4-8COM

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Commissie voor de Buitenlandse Betrekkingen en voor de Landsverdediging

Handelingen

MAANDAG 19 JANUARI 2009 - NAMIDDAGVERGADERING

(Vervolg)

Hoorzitting met de heer Jaap de Hoop Scheffer, secretaris-generaal van de NAVO, over de nieuwe uitdagingen voor het bondgenootschap

Voorzitter: de heer François Roelants du Vivier

(De vergadering wordt geopend om 15.15 uur.)

M. Jaap de Hoop Scheffer. - Monsieur le président, c'est un privilège et un honneur pour moi d'être parmi vous cet après-midi. Ce n'est pas seulement par amitié que j'ai accepté votre aimable invitation à prendre la parole, je l'ai fait pour deux autres raisons également.

Tout d'abord, ayant été membre d'un parlement, je suis convaincu de l'importance du débat parlementaire. Je suis toujours heureux d'échanger des idées avec les parlementaires des pays de l'OTAN et d'ailleurs. C'est la clé des efforts permanents de l'Alliance dans le domaine de la diplomatie publique. C'est à vous, membres des parlements, qu'il appartient de soutenir l'OTAN.

Ensuite, votre invitation vient à un moment clé. Dans dix semaines en effet, début avril, l'Alliance célébrera son soixantième anniversaire lors d'une réunion au sommet à Strasbourg, en France, et à Kehl, en Allemagne. Je saisis cette occasion pour vous présenter brièvement certains des thèmes principaux susceptibles d'être abordés à l'occasion de ce sommet.

Vous avez parlé de ma vocation européenne. Je crois qu'un soixantième anniversaire de l'OTAN, au coeur de l'Europe, à Strasbourg et à Kehl, en France et en Allemagne, est un signal important.

Au préalable, je tiens tout d'abord à vous remercier pour le soutien que l'OTAN - en tant qu'organisation - et son personnel reçoivent de la Belgique, notre pays hôte. Certes, le statut de pays hôte offre certains avantages économiques, mais il implique également des responsabilités et des obligations. Tout au long de mon mandat de secrétaire général, je me suis toujours félicité de la manière dont ces responsabilités et obligations ont été remplies. Je vous en remercie.

Depuis la création de l'Alliance, voici 60 ans, et depuis que l'OTAN s'est installée à Bruxelles il y a 40 ans, l'environnement stratégique a évolué de manière significative et la coopération en matière de sécurité est devenue bien plus complexe.

Le terrorisme, les dangers de la prolifération des armes de destruction massive et tout ce qu'impliquent les États faillis et les États en déliquescence continueront, pendant longtemps, à représenter un défi majeur. Le caractère expéditionnaire de certaines opérations de l'Alliance devra donc perdurer.

Par ailleurs, on ne peut se permettre de négliger les problèmes qui sont bien plus proches de chez nous, la cyberdéfense et la sécurité énergétique étant les deux exemples qui me viennent immédiatement à l'esprit.

Nous devons aussi scruter l'horizon et envisager les défis à venir. C'est la raison pour laquelle nous commençons déjà à évaluer les incidences que pourrait avoir le changement climatique dans le domaine de la sécurité.

Dans ce contexte sécuritaire complexe, l'OTAN doit veiller à être bien préparée et bien équipée. Comprenez-moi, je ne suis pas en train de dire que l'OTAN devrait, à elle seule, relever tous ces défis, c'est évidemment impossible. Mais les autres organisations internationales ne peuvent pas non plus tout faire à elles seules. Il faut donc réfléchir à la valeur ajoutée que l'OTAN peut apporter, puis travailler ensemble à l'échelle de la communauté internationale pour offrir une contribution efficace, cohérente et coordonnée. Si nous voulons garantir l'aptitude de l'Alliance à jouer pleinement son rôle dans les efforts accomplis, par la communauté internationale, en vue de relever ces défis, nous ne pouvons nous contenter d'un simple sommet commémoratif en avril. Nous devons également déterminer la manière dont la communauté transatlantique réagira face à ce large éventail de défis.

C'est pourquoi la déclaration relative à la sécurité de l'Alliance demandée, l'année dernière, par les chefs d'États et des gouvernements lors du Sommet de Bucarest en Roumanie, constituera l'un des documents clés du sommet. À mon sens, ce document devra être bref et ciblé et réitérer les valeurs et principes transatlantiques essentiels de l'OTAN tout en indiquant clairement la voie à suivre.

J'attends plus précisément qu'il réaffirme la pertinence et la raison d'être de l'Alliance et qu'il explique comment l'Amérique du Nord - les États-Unis, le Canada - et l'Europe peuvent assurer ensemble la sécurité internationale à travers nos opérations et la poursuite des efforts de transformation.

Une déclaration concise sur la sécurité de l'Alliance servira d'orientation à la communauté « otanienne » et aux gouvernements des pays membres. Elle jouera aussi un rôle de premier plan en termes de communication stratégique et de relations avec les médias et le public.

Je pense que les chefs d'états et de gouvernements souhaiteront faire fond sur la déclaration sur la sécurité de l'Alliance et franchir un pas supplémentaire en entamant des travaux sur un nouveau concept stratégique. Le concept stratégique actuel de l'OTAN date de 1999. Il est vrai qu'il continue à fournir des orientations appropriées mais compte tenu des nouveaux défis et de l'élargissement de l'Alliance à 26 et, bientôt je l'espère, à 28 pays membres, je suis persuadé que nous devons désormais veiller à ce que l'OTAN dispose de l'approche globale, de la structure institutionnelle et des capacités militaires nécessaires pour remplir sa mission avec toute l'efficacité voulue.

Je me réjouis à la perspective de voir la Belgique participer à ce débat. Il faut entamer le plus tôt possible des discussions sur l'avenir de l'OTAN avec la nouvelle administration américaine. À ce propos, il est clair que l'on attend aussi l'arrivée du président Obama.

Sans vouloir en aucune façon préjuger de ce débat, je pense qu'il existe un enseignement essentiel à tirer de nos expériences actuelles. Lorsque l'Alliance identifie des menaces collectives, tous ses membres doivent les analyser ensemble, mettre au point des réponses adéquates et réagir de manière solidaire. À partir du moment où un seul pays manque à l'appel, la cohésion de l'Alliance est fragilisée.

La poursuite des efforts de transformation de nos capacités militaires n'en est que plus importante. Les forces armées de nos pays sont encore trop souvent organisées pour assurer une défense territoriale statique et ne peuvent jouer un rôle complet au sein de l'Alliance. Pour ceux qui se demanderaient si nous ne poussons pas le processus de transformation trop loin, je signalerai que contrairement aux forces traditionnelles, des forces transformées sont aussi en mesure d'assurer des tâches autres que la défense du territoire.

Ainsi, si nous voulons vraiment faire preuve de solidarité ou nous partager le fardeau, nous avons besoin de forces transformées, « déployables », disposant de toute la souplesse voulue pour exécuter une gamme bien plus large de tâches militaires. Il nous faut aussi avoir la volonté politique d'utiliser ces forces. Bien sûr, c'est à vous d'expliciter la volonté politique.

