. Les États-Unis, le Canada et la Suisse nous consultent quant à la manière adéquate d'aider la justice en se référant à nos divers projets de soutien aux avocats et à la magistrature.
Certains voudraient transformer notre retard de deux heures à l'aéroport de Kampala, où deux ministres nous y attendaient toujours, en incident diplomatique. Je ne puis souscrire à la thèse selon laquelle les portes m'aient été fermées. D'ailleurs, si ma visite, qui devait être brève, a encore été écourtée, je me rendrai à nouveau en Ouganda dans quelques mois. J'ai à cet égard entretenu des contacts écrits et téléphoniques avec le ministre.
Wat is de humanitaire situatie in Zaïre ? In de gevechtszones worden op het ogenblik drie bevolkingsgroepen geconfronteerd met humanitaire problemen, namelijk de vluchtelingen uit de buurlanden Rwanda en Burundi, de ontheemde Zaïrese bevolking van het oosten van het land en de bevolking van de gevechtszones zelf. Een tijd geleden verscheen in een tijdschrift een bijzonder goed document dat in een twintigtal pagina's een overzicht geeft van de economische, sociale, monetaire en financiële situatie van het land met cijfers over de schuldenlast, de evolutie van de inflatie, de monetaire instabiliteit en de uitgaven en inkomsten van de Staat. Bovendien werd daarin ook het zespuntenplan voor de toekomst van Zaïre opgenomen dat werd opgesteld door het fameuze Comité de politique, economique et sociale dat destijds door de regering werd opgericht, maar waartoe geen enkel lid van een politieke partij of van de regering behoort. Wat de problemen ook zijn, Zaïre zal de komende jaren, en misschien decennia, op basis van dit plan moeten worden opgebouwd.
Mevrouw Thijs (CVP). Mijnheer de staatssecretaris, is het niet mogelijk ons dit document te bezorgen, dan hebben ook wij deze achtergrondinformatie ?
De heer Moreels, staatssecretaris voor Ontwikkelingssamenwerking, toegevoegd aan de eerste minister. Ik zal mevrouw Thijs daarvan uiteraard een kopie bezorgen.
Welke rol speelt ons land op het vlak van ontwikkelingshulp ? Zoals ik reeds zei, hebben wij via NGO's zonder aarzelen vanaf het begin van de crisis dringende hulp geboden. Wij hebben ook een ontwikkelingsprogramma voor langetermijnprojecten opgesteld voor een totaal bedrag van 1,5 miljard frank. De helft, namelijk 75 van de meer dan 150 projecten, werden door mijn departement reeds goedgekeurd. Dat nog niet alles werd goedgekeurd, is niet te wijten aan een administratieve vertraging, maar aan het feit dat een aantal projecten nog niet duidelijk afgelijnd zijn of nog moeten worden vervolledigd.
Wat is het lot van de vluchtelingen die steeds verder Zaïre worden ingedreven ? De vluchtelingen doen nog altijd verwoede pogingen om het strijdtoneel te ontvluchten. Met 160 000 hebben zij Tingi-Tingi verlaten om naar Ubundu te gaan. Vorige week dinsdag zijn 60 000 vluchtelingen, de sterksten, daar aangekomen. Zij werden door de Zaïrestroom, die zij kost wat kost wilden oversteken de pas afgesneden. Vermits het regenseizoen pas begonnen is, barsten er geregeld onweders los en zijn een aantal mensen die met een bootje de stroom trachtten over te steken, in een stroomversnelling terecht gekomen en verdronken.
À propos des massacres au Zaïre, sur la base de plusieurs témoignages, dont un écrit, et de photos, j'ai dénoncé le 21 février dernier les événements qui se sont produits dans l'est du Zaïre. J'ai clairement indiqué qu'un nombre important de réfugiés était encore présent dans l'est du Zaïre, qu'un grand nombre d'entre eux n'était pas localisé, qu'avaient été découverts différents charniers prouvant que de nombreuses personnes avaient succombé à une mort violente, abattues, dans de nombreux cas, d'une balle dans la tête, les poings liés dans le dos. J'ai indiqué que je craignais et je répète ici ce que j'ai déjà eu l'occasion de dire à certains journalistes présents dans la salle qu'au milieu de crimes de guerre, n'émergent des tendances génocidaires de la part de certaines forces combattantes à l'égard des réfugiés, ces derniers étant presque tous assimilés eux-mêmes à des génocidaires. J'ai notamment réaffirmé les propos précédemment tenus à la radio.
