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Sénat de Belgique

Annales

JEUDI 9 JUIN 2011 - SÉANCE DE L'APRÈS-MIDI

(Suite)

Question orale de Mme Cécile Thibaut au ministre de la Coopération au développement, chargé des Affaires européennes sur «la suspension par la Belgique de sa contribution au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme» (nº 5-185)

Question orale de Mme Elke Sleurs au ministre de la Coopération au développement, chargé des Affaires européennes sur «la suspension par la Belgique de sa contribution au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme» (nº 5-191)

Question orale de Mme Marie Arena au ministre de la Coopération au développement, chargé des Affaires européennes sur «la suspension par la Belgique de sa contribution au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme» (nº 5-192)

M. le président. - Je vous propose de joindre ces questions orales. (Assentiment)

Mme Cécile Thibaut (Ecolo). - Créé en janvier 2002, le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme est devenu la principale source de financement des programmes de lutte contre ces maladies. Le Fonds mondial apporte un financement de subventions pour un montant total supérieur à 20 milliards de dollars alloué à 600 programmes dans 150 pays.

À la suite de soupçons de malversations dans certains pays, le Fonds mondial a décidé de confier à un panel d'experts internationaux un audit de la situation. De son côté, la Commission européenne, qui a suspendu son versement au Fonds, a lancé des enquêtes dans plusieurs pays et présentera ses résultats au panel mis en place par le Fonds.

Vous avez annoncé ce mardi vouloir conditionner le soutien financier de la Belgique au Fonds mondial à un résultat favorable de l'enquête menée actuellement par la Commission européenne. L'éradication de la corruption et du manque de transparence de la gestion des fonds est essentielle et nécessaire. Je note cependant que le nombre de pays faisant l'objet d'une enquête est limité (par rapport au nombre de pays soutenus par le Fonds mondial) et que ces présomptions touchent des pays considérés comme les plus corrompus au monde.

Parallèlement à ces réactions internationales, le Fonds mondial prend des mesures importantes pour lutter contre d'éventuels détournements. À ce titre, il va renforcer les contrôles envers cinq pays bénéficiaires de subventions : leurs activités vont être examinées en détail et certaines restrictions sont imposées à leurs mouvements de trésorerie.

Au mois d'avril, le Fonds mondial a publié un rapport intitulé Results With Integrity, The Global Fund's Response to Fraud. Ce rapport souligne qu'un montant de 44 millions de dollars, ayant fait l'objet de détournements, est actuellement réclamé à différents pays. Il apparaît que 63 pour cent de la somme reposent uniquement sur quatre pays (Djibouti, Mali, Mauritanie et Zambie). On peut lire dans la conclusion de ce rapport : « Il est essentiel de veiller à ce que les actes criminels de quelques-uns ne nuisent pas à un soutien essentiel du Fonds mondial aux centaines d'organisations et aux dizaines de milliers de personnes dévouées qui utilisent nos fonds avec efficience et efficacité pour obtenir des résultats ».

Pas plus tard que la semaine dernière, à la suite d'une série d'enquêtes menées au Mali par des inspecteurs du Fonds mondial, la justice malienne a annoncé avoir inculpé l'ancien ministre de la Santé de crime d'atteinte aux biens publics, de détournement de deniers publics, de faux et usage de faux, de favoritisme et de complicité de favoritisme.

Tous ces éléments montrent que le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme lutte activement contre les tentatives de détournement d'argent.

Monsieur le ministre, dans ce contexte, je souhaite des explications sur votre souhait de suspendre le soutien budgété de la Belgique au Fonds mondial.

Est-il raisonnable de suspendre la totalité de notre soutien financier quand les faits semblent se limiter à un nombre réduit de pays et que le Fonds mondial lutte activement contre ces agissements ?

Dans le cas où cette suspension viendrait à être levée à la suite des résultats de l'enquête de la Commission européenne, avez-vous évalué le retard occasionné pour le versement de l'aide budgétée et son impact sur la réalisation des programmes du Fonds mondial ?

Mevrouw Elke Sleurs (N-VA). - Zoals gezegd zal de minister voor Ontwikkelingssamenwerking de Belgische bijdrage aan het Wereldfonds voor aids-, tuberculose- en malariabestrijding niet storten. De beslissing werd genomen nadat het fonds zelf had bekendgemaakt dat de gelden in bepaalde landen verkeerd waren besteed. Het ontdekken van die corruptie was met andere woorden niet het resultaat van een externe audit, maar het gevolg van de verantwoordelijkheidszin van de organisatie zelf. Concreet is 44 miljoen dollar, op een totaal budget van 13 miljard dollar, in verkeerde handen terechtgekomen, of 0,3% van de totale uitgaven van het fonds. Maar 0,3% is voor België blijkbaar voldoende om zijn jaarlijkse bijdrage aan de wereldwijde strijd tegen aids, tbc en malaria te blokkeren.

