Questions et Réponses

Sénat de Belgique


Bulletin 2-34

SESSION DE 2000-2001

Questions posées par les Sénateurs et réponses données par les Ministres

(Fr.): Question posée en français - (N.): Question posée en néerlandais


Ministre de la Protection de la consommation, de la Santé publique et de l'Environnement (Santé publique)

Question nº 1197 de Mme Thijs du 7 mars 2001 (N.) :
Personnes séropositives en Belgique. ­ Évolution.

En 1993, le nombre moyen de nouveaux cas de séropositivité a atteint un pic mensuel de 80. Depuis lors, on a constaté une légère baisse, ponctuée en 1998 d'un pic de 59 cas par mois, soit une moyenne de 2 nouveaux cas par jour. La diminution constatée était le résultat de l'administration de médicaments plus efficaces. Peut-être cela a-t-il suscité un faux sentiment de sécurité, car la diminution logique résultant des messages de prévention ne s'est pas poursuivie. D'après l'IPAC, la population n'était manifestement pas assez bien informée et c'est surtout chez les jeunes que les connaissances en matière de maladies sexuellement transmissibles restent insuffisantes.

C'est pourquoi j'aimerais poser les questions suivantes à l'honorable ministre :

1. Quel est le nombre mensuel moyen de nouveaux cas de séropositivité pour les années 1999 et 2000 ?

2. Quel est le nombre total de personnes atteintes du virus VIH depuis le début de la collecte des données et quelle en est la ventilation par sexe et par âge ?

3. Quelle est la répartition du nombre total de personnes infectées, par nationalité et par mode de transmission probable ?

4. Quelle méthodologie utilise-t-on pour collecter et traiter ces chiffres ?

5. Quel est l'organisme qui rassemble et traite ces données ?

6. Dans quelle mesure la vie privée des patients est-elle garantie ?

7. Quel est le pourcentage de personnes infectées par le virus VIH en Belgique par rapport aux autres pays de l'Union européenne ?

8. Quel budget l'honorable ministre prévoit-il pour les campagnes de prévention ?

9. Y a-t-il au sein de l'Union européenne une quelconque coordination au niveau des campagnes de prévention ?

Réponse : J'ai l'honneur de communiquer à l'honorable membre ce qui suit.

1. Au cours de l'année 1999, on a diagnostiqué en Belgique une moyenne mensuelle de 66 nouvelles infections VIH. Concernant les chiffres de 2000, vu les délais de notifications, ils ne seront disponibles que fin avril 2001.

2. Au 31 décembre 1999, et depuis le début de l'épidémie, un total de 12 956 personnes ont été reconnues infectées par le VIH. Pour 1 068 d'entre elles, les données étaient insuffisantes pour exclure un double enregistrement (ces personnes ne sont pas prises en compte pour les analyses). Il y a donc eu entre 11 888 et 12 956 infections VIH diagnostiquées depuis le début de l'épidémie. L'âge et sexe sont connus pour 11 396 patients (95,9 %).

On retrouve presque deux fois plus d'hommes que de femmes chez les personnes infectées. Le groupe d'âge le plus représenté est celui des 30-34 ans chez les hommes (1 605), et des 25-29 ans chez les femmes (1 137).

Catégorie d'âge Hommes Femmes
0-4 ans 188 151
5-9 ans 52 50
10-14 ans 29 19
15-19 ans 90 133
20-24 ans 662 667
25-29 ans 1 383 1 137
30-34 ans 1 605 862
35-39 ans 1 258 491
40-44 ans 796 244
45-49 ans 496 140
50-54 ans 325 56
65-69 ans 202 74
> 59 ans 212 74

3. La répartition des personnes infectées par nationalité et voies de transmission est donnée dans le tableau suivant :

Waarschijnlijke overdrachtswijze
­
Voie de transmission probable
Nationaliteit
­
Nationalité
Belg
­
Belge
Ander
­
Autre
Ongekend
­
Inconnue
Homo/biseksuele contacten. ­ Contacts homo/bisexuels 1 680 428 100
IV drugsgebruik. ­ Injection IV de drogue 170 268 38
Homo/biseksuele + IV drugs. ­ Homo/bisexuels + drogue IV 24 20 3
Hemofilie. ­ Hémophilie 23 6 5
Transfusie (*). ­ Transfusion (*) 100 190 11
Heteroseksuele contacten. ­ Contacts hétérosexuels 1 042 2 845 151
Moeder/kind. ­ Mère/enfant 70 160 40
Onbekend. ­ Inconnue 633 948 2 933
Totaal. ­ Total 3 742 4 865 3 281

(*) L'appartenance au groupe transfusion n'indique pas avec certitude que la contamination est secondaire à une transfusion : plus de la moitié des patients belges qui mentionnent une transfusion signalent aussi un risque par contacts hétérosexuels; l'information manque pour les autres patients. Parmi les 36 patients transfusés en Belgique, 34 l'ont été avant août 1985. Parmi les deux patients transfusés après cette date, une patiente a signalé des relations sexuelles avec un patient séropositif; dans le cas du second patient, transfusé en 1986, la séroconversion documentée du donneur est postérieure à la transfusion.

Parmi les personnes infectées dont la nationalité est connue se trouvent 43 % de Belges, 10 % d'Européens, 44 % d'Africains et 3 % de patients d'autres régions du monde.

4. Il existe en Belgique huit laboratoires de référence sida reconnus par le ministère de la Santé publique. Une de leurs tâches est de réaliser les tests de confirmation sur les sérums trouvés positifs lors d'un test de dépistage. Étant donné que seuls ces huit laboratoires sont financés pour réaliser ces tests, l'enregistrement des nouveaux séropositifs confirmés donne une image très complète du nombre total de séropositifs diagnostiqués en Belgique. En plus du nombre de personnes infectées, les laboratoires s'efforcent également de récolter des données de type épidémiologique à l'aide d'un formulaire standardisé envoyé à chaque médecin qui pose un nouveau diagnostic de séropositivité.

5. Toutes ces données, tant en ce qui concerne les séropositifs que les malades, sont validées et analysées par le service d'Épidémiologie de l'Institut scientifique de la santé publique (ISP).

6. L'information récoltée par les médecins traitants sous le couvert de la confidentialité est transmise aux laboratoires de référence sida qui procèdent à l'anonymisation des données. Ces données anonymisées sont ensuite transmises à l'ISP pour analyse et production de statistiques. La procédure utilisée garantit une protection optimale de la vie privée des patients.

7. Au niveau européen il n'y avait pas d'uniformisation d'enregistrement de personnes VIH avant l'année 2000 et la comparaison pour les personnes séropositives n'est donc pas possible avec d'autres pays. Par contre, l'enregistrement des données sida dans les pays de l'Union européenne se fait depuis 1983. La Belgique se distingue de bon nombre d'autres pays européens par une évolution épidémique plus lente et reste toujours parmi les pays les moins touchés d'Europe, avec des taux proches de ceux observés aux Pays-Bas et au Royaume-Uni.

8 et 9. Ces questions relèvent des compétences des communautés.