Piqûres sauvages - Drogues - Chiffres et tendances - Police - Approche - Mesures - Prévention
stupéfiant
statistique officielle
matériel médical
agression physique
victime
12/7/2022 | Envoi question (Fin du délai de réponse: 11/8/2022) |
4/8/2022 | Réponse |
Aussi posée à : question écrite 7-1697
Aussi posée à : question écrite 7-1698
La vie sociale reprend pleinement ses droits. Malheureusement, d'après certaines informations alarmantes, le phénomène dit des piqûres sauvages ou «needle spiking» (originaire de Grande-Bretagne) fait aussi son apparition dans la vie nocturne belge. Il s'agit de la pratique consistant à administrer des stupéfiants ou des psychotropes à une personne, à son insu, au moyen d'une seringue.
En l'espèce, la substance est injectée dans la peau mais elle peut aussi être versée dans la boisson, le but étant de profiter de la perte de conscience de la victime. Les drogues administrées font en sorte que les victimes sont confuses, affaiblies et désorientées, si bien qu'elles deviennent des cibles plus faciles, notamment pour des comportements sexuellement transgressifs (cf. https://www.politiehekla.be/nieuws/opgepast voor needle spiking).
Les symptômes sont identiques, que les produits soient injectés sous la peau ou versés dans la boisson (drink spiking). Cela signifie qu'il peut s'agir de stupéfiants, mais tout aussi bien de médicaments, sans oublier l'alcool, lequel peut servir d'accélérateur, si bien qu'on en arrive à une situation où «1 + 1 = 3».
Il doit s'agir en tout cas de produits susceptibles de déclencher des symptômes tels que vertiges, maux de tête, nausées, désorientation et «trous de mémoire».
Les substances citées par les toxicologues (principalement le fentanyl et la kétamine) sont très difficiles à détecter dans l'organisme ou ne le sont que pendant une courte période. En termes de substances, il s'agit donc davantage d'hypothèses que de preuves.
En outre, les services d'aide ne trouvent des traces d'injection sur la peau que dans un petit nombre de cas, ce qui contraste fortement avec les signalements qui se comptent - parfois - par centaines.
Il semble également que nous ayons affaire à des pics : ce fut le cas l'année dernière à l'automne en Grande-Bretagne, puis en France et à présent en Belgique et aux Pays-Bas. Cela soulève toutes sortes d'hypothèses, si bien que l'on peut se demander s'il ne s'agit pas en l'espèce d'un phénomène d'angoisse ou de psychose de masse (cf. https://www.bruzz.be/veiligheid/vijf questions-que-fait-on-si-on-pique-à-l'aiguille 2022 05 23).
Récemment, le festival des jeunes à Hasselt «We R Young» a dû être interrompu après que des jeunes filles se sont évanouies et ont souffert de vomissements. Elles pensent avoir été victimes de piqûres sauvages. Les analyses toxicologiques n'ont pas pu le démontrer. Le parquet du Limbourg a indiqué aussi que l'on n'avait pas affaire à un auteur muni d'une aiguille. Mais, sur les médias sociaux, les jeunes du Limbourg pensaient avoir identifié le coupable : un jeune de quinze ans qui aurait eu un comportement suspect sur une vidéo TikTok amplement partagée. Cet adolescent de quinze ans, harcelé pour être l'auteur présumé de ces piqûres sauvages au festival des jeunes de Hasselt, a porté plainte et à cette heure, il vit reclus en raison de menaces de mort (cf. https://www.standaard.be/cnt/dmf20220530_95758786).
Lors d'un match de football du KV Mechelen, quatorze jeunes se seraient également sentis mal. Une enquête judiciaire est en cours. Les faits sont provisoirement considérés comme relevant de l'administration volontaire de substances toxiques.
En ce qui concerne le caractère transversal de la question écrite : les différents gouvernements et maillons de la chaîne de sécurité se sont accordés sur les phénomènes qui devront être traités en priorité au cours des quatre prochaines années. Ceux-ci sont définis dans la note-cadre de sécurité intégrale et dans le Plan national de sécurité 2022-2025 et ont été discutés lors d'une conférence interministérielle à laquelle les acteurs de la police et de la justice ont également participé. Il s'agit donc d'une matière transversale qui relève également des Régions, le rôle de ces dernières se situant surtout dans le domaine de la prévention.