Je suis conscient que la transformation a un prix et que la crise économique actuelle limitera fortement les marges de manoeuvre dont les pays disposent pour augmenter leurs dépenses de défense. Mais en ma qualité de secrétaire général, mon rôle est d'encourager les nécessaires mises à disposition et le meilleur usage des ressources alliées consacrées à notre défense collective. Voilà pourquoi je me félicite des approches novatrices qui ont été adoptées en Belgique en ce qui concerne la formation et l'équipement. Toutefois, j'ai observé que les capacités des forces armées belges et le soutien de ces dernières aux opérations multinationales ne sont parfois pas entièrement à la hauteur de ce que l'on pourrait attendre d'un allié ayant la population et la richesse relative de la Belgique. Malgré les difficultés qui nous attendent, il importe que les dépenses de défense restent en adéquation avec les défis auxquels nous sommes confrontés.

Je fais également appel à votre soutien dans un autre domaine important pour l'Alliance. Ces dix dernières années, un des aspects les plus visibles de la transformation globale de l'Alliance a été l'élargissement. Dix nouveaux pays ont rejoint l'OTAN et deux autres sont sur le point de devenir membres. Les protocoles d'accession nécessaires sont actuellement ratifiés dans l'ensemble de l'Alliance, conformément aux procédures nationales en vigueur.

Je crois comprendre qu'en Belgique, la ratification de ces protocoles vient d'être soumise au Sénat, pour examen et approbation. J'espère donc vivement que ce processus pourra rapidement être mené à bien pour que l'Albanie et la Croatie puissent participer au sommet d'avril en tant que membres à part entière.

Een ander belangrijk onderwerp dat zal worden besproken op de NAVO-topconferentie is uiteraard de NAVO-operatie in Afghanistan en onze voortdurende inspanningen om dat land veiliger en stabieler te maken, in de eerste plaats ten behoeve van de Afghaanse bevolking zelf en in het belang van de wederopbouw van dat land, dat in 2001 kon worden gekenmerkt als een falende staat, maar ook met het oog op de veiligheid en de bescherming van onze eigen samenleving in het Westen. De operatie heeft dus een dubbel doel: ondersteuning van de Afghaanse bevolking en van onze strijd, aan een van de frontlijnen, tegen extremisme, terrorisme en fundamentalisme.

De komende verkiezingen in Afghanistan en de begeleiding daarvan vergen een grotere inspanning van het bondgenootschap en de levering van een tienduizendtal extra manschappen voor een periode van vier maanden. Aangezien het vinden van troepen en materieel voor de reguliere ISAF-operatie nu al - en ik druk me mild uit - voortdurend problemen oplevert, is dat geen eenvoudige opgave. We moeten overwegen of tijdens de verkiezingsperiode een beroep kan worden gedaan op de NATO Response Force. In het bondgenootschap is er over dit voorstel op het moment geen consensus.

Ik maak van de gelegenheid gebruik om minister De Crem, hier aanwezig, de Belgische regering en de parlementsleden die dat hebben mogelijk gemaakt, te danken voor de recente uitbreiding van de Belgische bijdrage aan ISAF, in het bijzonder de F-16's die nu in het zuiden van Afghanistan worden ingezet. Ook de opbouw en training van het Afghaanse nationale leger is een sleutelvoorwaarde voor de verdere ontwikkeling van de eigen Afghaanse veiligheidscapaciteit. De Belgische extra bijdrage via een Operational Mentor and Liaison Team, onontbeerlijk voor de training van de Afghaanse legereenheden, is dan ook bijzonder welkom.

Militaire middelen alleen kunnen niet voor een succesvolle wederopbouw van Afghanistan zorgen en het land weer op koers brengen. Het creëren van een stabiele en veilige omgeving gaat hand in hand met een substantiële en duurzame economische reconstructie en ontwikkeling van dat land. Laten we niet de illusie hebben dat het gaat om een militaire overwinning of een finale militaire oplossing; uiteindelijk gaat het in Afghanistan om wederopbouw en reconstructie. Dat is enkel mogelijk als alle relevante internationale actoren - de Verenigde Naties als coördinerende organisatie, de Europese Unie, de Wereldbank en andere - samenwerken en elkaar aanvullen. Die alomvattende aanpak - comprehensive approach in het Engels - krijgt momenteel vorm onder leiding van de Verenigde Naties. De hoge vertegenwoordiger van VN-secretaris-generaal Ban Ki-moon in Kabul verdient in dit kader onze steun. Wij als NAVO moeten bereid zijn ons te laten coördineren. De gezamenlijke verklaring inzake de samenwerking tussen de Verenigde Naties en de NAVO die in september jongstleden in New York werd ondertekend door secretaris-generaal Ban Ki-moon en mezelf, draagt daar zeker toe bij. Die relatie tussen de Verenigde Naties en de NAVO is er nu. Dat is belangrijk, omdat alle NAVO-operaties en -missies - op de maritieme operatie in de Middellandse Zee na - plaatsvinden onder een direct of indirect mandaat van de Verenigde Naties.

Een andere vitale voorwaarde voor het creëren van een stabiel Afghanistan is dat ook de buurlanden in de regio daarbij worden betrokken en op constructieve wijze daartoe bijdragen. Ik zal dan ook mijn uiterste best doen om ervoor te zorgen dat de politieke en militaire samenwerking tussen Afghanistan, Pakistan en de NAVO verder wordt ontwikkeld en versterkt, mede om de gemeenschappelijke veiligheidsproblemen, in het bijzonder aan de Pakistaans-Afghaanse grens beter te kunnen aanpakken. Ik ben blij dat de huidige Pakistaanse regering duidelijk de intentie heeft om de safe havens, de veilige plekken waar de extremisten kunnen verblijven aan de Pakistaanse kant van die grens, actief te weren.

De NAVO-top in Straatsburg en Kehl zal per definitie een sterk Europees stempel dragen vanwege de twee gastheren, Duitsland en Frankrijk, twee zeer Europese landen. Ik hoop dat dit een belangrijke impuls kan geven aan een versterking van de relatie tussen de NAVO en de Europese Unie.

Mijn grootste frustratie van vijf jaar NAVO-secretaris-generaal is dat ik niet in staat ben geweest - ik niet, de NAVO niet en de Europese Unie niet - om die strategische relatie op een hoger plan te brengen. Ik blijf mij daarvoor inspannen.

Tot op heden staat een aantal niet opgeloste institutionele belemmeringen een nauwere samenwerking tussen de NAVO en de Europese Unie in de weg. Er is voortgang geboekt, er is pragmatisch geopereerd, er zijn goede voorstellen gedaan om die samenwerking te intensiveren, maar er blijven nog grote horden te nemen. Het potentieel voor die samenwerking is enorm.

