Edito

Le mot du Président

SEN-P3
Armand De Decker entouré de jeunes à
l'occasion de "Place aux Enfants"

Lorsque des jeunes sont invités au Sénat ­ ce qui, vous le constaterez à la lecture de cette revue, est assez fréquent ­ le Président se mêle volontiers à eux pour dialoguer. Sous sa présidence, des étapes importantes ont été franchies pour intensifier le dialogue entre jeunes et élus: rencontres du 11 novembre, pages "juniors" sur le site web du Sénat, publication de ce numéro "spécial jeunes"... Nous avons demandé à Armand De Decker pourquoi ces contacts avec la jeunesse sont importants, comment on peut encore favoriser les rencontres entre jeunes et élus et quels projets concrets il aimerait pouvoir mettre en chantier pour y parvenir.

Armand De Decker: Rien n'est plus important que les nouvelles générations. Tout au long de ma vie professionnelle, j'ai essayé de parler avec les jeunes pour leur transmettre ces choses que l'on apprend au cours d'une carrière politique. Il est donc naturel quand les jeunes sont présents ici au Sénat que je me prête volontiers à un long moment de questions-réponses..

D'une part, on responsabilise les jeunes, d'autre part on les infantilise...

Par ailleurs, dans le domaine de l'éducation civique, il nous faut bien reconnaître que l'école et la famille remplissent de moins en moins bien leur rôle. Il y avait, dans le passé, quelques cours qui expliquaient, aux élèves du secondaire, le fonctionnement de nos institutions. Il y a une quinzaine d'années, j'avais déposé avec Mme Spaak un projet de décret au Parlement de la Communauté française pour qu'on explique aux jeunes le fonctionnement des institutions locales, régionales, fédérales et européennes. Le décret fut voté, mais ne fut guère appliqué. La situation actuelle est d'autant plus incohérente que beaucoup de forces politiques n'ont eu de cesse d'abaisser l'âge du droit de vote. On assiste à un paradoxe : d'une part, on responsabilise les jeunes en leur octroyant le droit de vote plus tôt et d'autre part, on les infantilise en ne les formant pas aux institutions et à la démocratie

Nous pouvons encore faire plus... il faut des formules plus interactives

Il est certes positif que le Sénat, soucieux d'améliorer la communication avec les jeunes, ait créé des pages « juniors » sur son site web. Nous sommes conscients qu'il faudra les développer, que ce n'est que le tout début. C'est un travail considérable et constant de mise à jour qui demande un effort particulier en ce sens que le style rédactionnel de ces pages « juniors » n'est pas le style traditionnel d'une institution ou d'une administration.

Il est d'autres domaines dans lesquels nous pouvons faire plus : les actions d'un jour que nous organisons avec les jeunes sont des événements très positifs, mais je voudrais aller plus loin. Il nous faudrait travailler avec les jeunes à plus long terme, les inviter à travailler un thème particulier avec leurs professeurs dès le début de l'année scolaire afin qu'ils puissent en fin d'année envoyer une délégation au Parlement qui formule des propositions beaucoup plus précises, plutôt que de nous limiter à les inviter à dialoguer une journée avec nous. Il faut trouver des formules plus interactives.

Les jeunes qui s'intéressent à la politique, ont une approche à la fois plus critique et plus constructive que les adultes !

Nous vivons dans un monde où tant la politique que les hommes politiques sont décriés. Cette attitude est souvent le fait des adultes et il arrive fréquemment que la presse enfonce aussi le clou. Il est de bon ton de critiquer la classe politique et de la considérer comme décevante. Pour ma part, je constate que les jeunes ne rentrent pas si facilement dans ce type de discours : lorsqu'ils s'intéressent à la chose publique et à la politique, ils sont à la fois beaucoup plus positifs et attentifs ; ils sont souvent bien plus critiques aussi mais tout en étant plus respectueux de l'importance du mandataire et du mandat politique. Ils sont souvent fort curieux et intéressés par la chose politique. Il faut favoriser cela par le dialogue. Je me suis déjà dit que nous devrions de temps en temps sélectionner un grand thème d'actualité et annoncer via la presse et les écoles que tel jour à telle heure, des parlementaires accueilleront des jeunes qui s'y intéressent pour en débattre.

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