5-141 | 5-141 |
Mme la présidente. - Je vous propose de joindre ces questions orales. (Assentiment)
Mme Fabienne Winckel (PS). - La semaine dernière, nous apprenions par la presse que la SNCB projetait de supprimer vingt trains sur la ligne Quévy-Bruxelles, dès décembre 2014, dans le cadre de son nouveau plan de transport.
À l'heure où le recours aux transports en commun est fortement encouragé pour des raisons environnementales, je m'étonne fortement des mesures prévues par la SNCB, d'autant plus que toute la région desservie par cette ligne sera directement touchée par ces suppressions qui, me semble-t-il, sont en totale contradiction avec la politique de mobilité menée ces dernières années.
Je me permets d'attirer votre attention sur le cas particulier de Soignies dont la gare est fréquentée chaque jour par des milliers de navetteurs venus de toute la région. La réduction du nombre de trains risque non seulement de pénaliser ces derniers mais aussi de porter préjudice au développement de la commune qui est pourtant considérée comme un pôle principal à l'échelle du SDER, le Schéma de développement de l'espace régional. Soignies, c'est en effet 26 000 habitants, 11 000 emplois, plus de 5 000 étudiants, un Centre hospitalier régional et de nombreux commerces.
Monsieur le ministre, pouvez-vous infirmer ou confirmer ces informations ? Si elles sont avérées, pourriez-vous faire en sorte que la situation soit réévaluée ? La qualité de vie de milliers de travailleurs et d'étudiants de toute la région de Mons-Borinage et du Centre en dépend.
Mme Vanessa Matz (cdH). - Depuis une semaine, le plan de transport de la SNCB fait de nouveau la une de l'actualité, s'accompagnant de toutes sortes de déclarations contradictoires qui ne sont pas de nature à rassurer les navetteurs, et particulièrement ceux voyageant sur les petites lignes.
En effet, ces petites lignes sont une fois de plus au coeur du remaniement proposé par le plan de transport, au travers cette fois de la nouvelle dénomination donnée aux différentes lignes.
Ainsi, nous avons appris la disparition prochaine de la dénomination « trains IR » au profit des « trains IC et L », respectivement les lignes inter-city et les lignes locales. Ces nouvelles appellations, entre autres, seront censées mieux répondre aux réalités actuelles du rail belge. En filigrane, cela voudrait dès lors dire que la SNCB se consacrerait en priorité aux liaisons entre les villes et les grands centres, et ne s'attacherait plus à offrir un service de proximité.
En effet, si, dans le même temps, la SNCB nous assure vouloir maintenir l'offre en ne touchant pas au nombre de kilomètres parcourus par les trains chaque jour, tout en voulant renforcer les grandes lignes, il ne faut pas être grand devin pour comprendre que les victimes collatérales de ces nouvelles mesures seront une fois encore les navetteurs des petites lignes.
Dans ma région, la ligne 43 reliant Liège à Luxembourg est une nouvelle fois menacée. Or, comme je vous l'ai déjà rappelé à plusieurs reprises, cette liaison constitue souvent le seul mode de transport optimal pour se rendre au bureau ou à l'école. Réduire les fréquences sur cette ligne - qui sont déjà limitées à un passage toutes les deux heures - rendrait plus que problématiques les déplacements de nombreux navetteurs.
À l'heure où l'actualité est focalisée sur les problèmes de congestion routière et que des solutions alternatives sont avancées pour renforcer notamment les transports en commun, il est assez surprenant, pour ne pas dire inquiétant, d'apprendre de telles informations.
Dès lors, Monsieur le ministre, je souhaiterais vous poser plusieurs questions.
Certes, la SNCB confirme vouloir maintenir l'offre de transport actuelle. Garantissez-vous que les petites lignes seront maintenues sans être déforcées, avec un service optimal pour les navetteurs ?
Des consultations provinciales seront organisées sous peu pour permettre aux responsables de la SNCB de rencontrer les acteurs locaux et d'entendre leurs préoccupations. Dans quelle mesure les demandes qui seront formulées lors de ces rencontres seront-elles intégrées dans le texte du plan de transport ?