De sleutel ligt zowel bij de NAVO, meer bepaald bij de positie van één NAVO-bondgenoot, Turkije, als bij de Europese Unie, meer bepaald de positie van één lidstaat, Cyprus, waar een oplossing blijkbaar niet in het verschiet ligt. Een en ander staat de verdere ontwikkeling in de weg.

Ik tracht pragmatisch te zijn. Javier Solana tracht pragmatisch te zijn. Als er geen institutionele oplossing wordt gevonden, moeten we in twee richtingen zoeken: een grotere Turkse flexibiliteit in de NAVO en het meer serieus nemen van Turkije in de Europese Unie. Turkije mag bijvoorbeeld niet toetreden tot het Europees Defensieagentschap. Dat is jammer. Turkije levert trouw zijn bijdrage aan de ESDP, maar het zou ook nauwer bij de ESDP betrokken moeten worden.

Dat vereist een geconcerteerde aanpak van alle betrokken landen. België is, als bijzonder proactieve lidstaat van de Europese Unie, als bondgenoot van de NAVO en bovendien gastland van beide organisaties, perfect in staat om die taak op te nemen.

Ik wil u, volksvertegenwoordigers, dan ook oproepen om waar mogelijk een punt te maken van de absolute noodzaak om de relatie tussen de NAVO en de Europese Unie te verbeteren.

Er zou geen twijfel over mogen bestaan dat een doeltreffende samenwerking tussen de NAVO en Rusland essentieel is voor het vinden van een gemeenschappelijk antwoord op het grote aantal bedreigingen en uitdagingen waarmee wij heden ten dage worden geconfronteerd. Het Russische optreden in Georgië in augustus jongstleden leidde tot een forse crisis in de betrekkingen en heeft het vertrouwen in het Russische beleid en in de Russische bereidheid tot samenwerking beschaamd. Als gevolg daarvan hebben de NAVO-ministers vastgesteld dat er geen sprake kan zijn van business as usual in de relaties met Rusland.

In december nog hebben de ministers van Buitenlandse Zaken van de NAVO tot mijn vreugde besloten tot een gegradueerde en gefaseerde aanpak van het herstel van de contacten met Rusland. Ik heb als secretaris-generaal van de ministers een persoonlijk mandaat gekregen om daaraan te werken en om in een aantal ontmoetingen, eerst met de ambassadeur van de Russische Federatie in Brussel, de heer Rogozin, en binnenkort hopelijk ook op het politieke niveau, te werken aan het herstel van het vertrouwen in de relatie tussen de NAVO en Rusland. Ik hoop volgende maand in München, in de marge van de Sicherheitskonferenz, de leider van de Russische delegatie te ontmoeten in een poging de relatie met Rusland opnieuw aan te trekken. Dat is immers heel belangrijk.

De NAVO en Rusland moeten samenwerken in het dossier Afghanistan, in de strijd tegen het terrorisme, in het relatief nieuwe dossier van de strijd tegen piraterij. Ook onderwerpen waarover we het fundamenteel met elkaar oneens zijn moeten aan bod kunnen komen. Ik denk aan de toekomst van het CFE-verdrag in Europa voor de conventionele wapens, het meningsverschil over Kosovo en de raketverdediging.

Ik ben ervan overtuigd dat we in die relatie opnieuw op het juiste spoor kunnen geraken. We hoeven elkaar niet per definitie aardig te vinden. We hoeven niet meteen een discussie aan te gaan over de waarden die we delen, we kunnen ook een discussie beginnen over de belangen die we delen. Daarvan heb ik al drie voorbeelden genoemd.

Samenwerking en partnerschappen zijn belangrijke begrippen in de NAVO in de 21ste eeuw. België, de Europese Unie, de NAVO en de internationale gemeenschap staan voor zeer uiteenlopende bedreigingen op het gebied van de veiligheid. De NAVO vormt een uniek onderdeel van die internationale gemeenschap en speelt daarin een belangrijke en onmisbare rol. De komende top in Straatsburg en Kehl ter gelegenheid van de 60ste verjaardag van dat unieke bondgenootschap biedt een goede gelegenheid om die rol opnieuw te verduidelijken en te bevestigen.

Ik verwacht van de staatshoofden en de regeringsleiders dat ze duidelijk maken hoe ze de kerntaak van de territoriale integriteit van het bondgenootschap en een aantal belangrijke nieuwe expeditionaire taken van het bondgenootschap zullen vervullen. Ik ben overtuigd van de voortzetting van de Belgische bijdrage, de ondersteuning van het bondgenootschap en de betrokkenheid van Kamer en Senaat daarbij. De rol van de volksvertegenwoordigers - ik ben dat in Nederland 16 jaar zelf geweest - bij het overbrengen van die boodschap aan de kiezers mag niet worden onderschat. Daarom vind ik het altijd een voorrecht om voor de volksvertegenwoordigers te mogen spreken.

Ik sta open voor, bij voorkeur kritisch, commentaar.

M. le président. - Je vous remercie pour votre exposé, monsieur le secrétaire général. Vous avez évoqué de très nombreuses questions, à savoir le concept stratégique de l'Alliance, les liens entre l'OTAN et la politique européenne de sécurité et de défense, la Russie, l'Afghanistan, le retour de la France dans l'OTAN et, bien entendu, l'élargissement.

Vous nous avez fait part de vos préoccupations concernant le niveau d'engagement de la Belgique. Nous en prenons note en tant que parlementaires et aurons l'occasion d'en discuter avec notre ministre de la Défense.

Vous avez ensuite posé une question qui s'adressait plus spécifiquement au Parlement belge, et singulièrement au Sénat, puisqu'il est le premier à connaître des traités internationaux. Cette question portait sur l'adhésion de la Croatie et de l'Albanie. J'ai eu l'occasion de voir l'ambassadeur de la Croatie l'année dernière et de lui annoncer que nous étions prêts. Quelques formalités restent encore à accomplir à l'échelon gouvernemental mais, dès que le texte sera transmis au Sénat, nous pourrons, pratiquement dans la semaine, donner notre assentiment au traité d'adhésion de la Croatie et de l'Albanie.

M. Philippe Monfils (Sénat - MR). - Je remercie M. le secrétaire général d'être venu nous rencontrer. Comme il fut très longtemps parlementaire, nous pourrons avoir un débat simple, direct et pas trop diplomatique.

Ma première question est d'ordre général. Quelles sont vos réflexions, monsieur le secrétaire général, en ce qui concerne l'évolution de l'OTAN, dont le prochain sommet aura lieu les 3 et 4 avril ? Comme vous le savez, les interrogations sont nombreuses, notamment en Belgique, en ce qui concerne le rôle de l'OTAN. S'agit-il d'une mini-ONU, d'une OTAN globale ou d'une OTAN régionale ? Faut-il maintenir la primauté américaine dans les structures, que ce soit à Norfolk ou en Belgique ? Quelle est votre position à l'égard de l'unanimité ?

