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Sénat de Belgique

Annales

JEUDI 28 NOVEMBRE 2002 - SÉANCE DE L'APRÈS-MIDI

(Suite)

Questions orales

Question orale de Mme Marie Nagy au vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères sur «la situation en Colombie et les neuf mois de captivité d'Ingrid Betancourt» (nº 2-1145)

M. le président. - M. Didier Reynders, ministre des Finances, répondra au nom de M. Louis Michel, vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères.

Mme Marie Nagy (ECOLO). - Nous marquions hier 27 novembre le neuvième mois de captivité de notre collègue Ingrid Betancourt, également sénatrice, enlevée par les FARC. Les comités de soutien à Ingrid Betancourt ont organisé une conférence au Parlement européen et ils ont été reçus au Sénat, à la commission de l'Intérieur, laquelle doit vous transmettre symboliquement les 60.000 signatures de soutien recueillies à ce jour.

103 communes belges et 245 communes au total pour la Belgique, la France, l'Italie, l'Irlande et le Canada ont déclaré Ingrid Betancourt citoyenne d'honneur, marquant ainsi un énorme élan de solidarité et une inquiétude justifiée. L'enlèvement de civils en Colombie est un procédé inacceptable, tout comme les atteintes à l'État de droit et les massacres de civils perpétrés par tous les camps. Ces pratiques font obstacle à tout processus de paix, alors qu'il est clair que seule une négociation politique sérieuse pourra ramener la paix durable et la justice en Colombie.

Il semblerait que tout récemment le président colombien ait accepté, de même que les Forces armées révolutionnaires de Colombie, d'ouvrir un dialogue humanitaire pour libérer les otages. La France a proposé ses bons offices de facilitation. La Belgique a ici un rôle diplomatique à jouer pour mettre tout en oeuvre pour la libération d'Ingrid Betancourt et des autres civils détenus par les groupes armés, mais aussi pour inciter le plus rapidement possible à un véritable dialogue politique.

Quelle est l'attitude de la Belgique face à ce conflit et quant aux démarches diplomatiques entreprises vis-à-vis du gouvernement colombien ? La Belgique a-t-elle été sollicitée dans le cadre de la médiation qui a été entamée ? Une médiation au nom de la Belgique a-t-elle été proposée ?

M. Didier Reynders, ministre des Finances. - Je dispose d'une réponse préparée par le ministre des Affaires étrangères, lequel est actuellement en Afrique.

M. Michel partage la préoccupation de Mme Nagy relative à la situation des otages en Colombie. Il est également persuadé que seule la négociation est à même d'apporter une solution à la séquestration des civils et, de façon plus générale, à l'établissement d'une paix durable dans le pays. La situation de Mme Ingrid Betancourt a plus particulièrement retenu l'attention du département des Affaires étrangères qui n'est pas resté les bras croisés. Au contraire, il a multiplié les démarches tant au niveau belge qu'au niveau européen.

Le chef de cabinet du ministre des Affaires étrangères a reçu le mari d'Ingrid Betancourt ainsi que les responsables des comités de soutien qui sont à la base d'un remarquable travail de mobilisation et de solidarité internationale. L'administration des Affaires étrangères reste d'ailleurs en contact étroit avec ces comités.

Au niveau européen, la Belgique a soulevé, à deux reprises, la question des otages retenus en Colombie à l'occasion des groupes de travail du Conseil des ministres, cela afin de faire des propositions pour libérer les otages, en particulier Mme Betancourt. Elle y a reçu un accueil favorable des autres délégations européennes, de la présidence et du Conseil.

Les perspectives de libération d'Ingrid Betancourt et d'autres otages, initialement fort pessimistes, semblent aujourd'hui évoluer dans un sens plus favorable. Soyez assurée de l'intérêt porté par les Affaires étrangères et par le gouvernement belge à cette situation. Tout ce qui a pu être entrepris en faveur de Mme Betancourt l'a été et continuera à l'être.

La prudence est requise en diplomatie, singulièrement lorsqu'il s'agit de la sécurité d'otages et de faciliter leur libération. Vous comprendrez dès lors que nous ne révélerons pas toutes les démarches entamées tant sur le plan national qu'européen. Sachez cependant que le ministre des Affaires étrangères entretien des contacts étroits avec plusieurs de ses homologues et qu'il prendra toutes les initiatives qui s'imposent afin de contribuer à un dénouement heureux.

Mme Marie Nagy (ECOLO). - Je remercie le ministre pour la réponse qu'il a bien voulu me lire. Si j'ai bien compris, celle-ci va dans le sens d'une possibilité de soutien de la Belgique à la proposition de médiation, entamée par la France, en collaboration avec le gouvernement vénézuélien. J'espère que les propositions que la Belgique ne manquera certainement pas de faire pourront être réalisées étant donné tous les espoirs qui sont mis dans les pays européens et dans les pays considérés comme des pays neutres dans le conflit colombien.

M. le président. - Madame Nagy, je viens de demander à M. le greffier que les services me préparent un courrier à l'adresse du président de la République colombienne et du président du Sénat de Colombie. Je propose que vous participiez à la rédaction de cette lettre.

Mme Marie Nagy (ECOLO). - Je vous remercie M. le président.