Mes questions sont les suivantes :
1) Combien de plaintes ont déjà été déposées ces derniers mois pour des incidents de piqûres sauvages ? Pourriez-vous donner une ventilation par province ? Combien y a-t-il de victimes ? Où et quand la première plainte pour ce genre de faits a-t-elle été déposée en Belgique ?
2) Dans combien de cas pouvait-on effectivement, après examen médical, parler d'une piqûre sauvage ? Pourriez-vous aussi donner une ventilation de ces données par province ?
3) Combien d'auteurs ou de suspects ont-ils déjà été arrêtés pour s'être livrés à des piqûres sauvages ? Combien d'entre eux ont-ils effectivement été reconnus coupables ? Quelles peines leur ont été infligées ? Quels sont les profils de ces auteurs (âge, sexe, etc.) ? Quelle est leur nationalité ? Ont-ils déjà un casier judiciaire ? Ces personnes sont-elles déjà connues pour être des agresseurs, des violeurs ou autres ?
4) Quels sont les profils moyens des victimes (âge, sexe, etc.) ? Pourriez-vous éventuellement présenter graphiquement les contextes dans lesquels la plupart des cas de piqûre sauvage sont signalés (concert, discothèque, bar, boîte de nuit, stades, etc.) ?
5) Dans combien de cas a-t-on trouvé les véritables seringues avec lesquelles ces délits ont été commis ? Quelles substances y a-t-on trouvées ? Quelles autres substances sont utilisées dans de telles seringues ?
6) Pouvez-vous énumérer l'ensemble des plaintes et symptômes ressentis par les victimes ? Y a-t-il des cas connus de victimes atteintes d'une affection médicale particulière et exposées à des risques supplémentaires en raison de piqûres sauvages ou d'autres incidents du même ordre ?
7) Selon vous, dans quelle mesure l'administration du stupéfiant au moyen d'une seringue diffère-t-elle d'une administration par d'autres moyens, comme le fait de verser la substance dans la boisson ? Quels sont les risques supplémentaires liés à l'administration au moyen d'une seringue ? Pourriez-vous expliquer pourquoi l'administration au moyen d'une seringue est devenue soudainement populaire ? Où les victimes sont-elles piquées généralement?
8) Que doivent faire les victimes de possibles piqûres sauvages ? Aux Pays-Bas, dans une lettre à la Chambre basse, le ministre énumère les conseils tant en ce qui concerne la prévention que les mesures à prendre en cas de piqûres sauvages présumées. Envisagez-vous de faire de même ? Pouvez-vous en dire plus sur le calendrier et le contenu ?
9) Des accords ont-ils été pris avec les organisateurs de festivals et les organisateurs de grands événements ou disposent-ils d'un plan d'action ? Si non, pourquoi ? Si oui, pouvez-vous expliquer ?
La Banque de données nationale générale (BNG) est une base de données policières dans laquelle sont enregistrés les faits sur base de procès-verbaux résultant des missions de police judiciaire et administrative. Elle permet de réaliser des comptages sur différentes variables statistiques telles que le nombre de faits enregistrés, les modus operandi, les objets liés à l’infraction, les moyens de transport utilisés, les destinations de lieu, etc.
1) Le modus operandi de «needle spiking» (agression à la seringue ou piqûre sauvage) n’existe en tant que tel dans la BNG que depuis le 27 juin 2022. Par conséquent, sur base des informations disponibles dans la BNG, il n’est pas encore possible de fournir des éléments de réponse pour la période demandée par l’honorable membre. Les statistiques à partir de la date mentionnée ci-dessus pour l’année 2022 en cours, ne sont pas encore disponibles à l’heure actuelle.
