1831 :
Naissance du Sénat de Belgique
Les femmes ont-elles le droit de voter ?

Oui... mais seulement en théorie.

Dès le début, le principe d'égalité, « tous les Belges sont égaux devant la loi », figure dans la Constitution de la jeune Belgique. Le principe du vote censitaire n'est pas non plus discriminatoire à l'égard des femmes. Il n'est pas nécessaire d'être un homme pour pouvoir voter, il faut juste être Belge, majeur et riche (payer assez d'impôts).

Malheureusement, la loi électorale a été rédigée dans l'esprit du Code Napoléon. Les impôts des femmes, mariées ou veuves, ne comptent pas pour elles, mais sont « détournés » vers leurs maris ou leurs fils. Et donc, aucune femme n'a jamais été inscrite sur les listes électorales.

(photo : Loi électorale du 3 mars 1830. Documents du Congrès National. Collection Archives du Sénat.)

1791   La Déclaration des Droits de la Femme et de la Citoyenne
Premier document à évoquer l'égalité juridique et légale des femmes par rapport aux hommes, rédigé par Olympe de Gouge afin d'être présenté à l'Assemblée législative française en 1791, il sera totalement ignoré.

1804   Promulgation du Code Napoléon
Appliqué dès 1804 aux Provinces belges, ce code civil déterminera pendant longtemps le statut de la femme mariée qui est considérée mineure et soumise au contrôle marital.

1864   Un premier établissement d'enseignement officiel moyen pour filles
En Belgique, les féministes concentrent leurs efforts sur l'éducation des filles, condition préalable à l'émancipation des femmes. La première école moyenne (secondaire inférieur) pour filles est fondée par Zoé Gatti de Gamond à Bruxelles en 1864.

1880   Les femmes obtiennent le droit de faire des études universitaires
Le premier débat parlementaire sur l'accès des femmes à l'université a lieu en 1875. L'ULB est la première université belge à ouvrir ses portes aux filles. Mais pour pouvoir accéder à l'enseignement supérieur, les filles sont contraintes de faire l'École moyenne, puis de présenter le Jury Central.

1892-1899
La Ligue belge du Droit des Femmes
Elle est créée suite au refus des juridictions belges d'admettre Marie Popelin, première femme belge docteur en droit, à l'ordre des avocats. Parmi les adhérents il y a aussi des hommes, comme Henri Lafontaine, sénateur et lauréat du prix Nobel de la paix en 1913.

1921 : Enfin une femme au Parlement

Il lui revient, avec l'aide de ses partisans masculins, d'intro­duire au Sénat les idées novatrices du début du XX^e siècle sur le rôle social des femmes. Au fil des législatures, d'autres femmes, aux styles et aux idéologies différentes, rejoignent Marie Spaak-Janson au Sénat et à la Chambre. Elles s'efforcent toutes d'améliorer le statut des femmes et avec succès : au cours de l'entre-deux-guerres, de nombreux changements législatifs importants sont votés.

24 avril 1921
Les femmes votent pour la première fois aux élections communales
Elles se font aussi élire : 181 conseillères communales sont élues lors des élections communales de 1921.

1929   Lucie Dejardin est la première députée élue au suffrage universel à la Chambre
Femme politique, militante pacifiste et féministe belge, Lucie Dejardin est élue par élection directe sur la liste du Parti ouvrier belge pour l'arrondissement de Liège.

1938   Marie Gevers, première femme élue à l'Académie royale de langue et de littérature française de Belgique
Romancière anversoise d'expression française, Marie Gevers est l'auteur d'une douzaine de romans, de poèmes, de récits et de contes, et traductrice d'oeuvre littéraires néerlandaises en français.