Op de radio werd gezegd dat er in 1994 een bijzonder zware genocide plaatsvond. Ik meen dat nu opnieuw mensen van een andere bevolkingsgroep en een aantal Zaïrezen, waarschijnlijk verplaatste personen, worden vermoord. Ik vind dan ook dat moet worden nagegaan of langs de andere kant niet opnieuw een volkerenmoord wordt gepleegd.
Op de vraag van de journalist wie daarvoor volgens mij in de eerste plaats verantwoordelijk is zal ik niet antwoorden omdat ik daarvan geen rechtstreekse getuigenissen heb. Ik weet alleen dat er in die streek de jongste tijd meer en meer mensen worden vermoord. Het is niet omdat men nu de moordpartijen en de dreiging van een eventuele volkerenmoord in omgekeerde richting, veroordeelt of men zich afvraagt hoe dit kan gebeuren, dat men plots moet doorgaan voor een revisionist van de genocide van 1994. Ik laak dit intellectueel oneerlijk denkspoor dat mijn zienswijze op een smerige wijze verdraait. Reeds in april 1994, lang voor degenen die zich nu opwerpen als de boegbeelden van de veroordeling van de genocide, heb ik de genocide op de Tutsi's en de gematigde Hutu's door extremistische Hutu's scherp veroordeeld. Ik heb toen onder meer in De Morgen van 29 april 1994 en enkele dagen later in Le Soir van 6 mei, het volgende geschreven.
J'étais, à l'époque, président d'une organisation humanitaire. Je cite un extrait de l'article : « La crise du Rwanda n'est plus une crise, c'est un génocide. La société civile a été décapitée, au propre comme au figuré. » De nombreux paras belges, qui ont mené à bien, avec courage et professionnalisme, l'évacuation de leurs compatriotes et d'étrangers, sont pourtant rentrés chez eux démoralisés parce qu'ils n'ont pas pu utiliser la manière forte contre les bandes d'extrémistes hutus et une garde présidentielle déchaînée. Il est insoutenable de laisser un assassin abattre quelqu'un sans pouvoir réagir. »
Dans d'autres paragraphes, j'évoque la mort des dix paras belges ainsi que l'insuffisance du mandat confié aux Nations unies.
De houding van het Zaïrese leger ten opzichte van de plaatselijke bevolking is onaanvaardbaar. Plunderingen, diefstal, geweldplegingen en verkrachtingen zijn schering en inslag. Dit wangedrag werd trouwens vaak genoeg veroordeeld. De huidige context mag er ons echter niet van weerhouden de horror en de moordpartijen, die ook door journalisten ter plaatse aanwezig regelmatig in het nieuws werden gebracht, scherp te veroordelen. Toenmalig secretaris-generaal van de Verenigde Naties, de heer Boutros Boutros Ghali waarschuwde reeds in november vorig jaar voor het gevaar van een sluimerende genocide in Oost-Zaïre en wees op een dreigende langzame hongerdood voor veel vluchtelingen. In februari heeft de heer Shanoun, speciaal vertegenwoordiger voor de Verenigde Naties, ook de aandacht gevestigd op de enorme gevaren die de bevolking in de getroffen regio loopt. Hij aarzelde zelfs niet om de woorden « mogelijke volkerenmoord » in de mond te nemen.
In interviews heb ik duidelijk op dit gevaar gewezen. Ik heb niet gezegd dat er een genocide aan de gang was. Ik moet mij daarover ten opzichte van de parlementsleden dus niet verdedigen, maar alleen ten opzichte van mijn geweten en men mag mij zeker niet van politisering beschuldigen omdat ik als staatssecretaris over die getuigenissen en over zware massamoorden spreek.
