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M. Luc Paque (CDH), rapporteur. - Dans son exposé introductif, le ministre des Affaires étrangères a insisté sur le fait que le prochain élargissement consacre une étape historique de la construction européenne : outre l'extension de l'Union vers deux îles de la Méditerranée, il consacrera la véritable réunification de l'Europe après des décennies de divisions héritées de la Seconde Guerre mondiale et de la Guerre froide.
Le traité d'adhésion à l'Union européenne de Chypre, l'Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, Malte, la Pologne, la République Tchèque, la Slovénie et la Slovaquie est le résultat de longues négociations qui se sont terminées lors du Conseil européen de Copenhague le 13 décembre 2002. L'entrée effective des nouveaux membres est prévue le 1er mai 2004, ce qui leur permettra de participer aux élections du Parlement européen en juin 2004.
Le traité définit les engagements des dix nouveaux États membres concernant l'intégration de l'acquis communautaire ainsi que les modalités selon lesquelles cet acquis doit être intégré par les nouveaux États membres de l'Union. Il fixe aussi les dispositions financières et budgétaires liées à l'élargissement pour les années 2004-2006. Au traité sont aussi annexés plusieurs protocoles traitant de problèmes spécifiques et variés tels que le démantèlement des centrales nucléaires en Lituanie, les modalités de la circulation des personnes entre l'enclave de Kaliningrad et la Russie, la question chypriote et la restructuration de l'industrie métallurgique en République de Tchéquie. De nombreuses déclarations communes ou unilatérales des États membres ou des pays candidats à l'adhésion concernant les divers aspects des négociations complètent le tableau.
Ce qui caractérise cet élargissement-ci par rapport aux précédents, c'est l'étendue géographique et la diversité de situation des pays adhérents. L'accent qui est mis durant la phase de pré-adhésion sur l'infrastructure, l'environnement et l'agriculture se transformera en grande partie, après l'adhésion, en interventions des fonds structurels et de cohésion.
À la demande des pays candidats à l'adhésion, il leur a été accordé 300 périodes transitoires. L'Union européenne a jugé nécessaire, pour sa part, de prévoir des périodes transitoires pour quelques domaines précis, en particulier pour ce qui est de la libre circulation des personnes, du cabotage dans le cadre du transport routier et du financement des paiements directs destinés à l'agriculture.
On a tenu compte de la spécificité de Malte dans des domaines tels que la libre circulation des travailleurs, les secondes résidences, la fiscalité, l'agriculture, la pêche et l'environnement. À défaut de règlement de la question chypriote, un protocole annexé au traité prévoit que l'application de l'acquis est reportée sine die pour la partie nord de l'île. Deux mécanismes de sauvegarde inédits ont été insérés dans le traité d'adhésion. À la clause de sauvegarde économique générale, appliquée lors des élargissements précédents, sont venues s'ajouter une clause de sauvegarde « marché intérieur » ainsi qu'une clause spécifique « justice et affaires intérieures ».
Sur le plan budgétaire, un montant de 40,81 milliards d'euros a été fixé comme coût total de l'élargissement de l'Union à dix pays pour la période 2004-2006. Pour ce qui concerne la Belgique, l'impact budgétaire est évalué, selon les calculs des experts, en fonction de sa contribution totale au budget communautaire, à 370 millions d'euros pour la période 2004-2006.
En conclusion, pour le ministre le moment est historique. Comme par le passé, cet élargissement va entraîner des bienfaits économiques et politiques, non seulement pour les pays qui nous rejoignent mais aussi pour les quinze membres actuels. L'élargissement est une chance pour l'Europe et ses citoyens, une formidable opportunité pour nos économies et un défi que nous devons relever pour l'organisation du monde.
Au cours de la discussion, M. Van Overmeire déclare que son groupe est en principe favorable à l'adhésion des futurs nouveaux États membres, mais il se demande s'il est bien judicieux d'accéder aux demandes d'adhésion lorsqu'il s'avère que les pays candidats n'y sont pas encore suffisamment préparés. L'intervenant souligne que l'Union européenne pourrait devoir prendre ultérieurement des mesures de sauvegarde à l'égard de certains pays. Il s'étonne également de la hâte avec laquelle le présent projet est examiné par la commission.
Mme de Bethune propose d'organiser un débat sur l'adhésion des nouveaux pays dans le cadre de la séance plénière.
Le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères souligne que l'on a prévu une procédure de contrôle permanent censée veiller à l'intégration de l'acquis communautaire.
Personnellement, je souligne l'importance de l'élargissement, notamment sur le plan économique et social. Le groupe CDH souhaite dès lors que le Sénat puisse entendre les acteurs institutionnels et sociaux, afin d'avoir une discussion en profondeur sur les conséquences de l'élargissement. Je déclare également qu'il est indispensable de mener le processus d'élargissement en parallèle avec celui de l'intégration. Il est donc difficile de voter pour l'élargissement avant d'avoir obtenu toutes les garanties nécessaires concernant les réformes institutionnelles définies par la Convention sur l'avenir de l'Europe. Le groupe CDH demande par conséquent que le vote soit postposé jusqu'à l'issue des travaux de la Conférence intergouvernementale.
Le ministre rappelle que l'élargissement est un choix éminemment politique. Ce n'est pas un acte improvisé. Les avantages et les inconvénients de l'élargissement sont connus. Le ministre implore les membres de ne pas soumettre la ratification du traité à la réussite de la Conférence intergouvernementale.
Lors du vote, les articles 1er et 2, ainsi que l'ensemble du projet de loi, ont été adoptés par 8 voix et une abstention.
Mevrouw Sabine de Bethune (CD&V). - De toetreding van 10 nieuwe leden tot de Europese Unie in 2004 is een historisch moment. Het is ook een etappe in een proces dat meer dan een decennium geleden is gestart en nog vele jaren zal duren. Ik geef kort het standpunt van CD&V weer en mijn collega's gaan later in op verschillende aspecten en fundamentele vragen betreffende de uitbreiding.
Voor CD&V is de uitbreiding van de Unie om tal van redenen een historische kans die ze te baat wil nemen. Het verheugt ons dat Europa zijn historische dimensie terugvindt en dat miljoenen mensen kunnen toetreden tot de Unie. Op sociaal-economisch en politiek-cultureel gebied is de uitbreiding een kans voor Europa om zich te versterken en meer uitstraling te krijgen.
De uitbreiding van Europa geeft hoop op stabiliteit en ontwikkeling en kan oorlogen uitsluiten. Eindelijk krijgen de Europeanen de gelegenheid zich te verenigen en Europa echt één te maken, niet door verovering en bezetting, maar door samenwerking en uitwisseling.
De Unie heeft zelf economisch veel belang bij de uitbreiding. Het vrije verkeer van personen, goederen, diensten en kapitaal schept nieuwe afzetmarkten.
De uitbreiding biedt eveneens kans op een betere aanpak van de grensoverschrijdende problemen. Criminaliteit en verontreiniging zijn gedeeltelijk uit Centraal- en Oost-Europa afkomstig en kunnen binnen de Europese Unie efficiënter bestreden of voorkomen worden dan daarbuiten. Een versterkte Unie zal meer te betekenen hebben in de wereld. Na de uitbreiding zal de Europese Unie op termijn een half miljard burgers tellen. Alleen al daardoor zal het gewicht van de Unie in de internationale gemeenschap en de wereldhandel aanzienlijk toenemen.
De uitdagingen zijn dus groot, er worden veel kansen geboden en de ambitie is hooggespannen. Hoe belangrijk en onomkeerbaar dit proces ook moge zijn, toch wil CD&V enkele kanttekeningen maken. De uitbreiding mag niet ten koste gaan van de integratie en de beleidsdoelmatigheid. De Europese Unie had in het verleden reeds nood aan meer efficiëntie en meer democratische besluitvorming. In het licht van de uitbreiding met 10 nieuwe leden wordt die nood nog groter.
