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Mme Cécile Thibaut (Ecolo). - Depuis le lundi 18 mai, les facteurs de Bouillon prennent leur service à Libramont. Ils y commencent leur journée par le tri du courrier destiné à la commune de Bouillon avant de prendre place dans leur camionnette pour se rendre sur place et déposer la correspondance dans les boîtes.
Il me revient que Bouillon participerait à un projet pilote devant conduire à terme à la fermeture du bureau distributeur bouillonnais au profit d'un regroupement des services à Libramont.
Si le projet pilote est jugé positif, les facteurs de Bouillon seront donc contraints chaque jour, hiver comme été, de se rendre à Libramont pour commencer et terminer leur journée. De surcroît, depuis le lundi 18 mai, ils sont confrontés à une nouvelle méthode de tri.
Après plusieurs réorganisations du travail encore mal digérées, comme Georoute et les changements de méthodes de tri, source de stress et d'erreurs, voici une nouvelle réforme qui pèse lourdement sur les épaules des travailleurs de bpost. Sans doute s'agit-il d'une mesure de « rationalisation » que veut bpost.
L'expérience devrait ouvrir la voie à une disparition progressive des bureaux distributeurs disséminés dans nos communes au profit de regroupements dans des centres. En Luxembourg, il resterait quatre ou cinq centres.
Or, rien qu'en ce qui concerne Bouillon, la suppression du bureau distributeur devrait se traduire par quelque 130 000 kilomètres de route supplémentaires effectués chaque année par les facteurs, qui ne sont compensés que par la suppression du seul passage quotidien du camion postal qui venait apporter le courrier à Bouillon.
On imagine mal les distances qui seraient demain parcourues par les postiers dans leur véhicule personnel, puis au volant des camionnettes de la poste et vice-versa en cas de généralisation.
Pourriez-vous me confirmer, monsieur le ministre, que bpost envisage la suppression de bureaux distributeurs ? Quel serait le pourcentage de suppression visé et à quelle échéance ?
Complémentairement, j'aimerais savoir quels sont les effets économiques escomptés de cette « rationalisation ».
Enfin, monsieur le ministre, pourriez-vous me dire comment bpost, qui se targue d'être une poste « verte » (Green Post) pourrait concilier ses objectifs environnementaux, qu'elle dit « ambitieux », avec une réforme de cette nature pour laquelle on a peine à calculer les kilomètres supplémentaires de route qu'elle pourrait entraîner ?
M. Paul Magnette, ministre des Entreprises publiques, de la Politique scientifique et de la Coopération au développement, chargé des Grandes Villes. - Avant toute chose, je souhaite rappeler que des prévisions prudentes font état d'une baisse de volume de courrier adressé, de l'ordre de 20% d'ici 2015. Si bpost devait décider de ne prendre aucune mesure face à ce phénomène, les résultats de l'entreprise pourraient connaître un impact négatif considérable dans les prochaines années.
Le projet de déménager les facteurs de Bouillon s'inscrit dans le cadre du plan stratégique Mail Vision 2020. Ce projet vise à répondre le plus efficacement possible à ce défi par une adaptation de l'organisation de bpost aux variations de volume et par une diminution des coûts, en générant des économies d'échelle, notamment au niveau de l'infrastructure.
Concrètement, le projet Vision 2020 implique notamment que les centres de tri automatisés joueront un rôle accru dans le traitement préalable du courrier. Les quelque 400 bureaux distributeurs seront regroupés au cours des prochaines années en soixante mail centers, lesquels se chargeront de la collecte et de la distribution du courrier dans une zone comprenant plusieurs communes et bureaux distributeurs.
La logique des regroupements de bureaux distributeurs supposera effectivement une augmentation du nombre des kilomètres parcourus par les facteurs. Cependant, dans le nouveau système, le courrier ordinaire sera amené au début de la tournée du facteur. Il ne sera donc pas demandé à celui-ci de se rendre chaque jour dans un mail center. Le nouveau modèle permettra même, par rapport à la situation actuelle, de diminuer la distance entre le point d'approvisionnement du courrier et le début effectif de la tournée.
S'il est vrai que les regroupements engendrent des distances supérieures à parcourir, il faut également tenir compte du fait que ce choix permet de concentrer les opérations dans un seul bâtiment, avec à la clé une économie significative en kilowattheures électriques et en diminution de CO2. Le fait de passer de quatre cents bureaux à soixante permettra de réaliser des économies d'énergie, d'électricité et de réduire sensiblement les émissions de CO2. De plus, l'approvisionnement des bureaux nécessitera moins de courses de véhicules, des camions principalement, compte tenu du nombre moindre de bureaux à desservir.
Effectivement, bpost a lancé le programme Green Post en 2009 qui vise à construire une poste plus soucieuse de l'environnement et à réduire son empreinte écologique. Il couvre l'ensemble des aspects énergétiques et environnementaux, de même que le développement de produits verts. Ainsi, bpost veut garantir à ses clients que l'envoi de chaque lettre et paquet qui lui est confié se fasse avec le moins d'impact possible sur l'environnement et dans des conditions écologiques responsables.
Les résultats atteints depuis 2007 sont encourageants et ce, malgré les opérations de regroupement. Les émissions de CO2 et la consommation d'énergie ont été réduites respectivement de 33% par rapport à 2007 et de 15% par rapport à 2005. Bpost travaille actuellement sur la fixation d'objectifs ambitieux pour le futur. Dans ce cadre, l'entreprise examine en particulier les possibilités de remplacer progressivement son parc de véhicules par des véhicules verts, électriques ou hybrides. Bpost met tout en oeuvre pour réduire au maximum son empreinte écologique, tout en veillant à garantir sa stabilité financière et à respecter ses engagements par rapport aux services universels et au contrat de gestion.
Mme Cécile Thibaut (Ecolo). - S'il est exact que la poste se doit d'avoir une vision par rapport à la baisse de volume, cette rationalisation ne peut se faire au détriment de la qualité de vie des postiers. L'actualité récente le démontre. Le personnel a déjà beaucoup souffert en raison de l'instauration du logiciel Georoute. Aujourd'hui, la suppression de certains bureaux de poste implique l'utilisation du véhicule personnel des agents. Ceux qui n'en disposaient pas sont désormais obligés d'en faire l'acquisition.
Vous parlez d'une rationalisation dans soixante mail centers. J'estime qu'il faut pratiquer une distinction à l'égard des zones rurales où les distances à parcourir sont énormes.
Vous vantez les bienfaits d'un nouveau modèle où le courrier sera apporté en début de tournée et dont les postiers n'auraient pas à souffrir. Mais le projet pilote actuellement en vigueur est tout autre. Le personnel doit d'abord se rendre au mail center avant de pouvoir distribuer le courrier. Je suis donc étonnée que vous soyez convaincu de présenter un modèle soi-disant idéal. Pour moi, Green post n'est qu'un vernis. Concrètement, l'argument qui consiste à invoquer la diminution de la consommation d'énergie dans des bâtiments désormais moins nombreux me semble peu rationnel par rapport à l'augmentation du nombre de kilomètres parcourus.