L'intention est de tuer l'autre parce qu'il est autre, parce qu'il est né... Il s'agit donc bien d'un crime contre l'humanité tel qu'il est défini depuis 1948. Je connais bien la théorie, à laquelle j'adhère, de Mme Arend concernant la hiérarchisation du mal et celle des crimes, à ne pas confondre. J'ai été parmi les premiers en 1994 à dénoncer le génocide des Tutsis, qui est le deuxième grand génocide de ce siècle. Il faut donc veiller à dénoncer toute nouvelle tendance génocidaire.
Pour ma part, j'estime que c'est mon devoir éthique de réagir. L'impartialité de mon éthique m'impose de dénoncer les atrocités, de quelque côté que ce soit, de lutter pour sauver un maximum de population et de me battre pour que les organisations humanitaires, de développement et de défense des droits de l'homme aient accès à tous les endroits où la population est en danger.
En effet, l'invasion d'un pays ne peut justifier en rien un génocide. Il ne justifie pas, même si l'esprit de revanche prévaut dans ces circonstances, des violations des droits de l'homme, des répressions de ceux et celles qui font partie de l'ethnie des génocidaires et des Interhamwé. En cela, l'extermination de réfugiés rwandais restés à l'est du Zaïre et assimilés d'office à des ex-Far bien qu'ils aient été pris, à un certain moment, en otages par des ex-Far n'est pas plus acceptable que le génocide contre les Tutsis et des Hutus modérés en 1994, ni que la chasse aux Tutsis dans le Masisi, ni que la chasse aux Tutsis Banyamulenge, juste avant le début de la guerre actuelle.
Je veux être extrêmement clair sur ce point parce que là, il ne s'agit plus seulement de politique, cela touche à ma conscience personnelle. Or, cette conscience est restée la même qu'avant mon entrée en politique. C'est pourquoi j'ai alerté l'opinion internationale et je suis demandeur d'une mission d'enquête internationale. Je précise d'ailleurs que M. Kabila lui-même a exprimé le même voeu.
La dénonciation de crimes graves, de massacres, de charniers dans une sale guerre où les forces armées zaïroises pillent et violent durant leur retraite, où les Interhamwé et les ex-Far prennent leurs concitoyens hutus en otage, où les forces de l'alliance, « rebelles ou libératrices » c'est selon , s'en prennent régulièrement aux réfugiés et aux déplacés, cette dénonciation n'est pas, comme certains esprits mal intentionnés veulent me l'imputer, une révision à la baisse de la gravité et de la honte du génocide de 1994.
Dénoncer de façon très précoce, avertir au plus tôt la communauté internationale, c'est pour moi essentiel : cela relève de mon éthique de conviction et de responsabilité. Parce qu'il faut choisir entre le mot et les morts, comme l'indique Stephen Smith dans le journal Libération . « Parce que le veule usage du génocide est une double trahison : du mot, qui perd son sens, mais aussi des morts qui n'étant pas victimes d'un « vrai génocide, sont tués une seconde fois par l'indifférence ».
Depuis lors, d'autres témoignages me sont parvenus et me renforcent dans l'appréciation de la situation. Ainsi, un texte écrit d'une organisation zaïroise des droits de l'homme qui, en raison de son passé ne peut être taxée de pro-gouvernementale et dont certains membres ont fait de nombreuses années de prison, fait un relevé précis de nombreux charniers confirmant le premier témoignage écrit pour certains cas, signalant en outre d'autres faits tels que lieux précis et nombre de morts.
Le C.I.C.R. a confirmé que fin novembre, début décembre, rien qu'autour de Goma, la Croix-Rouge zaïroise a ramassé plus de 9 000 corps, dont de nombreux avaient les mains liées derrière le dos. Il fait également état a plusieurs endroits de groupes de centaines de personnes mortes le long des routes de l'est du Zaïre.
Des réfugiés hutus interrogés déclarent régulièrement être les seuls survivants de familles entières qui ont été massacrées lorsqu'elles sont entrées en contact avec l'armée rebelle.