M. Richard Miller (MR). - Après les questions de mes collègues, je me focaliserai quant à moi sur la ligne 96 Quévy-Mons-Bruxelles. Selon le plan de transport de la SNCB, vingt-deux trains quotidiens seront supprimés et seront remplacés par la navette Quévy-La Louvière Sud. Non seulement le temps de parcours des navetteurs sera allongé mais les liaisons avec la capitale seront complexifiées. L'exemple que je cite est représentatif d'une situation qui se dégrade pour tous les usagers de l'arrondissement du Borinage : la ligne 96 désenclave tout un arrondissement et permet à de nombreux navetteurs de rejoindre Mons en quelques minutes. Je songe également à la dorsale wallonne qui sera amputée d'une partie de son trafic.
Avec le remaniement prévu, la SNCB va clairement diminuer l'offre pour les petites gares. Face à ce constat, pensons à l'augmentation des embouteillages lors des heures de pointe, à l'empreinte écologique, etc.
Outre les conséquences désastreuses que ces changements auront sur le plan de la mobilité, ce nouveau plan a clairement été conçu au détriment de nombreux usagers de la SNCB. Sans doute aurait-il été préférable d'associer le CCU, le Comité consultatif des usagers, à la phase de conception de ce plan de transport. Si le CEO de la SNCB a souligné que ce nouveau plan était adapté à la demande, il semblerait que la SNCB ait négligé en grande partie son statut de service public et ait abandonné également son rôle de transport de proximité.
Monsieur le ministre, j'aimerais vous entendre sur ce qu'il serait possible de faire pour corriger quelque peu le tir et savoir exactement quelle a été la position de la Région wallonne au sujet de la ligne Quévy-Mons.
Est-il exact, comme l'a déclaré hier à la tribune le ministre Henry, qui a évoqué l'obscurantisme de la SNCB, que la Région wallonne n'a été en rien concertée ? Les régions sont en effet complémentaires du fédéral dans l'offre de transport public, d'où l'importance pour les régions de connaître cette offre.
Enfin, n'estimez-vous pas que, dans le cadre de ce nouveau plan de transport, la SNCB néglige son rôle de transport de proximité ?
M. Jean-Pascal Labille, ministre des Entreprises publiques et de la Coopération au développement, chargé des Grandes Villes. - Ceux qui ne savaient pas où se situe Quévy sur une carte en sont désormais informés.
La SNCB m'a transmis le 31 janvier dernier son projet de plan de transport 2014-2017. Il a été approuvé par son conseil d'administration le 20 décembre dernier et sera présenté ce vendredi au conseil des ministres, conformément à la loi de 1991 sur les entreprises publiques économiques. Cependant, le gouvernement ne l'approuvera pas en l'état. Il sera proposé au conseil des ministres de prendre acte de ce plan de transport tout en demandant à la SNCB de respecter certaines balises dans le contrat de gestion actuellement en vigueur entre l'État et la SNCB. Ce contrat prévoit en effet certaines obligations relatives entre autres à la desserte des gares, obligations que la version actuelle du plan de transport ne respecte pas.
En outre, la note qui sera soumise au conseil des ministres demande que la SNCB analyse les remarques formulées sur le plan de transport à la suite de la présentation du plan que la SNCB effectuera dans les prochaines semaines dans les différentes provinces du pays. Cette communication s'articule autour de roadshows permettant à la SNCB de s'adresser aux élus des différents parlements fédéral, régionaux et communautaires ainsi qu'aux députés provinciaux et aux bourgmestres. Ces roadshows auront lieu entre la fin de février et avril 2014.
Au cours de ces séances, les lignes générales et les particularités locales du plan de transport seront exposées. Deux séances seront également programmées avec des représentants du comité consultatif des usagers.
