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M. Paul Galand (ECOLO). - Cette question pourrait concerner la santé d'un grand nombre de nos concitoyens. En effet, une étude récente de Test Achat révèle une contamination microbienne d'un grand pourcentage des poulets crus vendus au détail.
On peut bien sûr discuter et critiquer l'étude sur le manque de précision concernant la distinction entre germes pathogènes ou non. Cependant, il n'y a pas de doute qu'il y a des déficiences et un manque de rigueur dans la chaîne du froid, et des manipulations entre l'abattage et la vente aux consommateurs.
Donc, le risque pour la santé des consommateurs existe réellement, spécialement vis-à-vis des possibilités de contaminations croisées entre aliments, principalement lorsque des règles strictes de précaution et d'hygiène ne sont pas respectées lors de la préparation de ces aliments.
Suite à cette étude, aux carences qu'elle révèle et à l'inquiétude justifiée des consommateurs pour leur santé, je ne doute pas que le gouvernement a pris et prendra les mesures qui s'imposent.
Je souhaite que Mme la ministre nous précise ces mesures visant à corriger les défaillances et à informer suffisamment le public des conduites adéquates à tenir.
Mme Magda Aelvoet, ministre de la Protection de la consommation, de la Santé publique et de l'Environnement. - L'article paru dans la revue Test Achat expose les résultats d'une étude mais pas l'étude complète. Mes services ont demandé à pouvoir disposer de celle-ci afin de l'analyser dans le détail. Ils vont la recevoir. Après analyse, nous pourrons en dire davantage. Pour l'instant, certains éléments de l'étude ne nous paraissent pas clairs : par exemple, quels sont les seuils qui ont été choisis pour définir comme dangereux les taux des germes présents ?
Nous savons qu'il y a des problèmes avec certains germes, particulièrement la salmonelle et le campylobacter.
L'Union européenne a défini une politique d'éradication de ces germes. Cependant, cela nécessitera une action intensive et d'une certaine durée. Nous discutons pour l'instant de la date limite à fixer pour l'éradication complète, le choix doit être fait entre 2008 et 2010. Quoi qu'il en soit, l'intention est d'y mettre les moyens nécessaires, ce qui distingue notre politique de celle des États-Unis qui consiste à accepter la contamination des animaux mais à ioniser ou à traiter par l'acide lactique les poulets sitôt abattus.
Quant aux abattoirs, en application de décisions européennes, nous avons instauré un système d'abattage logique. Les animaux provenant d'exploitations exemptes de contamination par ces deux germes pathogènes sont abattus en premier lieu, ceux provenant des autres exploitations viennent ensuite.
Cette pratique est appliquée depuis le début de l'année 2000.
On a aussi continué à améliorer les conditions hygiéniques au niveau des abattoirs. À partir du 8 juin 2002, l'exploitant d'un établissement de viande devra procéder à un contrôle régulier de l'hygiène générale en ce qui concerne les conditions de production dans son établissement, en mettant en place et en appliquant une procédure permanente élaborée conformément aux principes du système HACCP.
Lors de la présidence belge en 2001, nous avions fait une proposition pour avoir un suivi beaucoup plus poussé pour ce qui est des salmonelles dans toute la chaîne alimentaire « feed and food ». À l'heure actuelle, le contrôle des salmonelles est limité aux exploitations de reproducteurs grands-parents.
Une des principales causes de multiplication des germes est la rupture de la chaîne du froid. Les entreprises doivent veiller à garantir la chaîne depuis l'abattoir jusqu'au consommateur. Actuellement, cette garantie n'est pas suffisante.
Je voudrais aussi attirer l'attention sur le fait que le consommateur est aussi responsable. Lorsqu'on achète un poulet, par exemple, les conditions de transport sont parfois loin d'être idéales. Autre exemple : lors de la préparation du repas, tant dans les restaurants que dans les cuisines privées, on ne veille pas suffisamment à bien séparer poulet et légumes pouvant contenir des germes qui, bien que non pathogènes, peuvent néanmoins être présents en grande quantité.
Des mesures de plus en plus strictes ont été prises. Il reste la problématique de la chaîne du froid et celle de l'utilisation par le consommateur.
M. Paul Galand (ECOLO). - Je remercie la ministre de sa réponse. Je partage son point de vue quand elle dit que les législation belge et européenne vont dans une meilleure direction qu'aux États-Unis. Les règles sont donc assez bonnes.
Il conviendrait de rappeler régulièrement aux consommateurs les mesures de précaution à prendre. Hier, à la suite de l'enquête réalisée par Test Achat, ces mesures ont été rappelées à la télévision en quelques secondes. Un rappel épisodique serait le bienvenu soit à la télévision soit dans les lieux de distribution.
Pensez-vous que les moyens pour le contrôle de la continuité de la chaîne du froid sont suffisants ou devons-nous veiller à les renforcer étant donné qu'il s'agit du bien-être et de la santé des consommateurs ?
Mme Magda Aelvoet, ministre de la Protection de la consommation, de la Santé publique et de l'Environnement. - On constate de temps à autre des ruptures de la chaîne du froid. Mais, en l'occurrence, il s'agissait d'une étude réalisée sur 46 poulets alors que la consommation annuelle en Belgique est de 220 millions ; la moitié est importée de France. Il est impossible de contrôler autant de poulets ! Ce sont les entreprises qui doivent apporter les garanties suffisantes. Personne ne peut le faire à leur place.