2-107

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Belgische Senaat

Handelingen

DONDERDAG 19 APRIL 2001 - NAMIDDAGVERGADERING

(Vervolg)

Mondelinge vraag van de heer Louis Siquet aan de minister van Consumentenzaken, Volksgezondheid en Leefmilieu en aan de minister van Sociale Zaken en Pensioenen over «de vaccinatie tegen meningitis en de mogelijke terugbetaling ervan» (nr. 2-566)

M. Louis Siquet (PS). - On a constaté plusieurs cas de méningites dans notre pays, plus précisément, dans ma commune. Certaines écoles ont été contraintes de fermer leurs portes jusqu'à plus ample informé. Cette maladie bactérienne et infectieuse peut être soignée à titre préventif par vaccination, moyennant prescription médicale. Le vaccin Meningitec coûte 1673 francs - multipliés par trois, puisqu'il faut trois doses - et il n'est pas remboursé par l'INAMI. Bon nombre de médecins se prononcent en faveur de la vaccination préventive, compte tenu des statistiques belges, de l'augmentation du nombre de cas enregistrés et des craintes éprouvées par les personnes dont un proche est frappé par la maladie Je voudrais connaître l'opinion du ministre au sujet de cette vaccination préventive et de son remboursement éventuel par l'INAMI.

M. Frank Vandenbroucke, ministre des Affaires sociales et des Pensions. - Un vaccin contre le méningocoque du type C, le Meningitec, est effectivement disponible sur le marché belge. Il coûte 1.673 F par dose et n'est pas remboursé par l'INAMI à l'heure actuelle.

Il est également correct de dire que notre pays a connu, cette année comme les années précédentes, plusieurs cas de méningite bactérienne. Certaines mesures prophylactiques - les mêmes que dans le passé - ont été prises en vue de réduire le risque de transmission dans l'entourage des personnes infectées.

Cependant, même si la méningite est sans aucun doute une maladie terrible, qui frappe brutalement, souvent des enfants, et peut avoir des conséquences graves allant jusqu'à la mort, il est de notre devoir de rester objectifs, d'apporter les nuances nécessaires, éventuellement en vue de prendre les décisions qui s'imposent.

Tout d'abord, il importe de stipuler qu'il y a une différence considérable entre la « méningite » et la « méningite causée par le méningocoque de type C ». En effet, différents pathogènes - aussi bien virus que bactéries - peuvent causer la méningite. Une méningite bactérienne est souvent plus grave qu'une méningite virale en termes de séquelles et de taux de mortalité. Parmi les bactéries, il y l'Hemophilus influenzae, le pneumocoque et le méningocoque. Le type C n'est qu'un type de méningocoque. Dans notre pays, le méningocoque de type B est et reste le pathogène bactérien le plus important, même si le type C est en augmentation. Contre le type B, il n'existe aucune possibilité de vaccination.

Les données provenant de l'Institut Scientifique de la Santé publique indiquent, pour 1991, 96 cas de méningite par méningocoque, dont 13% par le sérotype C et pour 1994, 133 cas dont 11% de type C ; pour 1997, 13% des cas de méningite étaient de type C. Pour 1999, 297 cas ont été enregistrés dont 28% de type C et pour 2000, 267 cas dont 33% de type C. Pour 2001, sur 105 échantillons, le laboratoire de référence a identifié 46 sérotypes C, soit 44%, mais il ne s'agit là que de données partielles, portant sur les premiers mois de l'année.

Toujours selon l'ISP, il y a eu en 2001, sur l'ensemble du pays, treize décès suite à une méningite par méningocoque, dont 6 par le type B et 7 par le type C. La mortalité causée par la méningite par méningocoque est donc toujours de l'ordre de 5%.

Ces chiffres indiquent une augmentation globale des cas de méningite causés par méningocoque et parallèlement, une augmentation de la proportion de cas de type C. Ils montrent également la place prédominante que le type B continue à occuper, où il n'y a aucune possibilité de vaccination.