Wij hebben enkele vragen over de knelpunten die de komende maanden stelselmatig moeten worden opgelost. Ik hoop dat de minister van Buitenlandse Zaken ons straks op een aantal vragen kan antwoorden. De uitbreiding moet samengaan met een institutionele verdieping, zodat ze echt gedragen wordt. Ik verwijs bijvoorbeeld naar de unanimiteitsregel. Wanneer 25 landen een unaniem akkoord moeten bereiken over complexe materies zoals het buitenlands beleid, zal de werking van de uitgebreide Unie belemmerd worden.
Hoe zullen de nieuwe lidstaten omgaan met het communautaire acquis? Hoever staat het met de integratie van de Europese waarden in hun interne rechtsstelsel? We kijken uit naar het final programme report van de Commissie, dat waarschijnlijk in november beschikbaar zal zijn. Daarin zullen we zien hoe de verbintenissen over het opnemen van het communautaire acquis in de interne rechtsorde van de kandidaat-lidstaten worden nageleefd
Ik wil ook een kanttekening maken bij de hoge kostprijs van de uitbreiding. Volgens de laatste cijfers die we vernomen hebben, zal de uitbreiding 40 miljard euro kosten of 11,40 euro per burger van de Unie voor de periode 2004-2006. Tegenover deze hoge kostprijs staan vele positieve zaken. Die afweging is dus belangrijk en we willen dit proces van nabij blijven volgen.
We zijn ook niet blind voor het risico op nieuwe breuklijnen binnen de Unie wegens de grote verscheidenheid in talen, culturen, levenswijzen en wetgeving en wegens de welvaartskloof tussen de nieuwe leden en de andere lidstaten.
De uitdaging is dus groot en vergt een bekwaam, deskundig en efficiënt beleid, maar ook veel politieke wil en engagement.
Op één knelpunt wil ik hier nog ingaan. Het betreft het euroscepticisme bij de huidige lidstaten, met name de manier waarop onze bevolking vandaag Europa en ook deze uitbreiding percipieert. Ik vrees dat in de informatie die aan de bevolking wordt verstrekt, vaak te veel de nadruk ligt op de nadelen van de uitbreiding en veel te weinig aandacht gaat naar de opportuniteiten en mogelijkheden die deze uitbreiding biedt.
Wat doet de Belgische regering om de bevolking in ons land te informeren over de kansen en de risico's van deze uitbreiding? Hoe worden de mensen bij dit proces betrokken? In een interview in Elsevier deze zomer zei de minister van Buitenlandse Zaken dat de Europese uitbreiding noodzakelijk en gewenst is, maar dat Europa er nog niet klaar voor is. Kan de minister daar duiding bij geven, want zo'n uitspraak van de bevoegde minister roept vragen op bij de mensen, ook bij ons, leden van de oppositie?
M. Louis Michel, vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères. - Je me permets d'intervenir en français pour qu'il n'y ait pas de malentendu sur mes propos.
Tout d'abord, cette interview accordée à Hugo Camps était une « interview d'ambiance », assez libre sous l'angle de la conversation. J'y ai notamment déclaré que c'était la raison pour laquelle il était absolument nécessaire que la CIG puisse mettre l'Union européenne en état de maîtriser l'élargissement. J'ai aussi parlé longuement de ce que la Belgique avait obtenu de la Convention et j'ai dit que le résultat de la convention, le compromis, s'il pouvait se traduire dans les traités consécutifs à la CIG, permettrait évidemment de gérer l'élargissement. Je suis donc allé bien au-delà de ce que l'on retrouve dans l'interview duquel M. Camps, dont je ne remets pas du tout en cause la qualité du travail, a épinglé quelques extraits.
Je tiens cependant à vous signaler, madame, que nous avons organisé, l'an dernier, plus de 300 conférences auxquelles ont participé différentes personnalités ici présentes. Tous les parlementaires ont d'ailleurs été invités à venir expliquer les bienfaits de l'Union européenne, ses acquis et les raisons pour lesquelles nous étions favorables à l'élargissement. Il est de notoriété publique que dans toutes les enceintes, je défends l'élargissement tout en répétant mon amer regret que Nice ait été une occasion manquée de répondre aux inquiétudes, aux angoisses et aux peurs des gens. Si Nice avait été une réussite sur ce point, les choses seraient plus simples aujourd'hui.
Il y a eu plus de 300 conférences. Toutes les écoles secondaires ont été invitées au Parlement. À cette occasion, M. De Decker, Mme Lizin, M. Mahoux, M. De Clerck ont expliqué aux étudiants les bienfaits de l'Union européenne, et nous allons continuer dans cette voie.
Ik ben geen voorstander van een propagandacampagne. We moeten de mensen dagelijks informeren.
Je le répète : je ne suis pas partisan d'une campagne de propagande. Je ne veux donc pas qu'il y ait de malentendu ni sur ma position ni sur mes propos.
Mevrouw Sabine de Bethune (CD&V). - U bedoelt dan, zonder cynisch te willen zijn, dat er ook geen propagandacampagne komt wanneer de datum van de Europese verkiezingen nadert. Het is verdienstelijk om acties voor scholen op te zetten. Dat betwist ik niet. Het gaat evenwel niet alleen om scholieren, intellectuelen of geïnteresseerden.
M. Louis Michel, vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères. - Tous les jours, nous accueillons des groupes à qui nous expliquons l'enjeu européen et l'acquis européen, l'importance de l'élargissement et ce qu'il représente pour la paix et la stabilité dans la région.
Mevrouw Sabine de Bethune (CD&V). - Elke stap die men doet, is een positieve stap...
De heer Louis Michel, vice-eerste minister en minister van Buitenlandse Zaken. - Als u concrete ideeën heeft, dan sta ik daar helemaal open voor.
Mevrouw Sabine de Bethune (CD&V). - Er is nood aan een permanente opbouw van het Europees burgerschap, buiten de verkiezingsperiodes en ook buiten de zuiver politieke sfeer. We moeten het middenveld daarbij betrekken, maar ik ga daar nu niet verder op in.
Ik heb wel nog één concrete vraag over een punt dat vandaag op de agenda staat in het Europees Parlement. Het betreft de Europese Info-Points. Elke provincie, niet alleen in België, maar ook in andere landen van de Unie, heeft een Info-Point dat gezamenlijk gefinancierd wordt door de Europese Commissie en de lidstaten zelf. Die Info-Points zijn het begin van een netwerk waar mensen informatie over Europa kunnen opvragen. Vanaf januari 2004 neemt de Commissie zich evenwel voor deze Info-Points niet langer te financieren. Is de minister van plan dit netwerk te onderhouden, te versterken en ervoor te zorgen dat steeds meer mensen de toegang daartoe vinden en zich bij Europa betrokken voelen? De minister van Buitenlandse zaken zit in de Raad van ministers en beslist op Europees niveau mee over de begroting.
De heer Louis Michel, vice-eerste minister en minister van Buitenlandse Zaken. - Ik heb over de Info-Points gesproken op de Raad en in de Commissie. We moeten afwachten welke financiële steun de Info-Points zullen krijgen. Meer steun is niet uitgesloten.
Mevrouw Sabine de Bethune (CD&V). - CD&V heeft uitdrukkelijk zijn inzet willen bevestigen voor de uitbreiding van de Unie.
We zijn niet blind voor de knelpunten. We zullen nog jaren moeten werken aan dit proces. Het proces is niet afgerond met deze ratificatie. De problemen vergen een vergaand engagement. Mijn collega's van de CD&V-fractie zullen thema voor thema behandelen: de economische vooruitzichten, het sociale Europa, justitie en criminaliteit, migratie en mensenhandel. Rond al die punten wensen we een sterk beleid, niet alleen vanuit Europa, maar ook vanuit België.
Ik heb ook willen benadrukken dat het nodig is samen na te denken hoe de mensen bij de Europese opbouw te betrekken. De minister heeft verwezen naar concrete initiatieven. We vinden dat goed, maar onvoldoende. Er wordt niet genoeg gedaan om de mensen te informeren en ze bij het Europese proces te betrekken.
Onze fractie zegt ja tegen de uitbreiding en steunt de ratificatie van dit verdrag. Schuman sprak de hoop uit dat op een dag alle Europeanen in vrijheid en vrede deel zouden uitmaken van een Europese gemeenschap. Dat is het project waarvoor de christen-democraten zich willen inzetten.
