5-759/1 | 5-759/1 |
7 FÉVRIER 2011
Il est fréquent, dans notre pays, que les lieux de culte musulman soient financés par des puissances ou des organisations étrangères qui entendent ainsi assurer, maintenir ou renforcer leur emprise religieuse sur la population musulmane de Belgique.
Dans de nombreuses capitales européennes, la « Rabita » ou « Ligue islamique mondiale » a édifié des mosquées flanquées de leurs instituts islamiques. C'est ainsi, par exemple, que la Grande mosquée et le Centre islamique et culturel de Bruxelles ont été entièrement financés par la Rabita. Aujourd'hui, la Rabita, qui est non seulement dirigée mais aussi financée par l'Arabie saoudite, est l'organisation islamique la plus importante au monde. Le secrétaire général de la Rabita est d'ailleurs un ministre saoudien. En 1982, la Rabita a créé le Conseil supérieur des mosquées d'Europe en vue de subventionner la construction ou la restauration de mosquées, et de promouvoir leurs activités en formant des religieux musulmans. Les conseils d'administration des instituts européens de la Rabita étant généralement composés des ambassadeurs des pays musulmans, il s'agit ni plus ni moins d'un instrument indirect dont disposent les puissances étrangères pour contrôler leurs (anciens) ressortissants.
Le financement de la construction de mosquées et d'instituts islamiques constitue, pour l'Arabie Saoudite, un moyen privilégié de répandre la doctrine religieuse du wahhabisme au sein de la diaspora islamique en Europe occidentale. Le wahhabisme est une variante ultra-conservatrice et typiquement saoudienne de l'islamisme qui, en instaurant une police religieuse (« mutawia ») notamment, entend épurer l'islam de toute forme de « superstition », en faveur d'une croyance fondée sur une interprétation et une application littérales du Coran et de la Sunna. Des courants tels que le wahhabisme rejettent notre société moderne et s'opposent à toute forme d'intégration à la société occidentale. Depuis quelques années, l'Arabie saoudite est alliée avec le Maroc et multiplie les initiatives à l'adresse des musulmans qui résident en Europe. Elle a augmenté l'offre de formations gratuites en Arabie saoudite. Lorsqu'ils en reviennent, les étudiants qui donnent suite à cette offre sont devenus des islamistes militants qui défendent une lecture littérale des textes religieux islamiques, rejettent toute intégration et considèrent l'Europe comme un espace hostile à l'islam contre lequel il convient de s'insurger.
Selon un rapport du Comité R, publié grâce à des fuites par les médias au cours du mois de mai 2002, Bruxelles aurait été proclamée, lors d'un sermon très musclé prononcé dans la Grand mosquée, contrôlée par l'Arabie saoudite, au Cinquantenaire de Bruxelles, « capitale des kafir ». Selon ce rapport, il y aurait également eu des tentatives d'installer une police religieuse chargée de contrôler l'observance des préceptes religieux au sein de la communauté islamique (Gazet van Antwerpen, 30 mai 2002).
Selon le même rapport du Comité R de l'année 2002, trente des trois cents mosquées de Belgique pouvaient être considérées comme fondamentalistes. La plupart des mosquées proposées à l'agrément par l'Exécutif des musulmans de Belgique appartiennent à ce courant radical ou sont financées par une puissance étrangère (Gazet van Antwerpen, 30 mai 2002). Ces mosquées propagent une idéologie anti-occidentale.
Il ne fait aucun doute que des puissances ou des organisations étrangères contribuent activement, notamment en finançant des mosquées et divers instituts islamiques, à la diffusion et à la perpétuation d'idées fondamentalistes parmi les musulmans de Belgique. La mainmise de ces puissances et autres organisations sur la population musulmane issue de l'immigration représente une menace pour notre sécurité nationale, pour le maintien de l'État de droit démocratique et la séparation de l'Église et de l'État. Nous souhaitons dès lors que l'on examine les possibilités d'interdire les flux financiers internationaux en provenance de milieux musulmans fondamentalistes. Aux Pays-Bas, la Deuxième Chambre du Parlement néerlandais a déjà adopté une motion de même nature.
Bart LAEREMANS. Jurgen CEDER. Anke VAN DERMEERSCH. |
Le Sénat,
demande au gouvernement:
1. d'examiner, dans le respect des libertés garanties par la Constitution et par les conventions, les possibilités d'interdire les flux de capitaux internationaux en provenance de milieux musulmans fondamentalistes, destinés à financer les mosquées et les institutions islamiques en Belgique;
2. d'informer le Sénat, dans un délai raisonnable, du résultat de cet examen.
3 février 2011.
Bart LAEREMANS. Jurgen CEDER. Anke VAN DERMEERSCH. |