Ma deuxième question est plus précise. J'ai sursauté tout à l'heure quand vous avez évoqué Chypre. Si j'ai bien compris, vous préconisiez de prendre la Turquie plus au sérieux. Monsieur le secrétaire général, la meilleure manière de ne plus avoir de problème avec Chypre, c'est que la Turquie cesse de le harceler. Chypre est un pays membre de l'Union européenne et la Turquie est candidate à cette union. Et que voit-on ? Un pays occupe militairement un membre de l'Union européenne et l'OTAN ne dit rien. Que je sache, l'OTAN est tout de même une organisation régionale qui devrait se préoccuper de cet état de choses. Bientôt, ce sera la faute de Chypre de ne pas se laisser occuper militairement en créant deux États égaux en droit et séparés. Ce qui serait évidemment une absurdité. Je rappelle en passant que les Turcs ne sont pas plus gentils à l'égard des Grecs. Il ressort de mes contacts avec la Grèce que de temps à autre, des avions turcs effectuent des vols dans le ciel grec, ce qui amène évidemment la Grèce a également faire décoller une série d'avions, ce qui entraîne des dépenses complémentaires. Si la Turquie acceptait de reconnaître Chypre, les choses iraient beaucoup mieux.

Ma troisième question est relative à la position française au sein de l'alliance. La France a manifesté sa volonté de rentrer dans l'alliance. On dit même que ce retour pourrait se traduire par l'attribution de certains commandements, notamment l'Allied Command Transformation à Norfolk et les Joint Headquarters à Lisbonne. Où en est actuellement la question de la rentrée de la France ? La France négocie-t-elle son retour ? Quelles sont les réactions des autres puissances européennes ? Il serait intéressant de connaître le sentiment du secrétaire général concernant ce souci français de rentrer dans l'OTAN.

De heer Herman De Croo (Kamer van Volksvertegenwoordigers - Open Vld). - In de perceptie van vele Europese landen blijft de NAVO Amerikaans. De toetreding van landen uit het `Nieuwe Europa' versterkt die visie. Europa behoort momenteel niet tot de grote blokken in de wereld. Amerika zou geneigd kunnen zijn een omsingelingsvisie te huldigen inzake onder meer grondstoffen en energie en daarin zou de NAVO een rol kunnen spelen. Klopt die perceptie? Is er iets veranderd door de toetreding van nieuwe leden en door de outreach-acties van de NAVO? Hoe ziet u dat met betrekking tot Rusland en China, twee grote spelers die wellicht nooit lid van de NAVO zullen worden?

M. Georges Dallemagne (Chambre des représentants - cdH). - Je remercie M. De Hoop Scheffer d'avoir pris le temps de venir discuter de ces questions importantes à la fin de son mandat. C'est l'occasion de le féliciter de tous ses efforts pour moderniser l'alliance et l'adapter aux nouveaux enjeux internationaux.

Monsieur le secrétaire général, quels sont les éléments de votre bilan dont vous êtes fier et quels sont les éléments de frustration ? Quels sont les points que vous avez pu faire avancer et quels sont ceux qui restent à développer ? Qu'avez-vous pu réaliser au cours de ces cinq années pour faire évoluer l'alliance ?

Vous avez parlé de la nécessité, dix ans après 1999, de réadapter le concept stratégique de l'OTAN. Quelles sont vos propres vues sur cette réadaptation ? Comment voyez-vous cette idée d'approche globale et de coopération stratégique ? Je souhaiterais également des informations complémentaires sur le concept de sécurité de l'alliance que vous avez cité.

Vous avez rappelé les deux buts de guerre essentiels en Afghanistan. On a l'impression que l'on s'éloigne de plus en plus du premier but qui est la sécurité et l'avenir de la population afghane elle-même. J'ai cru comprendre qu'il existait des tensions assez fortes entre l'OTAN et le gouvernement Karzaï. Il semble que vous ayez envoyé récemment un courrier au gouvernement Karzaï pour rappeler les principes de bonne gouvernance, de bonne gestion. Il serait intéressant de savoir dans quel contexte et pour quelles raisons vous avez jugé utile d'adresser au président Karzaï ce courrier sur la situation actuelle en Afghanistan.

On a l'impression que l'on a de moins en moins d'ambition en Afghanistan et que c'est surtout le deuxième objectif qui, pour l'instant, paraît le plus accessible. Comme vous l'avez rappelé, de plus en plus, les clés de l'Afghanistan se trouvent au Pakistan, si l'on se réfère notamment au récent briefing qui nous avons eu récemment à New York. Toutes les analyses convergent pour dire qu'aujourd'hui, la clé du terrorisme, d'Al Qaeda, se retrouve au Pakistan. Nous l'avons d'ailleurs constaté à propos des événements en Inde.

Vous avez parlé de coopération supplémentaire avec le Pakistan. Comment celle-ci se passera-t-elle ? Le Conseil de sécurité, l'OTAN, l'Afghanistan et le Pakistan joueront-ils tous dans la même pièce, sur des bases juridiques claires, avec des objectifs tactiques et stratégiques précis ? J'aimerais en savoir plus au sujet de ce qui sera la grande affaire de l'année. Que pourra-t-on faire au Pakistan pour tenter de stabiliser ce pays et d'éviter les dérives fondamentalistes et islamistes ? Au-delà de vos propres idées sur la question, je souhaiterais savoir comment les choses se dérouleront concrètement.

Ma question suivante concerne les armes de destruction massive qui, comme vous l'avez indiqué, constituent un des grands enjeux de l'Alliance.

L'année 2010 sera une année importante pour le traité de non-prolifération puisqu'il y aura une nouvelle discussion de ce traité. C'est aussi l'année de la présidence belge. N'est-ce pas le moment de prendre des décisions plus audacieuses que celles qui sont prises pour l'instant ?

Quand j'interroge les spécialistes sur la dissuasion et les armes nucléaires, les réponses sont de moins en moins convaincantes sur notre arsenal nucléaire, notamment en Europe, et la nécessité de le maintenir en l'état.

Un des grands enjeux du Sommet de Strasbourg et de Kehl en avril prochain et, pourquoi pas, de la présidence belge, ne serait-il pas d'avancer sur le TNP et de faire en sorte qu'il soit rediscuté ? On constate un peu partout dans le monde un recul en matière de prolifération. La responsabilité n'incombe-t-elle pas aussi aux signataires du TNP qui, dans ce traité, avaient pris l'engagement de dénucléariser et de diminuer les arsenaux nucléaires, notamment en Europe ?

Vous avez parlé de la contribution belge que vous trouvez insuffisante. Vous savez que la Belgique, comme d'autres pays d'ailleurs, traverse une crise économique et budgétaire. En dessous de quels niveaux la Belgique ne devrait-elle pas descendre pour garder sa crédibilité au sein de l'Alliance ? Existe-t-il un danger précis du point de vue de la crédibilité de la Belgique étant donné les moyens mis à la disposition de l'OTAN ?