M. Philippe Mahoux (PS). - Il faut souhaiter la bienvenue à ces nouveaux pays qui vont faire partie de la famille européenne mais aussi à leurs populations. Les habitants de ces pays deviennent des citoyens européens à part entière, dans une diversité plus importante que celle qui existe actuellement. Cette diversité apparaît au travers de déclarations, certains pays n'étant pourtant pas toujours très clairs lorsqu'ils évoquent leur engagement vis-à-vis de l'Union européenne ou de l'OTAN. Les options que peuvent prendre les uns et les autres peuvent ainsi être en contradiction avec les volontés politiques affirmées au sein de l'Union.
Cependant, puisque nous adopterons ce traité d'élargissement, nous devons affirmer notre souhait d'accueillir l'ensemble de ces nouvelles citoyennes et de ces nouveaux citoyens qui vont créer une grande Europe. Nous le faisons d'autant plus volontiers que, suite aux bouleversements consécutifs à la chute du mur de Berlin, ces pays, parce qu'ils n'ont pas connu de régime démocratique durant de très longues années, ont voulu devenir membres de l'Union. Les accueillir peut donc les conforter dans la démocratie. Par ailleurs, il faut considérer que les niveaux de vie de ces populations sont inférieurs à ceux que l'on peut trouver dans nos régions. Le socialiste que je suis veut dire et répéter que, si on imagine une solidarité entre l'ensemble des citoyens d'un pays, on doit imaginer cette même solidarité élargie à l'espace naturel européen.
Cela dit, tout le monde est d'accord pour considérer que le moment de l'élargissement ou de la concordance de celui-ci avec l'approfondissement suscite de nombreuses questions. Nous aurions souhaité que l'approfondissement européen, y compris pour le fonctionnement institutionnel, soit plus important. Le ministre des Affaires étrangères rappelait que le traité de Nice, qui aurait dû permettre la mise en place d'un système nettement amélioré, permettant un fonctionnement efficace à vingt-cinq, fut une occasion ratée. Il s'agit d'un des problèmes posés par l'élargissement. En outre, celui-ci risque de mener à une dilution de l'idée européenne. Face à la transformation progressive de l'Europe en une zone de libre-échange, nous voulons en faire un espace de citoyens, doté d'un gouvernement social et économique. En outre, nous souhaitons un approfondissement économique et fiscal. Ce modèle social européen doit être réaffirmé et développé. Nous prenons un risque à cet égard. Nous devons donc être de plus en plus attentifs à ce que la construction du modèle social européen puisse se réaliser et s'approfondir à vingt-cinq.
La prudence est donc nécessaire mais il convient également de faire preuve d'une certaine dose d'optimisme. Je fais souvent référence à l'adhésion de pays comme l'Espagne, le Portugal et la Grèce. On entendait alors parler des risques que présentait cet élargissement. On peut constater, de nombreuses années plus tard, que l'intégration a eu lieu.
Il faut que nos nouveaux concitoyens aient la volonté de s'intégrer mais nous devons aussi dans le même temps les assurer de notre solidarité.
Je saisis l'occasion de notre discussion sur l'élargissement pour revenir sur la Convention européenne et sur l'actuelle conférence intergouvernementale. Il me paraît important que, à l'instar de ce qu'a fait en réunion du comité des Affaires européennes le premier ministre, vous nous donniez, monsieur le ministre, votre sentiment sur les résultats de la Convention et de la conférence intergouvernementale.
En effet, au cours des réunions que nous avons avec nos collègues des autres parlements européens, nous entendons de nombreuses demandes de modification du texte issu de la Convention. Ces demandes concernent d'une part la remise en cause des acquis de Nice pour la Pologne et pour l'Espagne et d'autre part le préambule de ce projet de Traité d'autre part. Ces dernières demandes proviennent de pays impétrants.
Vu les remarques faites dans divers pays, je pense qu'il conviendrait de discuter de l'article 51 du projet de traité, en même temps que du préambule. Il est vrai que l'importance accordée à l'une ou l'autre partie du texte dépend des convictions et du programme politiques que l'on envisage pour la construction européenne.
J'insiste d'autant plus que notre vision de la construction européenne inclut la séparation des églises et de l'État.
Je voudrais aussi attirer votre attention sur le fait que l'on entend souvent dire, lors des réunions avec des parlementaires d'autre pays européens, que l'élargissement actuel n'est qu'une étape. Je suis sûr que vous entendez les mêmes propos lors de vos réunions des ministres des Affaires étrangères. Par exemple, les représentants des pays baltes parlent déjà d'un élargissement à deux autres pays et même à un troisième, pays avec lesquels des négociations sont en cours. On parle aussi de la Russie, Mme Lizin tout à l'heure a parlé de la Moldavie, d'autres encore envisagent la Biélorussie et l'Ukraine.
Je pense qu'il faudrait réfléchir à ce que devraient être les frontières de l'Europe. L'Europe peut sans doute encore s'étendre vers l'est, mais la terre est ronde. À trop s'étendre dans cette direction, nous nous retrouverons à la frontière ouest de l'Europe. Si l'on ne se fixe pas des limites vers le sud, ... Or déjà les pays du pourtour méditerranéen, nous le savons, veulent être associés davantage à l'Europe. Je pense que nous devrions avoir un débat sur les limites de l'Europe, en se basant peut-être sur une réflexion géographique, mais en ayant à l'esprit qu'entretenir des relations avec l'Union européenne n'implique pas nécessairement d'en faire partie. Peut-être faut-il établir un mode de relation spécifique avec les États voisins ? C'est une question importante.
M. Louis Michel, vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères. - Il est évident que la question des frontières de l'Europe est un important sujet de réflexion. Cela ne peut cependant pas mettre à mal le concept fondamental que l'Europe est un concept ouvert. Nous sommes bien d'accord que cela ne peut pas être sans limites.
Je suis assez prudent en la matière. Entamer un débat sur les frontières de l'Europe aboutirait à placer des limites qui pourraient très bien être changeantes. Personnellement, je pense que la Russie sera un jour européenne. La question est de savoir quel type d'accords particuliers nous pouvons commencer à envisager et à approfondir, notamment avec les nouveaux voisins. C'est un vrai débat qu'il faut avoir. Par exemple, si vous prenez les questions de flux migratoires ou les questions de sécurité, il va de soi qu'une coopération très poussée avec les nouveaux voisins peut anticiper certains problèmes.
C'est un beau débat académique à avoir, mais nous aurons du mal à nous mettre d'accord sur les frontières définitives de l'Europe. L'Europe est un concept ouvert et qui restera ouvert. Vouloir, aujourd'hui, apporter une réponse à la question de savoir quelles sont les frontières définitives de l'Europe est très dangereux.
M. Philippe Mahoux (PS). - Je ne dis pas qu'il faut les définir, mais que la discussion devait avoir lieu. Cela d'autant plus que la manière dont nous concevons l'Europe peut avoir un rapport avec sa taille. Le risque de dilution dont on parle en ce qui concerne l'idée européenne est réel.
Nous devons poser ce problème de manière ouverte comme nous l'avons toujours fait jusqu'à présent. Si l'élargissement européen implique un affadissement du contenu de l'idée européenne, à quoi arriverons-nous ? Nous envisagerons aussi que, parmi les pays fondateurs, il puisse y avoir un approfondissement indépendamment ou en corrélation avec ce qui s'y développe au niveau européen.
Voilà ce qu'il nous paraissait important de mettre en avant au sujet de cet élargissement. Au départ, pour les pères fondateurs, l'idée européenne était à la fois basée sur l'efficacité, mais aussi, sur une vision humaniste de l'organisation de la société. Nous continuons à vouloir cet approfondissement sur le plan social. Nous voulons que cette Europe ne soit pas qu'un marché, mais qu'un gouvernement économique et social soit réellement mis en place. À cet égard, le fait qu'il puisse exister, par rapport à nos nouveaux voisins et à la politique mondiale en général, une politique extérieure commune est un élément important. Ce n'est pas par hasard, je suppose, que les deux projets de loi ont été mis à l'ordre du jour aujourd'hui.
