(Fr.): Question posée en français - (N.): Question posée en néerlandais
Je me permets de vous interpeller car je suis particulièrement préoccupé par les destructions menées depuis de nombreuses années par l'Azerbaïdjan dans le cimetière arménien de Nakichevan, qui contient près de 10 000 pierres tombales uniques d'un point de vue artistique.
Ce territoire azeri, qui se situe entre l'Iran et l'Arménie, fut habité depuis de nombreuses générations par une majorité d'Arméniens. Au cours du XXe siècle, il semble que le gouvernement azerbaïdjan ait tenté d'éliminer toute trace de la présence arménienne dans ce territoire et mène une politique de destruction systématique du patrimoine historique et religieux arménien.
En tant qu'historien de l'art, je ne peux que vivement condamner ce type d'atteinte.
Dans le cadre de la protection du patrimoine culturel, je souhaite rappeler que la Convention de La Haye du 14 mai 1954 pour la protection du patrimoine culturel en cas de conflit armé constitue le premier instrument international en matière de protection du patrimoine culturel où les États parties s'engagent à adopter des mesures préventives en vue de protéger le patrimoine culturel en temps de guerre mais également en temps de paix. À cet égard, je tiens à signaler qu'aussi bien l'Arménie que l'Azerbaïdjan sont parties à cette Convention.
Néanmoins, il semble que les appels au sein de l'Unesco n'ont pas reçu de suites.
Bien qu'on pourrait penser que la problématique du patrimoine culturel ne tombe pas sous l'autorité de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), celle-ci a néanmoins pris des engagements à cet égard. Ainsi, on peut lire dans un document d'une conférence à Moscou sur la dimension humaine des États que « the participating States reaffirm that (...) preserving the cultural heritage forms part of the human dimension of the CSCE » (Commission on security and cooperation in Europe — OSCE).
La délégation arménienne souhaiterait que la délégation de l'Azerbaïdjan fournisse aux États membres de l'OSCE des informations sur le cimetière en cause, ainsi qu'une description actuelle et d'il y a quelques années, de la situation sur le terrain selon les données disponibles des autorités.
Étant donné que la Belgique assure la présidence de l'OSCE, pouvez-vous me faire savoir si vous envisagez une action de l'OSCE, dans le cadre de la dimension humaine des États, en coopération, à cet égard, avec le Conseil de l'Europe et l'Unesco ?
Réponse : Les États participants de l'OSCE se sont effectivement engagés à protéger le patrimoine culturel dans tout le territoire de l'OSCE. Un document vaste à ce sujet a été accepté lors d'un symposium sur le patrimoine culturel des États participants de la CSCE à Cracovie en 1991. Comme vous le mentionnez, les conclusions de la Conférence de la dimension humaine à Moscou se réfèrent aussi aux obligations de l'OSCE concernant ce sujet. Au sommet des chefs d'État et des gouvernements à Budapest en 1994, l'OSCE a de nouveau fait référence à ces engagements.
La question reste actuelle. En ce qui concerne la destruction des constructions religieuses à Nakhitchevan, des discussions ont eu lieu récemment au sein de l'OSCE. En mars et décembre 2005, la délégation arménienne auprès de l'OSCE à Vienne a fait circuler de l'information à ce sujet et a fait une déclaration devant le Conseil Permanent. En janvier, le sujet a de nouveau été évoqué. Au cours de ma visite fin janvier en Arménie et en Azerbaïdjan, la communauté azerbaïdjanaise a toutefois aussi signalé la destruction de sites historiques et culturels au Nagorno-Karabach par l'Arménie. Les tensions politiques entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan se traduisent vraisemblablement par des endommagements réciproques du patrimoine culturel.
Vous demandez en quoi la présidence belge peut contribuer à la solution de ce problème.
Étant donné la situation politique très sensible, il est capital de disposer d'information objective et d'intervenir d'une manière équilibrée. C'est pourquoi j'estime opportun de demander à mon Représentant personnel pour la lutte contre le racisme, la xénophobie et la discrimination, y compris l'intolérance et la discrimination à rencontre des Chrétiens et des membres d'autres religions, Mme Anastasia Crickley, d'analyser la situation. En se basant sur les conclusions du Représentant, je pourrai alors entreprendre les démarches nécessaires.