Enfin, on a beaucoup critiqué les structures de l'OTAN, devenues pléthoriques. Je sais que lors de la réintégration de la France dans le commandement intégré, celle-ci s'est plainte de l'immense bureaucratie et de l' « armée mexicaine » que constituaient certains états-majors. Quelles sont les initiatives en cours à ce point de vue ?

De heer Patrik Vankrunkelsven (Senaat - Open Vld). - Wat de verhouding tussen EU en NAVO betreft, heeft de secretaris-generaal de bal bij de EU gelegd, zeggend dat wij meer ons best moeten doen voor de integratie van Turkije in de EU. Mijn partij is daar overigens ook voorstander van. De NAVO mag echter ook met de vinger worden nagewezen omdat die bijzonder soepel is voor Turkije. Dit land neemt immers een belangrijke positie in binnen het bondgenootschap. Ik vrees dat die sterke positie met zich meebrengt dat Turkije in eigen land inzake mensenrechten en minderheden zeer schoorvoetend optreedt. De NAVO moet zich erover bezinnen of het Turkije de hand boven het hoofd kan blijven houden.

Rusland heeft zeer gepikeerd gereageerd op de bilaterale acties van de VS inzake het raketschild in Oost-Europa. Dat bemoeilijkt de samenwerking tussen de NAVO en Rusland. De VS hebben afspraken gemaakt met Polen, Tsjechië en Slowakije. De NAVO kan beweren dat dit een bilaterale aangelegenheid is, maar goede betrekkingen met Rusland vereisen dat het bondgenootschap een standpunt inneemt. Er kan niet worden geduld dat de VS zich op een dergelijke gemakkelijke manier mengen in Europese aangelegenheden en de noodzakelijke samenwerking met Rusland aldus sterk bemoeilijken.

De regering Bush heeft op de valreep nog een belangrijke beslissing genomen op het nucleaire vlak. In de Washington Post lees ik dat een werkgroep in de VS oordeelt dat het arsenaal aan tactische kernwapens in Europa noodzakelijk is en zelfs moet worden gemoderniseerd. Dat betekent dat men nog gedurende decennia een beroep wil doen op het afschrikkingseffect van deze wapens. Als de NAVO daarmee instemt en niet bereid is op dit vlak sneller op te treden, wordt de afbouw van de nucleaire macht zeer moeilijk. SACEUR Jones verklaarde destijds hier in het parlement dat die wapens strategisch niet meer nuttig zijn en dat de geleidelijke afbouw uit militair oogpunt perfect mogelijk was. Ik meen dat ook op dit terrein de NAVO veel minder aan het lijntje van de VS moet lopen en zelf als bondgenootschap standpunten over kernwapens moet innemen.

M. Josy Dubié (Sénat - Ecolo). - Monsieur le secrétaire général, j'ai écouté attentivement votre exposé. Vous n'avez pas prononcé une seule fois les mots Nations unies.

M. Jaap de Hoop Scheffer. - Je les ai prononcés à trois ou quatre reprises !

M. Josy Dubié (Sénat - Ecolo). - Non, je suis désolé. Et je comprends aussi bien le néerlandais que le français. En tout cas, même si vous l'avez fait, il ne me semble pas que vous vous soyez inscrit dans ce qui fait partie de l'article 1 du Traité de l'Atlantique Nord : « Les parties s'engagent ainsi qu'il est stipulé dans la charte des Nations unies à régler par des moyens pacifiques tous différends internationaux dans lesquels elles pourraient être impliquées de telle manière que la paix et la sécurité internationale ainsi que la justice ne soient pas mises en danger, et à s'abstenir de leurs relations internationales, de recourir à la menace ou l'emploi de la force de toute manière incompatibles avec les buts des Nations unies. »

Je ne vais pas revenir en arrière et refaire l'histoire. Nous avons eu un ministre belge, M. Paul-Henri Spaak, qui à la fin des années 40, s'est adressé à l'assemblée générale des Nations unies. Il a dit : « Nous avons peur. » Il avait raison, il y avait de quoi avoir peur. À l'époque, nous étions confrontés à une puissance considérable à l'Est qui menaçait la démocratie et nos sociétés démocratiques. Donc, nous avons créé l'OTAN. En réponse, les autres ont créé le Traité de Varsovie. Depuis, l'Union soviétique a disparu et le Pacte de Varsovie a été dissous. L'OTAN, lui, existe toujours et vise à se renforcer. La menace soviétique ayant disparu, un nouveau concept stratégique, la lutte contre le terrorisme, a été développé. Vous n'arrêtez pas de dire qu'il faut renforcer nos moyens, militaires notamment. En ce qui nous concerne, nous ne sommes absolument pas convaincus que la meilleure manière de lutter contre le terrorisme soit de renforcer le pouvoir militaire, en particulier le pouvoir militaire de l'OTAN. La meilleure manière de lutter contre le terrorisme est de s'attaquer aux causes qui créent le terreau dans lequel se recrutent les terroristes. Il s'agit, en premier lieu, de l'augmentation exponentielle de la fracture sociale internationale, avec des pays de plus en plus riches et des pays de plus en plus pauvres et, en deuxième lieu, des conflits non résolus.

Le premier conflit non résolu est le conflit israélo-palestinien. Or que voyons-nous ? Alors qu'il faudrait avant tout arriver à une solution politique, le leader de l'OTAN prend presque systématiquement une position unilatérale de défense systématique d'Israël quelles que soient les actions qu'il mène.

Donc, nous nous posons des questions quant à l'existence d'un système qui, quelque part, ne contribue pas à la paix mais qui, d'une certaine manière, contribue à entretenir ce qui fait la base, le terreau du terrorisme. Pensez-vous que l'achat de nombreux F-16, de missiles, etc. soit la meilleure manière de lutter contre le terrorisme ? Nous pensons exactement le contraire.

Je voudrais aussi dire quelques mots au sujet de l'Afghanistan. Je connais bien la région, j'y suis allé plusieurs fois, à différentes époques, et mon sentiment est que nous avons déjà perdu cette guerre. Nous ne l'avons pas perdue parce que les talibans et leurs alliés seront capables de nous mettre dehors. Non. Ils n'en auront jamais la puissance militaire. Nous allons la perdre parce qu'ils ont la durée devant eux, ce que nous n'avons pas. Les bavures incroyables faites par les forces occidentales, américaines en particulier, depuis leur intervention en Afghanistan ont abouti à ce que la population qui, au départ, a pu les considérer comme une force de libération qui allait les débarrasser des talibans, s'est aujourd'hui largement retournée contre nous.

Et je ne suis pas le seul à formuler ce constat. Toutes les analyses le montrent. Une large portion - de 50 à 70% - du territoire afghan est peu ou prou contrôlée par les talibans et leurs alliés, en tout cas la nuit. Nous en sommes là.

Vous avez raison de dire que l'option militaire n'est pas la seule et qu'il faudrait aussi développer l'Afghanistan, mais c'est trop tard. Comment développer un pays dans la mesure où son territoire n'est pas sûr à raison de 50 à 70% ? Il est impossible d'entamer des projets de développement dans ces conditions.