(M. Hugo Vandenberghe, vice-président, prend place au fauteuil présidentiel.)
De heer Karim Van Overmeire (VL. BLOK). - Het voorliggend verdrag is natuurlijk een historisch document en de uitbreiding van de Europese Unie met tien lidstaten, voornamelijk uit Midden- en Oost-Europa, is een historische gebeurtenis. Met dit document wordt formeel en definitief een streep getrokken onder een minder fraai hoofdstuk in de Europese geschiedenis waarbij na de Tweede Wereldoorlog de landen van Midden- en Oost-Europa niet werden bevrijd, maar het ene dictatoriale regime inruilden voor een ander. Voor de jeugd en de komende generaties zal het communisme gelukkig niet veel meer zijn dan een voetnoot in de wereldgeschiedenis, maar voor de naties van Midden- en Oost-Europa is de erfenis van het communisme, zoals de economische stagnatie, vandaag nog altijd voelbaar.
Mijn fractie is wellicht de meest Eurokritische in dit halfrond. De ongemeen Eurofiele houding van de Belgische politiek is overigens opmerkelijk. In bijna elke Europese lidstaat bestaat wel een politieke stroming die misschien niet anti-Europees is, maar die toch pleit voor het behoud van de nationale identiteit. In België bestaat die niet of nauwelijks. Misschien heeft dit te maken met het feit dat België geen nationale identiteit heeft. Toch is de abdicatiezucht van dit land opmerkelijk: Europa kan niet groot genoeg zijn en kan niet genoeg bevoegdheden hebben; het kan niet snel genoeg gaan.
Wij zijn niet anti-Europees, maar willen wel de vraag stellen of het Europese niveau per definitie zoveel efficiënter is en of de uitbreiding alleen maar voordelen heeft. Die kritische houding betekent geen negatieve opstelling. Het blijft opmerkelijk dat de Europese volkeren die elkaar gedurende eeuwen bestreden hebben, mede dank zij die Europese structuren nu al een halve eeuw in vrede en welvaart leven. Alles in overweging genomen, is de Unie toch een succesverhaal. Dat blijkt uit het feit dat steeds meer landen zich bij de oorspronkelijke zes hebben aangesloten.
Er zijn belangrijke argumenten voor een verdere uitbreiding van de Europese Unie.
Ten eerste is er het principiële - en voor een stuk emotionele - argument dat wij een zekere ereschuld in te lossen hebben tegenover die landen die in 1944-1945 opgeofferd zijn aan de Sovjet-Unie en 45 jaar communisme achter de rug hebben. Hun lidmaatschap van de Unie - en ik denk hier vooral aan de Baltische staten - is niet de enige, maar dan toch een bijkomende garantie tegen een eventueel Russisch revanchisme.
Ten tweede geeft de uitbreiding ook meer gewicht aan de Europese Unie. Het valt nog te bezien of de Unie ook meer slagkracht zal krijgen, want ze wordt natuurlijk meer heterogeen.
Ten derde is de toetreding louter economisch bekeken - zeker op lange termijn - zowel voor Oost als voor West voordelig. Het is een win-win-situatie.
Het lidmaatschap zorgt ook voor politieke stabiliteit.
Als we de landen van Midden- en Oost-Europa ten slotte geen perspectief van lidmaatschap bieden, dan zullen ze zich tot Rusland, of waarschijnlijker nog tot de Verenigde Staten richten.
Voor onze fractie is het toch wel belangrijk dat het hier om duidelijk Europese landen gaat. De vraag naar het al dan niet Europees karakter van een land zal straks aan bod komen tijdens mijn vraag om uitleg over de kandidatuur van Turkije, maar niemand zal het Europees karakter van de huidige tien kandidaat-lidstaten betwisten.
In de toelichting, die ik natuurlijk heb gelezen, staat een mooi staaltje van geschiedenisvervalsing. Op bladzijde 28 wordt de Turkse invasie van Cyprus vergoelijkt door een zogezegde aanval van de Griekse junta op Cyprus. Natuurlijk was er een staatsgreep van pro-Griekse elementen, maar dat is nog wel iets anders dan een aanval van Griekenland op Cyprus. Voor een officieel document is een dergelijk staaltje van revisionisme opmerkelijk.
In cijfers betekent de voor 2004 geplande uitbreiding een vergroting van de oppervlakte van de EU met 23%, een toename van de bevolking met 20%, maar een verhoging van het `Bruto Europees Product' met slechts 4%. Anders geformuleerd: het economisch gewicht van de tien kandidaat-lidstaten samen is even groot als het economisch gewicht van Nederland. Dat betekent nog niet dat het om tien arme landen gaat. Integendeel, landen als Tsjechië, Malta, Cyprus, Slovenië zouden wel eens zeer snel op het niveau van Portugal en Griekenland kunnen komen, zouden wel eens zeer snel netto betalers kunnen worden in de plaats van netto ontvangers. Het is goed om in het achterhoofd te houden dat, behalve Polen, geen enkele kandidaat-lidstaat groter is dan België en dat zeven van de tien zelfs minder inwoners hebben dan Vlaanderen.
De uitbreiding is dus in de eerste plaats - en dat is de grote uitdaging - een uitbreiding van het aantal lidstaten. De Europese Unie die nu met 15 lidstaten al moeizaam functioneert, zal er straks 25 tellen. De vraag is dan ook of de Unie niet te veel hooi op haar vork neemt. Het is overigens opvallend dat een aantal tegenstanders van een sterk Europa tegelijk voorstander van de uitbreiding zijn, vanuit een soort perverse redenering dat de toetreding zo'n moeilijk proces wordt dat de Europese instellingen uiteindelijk misschien wel zullen blokkeren.
Welke `Europese Grondwet' er uiteindelijk ook uit de bus komt, het is een feit dat we op 1 mei 2004 wakker zullen worden in een andere Europese Unie, waarbij - en daar moeten we ons toch goed van bewust zijn - de Belgische invloed op het geheel een stuk kleiner zal zijn. De grote lidstaten blijven natuurlijk de grote lidstaten. Frankrijk blijft Frankrijk, ook in een Unie van 25, Duitsland blijft Duitsland, Groot-Brittannië blijft Groot-Brittannië, maar België zal op dezelfde hoogte staan als Tsjechië of Hongarije en zal niet veel meer invloed hebben dan deze landen.
De Europese Commissie voerde toetredingsonderhandelingen met elk land afzonderlijk, op basis van twee principes. De `conditionaliteit': een lidstaat pas mag toetreden wanneer hij aan een reeks strenge politieke, economische, wetgevende en bestuurlijke eisen voldoet; en het `differentiatieprincipe': elke kandidaat-lidstaat wordt afzonderlijk op zijn merites beoordeeld. Dit is het uitgangspunt, maar in de praktijk zien we natuurlijk dat de toetreding in de eerste plaats een politieke keuze is. De tien kandidaat-lidstaten zullen op 1 mei 2004 toetreden. De Europese Commissie moet op 5 november nog een evaluatie maken en ons meedelen wie van de tien er uiteindelijk helemaal klaar voor is, maar wij moeten vandaag al stemmen, niet over elk land afzonderlijk, maar over het gehele pakket van tien kandidaat-lidstaten. Het geheel is te nemen of te laten.
Onze fractie is van oordeel dat we deze principes van conditionaliteit en differentiatie strikter hadden moeten toepassen en de landen elk afzonderlijk, land per land, hadden moeten laten toetreden. Er is hier al gesproken over de ongerustheid bij de bevolking. Ik denk dat een deel van die ongerustheid te verklaren is doordat de bevolking niet weet wat er precies gebeurt, dat ze tien nieuwe lidstaten tegelijk op zich ziet afkomen. Het is evident dat een dergelijk omvangrijke operatie, waarover alles bij elkaar weinig informatie wordt gegeven, ongerustheid teweegbrengt.