Het is echter dankzij het programma van het fonds dat miljoenen mensen muskietennetten kunnen gebruiken, een tuberculosebehandeling krijgen of verder kunnen leven dankzij de vooruitgang die geboekt werd op het vlak van aidsremmers.

Enkele maanden geleden verzekerde de minister de Senaat nog dat de reactie op de corruptie vastgesteld door het fonds zelf, proportioneel zou zijn. Vandaag moeten we echter vaststellen dat, zolang het onderzoek loopt, de fondsen geheel bevroren blijven, en dát precies op het ogenblik dat in New York de VN-aidsconferentie plaatsvindt, 30 jaar na de ontdekking van het virus, en precies op het ogenblik dat alle experts, zoals Bertrand Audoin, hoofd van de International AIDS Society, oproept om meer tijd en geld te stoppen in het zoeken naar een echt aidsmedicijn. Toeval wil ook dat dokter Kazatchkine, executive director van het fonds, volgende week in de Senaat wordt gehoord. Ik hoop echt dat we hem kunnen melden dat België zijn beslissing zal terugdraaien.

Graag vernam ik van de minister waarom hij besliste tot de buitenproportionele reactie om de volledige bijdrage aan het Wereldfonds stop te zetten, hoewel de organisatie zelf de problemen aankaartte en de aidsbestrijding duidelijk haar nut heeft bewezen en nodig blijft.

Mme Marie Arena (PS). - Comme mes collègues, j'apprends que la Belgique a suspendu sa contribution de 21 millions d'euros pour 2011 au Fonds mondial de lutte contre le sida, en raison de soupçons de malversations dans certains pays bénéficiaires.

Vous le savez, monsieur le ministre, la lutte contre le sida, le paludisme et d'autres maladies est un des Objectifs du millénaire. Il est difficile à atteindre et, dans cette situation problématique, connue depuis des mois, plusieurs investigations sont en cours pour identifier les fraudes.

Le Fonds mondial a notamment mis en place un panel d'experts internationaux délégués. Par ailleurs, il s'est engagé à garantir la transparence la plus totale. En décembre 2010, il a suspendu plusieurs subventions pour cause de détournements de fonds et de dépenses injustifiées. En même temps, les subventions suspendues ont été transférées à de nouvelles entités qui ont fait leurs preuves en matière de gestion et de capacité opérationnelle.

Malgré la nécessité évidente de sanctionner les fraudes, on peut s'interroger sur l'impact auprès des bailleurs d'une telle annonce, faite à la veille de l'ouverture de l'Assemblée générale des Nations unies qui se tient à New York du 8 au 10 juin, d'autant que Médecins sans frontières vient de rappeler la nécessité absolue d'un soutien au Fonds mondial afin de consolider les bons résultats obtenus depuis dix ans et d'atteindre les objectifs à réaliser d'ici à 2015.

Compte tenu de ce constat, monsieur le ministre, pouvez-vous expliciter les éléments nouveaux versés au dossier depuis le mois de mars - moment où vous répondiez à une question posée par Mme Temmerman -, éléments qui ont motivé la décision de suspendre l'appui au Fonds mondial ?

Quelles mesures avez-vous prises afin que cette suspension ne pénalise pas les patients ni les nombreux bénéficiaires qui ne sont certainement pas soupçonnés de corruption ?

De heer Olivier Chastel, minister van Ontwikkelingssamenwerking, belast met Europese Zaken. - Deze vragen sluiten aan op de vragen die ik in maart heb beantwoord. Zijn er in dit dossier nieuwe elementen, mevrouw Arena?

Madame Arena, je n'ai rien annoncé ce mardi ; c'est le journal De Morgen qui, sur instigation d'un certain nombre de parlementaires, semble avoir découvert ce que j'avais dit en mars dernier. Je ne puis que répéter que notre attitude n'a absolument pas varié depuis lors.

Zoals ik u bij die gelegenheid al heb gezegd, is het niet mijn bedoeling blindelings een sanctie op te leggen of `een reactie buiten proportie te ondernemen' tegen organisaties die fraude vaststellen. Ik wil evenmin de ernst en de kwaliteit van het Wereldfonds ter discussie stellen. Het fonds bracht malversaties aan het licht. Het gaat niet over vermoedens zoals ik in bepaalde commentaren kon lezen, maar over bewezen fraude voor een bedrag van naar schatting 34 miljoen euro. Ik heb alle lof voor de beslissing van de leiding van het fonds om op hoog niveau een groep op te richten die de financiële beschermingsmaatregelen van het fonds moet doorlichten. Het verslag van die groep wordt verwacht vóór 15 september, en niet zoals eerst aangekondigd vóór mei.

Alors que l'Allemagne a décidé de suspendre sa contribution pour 2011, de son côté et avant de verser sa contribution de 134 millions d'euros, la Commission européenne a également lancé une enquête visant à évaluer la manière dont les recommandations de l'audit qu'elle a mené en 2009-2010 ont été mises en oeuvre par le Fonds mondial. Ces recommandations avaient principalement trait aux procédures d'octroi de marchés et aux méthodes de détection des cas de fraude.

