(Fr.): Question posée en français - (N.): Question posée en néerlandais
D'après une récente étude menée par l'European Safety Transport Council (ESTC), l'allumage obligatoire des feux de croisement pendant la conduite d'un véhicule permettrait de sauver de nombreuses vies humaines.
En effet, le nombre de tués et de blessés graves en raison d'un accident de la route est considérable en Europe. Ainsi, en 2001, on a recensé en Europe 39 706 tués sur les routes. Ce nombre ne comprend pas les blessés occasionnés par de tels accidents de la route.
L'étude précitée avance que le nombre de vies sauvées en raison de l'allumage permanent des feux de croisements serait de l'ordre de 2 800 vies épargnées chaque année en Europe.
Ces conclusions méritent qu'on s'y attarde quelque peu.
Pour rappel, il ne s'agit pas de la première étude réalisée à ce sujet.
En effet, deux autres études d'envergure ont été réalisées au sujet de ce qu'on appelle les « DRL » (Daytime Running Lights), l'une par la Fondation néerlandaise pour l'étude scientifique de la sécurité routière et l'autre par l'Institut de sécurité routière norvégien.
Les conclusions de ces deux études donnent des résultats similaires, à savoir, une diminution du nombre d'accidents impliquant plusieurs usagers le jour de l'ordre de 10 à 15 % et une baisse de blessés de l'ordre de 20 %.
Notons que dans certains pays européens, l'allumage obligatoire des feux de croisement le jour est déjà d'application. Il s'agit de la Suède, de la Finlande et du Danemark. Et que dans de nombreux autres pays comme l'Allemagne, l'Autriche et les Pays-Bas, on estime que bon nombre de conducteurs allument systématiquement leurs feux de croisement sans y être obligés.
D'après le Bureau suisse de prévention des accidents, « 50 % des collisions survenant le jour sont dues au fait de ne pas avoir vu l'autre véhicule », pour conclure que « si 100 % des usagers allumaient leurs phares en plein jour, le nombre de collisions mortelles pourrait être réduit de 25 % dans l'ensemble des pays de l'Union européenne » (http ://membres.lycos.fr/actionsmotards92/allumage.htm).
D'après l'expérience menée dans les Landes, en France, visant à inciter les conducteurs à rouler avec leurs phares allumés le jour, on a estimé après un an d'expérience « qu'il n'y avait pas eu d'effet sur le réseau secondaire mais un efficacité significative sur le réseau principal, avec une baisse de 59 % du nombre d'accidents mortels survenus de jour, par beau temps, en rase-campagne, et impliquant au moins deux véhicules (...) Au total, l'ensemble des accidents mortels et graves survenus dans les mêmes conditions a également baissé de 40 %, selon [une] étude de l'Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité (INRETS) » (Mont-de-Marsan, 6 juillet 2004 (AFP) « Phares allumés de jour : cinq ans d'expérimentation dans les Landes »).
L'étude de l'ETSC a également examiné les conséquences d'une telle mesure sur la consommation de carburant.
L'étude relève que « le DRL entraînerait une surconsommation de 0,1 litre de carburant lorsque le véhicule roule pendant une heure » (Benoit Godart, « Phare de jour : la lumière salvatrice ? », Via Secura nº 64, pp. 18-19).
Cependant, on estime que des phares DRL spéciaux permettraient de réduire la consommation de carburant de 38 % par rapport aux feux de croisement normaux.
Vu l'ampleur du nombre de tués sur les routes en Belgique et en Europe de façon générale, il me semble opportun de réfléchir sur l'instauration d'une telle mesure car nous savons tous l'importance qu'il y a d'être vu par les autres conducteurs lorsqu'on conduit un véhicule. Ceci est particulièrement vrai dans les tunnels ou les endroits peu exposés à la lumière tels des chemins à travers les bois, ...
En effet, l'étude relève qu'il y aurait en Belgique 49,5 % de tués enregistrés en 2001 dans les accidents de jour.
L'usage obligatoire des feux de croisements en plein jour permettrait également, outre une réduction des risques d'accident, une meilleure visibilité particulièrement dans les paysages monotones, une meilleure estimation de l'éloignement des véhicules en sens inverse ainsi qu'une meilleure distinction entre les voitures en mouvement et celles en stationnement.
Par conséquent, l'honorable ministre peut-il me faire savoir s'il envisage la création d'une telle mesure ? La Belgique dispose-t-elle d'études sérieuses réalisées à ce sujet ?