Le problème est extrêmement grave, sans oublier - on l'a dit - la situation de l'autre côté de la frontière. Je voudrais vous poser une question très concrète à cet égard. Voici environ deux mois, nous sommes allés à Kandahar et à Kaboul en compagnie du ministre de la Défense. Des dizaines de camions-citernes faisaient la navette entre le Pakistan et les deux villes précitées pour alimenter nos forces en matériel, en munitions et en carburant. Que s'est-il passé ? Dans le nord du Pakistan, plusieurs centaines de camions ont été détruits à la suite d'une attaque. Depuis, les transporteurs privés pakistanais ne veulent plus transporter notre matériel. La situation est donc de plus en plus grave.

Par ailleurs, et je précise que ces chiffres nous sont communiqués par l'ensemble des ONG qui travaillent sur le terrain, il faut savoir que pour un dollar dépensé en matière de coopération au développement, 14 dollars le sont pour la défense. Il est impossible de renverser cette proportion. Par conséquent, cette guerre est malheureusement déjà perdue ; c'est ma conviction profonde et je le regrette sincèrement.

Ma remarque suivante concerne le traité de non-prolifération. Je rejoins entièrement M. Vankrunkelsven, mais je voudrais aussi attirer l'attention des collègues sur un fait très inquiétant. Des études sont actuellement menées aux États-Unis en vue de miniaturiser l'armement nucléaire. Si la paix a été préservée tout au long de ces années de guerre froide entre l'OTAN et le Pacte de Varsovie, c'est grâce à la terreur, à la peur qu'avait un État d'utiliser une arme nucléaire en connaissant le danger auquel il s'exposait en attaquant le premier. La miniaturisation risque de faire des bombes atomiques des instruments conventionnels comme les autres. J'aimerais vous entendre à ce sujet. Connaissez-vous et soutenez-vous ce programme américain ou y êtes-vous opposé ?

Pour terminer, je voudrais, comme M. Monfils, évoquer la question de la Turquie et de Chypre. Je ne peux évidemment que soutenir les propos tenus par mon collègue. Il me semble incohérent de renvoyer ces deux États dos à dos. Chypre fait partie de l'Union européenne. Nous avons, récemment encore, interpellé le ministre des Affaires étrangères à ce sujet. La marine turque est intervenue pour empêcher que des bateaux loués par Chypre puissent prospecter au-delà de ses eaux territoriales. Il y a donc, d'une part, un « agresseur » qui veut imposer sa volonté, bien entendu sans recourir aux armes, et, d'autre part, un « agressé ». Je rappelle quand même que la Turquie, membre de l'OTAN, a vécu plusieurs coups d'État militaires et que des régimes dictatoriaux y ont pris le pouvoir. Vous semblez mettre sur un pied d'équivalence la Turquie et Chypre, alors qu'il s'agit d'un conflit larvé mettant en cause deux pays, un membre de l'OTAN, un membre de l'Union européenne, mais dont l'un a incontestablement une attitude agressive vis-à-vis de l'autre. Pouvez-vous me donner quelques explications à cet égard ?

M. le président. - Vous avez été le plus prolixe des intervenants, monsieur Dubié, mais il est normal qu'en tant que membre de l'opposition, vous disposiez de plus de temps.

J'aimerais à mon tour vous interroger, monsieur le secrétaire général.

La première question concerne les liens existant entre l'Union européenne et l'OTAN, que vous souhaitez améliorer. Un exercice nous permet, sur le terrain, de vérifier l'amélioration de ces liens. Comment se coordonne l'opération KFOR et l'EULEX en ce moment ? Des enseignements positifs peuvent-ils être tirés ?

Enfin, j'aimerais vous interroger sur le retour de la France au sein de l'OTAN. En vertu de son statut particulier, la France ne siège pas actuellement dans un certain nombre d'organes de l'OTAN, notamment au Groupe des plans nucléaires et au Comité des plans de la défense. Si la France retourne au Comité des plans de la défense et qu'elle participe pleinement à la structure de commandement - ce qui sera le cas -, les militaires français passeraient de 120 à environ 900, soit la même représentation que les Britanniques. Comment intégrerez-vous ces nouveaux éléments dans une structure militaire dont on dit qu'elle doit être amincie ?

Monsieur le secrétaire général, vos réponses alimenteront les réflexions, en particulier celles de la commission des Relations extérieures et de la Défense du Sénat qui, en ce moment, travaille à la préparation de recommandations pour notre gouvernement, dans la perspective du prochain sommet de l'Alliance, début avril.

M. Jaap de Hoop Scheffer. - Je vous remercie de vos observations et remarques qui, comme je l'avais espéré, se sont parfois révélées critiques.

Je remercie également le président de ses remarques pertinentes relatives au processus de ratification de l'adhésion de l'Albanie et de la Croatie à l'OTAN.

J'en viens aux questions de M. Monfils. L'OTAN n'est pas la communauté internationale. Un grand nombre de problèmes qui ont été évoqués ne relèvent pas vraiment de l'OTAN.

M. Monfils a, à juste titre, posé la question de savoir ce qu'est l'OTAN. Cette dernière n'a certainement pas pour ambition de jouer le rôle des Nations unies ni d'être une alliance globale. Elle ne dispose pas des budgets nécessaires à cet égard. Cependant, monsieur Monfils, les Nations unies demandent de plus en plus souvent à l'OTAN d'intervenir, comme en Afghanistan ou au Kosovo. Comment pouvait-elle réagir ? Allait-elle refuser ?

L'OTAN est une organisation transatlantique, et certainement pas une organisation globale, mais si les Nations unies lui demandent de gérer une opération, en général, elle accepte. Ainsi, plus de 53 000 hommes et femmes sont en Afghanistan, 16 000 au Kosovo ; une opération de formation a lieu en Irak ; l'OTAN mène une opération d'assistance à l'Union africaine au Darfour et en Somalie. Le MoU avec les Nations unies est extrêmement important et est instigué soit par les Nations unies elles-mêmes, soit par des organisations régionales telles que l'Union africaine. Je peux vous dire que, sauf l'opération Active Endeavour en mer Méditerranée, qui a été menée après le 11 septembre et était fondée sur l'article 5 du Traité de Washington, toutes les autres opérations et missions sont sous le mandat direct ou indirect des Nations unies. Vous avez raison, monsieur Monfils, l'OTAN n'a pas cette ambition.

J'en viens à la question de la Turquie et aux relations OTAN-Union européenne.

L'OTAN n'a pas de rôle à jouer dans la solution de la question chypriote et des relations entre la Turquie et Chypre. Ce n'est pas sa vocation. Comme secrétaire général, je ne prendrai pas position car ce n'est pas mon rôle. Je n'ai accusé ni Nicosie, ni Ankara, ni Athènes. Je constate simplement que l'absence de solution sur Chypre perturbe les relations entre l'OTAN et l'Union européenne. Si l'on pouvait trouver une solution à la question chypriote - ce qui concerne aussi la Turquie, vous avez raison de le dire - les relations entre l'OTAN et l'Union européenne seraient immédiatement améliorées. Je continue à y travailler bien que l'OTAN n'ait aucun rôle à jouer dans la solution du conflit.