L'enquête porte également sur les quatre pays concernés par les malversations - le Mali, Djibouti, la Mauritanie et la Zambie - et, comme toute une série d'autres pays d'ailleurs, nous en attendons les résultats dans les prochaines semaines. Une analyse favorable permettra à la Commission de libérer sa contribution, comme prévu, à l'automne prochain.

La Belgique a décidé d'aligner sa position sur celle de la Commission qui nous représente au sein du conseil d'administration du fonds. Cela étant, et comme je le disais déjà en mars, il me semble tout de même normal et opportun de tenir compte des conclusions de ces enquêtes avant de verser notre contribution.

Si le risque zéro n'existe pas, nous devons veiller à ce que la fraude soit combattue ; c'est en tout cas ainsi que je conçois mon rôle de ministre responsable devant les citoyens que représente cette assemblée de la bonne utilisation des deniers publics. C'est aussi la garantie que les objectifs, que nous défendons tous, d'une meilleure lutte contre ces maladies soient le plus certainement possible atteints.

La Belgique reste résolument engagée dans la lutte contre le sida, la tuberculose et la malaria, entre autres. En témoignent, pour le sujet qui nous occupe aujourd'hui, d'une part, l'augmentation des montants alloués au Fonds mondial - 12,4 millions d'euros en 2008, 16,6 millions en 2009 et 21 millions en 2010 - dont le budget annuel tourne autour des deux milliards d'euros et, d'autre part, le fait que notre pays est représenté par le premier ministre en personne à la Conférence des Nations Unies sur la lutte contre le sida lors de laquelle il a pu rencontrer et rassurer hier le directeur général du Fonds, le Professeur Kazatchkine.

Pour terminer, je voudrais replacer la suite des événements sur la ligne du temps. Primo, en octobre 2010, les donateurs avaient été invités à communiquer au Fonds mondial le montant de leur contribution pour la période 2011-2013. Pour des raisons que je n'ai pas besoin de rappeler, la Belgique n'avait pu faire d'annonce mais avait déjà confirmé sa volonté de continuer à travailler étroitement avec le Fonds mondial. Secundo, le budget 2011 a été adopté par la Chambre des représentants au mois de mai et, vous le savez, il reprend une contribution de 21 millions d'euros au Fonds mondial au titre de l'année en cours, soit l'équivalent de l'année précédente. Tertio, selon le planning prévu et dont le Fonds mondial a été informé, cette contribution devrait être déboursée lors du dernier trimestre de cette année si, comme je l'espère, les différentes enquêtes permettent de confirmer les engagements pris par le Fonds pour lutter contre la corruption. Cela contribuera sans nul doute à rassurer la communauté des bailleurs et l'opinion publique sur la bonne gestion des fonds et à renforcer le partenariat entre le Fonds mondial et la Belgique.

Comme vous l'aurez constaté, il n'est à ce stade pas question d'une suspension et encore moins d'une suppression, comme c'est le cas dans d'autres pays. La lutte contre ces maladies reste un élément important de la politique belge de coopération, par le biais de ce genre de contributions ou de programmes de coopération bilatérale dans lesquels la santé est un secteur prioritaire. Pour rappel encore, rien qu'en 2010, nous avons spécifiquement consacré à la lutte contre le sida pas moins de 46 millions d'euros.

J'espère que cette réponse vous aura rassuré sur ma volonté de continuer à soutenir la lutte contre ces maladies et spécifiquement le sida.

Mme Cécile Thibaut (Ecolo). - La réponse du ministre va un peu dans tous les sens. Il tente de nous rassurer mais, depuis que notre gouvernement est en affaires courantes, les fonds n'ont toujours pas été versés, bien qu'un budget ait été adopté. Ils ne le seront que si les résultats des enquêtes sont favorables. Je suis dès lors inquiète. On se conduit à ce sujet comme un professeur qui, face à deux élèves turbulents, sanctionne toute la classe. Il convient donc d'aller plus vite et d'adopter une vision beaucoup plus globale de l'aide à la lutte contre ces maladies.

Mevrouw Elke Sleurs (N-VA). - Ik volg mevrouw Thibaut. Het is belangrijk dat de strijd wordt voortgezet, dat België zijn belofte nakomt en dat niet iedereen wordt gestraft. De landen die frauderen moeten een waarschuwing en eventueel sancties krijgen, maar niet het fonds zelf.

Mme Marie Arena (PS). - Je rejoins le point de vue de mes collègues. En 2010, une première tranche a été versée en juin et une seconde en septembre. Pourquoi n'avez-vous pas agi de la sorte, monsieur le ministre ? Pourquoi ne pas avoir versé la première tranche et ensuite attendu le rapport avant de verser la seconde ? On aurait ainsi adressé un signal clair au Fonds mondial. Celui-ci a fourni des garanties quant à la lutte contre la corruption et la fraude. Il convient donc d'aller de l'avant le plus vite possible.