Dans le cadre de la guerre de chiffres, certains rapports avancent un bilan de 500 000 morts. En réalité, personne n'a cité ce chiffre qui est le résultat de l'addition de nombreux relevés à des endroits différents. Je trouve vraiment dégoûtant ce cynisme des chiffres qui atteint des niveaux inimaginables et qui a malheureusement joué un grand rôle dans la politique internationale au cours des derniers mois, puisqu'à un moment, certains ont refusé l'intervention d'une force multinationale sous prétexte que l'on ne trouvait plus les réfugiés. Et puis, soudainement 160 000 réfugiés sont apparus. Par la suite, le Haut Commissariat aux réfugiés a confirmé qu'il y avait 432 000 réfugiés dans l'est du Zaïre, 377 000 Rwandais et 55 000 Burundais, dont 229 000 non localisés.
Des organisations internationales ont confirmé que plusieurs informations transmises par des représentants locaux des organisations humanitaires sur les massacres dans la région n'ont pas été relayées par le siège central.
Je puis comprendre les raisons du silence de certaines O.N.G. et organisations internationales à cause du fameux dilemme entre la volonté de témoigner et le souci de continuer à travailler. Ce débat sera d'ailleurs éternel. Cependant, la difficulté de continuer à travailler dans la région me préoccupe et m'incite à réagir lorsque je constate que des informations circulent mais qu'elles sont maintenues dans la confidentialité.
J'espère que cet exposé long, mais très exhaustif, aura apporté des réponses à toutes les questions posées.
Daarmee meen ik op alle vragen te hebben geantwoord. Ik heb er bewust voor gekozen deze niet alleen vanuit een politieke en militaire invalshoek te behandelen, maar ze ook in een ethische context te plaatsen. Het gaat hier immers over een conflict dat reeds al te veel mensenlevens heeft gekost. (Applaus.)
M. le président. La parole est à Mme Mayence.
Mme Mayence-Goossens (PRL-FDF). Monsieur le président, dans son introduction, M. le secrétaire d'État a mis l'accent sur le mobile principal de sa visite qui n'est autre que la solidarité avec la population zaïroise. Je suis particulièrement touchée par cette déclaration parce que, depuis cinq ans, j'ai été la seule à plaider pour la reprise d'une coopération permettant non pas de soutenir un régime mais de ne pas abandonner la population zaïroise. Heureusement, les Zaïrois ont une telle créativité et un tel dynamisme personnel qu'ils mettent sur pied, eux-mêmes, des projets qui prennent corps. De nombreux rapports en font d'ailleurs état. Des médecins présents et inactifs à Kinshasa sont retournés dans leur région d'origine afin de recréer des centres de santé, et ce sans la moindre rémunération. Nous assistons à une véritable prise de conscience de la part des Zaïrois pour tenter de s'entraider.
Donc, monsieur le secrétaire d'État, à partir du moment où vous me dites que notre pays est disposé à soutenir la population zaïroise, vous me trouverez toujours à vos côtés. Toutefois, je suis fort déçue qu'il ait fallu cinq ans avant d'avoir été entendue. Je sais que vous êtes le premier à avoir réagi quand j'ai posé cette question alors que je me suis toujours heurtée à un manque de compréhension de la part du ministre des Affaires étrangères. Dès lors, votre objectif rejoint le mien et j'espère que vous persisterez dans votre souhait de réhabilitation sociale et économique du Zaïre. Je n'émettrai donc aucune critique à ce sujet.
J'ai retrouvé ce qui vous habite profondément, en particulier dans la fin de votre exposé. Je crois que votre formation et votre passé ne vous quittent pas. Je suis persuadée que vos intentions sont louables mais permettez-moi, en tant qu'ancienne secrétaire d'État à la Coopération au Développement, de vous dire que vous n'êtes pas uniquement médecin. Votre vocabulaire même traduit votre profonde conviction. En effet, vous avez dit que quand quelqu'un est malade, le médecin vient à son chevet. Bien entendu, cette attitude humaine vous honore mais, n'oubliez-vous que vous êtes également secrétaire d'État. Cette fonction est différente de celle de médecin. Certes, votre formation vous aide mais votre charge de secrétaire d'État vous confère une responsabilité politique.