J'en viens au souhait de la France de reprendre toute sa place au sein de l'OTAN. Bien sûr, la France est un allié très important, même sans participation aux structures militaires intégrées, mais il appartient au président de la République et au gouvernement français de décider si le moment est venu pour la France de reprendre cette place. Je me réjouirais qu'elle puisse la reprendre à l'occasion du sommet de Kehl, mais j'ignore si ce sera le cas.

L'un des conséquences de cette décision serait la réintégration des officiers français dans les structures militaires. C'est une opération difficile et compliquée. Actuellement, nous gérons une opération appelée Peacetime Establishment. Nous devons trouver une solution pour les grands commandements et pour toute la structure de commandement. Le comité militaire est en train d'en débattre mais tout dépend évidemment de la décision politique des autorités françaises.

Monsieur Monfils, le consensus n'a jamais été un problème au sein de l'OTAN. Le consensus est un principe important qui n'a jamais empêché l'OTAN de décider d'agir ou de ne pas agir, y compris lors de grands conflits, par exemple en Irak.

Mocht, zoals de heer De Croo suggereert, de perceptie in Moskou zijn dat de NAVO met de uitbreiding een omsingelingsoperatie is begonnen, wat ik zelf niet denk, dan moet die perceptie wel ernstig worden genomen.

Anderzijds, wanneer een land aan alle voorwaarden voldoet om tot de NAVO te worden toegelaten, dan kan het niet dat een derde land daartegen zijn veto stelt. Voor de Balkan is er geen probleem, maar voor Oekraïne en Georgië is er een groot probleem. De NAVO is een intensieve relatie met Oekraïne en Georgië aangegaan en huldigt het standpunt dat er geen sprake kan zijn van een veto of droit de regard bij de uitbreiding van de NAVO tot die landen. Als Moskou echter de perceptie heeft, terecht of niet, dat de NAVO bezig is met een omsingeling, dan zullen we daarover de discussie moeten aangaan. Een werkelijke verbetering van de relatie met de Russische Federatie zou ertoe kunnen leiden dat het debat over dat dossier wat eenvoudiger wordt dan het op dit ogenblik is.

Principieel zijn de bondgenoten, zoals ik al zei, de mening toegedaan dat er geen veto van derden kan bestaan tegenover de toetreding van een land tot de NAVO, op voorwaarde uiteraard dat dat land aan de condities voldoet. Vandaag is dat niet het geval voor Oekraïne en Georgië.

Op de opmerking van de heer De Croo over het Amerikaanse beleid zou ik willen zeggen dat we ervoor moeten waken dat de NAVO als politiek-militair trans-Atlantisch bondgenootschap niet wordt ingezet voor alles wat in de wereld gebeurt. De NAVO loopt op het ogenblik immers het risico eerder te veel dan te weinig op zijn bord te nemen. We mogen niet overambitieus zijn.

Ne soyons pas trop ambitieux, comme l'a dit M. Monfils.

Wat we doen, moeten we goed doen. Dat is op bepaalde plaatsen al moeilijk genoeg. Zo is Afghanistan een enorme opgave.

M. Dallemagne m'a demandé des précisions sur le bilan négatif de ces cinq dernières années.

J'ai déjà évoqué les relations OTAN-Union européenne. C'est un grand regret.

Par ailleurs, je ne crois pas que la transformation des forces militaires soit vraiment une réussite. Je parle des forces militaires que l'on pourrait utiliser pour les responsabilités traditionnelles de l'OTAN, mais aussi des forces militaires en Afghanistan pour une participation soutenable et de longue durée.

Pendant mon intervention, je n'ai jamais mis en doute la crédibilité de la Belgique. J'ai dit au ministre De Crem que la Belgique était à nouveau appréciée en Afghanistan.

Par contre, et tous mes collègues l'ont dit également, cette remarque ne concerne pas exclusivement la Belgique mais la plupart des membres de l'Alliance. Je comprends que, lors d'une importante crise financière et économique, la position d'un ministre de la Défense ne soit pas facile.

Comme je l'ai dit, c'est un des éléments négatifs de mon bilan, si l'on ne continue pas à réformer nos forces armées on ne parviendra pas à faire des économies. D'un autre côté, je suis réaliste et je comprends que 2% du PNB ne soit pas réaliste à l'heure actuelle. Si ce n'est pas possible, monsieur Dallemagne, continuons la réforme de nos forces armées.

L'élargissement de l'OTAN fut une grande réussite. Les relations étroites que nous entretenons avec des organisations telles que l'Union africaine et les Nations unies représentent un élément positif.

Je reviens aux questions posées par M. Dubié. La transformation politique de l'OTAN constitue un succès relatif, la transformation militaire de l'OTAN étant moins réussie.

Pourquoi puis-je dire que mon bilan de cinq années en tant que secrétaire général est positif ? Durant la guerre froide, l'OTAN était censée gérer seule une crise contre le Pacte de Varsovie. Maintenant, c'est impossible. Que ce soit en Afghanistan, au Kosovo ou ailleurs dans le monde, il est impossible que l'OTAN trouve seule une solution. Nous avons absolument besoin des autres organisations. Ce que je considère comme positif, ce sont les relations que nous entretenons avec les autres organisations.

Tant sur le plan politique que militaire, nous devons renforcer notre dialogue avec le Pakistan où je me rendrai très prochainement. Le Pakistan et l'Afghanistan entretiennent d'intenses relations.

Pour l'Afghanistan, je me rends compte qu'une approche régionale est plus importante que je ne le pensais il y a cinq ans. Où allons-nous sans le Pakistan ? Où allons-nous sans discuter avec la Russie ? Avec les États d'Asie centrale ? Le Pakistan est un pays clé dans une approche régionale.

Je n'ai jamais douté de la crédibilité de la Belgique dans les missions ou dans les opérations de l'OTAN, au Kosovo ou en Afghanistan.

Au sujet des armes de destruction massive et de la politique nucléaire de l'OTAN, j'espère que le nouveau président américain donnera un nouvel élan aux pourparlers de désarmement, bilatéraux entre Américains et Russes, mais multilatéraux dans le cadre du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Je n'attends pas de changement dans la politique nucléaire générale de la part de l'OTAN. Nous avons plus que considérablement diminué le nombre d'armes nucléaires. À mon avis, sur le plan nucléaire aussi, il est important, même de nos jours, d'avoir un lien entre l'Amérique du Nord, les États-Unis, le Canada et l'Europe.