Over de kostprijs maak ik me persoonlijk niet zoveel zorgen. Zowel over de landbouw als over de regionale steun zijn aanvaardbare compromissen gesloten. Het is natuurlijk heel moeilijk om te berekenen wat het hele verhaal ons kost en wat het opbrengt. Er moet een onderscheid worden gemaakt tussen korte, middellange en lange termijn en wie kan het terugverdieneffect en het voordeel voor onze economie berekenen? Ik denk dat vooral de kleine boeren van Midden- en Oost-Europa de rekening van de uitbreiding zullen betalen. Mevrouw de Bethune schuift de kostprijs van 11 euro per inwoner per land en per jaar naar voor en dat staat ook in de toelichting. Dat valt al bij al nog mee.
Ik zou wensen dat de Belgische federatie de Vlamingen niet meer zou kosten dan elf euro per inwoner per jaar. Maar de miljardenstroom van Vlaanderen naar Wallonië kost ons een tien-, twintig- of vijftigvoud van wat de uitbreidingsoperatie naar Oost-Europa ons uiteindelijk zal kosten.
Het zal u verwonderen iets dergelijks uit de mond van een Vlaams Blokker te horen, maar ik denk ook dat de immigratie uit die landen niet moet overdreven worden. Het gaat immers maar om kleine landen, die bovendien hun welvaart na de toetreding snel zullen zien toenemen. Van grotere betekenis nog is dat de demografische situatie in de kandidaat-lidstaten ronduit catastrofaal is, nog veel erger dan bij ons. Er zal dus nooit een permanente migratiestroom naar West-Europa op gang komen, zoals wel het geval zou zijn indien Turkije lid zou worden van de Europese Unie.
We moeten ons vooral zorgen maken over de kwaliteit van het bestuur in sommige van de kandidaat-lidstaten. Een belangrijk deel van het overheidsapparaat wordt daar nog altijd bevolkt door apparatsjiks uit de communistische periode, die geen enkel besef hebben van hoe een moderne Europese administratie werkt. Een deel van het overheidsapparaat is geïnfiltreerd door de georganiseerde misdaad.
En lidmaatschap van de EU is nog iets anders dan het lidmaatschap van een kaartersclub. Een land dat niet in staat is om zich aan de strikte Europese regels te houden, brengt de stabiliteit van het hele systeem in gevaar.
Ik weet wel dat er in monitoring voorzien is en dat men het hele proces zal opvolgen en waar nodig trachten bij te sturen. Maar we weten allemaal hoe moeilijk het is een lidstaat sancties op te leggen. De kwestie van Frankrijk en zijn begrotingstekort tonen nog maar eens aan dat het opleggen van sancties geen automatisme is, maar een politieke koehandel. Wanneer slechts een land de regels overtreedt is er misschien nog een regeling te vinden, maar als een grote groep landen niet in staat is om de afspraken na te komen, dan dreigt de hele constructie in elkaar te vallen.
De toetreding van de tien kandidaat-lidstaten betekent ook dat de buitengrenzen van de EU verschuiven van de Duits-Poolse grens naar de grens van Letland-Rusland, Polen-Wit-Rusland of Slovakije-Oekraïne. Zullen deze grenzen wel goed georganiseerd en gecontroleerd worden?
Ik weet ook wel dat Schengen niet onmiddellijk van toepassing is, maar de problemen die zich hier stellen, zijn natuurlijk enorm.
Dat is trouwens een bijkomend argument tegen het Turkse lidmaatschap: willen we de buitengrenzen van de EU nu echt in de bergen van Koerdistan leggen?
Het is overigens opmerkelijk dat de kandidaat-lidstaten verplicht zijn om tot Schengen toe te treden, terwijl een aantal van de huidige 15 lidstaten, waaronder Groot-Brittannië en Ierland, er buiten kunnen blijven. In die zin stelt men aan de nieuwkomers hogere eisen, dan aan huidige leden.
Een positief punt is dat we met de tien kandidaat-lidstaten in elk geval tien landen in huis halen, waar de democratie echt nog leeft en waar men respect heeft voor vrije meningsuiting en voor democratie. In 9 van de 10 landen heeft een referendum plaatsgevonden over de toetreding, terwijl dat in West-Europa nergens is gebeurd, terwijl de gevolgen voor ons net zo groot zijn als voor hen. Mevrouw de Bethune heeft nog een grote propagandacampagne voorgesteld om de bevolking meer pro-Europees te krijgen, maar zo functioneert een goede democratie niet. Die vereist een open debat met argumenten voor en tegen. Een dergelijk debat is bij ons niet mogelijk. Zelfs genuanceerde denken wordt moeilijk, want straks kunnen we alleen over het hele pakket van de tien landen stemmen en kunnen we ons niet uitspreken over elk van de landen afzonderlijk.
Ik twijfel er niet aan dat, op de Vlaams Blokfractie na, iedereen voor zal stemmen. De stemming hier is echter helemaal geen weergave van de vele vragen die een groot deel van de Vlaamse bevolking zich hierbij stelt. Niemand moet zich echter illusies maken. Het ziet ernaar dat de toetreding van 10 nieuwe lidstaten op 1 mei 2004 in elk geval een feit zal zijn, omdat men de voordelen hoger schat dan de nadelen, omdat elke aarzeling gelijk staat met prestigeverlies en vooral omdat politici hun potentiële Europese carrière niet in het gedrang willen brengen door nu lastig te doen tegen deze of gene lidstaat, die misschien straks moeten mee stemmen over hun politieke carrière. Een bijkomende reden voor de snelle toetreding is dat de bedrijven van een lidstaat de politici het signaal geven dat ze zich niet mogen verzetten tegen de toetreding van bijvoorbeeld Polen of Letland, want dan zullen wij daar wellicht de nadelen van ondervinden bij hun activiteiten in de geblokkeerde kandidaat-lidstaat. Ook die druk op de politieke besluitvorming mag eens worden vermeld.
Wij hadden liever gehad dat de belangrijke principes van conditionaliteit en differentiatie strikt waren toegepast, dat we elke kandidaat-lidstaat afzonderlijk hadden kunnen evalueren en een land pas hadden toegelaten wanneer het helemaal klaar was om in de Unie als een goede lidstaat te functioneren. Nu gebeurt dat niet, maar voert men de druk op: de hele slof komt er nu ineens aan op 1 mei 2004 zonder dat daar nog discussie over mogelijk is. Wij gaan met die handelswijze niet akkoord, wij willen de twijfels en ongerustheid vertolken die bij veel Vlamingen leeft. Veel Vlamingen vragen zich af of het niet allemaal te snel gaat, want na deze tien komen Roemenië en Bulgarije er al aan - de datum is al vastgelegd op 2007 - en dan komt nog Turkije. Ik hoor de minister ook al dromen over Rusland, Noord-Afrika en het Midden-Oosten. De Vlamingen zijn dus terecht ongerust over waar het met de Europese Unie naartoe gaat.
Om al die redenen zal de Vlaams Blokfractie niet tegen stemmen - want we zijn niet tegen - maar wel zich onthouden.
M. François Roelants du Vivier (MR). - Jamais comme aujourd'hui, dans l'histoire de l'Europe, autant de pays n'ont, d'un seul élan, adhéré à un projet politique commun comme celui de l'Union européenne.
En 1957, vous le savez, ils n'étaient que six États à signer le Traité de Rome, mais l'événement était déjà considérable par sa hardiesse et sa prescience.
D'autres pays suivirent - l'Espagne, la Grèce et le Portugal - trois des pays qui exorcisèrent par leur adhésion un passé dictatorial douloureux. La Communauté, puis l'Union européenne, a alors constitué un horizon souvent considéré comme inaccessible par tous les pays d'Europe centrale et orientale, soumis à la tutelle soviétique. Hormis Chypre et Malte, ce sont ces pays qui nous rejoindront à partir du 1er mai prochain. C'est donc une autre Europe qui va surgir sur la scène mondiale.
Fallait-il le faire si vite, avec autant de pays parmi lesquels plusieurs sont loin de la moyenne des actuels membres de l'Union, sur le plan économique ? Voilà la question qui est posée à l'opinion et à laquelle il faut répondre en préambule au débat de ce jour.