1945   Adoption de la Charte des Nations Unies, premier texte international à proclamer l'égalité des sexes comme droit fondamental
Elle commence ainsi : « Nous, Peuples des Nations Unies, résolus à proclamer à nouveau notre foi dans les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'égalité de droits des hommes et des femmes... »

1948 : Le suffrage universel est vraiment universel

« J'espère de tout cœur que, faisant mieux qu'à la Chambre, le Sénat unanime rendra à la femme belge l'hommage qui lui est dû ». Ce vœu de Marie Spaak-Janson ne s'est malheureusement pas réalisé. La Chambre et le Sénat approuvent toutefois le suffrage universel à une écrasante majorité (dans chacune des Chambres, il y a 3 « non »).

Pour autant, ce n'est pas une révolution politique et les femmes ne se font pas non plus aussitôt représenter par des femmes. De 1949 à 1970, seules 5 % de femmes siègent au Parlement. Cette génération, généralement cooptée, quitte le Sénat à la fin des années 1960. En mars 1968, vingt ans après que les femmes aient obtenu le droit de vote aux législatives, plus aucune femme ne siège au Sénat.

1948   La première femme magistrate et juge
Geneviève Janssen-Pevtschin devient la première femme magistrate belge lorsqu'elle est nommée juge au tribunal de Première Instance de Bruxelles.

1965   Une femme nommée ministre
Marguerite de Riemaecker-Ligot est ministre du Logement et de la Famille des gouvernements Harmel et Vanden Boeynants I.

1967   La contraception est légalisée
La pilule contraceptive change la vie de la femme. La diminution du risque de grossesse non désirée lui donne plus de liberté pour organiser sa vie. Onze ans après l'invention de la pilule, la Belgique fait entrer en vigueur une loi autorisant la contraception.

1976   Les femmes peuvent ouvrir un compte en banque sans l'autorisation de leur mari
Conséquence de la loi proclamant l'égalité totale entre époux, les femmes peuvent gérer leurs biens comme bon leur semble.

1985   Un Secrétariat d'État à l'Émancipation sociale
Dirigé par Miet Smet, il aborde le thème du harcèlement sexuel des femmes et des violences contre les femmes. L'intégration des femmes dans le travail, la vie socioéconomique et dans tous les niveaux de prise de décision, et l'égalité des chances en politique, lui sont également chers.

1991   L'accession au trône n'est plus réservée qu'aux hommes
Pour éviter que par mariage, la Couronne ne tombe entre les mains d'une dynastie étrangère, la Constitution belge réservait, à l'instar de la fameuse loi salique, l'accession au trône à la ligne masculine. Grâce à l'abolition de ce principe, la Princesse Élisabeth pourra succéder à son père en tant que première Reine souveraine des Belges.

2004 Une présidente au Sénat

Le 20 juillet 2004, Anne-Marie Lizin-Vanderspeeten succède à Armand De Decker à la présidence du Sénat. Elle est la première femme à présider une assemblée parlementaire en Belgique. L'égalité entre hommes et femmes n'est pas un vain mot pour elle. Le bruit court que la visite d'une délégation iranienne s'est terminée très rapidement, lorsqu'il s'est avéré que, puisqu'elle était une femme, il n'était pas question de lui serrer la main...

Depuis 2004, Sabine de Bethune, Christine Defraigne et Sabine Laruelle ont présidé le Sénat. En 2020, deux présidentes ont été élues au Parlement fédéral : Stéphanie D'Hose au Sénat et Éliane Tillieux à la Chambre.

2011   La convention d'Istanbul contre la violence à l'égard des femmes
Reconnaissant la violence à l'égard des femmes comme une violation des droits humains et une forme de discrimination à l'égard des femmes, cette convention du Conseil de l'Europe aide de nombreux États à faire progresser leur législation et leurs politiques.

2014   Nouvelle réforme du Sénat
À partir des élections législatives fédérales belges de 2014, il ne peut y avoir plus de deux tiers de sénateurs du même sexe, soit au moins 20 hommes et 20 femmes.

2019   Sophie Wilmès premier ministre
Près de 100 ans après la première femme parlementaire et 45 ans après la première femme ministre, la Belgique a sa première « premier ministre ».