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M. le président. - M. Etienne Schouppe, secrétaire d'État à la Mobilité, adjoint au premier ministre, répondra.
M. Philippe Monfils (MR). - La SNCB Holding a présenté le 20 mars dernier une nouvelle marque intitulée « La gare » et une nouvelle identité visuelle qui habillera désormais les trente-deux plus grandes gares du pays.
Cette identité visuelle prendra la forme d'un logo où figureront quatre courbes de couleurs différentes représentant les concepts de liaison, de dynamisme et de convivialité.
Pour les responsables de la SNCB, cette nouvelle marque se justifie par l'importance croissante des gares en tant que pôles de mobilité, de développement durable et de commerce.
Coût de cette opération : 40 000 euros par gare, soit 1 280 000 euros au total.
Ce relooking est parfaitement déplacé quand on sait que la plupart des lignes ferroviaires enregistrent pratiquement quotidiennement des retards pour lesquels les navetteurs sont peu, voire pas du tout informés.
Je signalerai simplement les retards de ces derniers jours : le 25 mars, retard de 30 à 50 minutes en matinée sur la ligne Namur-Bruxelles comme d'habitude ; le 27 mars, toujours sur la ligne Namur-Bruxelles, train de 16 h 32 annulé et remplacé par le train Bruxelles-Dinant-Liège de 16 h 50 arrivé avec une demi-heure de retard ; le 31 mars, retard d'une heure sur la ligne Bruxelles-Tournai ; le 1er avril, retard de 35 minutes du train de 16 h 53 Namur-Huy.
Dans le dépliant La vie entre en gare, je lis « Gagnez du temps » et « Achetez un journal ou un café à emporter avant d'embarquer, cela rend le petit matin plus convivial ». Vous devriez ajouter « et fait passer le temps pendant les retards ».
Dans le dépliant Lieu de rencontre, vous indiquez que les gares sont devenues un lieu de rencontre puisqu'elles accueillent des concerts, des défilés, des expositions, des cours de tango, des chorales, des brocantes et même un mariage en 2008.
Quand on est dans une situation difficile, on ne s'amuse pas à faire des logos. La gare n'est pas un endroit où l'on reste pendant cinq heures, sauf quand on attend le train, c'est un endroit où l'on passe. Ce qu'il faut, c'est que les trains soient à l'heure.
Pensez-vous qu'une dépense de pratiquement un million et demi d'euros pour ce genre de plaisanterie soit justifiée ? N'y a-t-il rien d'autre à faire à la SNCB ? Ne serait-il pas plus approprié d'utiliser ce budget pour engager quelques techniciens qui pourraient peut-être contribuer à réparer les pannes dont les navetteurs sont quotidiennement les victimes ? Cet argent est parfaitement mal dépensé.
M. Etienne Schouppe, secrétaire d'État à la Mobilité, adjoint au premier ministre. - Je vous lis la réponse du ministre.
La création de la nouvelle marque n'est pas une opération cosmétique qui permettra aux plus grandes gares d'avoir un bon logo.
D'importants investissements ont été consentis ces dernières années pour la construction de nouvelles gares, d'une part, et pour des rénovations, d'autre part.
Les grandes gares du pays gérées par la SNCB Holding jouent un rôle majeur dans les villes. Chaque semaine, plus de trois millions de voyageurs y passent, ce qui représente 65% des passagers de l'ensemble du réseau et des centaines de milliers de passants. Il n'existe pas d'autre endroit où convergent autant de moyens de transport : trains, TGV, bus, trams, métros, voitures, vélos, taxis, etc. Le nombre de places de parking pour autos et vélos est en constante augmentation. La sécurité et la propreté sont sans cesse améliorées grâce au renforcement des équipes et à l'acquisition du matériel technique le plus performant.
Les grandes gares recousent le tissu urbain et constituent de véritables moteurs du développement économique. Elles hébergent de nombreuses activités commerciales et représentent, au total, 23 706 mètres carrés d'espaces commerciaux qui abritent plus de 320 commerces mais aussi de nombreux services : points-vélos, activités de service telles que le repassage, location de voitures, bureaux d'infos touristiques, etc. De plus, chaque année, des centaines d'événements y sont organisés - en 2008, il y en a eu 700.
Une nouvelle image de marque a été développée pour mettre l'accent sur tous les efforts réalisés dans le cadre de cette nouvelle approche visant à positionner cette « nouvelle » Gare dans le tissu urbain, une marque qui attire l'attention du client sur le fait qu'une nouvelle réalité de la gare a fait son entrée. Les grandes gares qui répondent aux critères de cette philosophie d'une meilleure gestion du temps et du lieu de rencontres ont été dotées d'un nouveau visuel « La Gare » et d'un logo très reconnaissable.
Il est exact que des efforts doivent encore être consentis dans d'autres domaines, comme l'information des voyageurs et/ou la régularité - même si des progrès sont également enregistrés en la matière - et cela ne nous empêche toutefois pas de mettre en évidence les réalisations concernant les gares.
M. Philippe Monfils (MR). - Le ministre n'a pas vraiment répondu à ma question. Il s'agit de savoir comment on utilise son argent lorsque l'on n'en possède pas beaucoup. Quand les Français ont inventé le TGV, ils n'ont pas commencé par construire, par exemple, la gare de Lyon qui, soit dit en passant, n'est pas exceptionnelle. Ils se sont d'abord occupés du train et des voies. S'intéresser à la gare dans l'optique du développement me paraît une bonne chose mais on ferait peut-être mieux de penser également aux voyageurs et aux navetteurs. Le développement économique d'un pays passe aussi par le fait que les trains partent et arrivent à l'heure et ne débarquent pas les voyageurs en pleine campagne sans leur donner la moindre information. Il y a trop de retards, trop de pannes inexpliquées, trop de difficultés. Il serait quand même temps que la SNCB s'en rende compte plutôt que de passer son temps à des enfantillages comme celui-ci !
M. Etienne Schouppe, secrétaire d'État à la Mobilité, adjoint au premier ministre. - Il fut un temps où effectivement, les choses allaient beaucoup mieux à la SNCB.
M. Philippe Monfils (MR). - Aujourd'hui, quand on est ministre, on ne se déplace plus en train - même en première classe - mais en voiture !