Dan kom ik tot de opmerkingen van de heer Vankrunkelsven. Ik denk niet dat ik blijk heb gegeven van souplesse ten opzichte van Turkije. Ik heb geen schuldige aangewezen, maar alleen geconstateerd dat, als ik in de NAVO het onderwerp NAVO-EU aan de orde stel, ik een probleem heb met de Turkse bondgenoot en als ik bij de Europese ministers van Defensie datzelfde onderwerp aan de orde stel, ik een probleem heb met Cyprus, dat lid is van Europese Unie. Ik geloof niet dat het zin heeft een beschuldigende vinger naar wie dan ook uit te steken, noch naar Ankara, noch naar Nicosia, noch naar Athene. Ik doe dat nooit. In ben alleen geïnteresseerd in die zo belangrijke strategische samenwerking tussen de EU en de NAVO. De NAVO heeft en wil geen rol in de oplossing van dit conflict. Ik constateer dat Javier Solana en ikzelf en, meer algemeen, de EU en de NAVO, afgezien van een goede pragmatische samenwerking, er niet in slagen die relatie op een hoger plan te brengen. Dat stelt mij zeer teleur. Dat punt staat dan ook aan de negatieve kant van mijn balans.

Wat de tweede opmerking van de heer Vankrunkelsven betreft, geloof ik niet dat men in het dossier van de raketverdediging kan spreken van inmenging vanwege de Verenigde Staten. Ik weet niet wat de nieuwe president Obama zal doen en welke positie hij op dat punt zal innemen. Ik weet wel dat raketverdediging in de NAVO al geruime tijd een thema was, nog voor de gesprekken waren begonnen tussen de VS, Polen en de Tsjechische Republiek. Dat is maar goed ook, gelet op de proliferatie van de wapens en van de raketten die deze wapens over steeds grotere afstanden kunnen vervoeren. We zouden onze troepen in het veld en onze bevolking - als het gaat om Theatre Ballistic Missile Defence - niet serieus nemen als we het onderwerp raketverdediging als overbodig zouden afdoen. De NAVO-staatshoofden en regeringsleiders hebben in Boekarest geconstateerd dat het Amerikaanse project van de zogenaamde third site, met de radar in de Tsjechische Republiek en de interceptors in Polen, een bijdrage kan leveren aan een systeem van raketverdediging waarvan alle bondgenoten ten volle zouden moeten kunnen profiteren. We kennen in de NAVO immers geen A- en B-bondgenoten. Of je bent allemaal beschermd of niemand is beschermd. Iedereen hier weet ook dat het Amerikaanse systeem een deel van het gebied van het bondgenootschap beschermt, maar niet het geheel. Nogmaals, de NAVO discussieert verder over het onderwerp raketverdediging. In Tsjechië heeft nog geen parlementaire ratificatie plaatsgevonden van de stationering van de radar. Ik weet niet hoe het verder zal lopen, maar ik vind dat raketverdediging een buitengewoon belangrijk onderwerp is dat we niet kunnen negeren, al was het maar wegens het dossier Iran, een van de moeilijkste dossiers, zo niet het moeilijkste, waarmee de nieuwe Amerikaanse president wordt geconfronteerd. De NAVO heeft daarin uiteraard geen actieve rol te spelen, maar voor de EU, de VS en Rusland lijkt mij dit het meest complexe dossier. Het wordt urgenter dan ooit en ik neem aan dat dit vlug zal blijken.

Algemeen gesproken lopen we wat raketverdediging betreft zeker niet aan de lijn van de Amerikanen.

Monsieur Dubié, nous pouvons facilement nous mettre d'accord quant à l'importance pour l'OTAN de gérer ses opérations sous le mandat des Nations unies. Le Traité de Washington contient plusieurs références à la Charte des Nations unies. J'attends des Nations unies, qui ne sont pas en mesure de gérer toutes les opérations de paix, qu'elles demandent de plus en plus à l'OTAN de gérer ces opérations pour son compte.

L'opération menée en Afghanistan est une opération extrêmement complexe pour laquelle il n'existe pas de solution militaire. Avant de commencer à parler de sécurité et de stabilité, nous avons besoin des militaires, des F-16 belges, hollandais, américains et danois. Nous avons actuellement 53 000 soldats sur place et les Américains s'apprêtent à en envoyer des milliers d'autres. Sans les militaires, nous pouvons oublier la reconstruction et le développement. L'inverse est vrai aussi. Sans reconstruction et sans développement, la stabilité est illusoire. C'est la raison pour laquelle la solution n'est pas militaire. Les talibans misent effectivement sur le temps. C'est pourquoi nous avons besoin du Pakistan, de la Russie et des États d'Asie centrale pour définir une approche globale.

Nous devons dire au gouvernement afghan que nos soldats - environ 53 000 - présents en Afghanistan paient le « prix ultime ». M. Karzaï m'a critiqué et m'a demandé, à juste titre, d'éviter les victimes civiles innocentes. Je peux dire que nous sommes en train de modifier nos procédures à cet effet.

Je considère M. Karzaï comme un ami ; en tant que visiteur régulier de l'Afghanistan, je l'ai rencontré des dizaines de fois. Je puis donc me permettre de lui dire que j'accepte sa critique, mais que son gouvernement doit, de son côté, améliorer la lutte contre la corruption et contre les narcotiques.

Ce dossier est, je le reconnais, très complexe. Nous devons soutenir les Nations unies et M. Kai Eide, pour améliorer la coordination entre les différents acteurs internationaux. L'OTAN n'est qu'une des parties impliquées en Afghanistan, mais je pense que nous ne pouvons pas quitter ce pays. Il faudrait investir davantage - c'est aussi un point critique de mon bilan, monsieur Dallemagne - dans la formation et l'entraînement de la police, surtout, et de l'armée nationale afghane. Peut-être l'Union européenne pourrait-elle élargir les opérations d'entraînement et de formation de cette police.

Il nous faut rester quelque temps en Afghanistan, monsieur Dubié. Le développement de ce pays, l'un des plus pauvres du monde, est une question de générations. En 2001, il était encore au Moyen Âge. Je ne prétends pas que notre présence militaire devra se prolonger sur deux générations, mais la durabilité de nos opérations me semble essentielle.

Les militaires de nos États et de nos partenaires n'appartiennent pas, monsieur Dubié, à la même catégorie morale que les talibans. On ne brûle pas les écoles, on ne lance pas d'acide dans les yeux des filles, on ne tue pas les professeurs... Il faut éviter les victimes civiles, mais je souligne que la plupart d'entre elles sont dues aux talibans.

J'espère avoir répondu à la plupart des questions posées, monsieur le président. Je suis satisfait de la relation existant entre EULEX et la KFOR au Kosovo, lequel est relativement stable. La situation est bien sûr compliquée car au sein de l'Union européenne et de l'OTAN, certains États ont reconnu le Kosovo, mais d'autres non. Or ces deux positions sont tout à fait légitimes. La mission EULEX revêt une grande importance pour l'Union européenne et la coopération entre les deux instances se déroule fort bien au Kosovo.

(De vergadering wordt gesloten om 16.40 uur.)