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Sénat de Belgique

Annales

JEUDI 17 AVRIL 2008 - SÉANCE DE L'APRÈS-MIDI

(Suite)

Questions orales

Question orale de Mme Marie-Hélène Crombé-Berton au ministre des Affaires étrangères sur «la situation politique au Liban» (nº 4-229)

M. le président. - M. Olivier Chastel, secrétaire d'État chargé de la Préparation de la Présidence européenne, adjoint au ministre des Affaires étrangères, répondra.

Mme Marie Hélène Crombé-Berton (MR). - Je reviens d'un voyage au Liban et je suis particulièrement interpellée par la gravité de la situation de ce pays. Des ministres, des députés et des journalistes sont menacés de mort et même parfois exécutés, le parlement est paralysé, l'élection présidentielle est sans cesse reportée. La population est lasse de cette guerre entretenue par les pays limitrophes. Le pays est étouffé sur le plan démocratique et sur le plan économique. Les tanks du Hezbollah bloquant le centre-ville est un exemple parmi d'autres.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a voté plusieurs résolutions imposant un désarmement des milices libanaises et non libanaises, ainsi qu'un embargo sur les armes. La Belgique, qui siège actuellement au Conseil de sécurité, peut-elle porter le dossier libanais avec la plus grande conviction ? Qu'en est-il exactement du réarmement du Hezbollah ? D'où proviennent les flux d'armes ?

La FINUL, une force d'interposition dont font partie des soldats belges, vient de fêter ses trente ans d'existence. Pourtant, la situation ne fait que s'aggraver. La Belgique compte-t-elle oeuvrer avec les autres pays de l'Union européenne afin d'exercer une constante pression diplomatique pour que les résolutions du Conseil de sécurité soient enfin appliquées et que la Syrie reconnaisse l'existence et l'indépendance de l'État libanais ?

Les Libanais craignent qu'un accord entre Israël et la Syrie se fasse au détriment de leurs intérêts. Quel est le lien exact entre ces négociations et la situation politique interne au Liban ? Comment défendre les intérêts du Liban dans la résolution du conflit au Proche-Orient ?

Il me semble que l'indépendance du Liban et le respect des résolutions de l'ONU sont des préalables à l'instauration d'une démocratie durable dans un pays très proche de l'Europe sur les plans géographique, humain et culturel.

M. Olivier Chastel, secrétaire d'État chargé de la Préparation de la Présidence européenne, adjoint au ministre des Affaires étrangères. - Je vous lis la réponse du ministre.

L'impasse politique prolongée au Liban contrarie la mise en oeuvre de la résolution 1701 adoptée en 2006 en vertu de laquelle la Belgique s'est engagée au sein de la FINUL renforcée.

La résolution comporte un volet militaire et un volet politique. La situation globale restant inchangée, le volet politique ne se concrétise pas. La sécurité dans la zone d'opérations de la FINUL au Sud-Liban est globalement assurée mais, hormis quelques avancées mineures, il n'y a aucun progrès vers les objectifs à moyen terme de la résolution. Cependant, la situation politique interne ne doit pas systématiquement paralyser la mise en oeuvre de la résolution. Il serait dangereux de se satisfaire du statu quo actuel en attendant un dérapage sécuritaire.

Nous estimons que des progrès sont possibles.

Tout d'abord, en ce qui concerne le contrôle de la Ligne bleue, Israël pourrait coopérer davantage à stabiliser la situation en acceptant les propositions faites par la FINUL et le Liban au sujet d'un retrait israélien de la partie libanaise du village de Ghajar ; en coopérant activement à une démarcation physique de la Ligne ; en fournissant des informations pertinentes sur les endroits où des armes à sous-munitions ont été larguées pendant la guerre de 2006 et en cessant de violer continuellement l'espace aérien libanais, ce qui anéantit les efforts de sécurisation de la zone.

En cas d'incident, les parties devraient recourir d'office au mécanisme trilatéral de liaison entre la FINUL et les armées libanaise et israélienne. À ce propos, la décision d'ouvrir un bureau de liaison de la FINUL à Tel-Aviv est un élément positif.

J'en viens au contrôle de la frontière syro-libanaise assorti d'un embargo sur les armes. La Syrie pourrait contribuer davantage au renforcement du contrôle de la frontière syro-libanaise en acceptant d'ouvrir le dialogue sur les positions occupées par des groupes palestiniens sur la frontière. Israël pourrait transmettre à la FINUL et aux autorités libanaises les informations pertinentes et concrètes qu'il détiendrait concernant ce dossier. Le Liban pourrait, avec le soutien de la Communauté internationale, intensifier ses efforts pour mettre en oeuvre les recommandations de la mission LIBAT relative aux dispositifs de contrôle de la frontière.

En ce qui concerne les prisonniers, les parties, en particulier le Hezbollah, pourraient s'impliquer dans un règlement de la question, essentiellement humanitaire. À cet égard, les familles des deux soldats israéliens sont toujours dans l'ignorance du sort qui leur a été réservé.

Enfin, la Syrie et le Liban pourraient s'engager dans un processus de délimitation de leur frontière. D'ailleurs, les deux pays se disent prêts à s'engager dans cette voie. En outre, le comité bilatéral frontalier devrait être réactivé. Le Liban, la Syrie et Israël pourraient entamer leur coopération en se prononçant sur la définition géographique reprise dans le dernier rapport du secrétaire général des Nations unies.

Mme Marie Hélène Crombé-Berton (MR). - Nous sommes effectivement un peu démunis, mais j'espère en tout cas que M. le secrétaire d'État et M. le ministre des Affaires étrangères feront part à leurs collègues européens de nos interrogations et de notre peur de voir la situation dégénérer au Liban, voire dans toute la région.