Oui, il fallait cet élargissement pour différentes raisons, essentiellement mais pas uniquement de nature politique. Il était en effet impérieux de répondre au risque d'instabilité du continent européen, suite à la chute du Rideau de Fer et de l'implosion de l'ex-URSS, d'où l'importance d'arrimer les pays d'Europe centrale et orientale à l'Ouest, en leur offrant des perspectives de stabilité politique et de développement économique.
Je n'oublierai pas de citer le cas de Chypre. Sa candidature à l'Union devrait permettre de contribuer à résoudre le problème douloureux de la partition de l'île.
Par ailleurs, il faut revoir l'histoire : l'élargissement rapide et massif était une exigence des Britanniques qui espéraient ainsi diluer délibérément le projet fédéraliste et constituer un donnant-donnant pour la réunification allemande. Cette rapidité explique, en tout cas partiellement, que pour la première fois depuis 1957, l'élargissement précédera les réformes institutionnelles nécessaires à sa pleine réalisation, ce que l'on peut effectivement regretter.
Curieusement, dans la précipitation de l'époque, personne n'a posé la question, pourtant fondamentale, de la finalité du projet. Il faudra attendre la Déclaration de Laeken, le 15 décembre 2001, qui déboucha sur un malentendu.
Si un noyau dur, les six premiers pays membres, a voulu poursuivre l'intégration, certains pays d'Europe centrale et orientale ont considéré l'UE comme un projet essentiellement économique, en reportant le projet politique, en particulier son volet sécurité, sur l'OTAN.
Cela étant, comme le soulignait en 2001 la Commission européenne dans sa communication « Réussir l'élargissement » : « Depuis que les pays candidats ont été invités à adhérer à l'Union européenne, le processus d'élargissement a contribué de manière décisive à la stabilité politique, au progrès économique, à la justice sociale. Dans bon nombre de ces pays, les institutions sont maintenant stables, les changements de gouvernements s'effectuent dans le cadre d'élections libres et démocratiques, les droits de l'homme, y compris ceux des minorités, sont mieux protégés et les principes de l'économie de marché sont appliqués. Le processus d'élargissement », concluait la Commission, « fait de l'Europe un lieu plus sûr pour ses citoyens et contribue à la prévention et à la gestion des conflits au niveau mondial ».
Le développement de la prospérité économique n'est pas le moindre des arguments : l'élargissement du grand marché à près de 500 millions de consommateurs offre des perspectives de développement des échanges d'une ampleur souvent sous-estimée, y compris au sein des pays actuellement membres de l'Union.
Les résultats du récent sondage de l'Union wallonne des entreprises (UWE) sont, à mon sens, l'indice préoccupant d'une frilosité qui ne devrait pas être de mise dans un pays exportateur comme le nôtre.
Bien sûr, la route vers une Europe plus forte, plus prospère, plus cohérente à vingt-cinq, ne peut être assimilée à un long fleuve tranquille. Des problèmes se posent déjà comme, par exemple, la délicate répartition des fonds structurels.
Certaines régions de l'Union à quinze verront leurs transferts diminuer. Quelle sera l'attitude de l'Allemagne, principal contributeur net au budget de l'UE ? Utilisera-t-elle l'arme budgétaire pour promouvoir un projet politique plus fédéral ? La Politique agricole commune (PAC) va s'imposer à des pays au sein desquels une part considérable de la population active vit de l'agriculture et amènera immanquablement des rationalisations douloureuses. Du reste, il ne faudrait pas que notre agriculture, déjà réduite à une peau de chagrin, en fasse les frais.
Les questions de sécurité et de défense pourraient être un baromètre intéressant pour mesurer la densité de l'engagement fédéral des nouveaux membres. Comment vont-ils vouloir répartir les rôles entre l'OTAN, dont ils font partie depuis peu, et la politique de sécurité de l'Union ? Sans doute, le Royaume-Uni, par son attitude vis-à-vis d'une défense européenne plus intégrée, apportera-t-il un début de réponse.
Auparavant, il faudra régler les questions institutionnelles. Il convient de rappeler qu'il faut laisser aux négociateurs le soin de mener à bien leur mission en se basant sur la Constitution européenne proposée par la Convention qui, ne l'oublions pas, est une demande de la Belgique. Il est certain que la capacité de faire fonctionner harmonieusement l'UE et, surtout, de poursuivre l'intégration, dépendra de l'issue de la Conférence intergouvernementale. La Belgique ne manquera sans doute pas d'y faire entendre son credo fédéraliste. Il est regrettable, comme l'a souligné le ministre des Affaires étrangères, que celui-ci n'ait pas été entendu au Sommet de Nice.
L'élargissement que nous allons approuver à une très large majorité - le groupe MR en est en tout cas un ardent défenseur - présente des risques tout en offrant des opportunités. Il faudra valoriser ces dernières pour franchir avec succès une étape fondamentale de la construction européenne.
Mme de Bethune a affirmé que cet élargissement nous coûterait quelque 40 milliards d'euros mais a-t-elle chiffré ce que coûterait pour nos pays le fait de ne pas accueillir ces dix pays au sein de l'UE, notamment en termes de délocalisations d'entreprises et de différenciations salariales ? Sur le plan économique, j'estime que nous avons tout intérêt à procéder à cet élargissement.
L'unification du continent ne sera évidemment pas terminée pour autant. L'adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie est prévue pour 2007 ; la Turquie souhaite suivre ; l'Ukraine, la Biélorussie et la Moldavie frappent à la porte et d'autres pays des Balkans souhaitent être du nombre. Il reste beaucoup de travail avant de parvenir à l'unification complète du continent qui verrait d'autres pays entrer dans le projet ouvert qu'est la construction européenne.
À ce propos, je voudrais m'attarder un instant sur le cas de la Turquie. L'argument religieux est évidemment inacceptable et ne pourrait constituer un motif de refuser l'adhésion. Chaque pays candidat doit être jugé selon ses mérites propres, sur la compatibilité de ses structures et de sa politique avec les valeurs fondatrices de l'Union. Or, dans le cas de la Turquie, un dossier est susceptible de lui faire perdre beaucoup de crédit après le 1er mai 2004, comme l'a indiqué, au début de ce mois, M. Günter Verheugen, le commissaire chargé de l'élargissement.
Il s'agit du dossier de Chypre. En effet, en mai 2004, l'Union se trouvera dans la situation unique où un de ses États membres verra une partie de son territoire occupée militairement par un État candidat à l'adhésion. Il y a donc d'ici à mai quelques mois qui doivent être mis à profit pour trouver une solution de réunification basée sur les propositions du secrétaire général des Nations unies, propositions malheureusement rejetées au printemps dernier par le leader de la communauté chypriote turque, M. Denktash.
Toutefois la clé ne se trouve pas à Nicosie, mais bien à Ankara et je suis convaincu que notre diplomatie le rappellera à M. Erdoğan.
En effet, si aucune solution n'intervient pour Chypre, excellent élève au demeurant de la classe européenne et de la classe des nouveaux pays adhérents, c'est l'Union elle-même qui aura un problème de sécurité à l'une de ses frontières orientales et il faudra bien en mesurer toutes les conséquences.
Les défis ne manquent donc pas à l'Union pour avancer dans la voie de son agrandissement mais aussi de son approfondissement. Contrairement à ce que l'on prétend parfois avec une certaine suffisance, les deux mouvements ne sont pas incompatibles.
C'est dans cet espoir d'une union sans cesse plus étroite entre les peuples européens que le groupe MR votera en faveur de l'actuel élargissement, en en mesurant la réelle portée historique.
M. Luc Paque (CDH). - Du pacte Ribbentrop-Molotov de 1939 au traité de Yalta en 1945, le destin a fait des peuples d'Europe centrale et orientale les victimes de la volonté de puissance des uns, de l'indifférence voire de la prudence des autres.
