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Sénat de Belgique

Annales parlementaires

JEUDI 30 MARS 2000 - SÉANCE DE L'APRÈS-MIDI

(Suite)

Question orale de M. Philippe Monfils au ministre de l'Intérieur sur «la réquisition de locaux au château de Sclessin en vue de l'Euro 2000» (n° 2-206)

M. Philippe Monfils (PRL-FDF-MCC). - Nous avons appris tout récemment que l'ASBL de formation théâtrale Antoine Vitez, qui occupait des locaux au château de Sclessin à Liège, avait été priée de quitter les lieux pour permettre d'y installer des cachots pour d'éventuels hooligans, arrêtés à l'occasion des matches de l'Euro 2000.

Même s'il n'a pas participé lui-même aux négociations, le ministre peut-il me dire comment et par qui cette décision a été prise ?

Comment se fait-il qu'une telle décision n'ait pas été accompagnée d'une réflexion portant sur l'installation de ces cachots dans d'autres locaux que ceux de cette ASBL ou sur le déplacement de cette dernière, qui s'occupe actuellement de la formation artistique de près de 150 jeunes ?

Ne trouvez-vous pas cette mesure d'éviction sans solution de rechange particulièrement brutale ?

D'une manière générale, ne pensez-vous pas que des mesures comme celles-là, qui sacrifient des éléments culturels sur l'autel sécuritaire, sont de nature à décourager une grande partie de la population et à lui faire porter un jugement négatif sur ce qui devrait être une fête du football, mais au-delà, une fête pour tous les Belges?

M. Antoine Duquesne, ministre de l'Intérieur. - Monsieur Monfils, je connais votre passion pour la culture et les sports en général ainsi que votre respect de l'État de droit et des prérogatives de chacun. Vous ne serez donc pas étonné que je vous dise que je suis un ministre de l'Intérieur démocrate et respectueux de l'État de droit. Je n'ai dès lors nulle intention de me substituer aux autorités liégeoises.

Que s'est-il passé dans cette affaire ? Il est vrai que nous devons prendre des précautions particulières dans le cadre de l'organisation de l'Euro 2000. Nous devons prévoir l'éventualité d'arrestations administratives nombreuses. J'espère néanmoins que ce ne sera pas le cas. Hier, à l'occasion du match Belgique - Pays-Bas, il n'y a pas eu plus d'une cinquantaine d'arrestations. Il s'agit d'un résultat remarquable. Lors de nombreux matches comparables, on a pu relever entre 400 à 500 arrestations administratives.

Il faut pouvoir faire face à toutes les éventualités. Les autorités locales de police, en collaboration étroite avec la cellule mixte de renseignements et de coordination, ont cherché en divers endroits du territoire belge des locaux possédant une capacité d'accueil suffisante permettant de recevoir temporairement les personnes arrêtées administrativement ou judiciairement lors de l'Euro 2000.

Les autorités locales de police, dont le bourgmestre est le chef, ont proposé pour la région de Liège d'aménager temporairement le château de Sclessin comme centre pour personnes arrêtées de même que des locaux dans les quartiers de gendarmerie de Saint-Léonard et Vottem, dans l'hôtel de police ainsi que dans le stade de Sclessin même. Ces endroits ont été repris sur une liste provisoire de centres pour personnes arrêtées au niveau national.

Pour le château de Sclessin, il n'est prévu qu'une faible capacité d'accueil, à savoir une cinquantaine de personnes. Ce sont les autorités locales qui doivent répondre à la question de savoir si elles ont besoin de cette capacité supplémentaire. Il n'y aura en effet pas, comme vous le laissiez entendre, que des arrestations auxquelles la gendarmerie procédera, certaines seront également effectuées par la police locale. Les tâches ont en effet été réparties.

Je n'ai donc aucune objection à ce que l'on supprime le château de Sclessin de cette liste pour autant que les autorités locales marquent leur accord. Il s'agit effectivement de leur problème. Je sais qu'elles ont, par ailleurs, en tant que propriétaires du château, des problèmes avec leurs locataires. De nouveau, ce n'est pas mon problème, mais le leur.

Tant la nécessité de disposer de locaux suffisants que la question de savoir où ils doivent être installés sont du ressort de l'autorité locale, tout comme l'exercice d'activités culturelles sur le territoire de la ville de Liège ou les relations qu'elle entretient, en tant que propriétaire, avec son locataire. Je crois dès lors que vous devriez plutôt adresser cette question au bourgmestre de Liège.

M. Philippe Monfils (PRL-FDF-MCC). - Je remercie le ministre de l'Intérieur de ces renseignements. Je suis en tout cas rassuré en ce qui concerne la manière dont les propositions d'organisation se font sur l'ensemble du territoire belge, en l'occurrence wallon et liégeois.

Les faits avaient été présentés de manière quelque peu différente par certaines autorités communales. On laissait en effet volontiers sous-entendre que les choix étaient, si pas orientés, presque décidés par l'autorité supérieure. C'est la raison pour laquelle je vous ai posé la question.

Vous répondez que, pour autant que les capacités nécessaires d'accueil pour les arrestations tant de la gendarmerie que de la police soient suffisantes, tout pouvait convenir. Il revient donc aux autorités communales de revoir leur plan d'implantation, de prendre les mesures qui s'imposent et de tenir compte du maintien de cette école.

Je suis tout à fait rassuré en ce qui concerne la position du ministère de l'Intérieur. Nous allons continuer le débat au niveau des autorités communales.

M. Antoine Duquesne, ministre de l'Intérieur. - Quand vous dites que tout est possible, monsieur Monfils, c'est peut-être un peu excessif. En la matière, des conditions de sécurité doivent être remplies. Il est vrai que les sites sont recherchés de concert par l'ensemble des autorités, mais il n'y a certainement aucune intervention autoritaire dans le choix des endroits. Il faut étudier les capacités, voir ce qui est nécessaire et décider des endroits les plus appropriés, notamment en matière de sécurité.