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28 AOÛT 2007
La présente proposition de résolution reprend le texte d'une proposition qui a déjà été déposée au Sénat le 15 septembre 2005 (doc. Sénat, nº 3-1344/1 - 2004/2005).
Il ressort du dernier rapport Onusida que 40 millions de personnes sont actuellement porteuses du virus HIV, tous continents confondus.
Cela représente 5 millions de nouveaux cas et 3 millions de décès depuis le dernier recensement opéré.
Il s'agit, au niveau mondial, du plus haut chiffre jamais atteint.
Force est de constater que, proportionnellement, la propagation du virus suit une courbe ascendante similaire en Belgique.
En effet, après cinq années de diminution régulière, le nombre de nouvelles infections diagnostiquées a augmenté de manière significative au cours de la période allant de 1997 à 2004.
Le dernier rapport de la section épidémiologie de l'Institut scientifique de santé publique estime à 16 366 le nombre de personnes affectées en Belgique, au 30 juin 2004, par le HIV.
Cela représente une augmentation de 50 % en cinq ans du nombre d'infections HIV diagnostiquées et trois nouveaux cas déclarés chaque jour.
L'affaiblissement de la sensibilisation de la population et l'augmentation constante du nombre de personnes ignorant leur séropositivité comptent parmi les facteurs les plus importants de cette recrudescence.
Ainsi, la proportion de malades découvrant leur séropositivité au moment de la maladie est-elle passée de 20 à 42,5 % en 2003.
Seule une politique globale, cohérente et déterminée permettra à notre pays d'endiguer ce regain d'incidence du sida et d'échapper à un problème de santé et de salubrité publiques sans précédent.
Si, dans le cadre de cette lutte, il convient de réserver au dépistage une place privilégiée, il importe toutefois de rationaliser ce dernier.
Il apparaît en effet que 800 000 tests sont réalisés annuellement, dont à peine un millier se révèlent positif ... soit une proportion de 0,0012 %, un rendement pour le moins discutable et une charge financière disproportionnée pour la sécurité sociale.
Ce constat appelle, entre autres mesures, un recentrage des dépistages sur les franges objectivement « à risques » de la population. Il importe par ailleurs de souligner que le monde scientifique fustige l'inefficacité des dépistages isolés et appelle à un meilleur encadrement des personnes diagnostiquées séropositives ainsi qu'à un accompagnement psychosocial de ces dernières.
La création de « Centres de guidance et de traitement » pluridisciplinaires (médecins, psychologues, assistants sociaux) permettrait incontestablement d'apporter une réponse appropriée aux impasses actuelles et de répondre aux attentes conjuguées du monde scientifique, des enceintes politiques et de la société civile.
La mission de ces centres serait plurielle.
Elle consisterait tout d'abord en ceci de réaliser les dépistages HIV, de procéder aux analyses sanguines, de poser un diagnostique et d'offrir un encadrement médical de qualité à toute personne porteuse du virus HIV.
Chaque centre disposerait par ailleurs d'une cellule affectée à l'encadrement et au suivi psychosocial des personnes diagnostiquées séropositives.
Cette cellule aurait pour mission complémentaire de remonter, par le biais du dialogue, la chaîne de contamination. Les membres de cette cellule auraient en effet l'obligation d'inviter les séropositifs, dont ils assurent le suivi psychosocial, à prendre contact avec leurs « partenaires », et de suggérer à ces derniers d'entrer en contact avec le centre.
Ceci permettrait de détecter avec un maximum d'efficacité les personnes potentiellement atteintes, de les inviter à réaliser un dépistage et, partant, d'endiguer le phénomène d'ignorance par de nombreux porteurs du virus de leur séropositivité.
Ce mécanisme serait complété par une obligation faite, en amont, à tout médecin (généraliste, gynécologue, dermatologue, andrologue, psychiatre, ...) confronté à une personne présentant un comportement à risque, d'informer cette personne de l'existence des « Centres de guidance et de traitement » et de l'orienter vers ceux-ci.
Il est à noter que des « Centres de Référence Sida » à orientation purement médicale existent déjà (réalisation de dépistages anonymes sur demande) et que la mise en place des « Centres de guidance et de traitement » dont question pourrait tout simplement procéder de l'insertion au sein des structures existantes d'une cellule chargée du suivi psychosocial des personnes séropositives.
Jacques BROTCHI Marie-Hélène CROMBÉ-BERTON. |
Le Sénat,
A. Considérant que la Belgique est confrontée depuis plus de 5 ans à une recrudescence des infections HIV;
B. Considérant que le nombre de personnes atteintes par le virus du sida a augmenté de 50 % en 5 ans et avoisine aujourd'hui les 17 000 personnes;
C. Considérant que 3 nouvelles infections sont diagnostiquées chaque jour;
D. Considérant que l'augmentation constante du nombre de personnes ignorant leur séropositivité constitue l'un des facteurs les plus importants de cette recrudescence;
E. Considérant que la politique actuelle reposant sur dépistage massif dépourvu de tout suivi psychosocial est incontestablement stérile;
F. Considérant qu'à défaut de réaction cohérente et globale, notre pays risque de rencontrer un problème de santé et de salubrité publiques sans précédent,
Demande au gouvernement:
1. de mettre tout en œuvre pour créer des « Centres de guidance et de traitement » avec pour mission:
a) de réaliser les tests de dépistage HIV, d'analyser les prélèvements sanguins, de poser le diagnostique et d'offrir un encadrement médical constant à toute personne porteuse du virus HIV;
b) d'assurer, au sein de cellules spécialisées, l'encadrement et le suivi psychosocial des personnes diagnostiquées séropositives;
2. de prévoir une obligation à charge de tout médecin confronté à une personne présentant un comportement à risque, d'informer cette personne de l'existence des « Centres de guidance et de traitement » et de l'orienter vers ceux-ci.
16 août 2007.
Jacques BROTCHI Marie-Hélène CROMBÉ-BERTON. |