Si le mur de Berlin est tombé en 1989, l'année 2004 sera celle de la réconciliation de l'Europe. Pour la première fois de son histoire, pratiquement tout le continent européen sera réuni, pacifiquement et durablement, sous une même structure politique, l'Union européenne. La construction européenne est depuis près de cinquante ans un produit de l'Europe de l'ouest ; son élargissement aux dix pays candidats sera une formidable revanche de la démocratie sur le totalitarisme.
Toutefois, en Belgique, cet élargissement à 25 pays continue, à tort ou à raison, à inquiéter beaucoup de nos concitoyens mais aussi les principaux acteurs de la vie sociale et économique. Ainsi, dans une enquête menée en septembre 2003 par l'Union wallonne des entreprises, parmi 4.000 dirigeants d'entreprises, beaucoup évoquent des appréhensions quant à l'élargissement de l'Union européenne de mai 2004.
Il faut dire que les impacts de cet élargissement pour la Belgique, que ce soit sur les exportations, l'économie, l'emploi, les investissements directs étrangers, les migrations et les politiques européennes, notamment budgétaires, restent à bien des égards une inconnue.
Le groupe CDH souhaite à nouveau déplorer l'absence de réflexion au sein de cette assemblée qui a jugé bon de voter le texte en dix minutes, en commission des Relations extérieures, alors qu'une analyse en profondeur, devant de tels enjeux, s'imposait à nos yeux et ce, avec les acteurs concernés : fédérations patronales, syndicats et ONG, notamment.
Nous ne pouvons décemment plus nier aujourd'hui que cet élargissement aura un prix. Certains craignent un coût social élevé - les délocalisations - ; d'autres, un coût financier ou des aides à la politique agricole commune moindres.
Certes, on doit rappeler que nos échanges actuels avec les dix pays candidats sont relativement modestes - 2,5% de nos exportations et 1,6% de nos importations -, que la balance des échanges entre les Quinze et les candidats nous est largement favorable et que cet élargissement signifie la possibilité de débouchés supplémentaires pour nos entreprises et donc, des emplois supplémentaires. Même si les analyses ne prédisent pas de délocalisations massives ni d'immigration en masse, notre responsabilité politique est d'anticiper, de prévoir.
Face à des disparités salariales importantes - parfois de 1 à 7 -, il est plus que jamais temps de renforcer les structures d'une véritable Europe sociale, afin d'éviter toute concurrence déloyale dont la première victime serait le travailleur, qu'il vienne de l'est ou de l'ouest. Même si la productivité du travail dans ces pays anéantit l'avantage en coûts salariaux, l'enquête menée en 2002 par la FEB montre que la productivité de ces entreprises a augmenté et qu'elle est perçue par nos entreprises entre 50 à 75% du niveau belge.
Dès lors, la création d'un véritable droit au travail européen, l'intégration de la Charte sociale mais aussi l'harmonisation des systèmes d'imposition des sociétés doivent concourir à tirer vers le haut la protection sociale.
Mais nous devons aussi, en Belgique, et ce plus que jamais, mettre l'accent sur la formation des travailleurs les moins qualifiés, cibles de choix pour toutes les délocalisations.
Un autre défi pour l'économie belge sera de garantir son attractivité par rapport aux investissements directs étrangers. Si la raison essentielle de ces investissements reste l'accès à de nouveaux marchés, la présence de main-d'oeuvre bon marché est le deuxième motif cité par l'enquête de la FEB, paradoxalement surtout pour les PME de moins de cinquante personnes.
Quant au flux migratoire engendré par l'élargissement, il serait indécent de polémiquer sur cet aspect puisque, selon les estimations de la Commission européenne et du Bureau du Plan, celui-ci sera pour la Belgique de 12.000 personnes en 2010. L'augmentation de nos dépenses de santé que cela engendrera sera plus que largement compensée par un effet positif sur notre croissance de l'ordre de 0,3% du PIB.
(M. Armand De Decker, président, prend place au fauteuil présidentiel.)
Par ailleurs, nous sommes beaucoup plus inquiets de l'impact d'une Europe à 25 sur l'avenir de la construction européenne, sur sa capacité à décider et des implications sous-estimées de l'élargissement sur l'ensemble de nos politiques communes.
Même si le Conseil européen a provisoirement garanti l'avenir de la politique agricole commune, de lourdes inconnues subsistent, en particulier le plafonnement à 1% de l'augmentation annuelle maximale après 2006 des aides liées au marché et des aides directes. Même si le Sommet de Bruxelles a permis, en 2002, d'assurer l'avenir « financier » global de l'Union, se pose la question du maintien du budget européen et de ses recettes.
Actuellement, le financement du budget est principalement assuré par des ressources propres, mises à disposition par les États membres et plafonnées à 1,27% de l'ensemble des PIB de l'Union. Peut-on maintenir ce plafond de 1,27% si l'on considère tant l'élargissement que la question des besoins, en particulier pour la politique agricole commune et les Fonds structurels, surtout après 2006 ?
Nous estimons, pour notre part, qu'il faut abandonner à terme le plafonnement du budget à 1,27% puisque cela aboutirait à faire payer certaines initiatives nécessaires à l'élargissement au détriment d'autres politiques, en particulier la politique agricole commune.
Comme vient de le rappeler le président de la Banque européenne d'investissement, Philippe Maystadt, l'équation va devenir bientôt intenable. Si l'on veut respecter la stratégie pour l'emploi définie à Lisbonne, l'élargissement, le maintien de véritables politiques de cohésion régionales et une politique agricole commune ambitieuse, une augmentation modérée du budget européen doit être envisagée. Faut-il rappeler, comme le faisait le président de la BEI, que le budget actuel de l'Union est à peine l'équivalent du total des aides d'État aux entreprises encore à charge des budgets nationaux ? Il faudra non seulement réviser les mécanismes de la politique agricole commune et des Fonds structurels mais surtout augmenter la part des ressources propres dans le budget européen, alors qu'en 2006, 90% de celui-ci proviendra des contributions nationales.
Cette condition budgétaire est indispensable à la réalisation des nombreuses ambitions dont nous dotons l'Europe aujourd'hui. Nous attendons de notre gouvernement qu'il fasse des propositions concrètes allant dans ce sens au Conseil européen et ce, bien avant 2006.
Enfin, je voudrais aussi rappeler que demain, l'Union devra relever les défis d'une véritable politique extérieure et de son bras armé, la défense. Demain, l'Union devra faire face à une criminalité transfrontalière et aux trafics qu'elle génère, en particulier celui qui touche cruellement les êtres humains. Demain, les risques qui pèsent sur notre environnement seront plus que jamais présents et ces risquent ne connaissent, eux non plus, pas de frontières.
Pour toutes ces raisons, le groupe CDH est favorable au principe même de l'élargissement et nous sommes conscients du moment historique qu'il représente pour tous les Européens.
Mais cet élargissement, le plus important de tous, ne pourra être un succès que s'il est aussi l'occasion de renforcer les structures fondamentales de l'Europe. C'est évidemment ce que vient de réaliser la Convention européenne avec son projet de traité constitutionnel. La Conférence intergouvernementale qui vient d'entamer ses travaux doit garantir, à nos yeux, les acquis de la Convention et sauver l'échec du Traité de Nice. Il doit amener l'Europe à assumer l'élargissement et à être demain plus forte pour faire face aux défis qui l'attendent. Il serait dramatique pour tous qu'un élargissement raté au niveau institutionnel n'aboutisse qu'à affaiblir, alors qu'il vise à renforcer. Nous sommes aujourd'hui inquiets, comme beaucoup d'autres, face au travail de démontage mené par certains gouvernements au sein de la Convention.
L'Europe nous a apporté la paix, l'Europe nous a apporté le pain. L'Europe nous a aussi apporté un grand marché intérieur et la stabilité monétaire. L'Europe a même réussi à réconcilier des ennemis héréditaires et à créer une monnaie unique. Elle doit maintenant nous aider à relever d'autres défis mais nous ne réussirons pas sans réformer le fonctionnement des institutions européennes et sans impliquer davantage les citoyens dans un projet qui les mette réellement au coeur de la construction européenne.