J'ai lu dans De Standaard journal généralement bien informé et qui n'est guère hostile à votre formation politique que vous aviez porté des jugements sur une partie des événements, en parlant notamment de génocide. Il me paraît très dangereux d'évoquer ce terme lorsqu'il s'agit d'un pays en état de guerre.
Je ne vous demande pas de pratiquer la langue de bois, monsieur le secrétaire d'État, mais peut-être de tenir des discours plus apaisants. Vous pouvez, par exemple, lorsque vous parlez du génocide, rappeler que certaines populations attendent impatiemment le passage des rebelles.
Je ne connais pas M. Kabila et je ne sais pas au nom de qui il agit. En effet, il est clair que quelqu'un le dirige; nous ne savons pas encore qui mais cela ne saurait tarder. M. Kabila est un guerrier mais je ne suis pas sûre que ce soit un chef de gouvernement. L'avenir nous éclairera à ce sujet.
Monsieur le secrétaire d'État, quand vous évoquez des événements aussi graves qu'un génocide, vous pouvez aussi mettre parallèllement l'accent sur le soulagement des populations qui ne doivent plus subir diverses formes de violence. La fonction de secrétaire d'État peut se révéler plus complexe que celle de médecin ou, en tout cas, elle ne présente pas le même type de difficultés. Le fait que vous ayez été l'un des premiers à dénoncer le génocide de 1994, ce qui vous honore, monsieur le secrétaire d'État, indique que vous êtes parmi ceux qui comprennent le mieux la portée de ce mot.
Par ailleurs, je me réjouis que vous poursuiviez vos contacts avec le Zaïre et que vous mettiez l'accent sur la solidarité à entretenir avec la population zaïroise, laquelle, curieusement, est toujours attachée à votre pays : les événements du passé peuvent certainement expliquer le lien qui s'est créé entre nous. Je ne retire rien de ce que j'ai dit tout à l'heure. J'ai émis certaines critiques en ce qui concerne la politique étrangère, dans laquelle votre rôle est essentiel, selon moi. Mais les sensibilités, les attitudes peuvent être très différentes en la matière.
Monsieur le secrétaire d'État, je vous demande de garder votre enthousiasme de médecin, mais de ne pas perdre de vue les difficultés que présentent les tâches politiques d'un membre du gouvernement.
M. le président. La parole est à M. Mahoux.
M. Mahoux (PS). Monsieur le président, je voudrais savoir si des mesures spécifiques ont été prises en ce qui concerne la sécurité au Zaïre. La réponse du secrétaire d'État ne contenait rien à ce sujet. Qu'en est-il de la sécurité des expatriés, non seulement dans la zone contrôlée par l'Alliance, où aucun trouble spécifique ne serait à signaler, mais aussi dans la région plus menacée du Zaïre et, plus particulièrement, à Kinshasa ?
M. le président. La parole est à M. Destexhe.
M. Destexhe (PRL-FDF). Monsieur le président, personne ne conteste les tueries et les massacres dénoncés par M. le secrétaire d'État ni les graves problèmes de violation des droits de l'homme dans l'est du Zaïre.
En revanche, monsieur le secrétaire d'État, l'utilisation du terme « génocide » pour qualifier ces massacres, uniquement dans le but d'attirer l'attention, est inacceptable. Telle est bien la réalité puisque cette histoire a fait le tour du monde. En effet, nous avons une connaissance commune. Il m'a dit que vos déclarations étaient à la une du Boston Globe. De même, des amis se trouvant à Jérusalem et en Asie m'ont téléphoné pour me demander des explications à ce sujet. Vous n'avez donc eu cet impact qu'en raison de l'utilisation délibérée du terme « génocide ».