Compte tenu de ces données et au vu de l'expérience de la Grande-Bretagne où une diminution importante des cas de méningite de type C est enregistrée suite à la vaccination de masse entreprise en novembre 1999 - entre janvier et septembre 2000, on a constaté 24 cas de méningite C parmi les jeunes de 15 à 17 ans contre 101 cas attendus et parmi les enfants nés en 1998, 37 cas contre 56 cas attendus -, il est tout à fait légitime de s'interroger sur l'opportunité de procéder à une vaccination.

Je tiens cependant à souligner que la Grande-Bretagne est le seul pays au monde à pratiquer ce type de vaccination de masse, que l'Organisation Mondiale de la Santé ne recommande pas à l'heure actuelle. Par ailleurs, pour atteindre ces résultats, il a fallu vacciner près d'un million et demi de jeunes enfants - à raison de trois doses par enfant - et adolescents, ces derniers ne nécessitant qu'une seule dose par personne.

Une décision concernant une vaccination de masse ne peut donc être prise à la légère, vu la taille des groupes cible : une telle vaccination ne peut dans aucun cas être improvisée, même si d'importantes pressions sont exercées en ce sens. Je ne me réfère ici pas uniquement au coût total potentiel, mais aussi aux aspects d'organisation.

Je me joins donc à l'avis du Conseil Supérieur d'Hygiène qui demande aux autorités sanitaires de mieux documenter la mortalité et la morbidité liées aux infections liées aux méningocoques. Une évaluation des conditions opérationnelles et économiques pour une utilisation du vaccin anti-méningocoque C conjuguée dans le cadre de la politique vaccinale des enfants et des adolescents doit être réalisée, en positionnant ce vaccin parmi l'ensemble des nouveaux vaccins disponibles.

La Conférence interministérielle de la Santé publique de mars 2000 a mis sur pied un groupe intercabinets chargé d'étudier les questions liées à la vaccination. Ce groupe, qui se réunit encore ce mois-ci, me semble constituer le forum le plus approprié pour débattre de ce problème.

Je tiens également à signaler à l'honorable membre qu'à la suite des nombreuses interrogations apparues dans le corps médical en conséquence de l'angoisse accrue des parents, le Conseil supérieur d'Hygiène a jugé opportun de rédiger une lettre destinée au corps médical. Il y recommande de présenter cette vaccination à tous les parents, et plus particulièrement, de proposer la vaccination aux enfants âgés de plus d'un an et aux adolescents jusqu'à l'âge de dix-neuf ans, pour lesquels une seule dose de vaccin suffit. Le CSH stipule également que la promotion correcte de ce vaccin auprès de tous les parents doit en présenter les limites afin de ne pas induire le faux espoir d'une protection absolue contre « la » méningite.

M. Louis Siquet (PS). - Je remercie le ministre pour sa réponse précise. Je voudrais savoir si une prise en charge par l'INAMI est envisageable à l'avenir.

M. Frank Vandenbroucke, ministre des Affaires sociales et des Pensions. - Je vous ai répondu quant au fond de la question. Il faut se prononcer de manière objective sur, d'une part, la plus-value en termes de santé publique pouvant découler du remboursement de ce vaccin, et, d'autre part, sur la problématique qui se pose.

J'ai voulu insister sur la confusion qui existe quant au type de méningite dont il s'agit. On confond en effet les types B et C. De fortes pressions sont certes exercées, mais elles ne sont pas basées sur des données objectives. C'est la que se situe le problème. J'ai donc voulu, dans ma réponse, décrire la situation et positionner la problématique de la méningite C dans le contexte global. Ces éléments doivent être pris en compte avant d'envisager un quelconque remboursement. Comme je l'ai dit, un groupe interministériel étudie actuellement ces question. Je ne puis me prononcer sur les conclusions qu'il adoptera.