Malheureusement, le débat a été trop faible en Belgique. Le CDH aurait souhaité que le Sénat puisse évaluer les impacts de cet élargissement tant pour la Belgique que pour l'ensemble de nos partenaires européens, au travers d'auditions des acteurs institutionnels, économiques et sociaux, comme je l'avais demandé en commission.
En outre, le CDH estime indispensable de mener en parallèle le processus d'intégration et d'élargissement. C'est aussi la raison pour laquelle nous avions demandé de postposer le vote sur la ratification du Traité d'Athènes après la fin des travaux de la Conférence intergouvernementale. Ce ne fut pas possible et nous le regrettons.
Mme Anne-Marie Lizin (PS). - Si j'ai souhaité prendre la parole après mon chef de groupe, c'est pour souligner quelques éléments de la décision que nous allons prendre cet après-midi.
Je suis moi aussi particulièrement sensible au fait qu'il n'y ait pas de mention particulière d'une religion dans le travail qui se prépare. La CIG sera un des cadres nécessaires à la réalisation correcte de l'élargissement. Dans ce texte, toutes les organisation féminines européennes sont maintenant réunies dans leur volonté de demander que, si l'on modifie quelque chose, on veille à rajouter le droit à l'égalité de façon beaucoup plus explicite qu'on ne l'a fait jusqu'à présent. Dans notre chef, cela ne suppose pas de soutenir la mention particulière d'une religion, j'insiste.
L'élargissement suscite évidemment l'inquiétude en matière sociale, en matière d'emploi et en matière de comparaison salariale parce que ces éléments constituent la base même du risque que représente l'élargissement pour la partie la plus riche de l'Europe, à laquelle nous appartenons.
Je m'inquiète également en matière d'immigration. Dans ce domaine, la politique a un peu avancé, elle commence à être perçue comme une politique harmonisée, bien qu'insuffisante.
J'ai entendu la position du ministre Michel qui ne souhaite pas de quotas. C'est vrai que ceux-ci ne constituent peut-être pas une bonne formule. Il faudra pourtant clarifier, d'une façon ou d'une autre, la migration légale à l'intérieur de l'Europe.
Or, c'est seulement en ayant une vue claire des besoins d'actifs sur l'ensemble du territoire et des mouvements que cela peut supposer, et en y adaptant notre politique, que nous arriverons à surmonter le fait d'accueillir des illégaux, dont la plupart ne sont d'ailleurs pas expulsables, comme les Iraniens qui se trouvent à l'ULB et auxquels nous ne donnons aucune perpective légale.
Il vaudrait mieux considérer, sur ce point, la politique américaine d'un oeil positif et se dire que, peut-être, cette politique a trouvé une formule assez efficace qui consiste à donner une chance aux migrants qui le souhaitent, et à la donner répétitivement.
M. Louis Michel, vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères. - Je veux bien vous suivre dans ce débat-là jusqu'à un certain point. Encore faut-il - et c'est une des raisons pour lesquelles je ne suis pas très favorable et même opposé à la politique des quotas - que lorsqu'il y a un effet d'appel ou une offre de perspectives, cela ne revienne pas à attirer chez nous des catégories bien particulières de « matière grise ».
Il ne faut pas épuiser ou vider les ressources humaines de ces pays-là et, de ce fait, les appauvrir davantage. Il faut donc aussi faire attention à cet aspect des choses.
Mme Anne-Marie Lizin (PS). - Monsieur le ministre, vous êtes un peu démagogue.
M. Louis Michel, vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères. - Je vous répondrai avec le sourire que ces propos me « blessent » parce qu'ils émanent de quelqu'un « qui n'est jamais démagogique »...
Mme Anne-Marie Lizin (PS). - Ce mouvement des gens instruits existe. Il appauvrit encore les pays pauvres, mais il est inévitable.
Par conséquent, il y a parmi les illégaux actuels, privés de perspectives, des diplômés de haut niveau qui ne participent pas au marché du travail, notamment en termes de cotisations sociales et autres.
Le fait de ne pas aborder de front la question de la migration légale nous appauvrit à terme.
M. Louis Michel, vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères. - Je veux bien aborder la question de front mais, dans ce cas, il faut mettre en oeuvre une politique de coopération active dans les pays en question.
Mme Anne-Marie Lizin (PS). - Le débat sur l'élargissement est mené en termes plutôt géographiques. L'intérêt essentiel pour nous se situe sur les plans social et migratoire, qui sont les deux politiques pour lesquelles, en tant que socialistes, nous avons le plus grand intérêt.
Un autre aspect réside dans le renforcement de politiques keynésiennes de grands travaux. Cette orientation est excellente. Peut-être est-elle encore un peu trop hésitante ou trop faible et il conviendrait de la poursuivre, voire de la développer. Je rejoins ceux qui estiment qu'un taux de 3% constitue un critère un peu trop strict. En période difficile, une interprétation souple est peut-être plus efficace.
J'ai cité la Moldavie dans le débat sur l'OTAN. Si l'on retient ce qui a été dit à cette tribune dans le cadre de l'élargissement, je pense que nous pourrions proposer, moyennant votre accord, monsieur le ministre, la création d'un forum sur les frontières de cette nouvelle Europe. La Russie sera certainement l'un des interlocuteurs, mais il y en aura d'autres, plus petits, comme la Moldavie, qui sont à la recherche d'une structure d'État fédéral difficile à mettre en place. La Moldavie présente un grand intérêt pour la Russie puisque c'est la quatorzième armée qui compose la population de Tiraspol. La Russie a donc intérêt à ce que nous trouvions un accord pour la Moldavie et que ces deux pays puissent avoir de bonnes relations dans les prochains mois. Ce serait un sujet intéressant pour ce forum.
Je rappelle que le Kosovo et l'ensemble des Balkans, qui ne sont pas adhérents, doivent rester pour nous un sujet d'intérêt. En substituant un rôle de discussion à un rôle militaire, il serait certainement possible d'avancer.
Je propose également que notre commission des Affaires étrangères et de la Défense suggère au Président du Sénat et au ministre le contenu possible d'un tel forum, de manière à ce que nous puissions le tenir dans le courant de l'année prochaine.
Nous devrions également réfléchir en termes de frontière sud. C'est plus difficile, mais aussi plus attractif, dans le sens où l'Europe ne doit pas avoir la vision du président Bush, qui vend dans le monde entier aujourd'hui le War on Terror de CNN. Nous devons au contraire essayer de voir le futur du monde musulman en relation avec l'Europe, non pas en termes de War on Terror, mais de façon constructive, et examiner comment nous pourrions, dans ces pays, conforter le droit des femmes, faire progresser l'islam modéré.
J'ai lu que M. Rumsfeld proposait, dans une note qui ne devait pas être publique, un forum sur la question de savoir si les Américains ne devraient pas financer une fondation pour la diffusion de l'islam modéré. Il s'agit d'une idée qui, si elle ne doit pas être véhiculée sans finesse ni souplesse, ne doit pas non plus être un monopole outre-Atlantique.
Nous sommes géographiquement bien mieux situés pour comprendre ce que veut dire un islam modéré et l'intérêt qu'il y a à progresser et ce, d'autant plus qu'aujourd'hui, sur notre propre territoire, s'installent des pratiques de répudiation sous l'influence des fondamentalistes. Les pratiques les plus rétrogrades continuent à survivre dans nos pays et j'estime qu'il serait intéressant de lier les deux problèmes.
Les mouvements féminins ont perçu une sorte d'incompréhension ou de différence d'évolution dans les positions polonaises. Nous souhaitons, monsieur le ministre, que ces points qui visent l'une des valeurs fondamentales de l'Europe, à savoir l'égalité homme-femme, soient aussi soulignés à l'occasion de ce débat. L'Europe ne peut pas régresser en la matière. Nos nouveaux membres auront donc du chemin à parcourir. Si les droits politiques sont, en règle générale, respectés dans les nouveaux États membres, il n'y a pas encore d'égalité en ce qui concerne les droits sociaux. Il reste donc du pain sur la planche.
Je répète cependant que nous sommes favorables à l'élargissement et nous espérons que la CIG poursuivra dans la bonne voie.