Le Soir a consacré toute une page à un article intitulé « Moreels accuse les rebelles zaïrois de génocide ». Quand on relit le texte que vous avez mentionné, on constate que vous ne refusez pas, comme vous le faites aujourd'hui, l'emploi de ce mot. Le lendemain, dans La Libre Belgique , on pouvait lire : « Un génocide anti-Hutus est-il en cours dans les deux Kivus ? » À la suite de ces publications, vous n'avez pas fait de communiqué de presse pour démentir l'emploi de ce terme et affirmer que ce sont les violations des droits de l'homme qui vous préoccupent.
Vous avez cité M. Boutros Ghali. Je vous répondrai que si ce dernier ignore la signification du terme génocide, vous ne devez pas pour autant en faire de même. Un « génocide par la faim » n'a aucun sens. Je crois que l'histoire établira un jour qu'en 1994, d'avril à septembre, M. Boutros Ghali n'a pas fait la moindre allusion au génocide en cours à ce moment et que, par contre, il s'est précipité pour parler de « génocide par la faim » à propos des événements du Kivu. Sur le moment, c'est un coup médiatique, mais je ne sais pas ce que l'histoire en retiendra.
Vous avez décidé de parler de votre conscience, mais celle-ci s'oppose à la mienne. Chaque fois que vous utiliserez à tort le mot génocide, vous me trouverez sur votre chemin. En effet, chacun a sa conscience à propos de ces questions. Je précise enfin que le H.C.R. vous a répondu en précisant qu'il ne s'agissait pas d'un génocide.
Deuxièmement, je dirai, en des termes plus doux que ceux de Mme Mayence, que votre réponse établit une confusion entre l'humanitaire et la politique. Vous avez longuement justifié votre voyage, notamment par l'apport de douze tonnes de matériel. Or, avant tout, vous êtes secrétaire d'État à la Coopération au Développement. Je trouve quelque peu surréaliste de nous faire un long plaidoyer pour la coopération à long terme en évoquant largement les problèmes de la trypanosomiase, alors que nous parlons d'un pays dont le régime est en train de crouler, dont un cinquième du territoire est aux mains de M. Kabila et de ses hommes, où les réfugiés se comptent par centaines de milliers et où des dizaines, voire des centaines de personnes, meurent chaque jour des suites de la guerre. Ces problèmes de trypanosomiase existent depuis longtemps, au Zaïre comme dans d'autres pays de la région, et ne connaissent aucune acuité particulière pour le moment. Mais la guerre est bien là et, que cela vous plaise ou non, cette situation doit être gérée.
Enfin, vous n'avez pas mentionné l'origine des informations auxquelles vous vous référez. Vous dites simplement que vous disposez de plusieurs sources qui se confirment. Au départ, une seule source existait, mais elle n'a absolument pas la qualité d'une organisation comme Amnesty international, Human Rights Watch ou d'autres de ce type. Dans le document en question, qui a été très largement diffusé, on trouve un mélange de genres extraordinaire, quelques dénonciations de faits qu'il conviendrait de vérifier, ainsi que des extrapolations politiques. Par exemple, on peut lire : « Kabila n'est qu'un homme de paille sans personnalité ni projet politique, mais assez arriviste pour tenter sa chance. » Ce type d'affirmation a-t-il sa place dans un rapport censé dénoncer une situation inacceptable pour les droits de l'homme ? Je pense que l'emploi du terme génocide était malheureux. Personnellement, j'aurais préféré que vous émettiez un démenti très clair. Vous auriez pu vous contenter de réaffirmer votre préoccupation par rapport aux droits de l'homme dans la région et tout le monde vous aurait compris et suivi.
M. le président. La parole est à M. Moreels, secrétaire d'État.
M. Moreels, secrétaire d'État à la Coopération au Développement, adjoint au Premier ministre. Monsieur le président, je dirai à Mme Mayence que la participation au domaine humanitaire suscite une profonde réflexion sur le sens de celle-ci et l'éthique à respecter. Or, c'est précisément en raison du constat d'incapacité de l'humanitaire à résoudre les problèmes que certains d'entre nous ont choisi d'entrer en politique. C'est également le cas dans d'autres pays européens.
