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Mme Christine Defraigne (MR). - Je ne rouvrirai pas ici le débat sur les décisions prises en matière d'accompagnement des chômeurs car on y a largement fait allusion dans nos assemblées.
Je tiens toutefois à évoquer un phénomène qui tend à se répandre, surtout en Wallonie. Ainsi, on a propagé dans le public l'idée accréditée que les agents de l'ONEM sont des « vilains canards » préposés à retirer les droits aux allocations de remplacement.
Ainsi, il y a, d'une part, le « gentil FOREM », qui assure la formation et, d'autre part, le « vilain ONEM » qui poursuit, traque et sanctionne, le cas échéant.
On sait que « tout ce qui est excessif est insignifiant », mais raisonner ainsi, c'est faire fi du travail d'accompagnement social que mènent ces agents.
Il me revient que, ces derniers mois, les premiers effets des suspensions d'allocations se multipliant pour les demandeurs d'emploi, des actes violents ont été commis. Récemment, à Liège, un homme s'est introduit armé dans les bureaux et n'a pas hésité à faire preuve de sa détermination. Un autre a brisé les vitres du local qui abrite les agents d'accompagnement.
Des dérives de ce type, qui sont certes des faits délictueux pénalement répréhensibles, se sont-elles produites dans d'autres villes ? Est-ce un phénomène localisé, propre à Liège ? A-t-on enregistré d'autres actes de ce type ?
Si oui, monsieur le ministre, avez-vous envisagé des mesures de protection pour la sécurité de vos agents ? Les directeurs des centres de l'ONEM ont-ils toute la latitude nécessaire pour prendre des mesures conservatoires ? Avez-vous envisagé des moyens spécifiques et, le cas échéant, le déblocage de moyens financiers et de protection ou des collaborations spécifiques avec les polices locales ? De manière générale, y a-t-il une formation de ces agents pour essayer d'endiguer et d'éradiquer de tels faits de violence ?
M. Peter Vanvelthoven, ministre de l'Emploi. - Le fait qu'une évaluation négative des efforts du chômeur puisse déboucher sur une suspension temporaire ou une exclusion définitive du bénéfice des allocations de chômage peut provoquer certaines tensions lors des entretiens d'évaluation.
J'ai effectivement eu connaissance des faits qui se sont produits récemment au bureau du chômage de l'ONEM à Liège. De tels comportements agressifs ou menaçants restent heureusement très rares. Les dérives violentes restent également des cas isolés.
Pour faire face à ces situations difficiles, des dispositions d'ordre général ont été prises par l'ONEM dès la mise en oeuvre de la procédure de suivi des chômeurs, en ce qui concerne tant l'aménagement des locaux administratifs que la formation des facilitateurs. Ainsi, les locaux ont été aménagés de manière à ce que, tout en préservant la confidentialité des entretiens, un contrôle social puisse être exercé par d'autres agents du bureau de chômage. Les facilitateurs, quant à eux, ont été formés aux techniques d'entretien pour leur permettre de gérer ces situations difficiles.
Outre ces dispositions générales, des mesures ponctuelles sont également prises. Ainsi, lorsqu'on peut prévoir que l'entretien pourrait déboucher sur une situation d'agressivité, l'entretien est mené par deux facilitateurs, éventuellement accompagnés par le directeur du bureau du chômage. Le facilitateur a également la possibilité de reporter sa décision à une date ultérieure.
De plus, dans les cas où l'on peut craindre des actes de violence, contact est pris au préalable avec la police locale afin que celle-ci soit présente sur les lieux au moment de l'entretien. Si une présence sur place ne peut être assurée par les forces de police, le facilitateur a à sa disposition un numéro d'appel d'urgence qui lui permet, en cas de besoin, de requérir leur intervention immédiate.
J'ajoute que, dans certains bureaux du chômage, la sécurité des agents et des locaux est assurée par un gardien en civil, ce qui peut aussi avoir un effet dissuasif sur le chômeur agressif.
Enfin, lorsque des événements comme ceux de Liège se produisent, des mesures sont prises immédiatement, notamment en ce qui concerne la configuration ou l'aménagement des locaux, afin de prévenir ou d'empêcher la répétition de tels actes de violence.
Mme Christine Defraigne (MR). - Si des faits tels que ceux qui se sont produits à Liège sont apparemment rares, il n'en demeure pas moins que des mesures d'encadrement telles que vous les avez décrites ont dû être prises, ce qui ne rend pas la démarche anodine.
On voit ainsi que certaines situations peuvent engendrer un climat de tension et d'agressivité. Cela nous oblige à être attentifs à ce qui est quand même un phénomène de société qui nécessite un effort de pédagogie vis-à-vis de la population.