Sur la base de cette analyse, la SNCB devra s'attacher à intégrer dans son plan de transport les observations jugées pertinentes. Le plan ainsi modifié sera alors soumis à l'approbation du conseil d'administration de la SNCB et du conseil des ministres. L'actuel plan de transport de la SNCB dont la presse a fait écho ces derniers jours, ne constitue donc en l'état qu'un projet et fera l'objet de modifications avant d'être soumis une nouvelle fois au gouvernement en vue d'une approbation. Au terme de ce processus de modification du plan, une information sera organisée ultérieurement à destination de la clientèle de la SNCB, tant professionnelle qu'individuelle, par l'intermédiaire des canaux adéquats.
En tant que ministre de tutelle, je tiens à vous assurer que j'entends que la SNCB continue à desservir tant qualitativement que quantitativement les différentes gares du pays.
Enfin, j'en viens à la question de M. Miller. J'ai d'abord reçu une liste de Saint-Nicolas du ministre Henry. J'ai largement dû écourter cette dernière. La Région wallonne a toutefois été parfaitement informée et consultée. Elle l'est d'ailleurs toujours aujourd'hui, notamment pour ce qui concerne les liaisons avec Infrabel. J'y serai particulièrement vigilant. Je suis de ceux qui pensent qu'une politique de mobilité doit évidemment intégrer les liens entre la SNCB et les sociétés de transport par bus. Cela me paraît une évidence. Nous en avons d'ailleurs parlé ce matin, Melchior Wathelet et moi, et une conférence sur la mobilité sera prochainement organisée.
Mme Fabienne Winckel (PS). - Je vous remercie pour votre réponse, monsieur le ministre.
Je voulais attirer votre attention sur ce problème, qui est bien réel. Si l'on parle de la ligne Quévy-Bruxelles, ce dont je me réjouis, c'est parce que les milliers de personnes qui l'empruntent chaque jour sont inquiètes.
Vos propos, monsieur le ministre, me semblent rassurants dans la mesure où le processus de décision est toujours en cours. Vous pouvez compter sur nous pour participer aux rencontres et relayer les demandes des navetteurs des différentes villes.
Il importe vraiment de conserver ce mode de transport de proximité et donc d'avoir un nombre suffisant de trains, surtout aux heures de pointe. À ces heures, actuellement, sur cette ligne, il y a déjà de nombreux usagers qui voyagent debout.
Je pense également qu'il est important que la SNCB continue à investir dans les gares moyennes, entre autres pour assurer du parking pour les navetteurs.
Je vous remercie d'avance pour tout ce que vous ferez pour la défense de nos gares et des transports en commun.
Mme Vanessa Matz (cdH). - Après avoir entendu votre réponse, monsieur le ministre, je peux pousser un premier « ouf » de soulagement. J'espère de tout coeur que les concertations qui seront organisées durant les prochains jours ne seront pas de pure forme et que le conseil d'administration et le conseil des ministres ensuite tiendront compte des remarques formulées par les différents mandataires et acteurs locaux. Il y a en effet des réalités qui semblent parfois ignorées par la SNCB.
Même si l'affluence est moins forte sur certaines lignes, ces lignes n'en sont pas moins importantes puisqu'il s'agit souvent du seul mode de déplacement possible pour les travailleurs ou les étudiants.
M. Richard Miller (MR). - Je m'associe aux remerciements exprimés par mes deux collègues.
Comme cela vient d'être dit, nous pouvons pousser un premier « ouf » de soulagement. Nous espérons que la procédure en cours conduira à une révision de ce plan.
Pour ma part, je ne puis m'empêcher de souligner, une fois encore, que les déclarations d'un de ses ministres ont montré la très, très grande fiabilité de la famille Ecolo. Si je comprends bien, le ministre Henry, hier à la tribune du parlement wallon, a clairement dit qu'il n'avait en rien été associé à ce plan, or le ministre Labille vient de dire que c'est totalement faux !
Et le chef de groupe Ecolo, M. Disabato, qui a ameuté la presse pour dire que la ligne était supprimée et que c'était une décision de la SNCB, a menti à la population de l'arrondissement de Mons-Borinage. Voilà !
(Interruption de M. Hellings)
Si je crie, monsieur Hellings, c'est parce que je suis choqué par l'attitude d'Ecolo. Je crie mais je crie la vérité. Mentir mezza voce, c'est pis.