Nous avons sans doute encore des choses à apprendre on apprend d'ailleurs tout au long de la vie mais nous sommes bien conscients en tout cas en ce qui me concerne que le mandat politique n'est pas un mandat humanitaire. Toutefois, toute action politique ne peut se dégager entièrement d'une action humanitaire, dans la mesure où l'homme est au centre des préoccupations.
Le plan relatif à la coopération est précisément basé sur l'homme qui est soit en crise, soit en état de pauvreté ou d'exclusion, etc. Je mesure les implications de ce geste politique et c'est dans ce sens que j'ai argumenté à l'égard du gouvernement. Mais la stratégie que je vous ai exposée aujourd'hui et qui consiste à prendre contact avec toutes les forces vives de la société civile dans un pays en crise, quel que soit le régime, est extrêmement importante. Il est peut-être trop tôt pour mesurer l'importance de ce voyage. Les gens sont sensibles au fait que l'on aille vers eux, alors que plus personne ne semble s'intéresser au Zaïre. La démarche qui consiste à aller voir les deux Zaïre le Zaïre en guerre et le Zaïre de la créativité a été concertée avec mon département et mon administration.
Quant aux mesures relatives à la sécurité, il est évident que l'ambassadeur au Zaïre, M. Van Dessel, se tient informé à tout moment de la situation. Il a déjà pris des mesures de sécurité à l'égard de nos compatriotes. Il s'agit de la première responsabilité du ministère des Affaires étrangères, mais aussi du Premier ministre et du gouvernement. Cet après-midi, une réunion devait se tenir entre plusieurs cabinets, dont celui de la Coopération, afin d'anticiper les événements en cas de pillage ou de guerre à l'intérieur de Kinshasa, ce qui est évidemment plus grave. En effet, un Zaïrois me disait hier que Kisangani connaissait la rébellion, pour l'avoir vécue plusieurs fois dans l'histoire, ce qui n'est pas le cas de Kinshasa. Tout incident important pourrait déclencher des événements extrêmement graves. Je puis en tout cas affirmer que la sécurité est au centre des préoccupations. Néanmoins, vous savez comme moi que bon nombre de coopérants rejettent toute idée de retour en dépit de ces conditions extrêmement précaires.
Je voudrais, une fois encore, revenir sur la question du génocide car j'ai parfois l'impression de m'adresser à un mur. Je veux redire avec force qu'il n'entrait pas dans mes intentions d'entretenir la moindre équivoque au sujet d'une « tendance génocidaire » à l'est du Zaïre. J'ai simplement voulu attirer l'attention sur l'atrocité des faits, sans pour autant établir une « hiérarchie » des crimes de guerre, car ma conscience m'interdit de considérer qu'il faut un nombre précis de victimes pour pouvoir parler de génocide. Les photos qui montrent incontestablement des charniers où des femmes, des enfants et des vieillards dormant de leur dernier sommeil, doivent nous interpeller.
L'existence en 1994 d'un plan concerté ne fait désormais aucun doute. Par contre, il nous est impossible de savoir exactement ce qu'il en est actuellement. Vous lancez une accusation sur la base d'un rapport dont je n'ai pas connaissance. Quoi qu'il en soit, je me suis borné à une dénonciation impartiale des faits ainsi qu'il sied à un membre du gouvernement. Il ne m'appartient pas de tenir des propos définitifs quant aux personnalités de MM. Mobutu et Kabila. Je déplore d'ailleurs la récupération politique à laquelle certains se livrent à la faveur des événements actuels.
M. le président. L'incident est clos.
Het incident is gesloten.
Mesdames, messieurs, notre ordre du jour est ainsi épuisé.
Onze agenda voor vandaag is afgewerkt.
Le Sénat se réunira le jeudi 20 mars 1997 à 15 heures.
De Senaat vergadert opnieuw op donderdag 20 maart 1997 om 15 uur.
La séance est levée.
De vergadering is gesloten.
(La séance est levée à 18 h 20.)
(De vergadering wordt gesloten om 18.20 uur.)