Pour ce qui concerne la police fédérale, la direction centrale de la lutte contre la criminalité grave et organisée (DJSOC)/Drogues suit le phénomène au niveau central. Au 18 juillet2022, 27 cas de «needle spiking» (ou piqûre sauvage) ont été signalés dans notre pays cette année, mais aucune preuve concluante n’a encore été découverte. Les éventuelles traces trouvées sur le corps, n’ont pu à ce jour être attribuées par les médecins à une forme quelconque de «spiking» (action de faire ingérer ou d’injecter une drogue à une personne sans son consentement).
Ventilation par province:
– Antwerpen: 1;
– Brabant Wallon: 3;
– Bruxelles: 5;
– Hainaut: 10;
– Liège: 4;
– Limburg: 3;
– Luxembourg: -;
– Namur: -;
– Oost-Vlaanderen: -;
– Vlaams-Brabant: -;
– West-Vlaanderen: 1.
Quant à votre question sur le premier cas de «needle spiking», il n’est pas facile d’y répondre car il n’y a pas d’infraction spécifique qui montre clairement qu’il s’agit de «spiking».
2) Sur base des examens médicaux, aucune preuve de «needle spiking» n’a encore été trouvée. Pour certaines plaintes, il est difficile de démontrer s’il s’agit de «drink» ou «needle spiking». Dans cinq cas, on a trouvé quelque chose dans le sang ou l’urine, mais on ne sait pas encore si cela était dû au «spiking» ou à des produits précédemment ingérés par la personne même. Chez deux personnes, il s’agissait d’héroïne, chez une troisième d’amphétamines et pour les dernières personnes, il s’agissait à chaque fois d’une combinaison d’amphétamines, de cocaïne et de LSD.
3) Aucun auteur ou suspect n’a été arrêté. Dans un autre incident, un auteur a été intercepté lors d’une fête scoute. Il avait piqué plusieurs personnes avec un crochet «pour le plaisir».
4) Il est encore difficile de dresser un profil des faits où plusieurs personnes auraient été piquées, parce que tout le monde ne les signale pas ou qu’elles se rendent simplement dans un poste de secours, sans plus.
Les cas individuels concernent généralement des filles et des femmes, et peuvent se produire dans la rue, dans des cafés, lieux de divertissement, etc.
5) Aucune seringue n’a été retrouvée.
6) Cette question parlementaire ne relève pas de mes compétences, mais de la compétence du ministre de la Santé publique.
7) À ce jour, aucune preuve sur l’administration de «quelque chose» via une seringue n’a été trouvée. Nous ne pouvons donc pas dire de quelle substance il s’agit et si elle est plus dangereuse que lorsqu’elle est administrée dans une boisson.
La plupart des personnes ont ressenti une «piqûre» à l’arrière de leur bras, ou parfois dans leur jambe.
8) & 9) Suite aux faits et aux diverses questions reçues sur le «spiking», tant de la part d’autres services que de l’étranger, la DJSOC/Drogues a décidé d’organiser une concertation avec divers partenaires sur la situation: Sciensano, l’Institut national de criminalistique et de criminologie (INCC), le service public fédéral (SPF) Santé publique, le Centre de crise du SPF Intérieur, l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaine alimentaire (AFSCA), etc.
L’objectif était de se faire une idée des différentes initiatives déjà en cours et d’essayer d’élaborer une stratégie commune. Cette concertation a eu lieu le 7 juin 2022. L’initiative avait déjà été prise pour les incidents survenus lors du match de football KV Mechelen-RC Genk et du festival «We’re young» (Hasselt).
Une directive du parquet contenant les infractions à retenir a été diffusée. Pour plus d’informations à ce sujet, je vous renvoie à mon collègue, le ministre de la Justice.
Une lettre du prof. dr Winne Haenen, qui avait déjà été envoyée aux hôpitaux (médecins urgentistes) des provinces Antwerpen, Limburg et Vlaams-Brabant a été reprise et envoyée à tous les hôpitaux pour l’ensemble du territoire. Avec cela, tous les hôpitaux devraient être informés.
Les grands évènements et les services de secours comme la Croix-Rouge ont été mis au courant via les canaux appropriés.