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Question écrite n° 5-4547

de Bert Anciaux (sp.a) du 23 décembre 2011

à la vice-première ministre et ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, chargée de Beliris et des Institutions culturelles fédérales

Antibiotiques - Surconsommation - Éventuels nouveaux effets négatifs

antibiotique

Chronologie

23/12/2011Envoi question
22/3/2012Réponse

Réintroduction de : question écrite 5-3037

Question n° 5-4547 du 23 décembre 2011 : (Question posée en néerlandais)

Il ne faut plus démontrer que la surconsommation d'antibiotiques à des effets négatifs. Les bactéries dangereuses développent des résistances. Dès lors les antibiotiques perdent leur efficacité alors qu'ils sont vraiment nécessaires. Selon Martin Blaser, éminent bactériologue et chef du département de médecine à l'Université de New York, l'utilisation d'antibiotiques a encore un tout autre effet indésirable.

Selon M. Blaser, l'utilisation d'antibiotiques agit sur notre bonne flore intestinale bactérienne de manière bien plus radicale que ce que l'on pensait initialement. Les ravages causés par les antibiotiques sur notre flore intestinale peuvent être responsables de l'augmentation durant les dernières décennies de plusieurs maladies comme l'asthme, les inflammations chroniques du tractus gastro-intestinal, le diabète de type 1 et l'obésité.

Quelques traitements par antibiotiques durant l'enfance peuvent engendrer des problèmes pour la vie. Comme chacun hérite à sa naissance d'une population initiale de bactéries de sa mère, ce problème peut se propager de génération en génération.

Voici mes questions à ce sujet :

1. La ministre peut-elle confirmer ces affirmations inquiétantes ? Comment évalue et juge-t-elle cette fâcheuse découverte ? La ministre possède-t-elle d'autres travaux scientifiques qui confirment ces thèses ? Y a-t-il un lien entre l'utilisation des antibiotiques et l'augmentation de maladies comme l'asthme, l'obésité ou le diabète ? Les services de la ministre étudieront-ils cette question en profondeur ?

2. La ministre a-t-elle pris les des dispositions pour lutter contre ce phénomène ? Comme les enfants sont particulièrement vulnérables devant ce phénomène, la ministre peut-elle dire si elle prendra des mesures spécifiques pour étudier en profondeur le recours aux antibiotiques chez les enfants et si nécessaire en tirer des adaptations ? Quelles initiatives supplémentaires la ministre a-t-elle planifiées ? Est-il question d'un plan d'action ou d'une stratégie globale ?

3. La thèse d'une possible dégénérescence est-elle avérée ou peut-on réimplanter une « bonne » flore intestinale chez les personnes où elle n'est plus (suffisamment) présente ?

Réponse reçue le 22 mars 2012 :

Lors d'une interview à la radio avec Nature Magazine le 25 août 2011, le Dr Martin Blaser a évoqué le thème auquel se consacre son laboratoire de recherche, à savoir les éventuelles conséquences à long terme de l'utilisation des antibiotiques sur la flore intestinale. La flore intestinale est composée de millions de bactéries cruciales pour notre organisme. Les antiobiotiques, s’ils tuent les bactéries que l’on vise, tuent aussi celles que l’on ne vise pas, et notamment celles qui composent la flore intestinale. L’utilisation des antibiotiques a donc certes permis de faire progresser l’espérance de vie mais elle peut aussi porter atteinte à nos défenses naturelles. Différentes pathologies seraient donc liées à cette prise excessive d’antibiotiques. Martin Blaser cite l’exemple de la bactérie Helicobacter pylori, qui a déserté nos estomacs. Son éradication affecte la régulation de deux hormones produites dans l'estomac, et pourrait être liée à la hausse des reflux gastriques, de l'asthme chez les enfants, etc. Il ne s’agit toutefois, à l’heure actuelle, que d’une hypothèse insuffisamment étayée scientifiquement.

La politique belge actuelle en matière d'antibiotiques, dont la coordination est assurée par la BAPCOC ou Antibiotic Policy Coordination Committee (www.health.belgium.be/antibiotics), axée sur la promotion d'un emploi raisonnable de ces médicaments et d’une utilisation des antibiotiques pour le seul traitement des affections virales, s'adresse d'ailleurs spécifiquement aux parents de jeunes enfants parce qu'il est connu que la consommation d'antibiotiques chez les enfants est élevée. Les données du BAPCOC montrent que ces campagnes ont eu un effet positif en réduisant de façon importante la prescription d’antibiotiques.