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Question écrite n° 7-1868

de Rik Daems (Open Vld) du 26 janvier 2023

au vice-premier ministre et ministre de la Justice et de la Mer du Nord

Ports - Trafic de drogues - Conteneurs de drogues - Récupérateurs - Ouvriers portuaires - Étudiants - Chiffres et tendances - Campagne de prévention - Mesure

installation portuaire
trafic illicite
stupéfiant
ouvrier
statistique officielle
jeune travailleur
trafic de stupéfiants
criminalité organisée

Chronologie

26/1/2023Envoi question (Fin du délai de réponse: 2/3/2023)
8/9/2023Réponse

Aussi posée à : question écrite 7-1869

Question n° 7-1868 du 26 janvier 2023 : (Question posée en néerlandais)

Depuis plusieurs années déjà, les entreprises portuaires utilisent des vidéos et des affiches de prévention visant à décourager les ouvriers portuaires, qui sont plus de 8 500 à Anvers, d'accepter des propositions de participation au trafic de drogue. Les criminels prennent souvent contact avec des ouvriers portuaires sur les réseaux sociaux ou dans les cafés portuaires. Ils les espionnent pour identifier lesquels sont à court d'argent et tentent ensuite de les rallier à leur cause en leur faisant miroiter la possibilité d'augmenter leurs revenus (cf. https://www.tijd.be/ondernemen/logistiek/havenbedrijven drugsmaffia rekruteert zelfs studenten om bij ons te infiltreren/10439830.html?_sp_ses=f81cd61f 75eb 41d8 b620 d9ab0df56eaf).

Selon Stephan Vanfraechem, directeur de la section Alfaport du VOKA, la mafia de la drogue va toujours plus loin dans l'audace: «Nous recevons des signaux indiquant que les maffieux abordent des étudiants dans les hautes écoles et les incitent à décrocher un diplôme bien précis, de manière à infiltrer ensuite des entreprises et à participer ainsi au trafic de drogue (traduction)».

Ce phénomène est de plus en plus répandu également dans les ports néerlandais. Le chef de la police portuaire néerlandaise, Jan Janse, peut en citer plusieurs exemples. Au moins cinq étudiants ont entamé une formation dans une école de navigation avec un seul objectif en tête: être utile à une organisation de trafic de drogue. Si la police sait qu'elle existe déjà depuis longtemps, cette pratique est devenue à ce jour monnaie courante au sein des réseaux criminels.

L'infiltration est un processus de longue haleine pour les organisations criminelles, car des années peuvent se passer avant qu'un étudiant puisse occuper une position intéressante dans une entreprise. L'année dernière, la police a arrêté à plusieurs reprises des récupérateurs qui, au quotidien, faisaient des études dans une école de navigation. Des étudiants avaient aussi été vus en rue en compagnie de jeunes qui avaient déjà été appréhendés sur les terminaux du port. M. Janse précise que dans certains cas, la police judiciaire a jugé nécessaire d'en informer les écoles.

Les raisons pour lesquelles les jeunes se font piéger par une famille ou une organisation criminelle sont spécifiques à chaque personne. Selon M. Janse, une partie des jeunes le font uniquement pour l'argent, attirés qu'ils sont par les grosses voitures et les beaux vêtements.

Ce n'est pas pour rien que le Scheepvaart en Transport College (STC), l'établissement scolaire de Rotterdam qui forme les collaborateurs portuaires de demain, considère que rendre les étudiants plus résistants aux influences est une «priorité». Selon une porte-parole de l'école professionnelle portuaire, la réalisation de cet objectif passe par des cursus, des formations et des jeux de rôle. «Nous sommes bien conscients de ce qui se passe dans le port en matière de criminalité et de risque d'infiltration criminelle (traduction).»

Les jeunes constituent de toute façon un chaînon important dans l'économie de la drogue. Ils sont notamment recrutés pour s'introduire en pleine nuit dans un terminal et mettre une cargaison de cocaïne en lieu sûr. Pour ce faire, ils transfèrent généralement l'or blanc vers un conteneur déjà dédouané.

400 récupérateurs de drogue ont ainsi été arrêtés dans le port de Rotterdam il y a deux ans, et 241 l'année dernière. Selon le ministère public néerlandais, ces jeunes sont généralement issus de familles précarisées et endettées ou ont des membres de leur famille qui sont actifs dans le milieu criminel. La plupart d'entre eux proviennent de Rotterdam-Sud. Plusieurs jeunes d'Amsterdam âgés d'une vingtaine d'années ont été condamnés l'année passée pour avoir récupéré de la cocaïne dans un autre port, celui d'Anvers en l'occurrence (cf. https://www.parool.nl/nederland/drugsfamilies sturen jongeren naar scheepvaartschool met de juiste functie word je stinkend rijk~bcd211d1/).

En ce qui concerne le caractère transversal de la question écrite: les différents gouvernements et maillons de la chaîne de sécurité se sont accordés sur les phénomènes qui devront être traités en priorité au cours des quatre prochaines années. Ceux-ci sont définis dans la note-cadre de sécurité intégrale et dans le Plan national de sécurité 2022-2025 et ont été discutés lors d'une conférence interministérielle à laquelle les acteurs de la police et de la justice ont également participé. Il s'agit donc d'une matière transversale qui relève également des Régions, le rôle de ces dernières se situant surtout dans le domaine de la prévention.

Je souhaiterais dès lors vous poser les questions suivantes:

1) Combien de personnes agissant comme «récupérateurs» ont été arrêtées l'année dernière dans nos ports? Combien d'entre elles étaient mineures? Quelle était leur nationalité? À quelles peines ont-elles été condamnées?

2) Quels commanditaires se cachaient derrière ces faits? Les récupérateurs font-ils partie d'une grande «famille» criminelle ou sont-ils plus souvent extérieurs à ce milieu? Y a-t-il parmi eux des personnes qui opèrent sous la contrainte? Y a-t-il aussi des victimes de la traite des êtres humains? Les commanditaires sont-ils belges ou en grande partie étrangers?

3) Pouvez-vous indiquer si des mesures supplémentaires ont été mises en œuvre dans nos ports à l'encontre des récupérateurs depuis les deux dernières années? Si oui, lesquelles? Quelles conclusions provisoires peut-on en tirer? Si non, pourquoi? Prévoit-on d'appliquer des mesures supplémentaires dans ce domaine à l'avenir? Si oui, pouvez-vous les détailler et préciser le délai dans lequel ces mesures entreront en vigueur?

4) Pouvez-vous déjà évaluer les effets des campagnes de prévention destinées aux ouvriers portuaires? Pouvez-vous indiquer si les ouvriers portuaires collaborant avec des cartels de la drogue dans les ports ont été moins nombreux ces deux dernières années? Combien d'ouvriers portuaires ont été reconnus coupables de collaboration avec des cartels de la drogue ces deux dernières années? Ce nombre est-il supérieur ou inférieur à celui des années précédentes? En d'autres termes, peut-on observer certaines tendances?

5) Pouvez-vous indiquer si les écoles de navigation maritime, les écoles professionnelles portuaires, les établissements proposant des options dans le domaine maritime, etc. sont conscients des tentatives d'infiltration des narcotrafiquants parmi les étudiants dans le but de les recruter comme futurs collaborateurs portuaires «corrompus»? Si oui, quelles mesures ces écoles prennent-elles et quel est le rôle des autorités et des services de sécurité en la matière? Existe-t-il des scénarios permettant de faire face à ce genre de situations?

6) Au cours des deux dernières années, des bureaux de recrutement dans le secteur portuaire ont-ils signalé que des étudiants qui postulaient pour des emplois portuaires le faisaient clairement pour le compte de narcotrafiquants? Quelles mesures ces bureaux de recrutement prennent-ils et les cas suspects de ce genre sont-ils signalés à la police? Si oui, combien de cas ont été signalés ces deux dernières années par l'intermédiaire des bureaux de recrutement?

7) Envisageriez-vous d'organiser, à l'image des campagnes destinées aux ouvriers portuaires, des actions visant les étudiants et les jeunes susceptibles de faire l'objet de tentatives de recrutement par les narcotrafiquants aux abords des ports? Si oui, prévoyez-vous d'organiser ces campagnes uniquement pour les étudiants inscrits dans les écoles ou orientations du domaine concerné, ou pour les étudiants en général? Si non, pourquoi?

Réponse reçue le 8 septembre 2023 :

Pour la réponse à la plupart des questions, il est renvoyé à la réponse de la ministre de l’Intérieur à la question parlementaire écrite no 7-1869, également posée par l’honorable membre.

En ce qui concerne les statistiques de condamnation, il doit être mentionné qu’elles sont établies sur la base de données du casier judiciaire, dans lequel seules les qualifications juridiques de faits punissables sont enregistrées et aucun autre élément contextuel.

Par conséquent, il n’est pas possible d’identifier des condamnations pour collaboration en quelle qualité que ce soit à un cartel de la drogue, dans un environnement spécifique comme le port d’Anvers. Il n’est pas non plus possible de déterminer la profession et le lieu de travail des condamnés (ouvriers au port d’Anvers).

Comme les données contextuelles citées ne sont pas enregistrées dans l’application IT, il n’est pas possible de communiquer les données chiffrées que vous demandez.