(Fr.): Question posée en français - (N.): Question posée en néerlandais
Le 19 juin, vous avez participé, en tant que secrétaire d'État à la Coopération au Développement, à une conférence nationale de la « société civile » au Congo. C'est déjà votre troisième visite au Congo, l'ancien Zaïre, en six mois. En outre, pendant cette visite, vous avez eu des contacts avec les nouvelles autorités congolaises et vous vous êtes entretenu avec elles de la coopération belge au développement. Vous partez très justement du principe que la paix et le développement sont indissociables. Récemment, vous avez déclaré dans les médias que votre politique vise à soutenir les processus de démocratisation.
Dans le supplément du week-end intitulé « De Bijsluiter » du journal De Morgen du 7 juin 1997, j'ai trouvé un article intéressant sur les (nouveaux) dirigeants du continent africain. En voici quelques larges extraits reproduisant les propos d'un diplomate occidental possédant une longue expérience de l'Afrique : (traduction) « Certains gouvernements occidentaux, parmi lesquels le gouvernement belge, ne savent pas très bien quelle attitude adopter à l'égard de cette nouvelle Afrique. Jadis, c'était facile. La vieille garde de despotes voulait tout simplement avoir notre argent. En contrepartie, nous réclamions la démocratisation. (...) L'exigence de la démocratisation était pour nous un moyen d'apaiser notre conscience, et les chefs d'État africains amis étaient fin prêts à s'y conformer et à jouer la comédie s'ils pouvaient par ailleurs continuer à se remplir les poches. De nos jours, c'est beaucoup plus difficile. Lorsqu'on a affaire à des personnages non corrompus, on dispose d'une marge de manoeuvre beaucoup plus étroite pour exercer une influence. (...) Les intéressés ne sont plus disposés à obéir à la moindre de nos injonctions. (...) Nous devons réfléchir sérieusement au problème. Car il est clair que la tactique de certains, comme le secrétaire d'État Moreels ou la commissaire européenne Emma Bonino, qui poussent les hauts cris en invoquant les droits de l'homme, est inopérante. Tôt ou tard, ces dirigeants se rebifferont. La question que nous devons nous poser est, une fois de plus, de savoir si notre propre modèle est bien la panacée pour le reste du monde. Ces nouveaux dirigeants estiment que la démocratie a échoué en Afrique et proposent de la remplacer par ce que l'on est convenu d'appeler un « good government ». Pas la démocratie, mais pas non plus de violation flagrante des droits de l'homme. Ce qui les intéresse, c'est la stabilité et le progrès économique. De plus en plus de pays occidentaux sont prêts à accepter un tel système comme substitut valable de la démocratie. »
J'aimerais que l'honorable secrétaire d'État réponde aux questions suivantes :
1. Comment réagit-il à l'accusation selon laquelle nous aurions pratiqué jusqu'il y a peu un marchandage, nos pays donnant de l'argent à des dictateurs qui se seraient ainsi rempli les poches, et ce en échange d'un simulacre de démocratie ?
2. Que pense-t-il de l'affirmation du diplomate en question selon laquelle la tactique qui vise à obtenir une démocratisation des pays en développement est inopérante ?
3. Que pense-t-il de la tension qui surgit lorsque nous transposons notre propre modèle dans le reste du monde ? Quelle est son attitude face à ces tensions ?
4. Sait-il par expérience que ces nouveaux dirigeants ne recherchent effectivement pas la démocratie, mais exercent ledit « good government » (pas de démocratie, mais pas non plus de violation flagrante des droits de l'homme) ?
5. Le diplomate en question termine en disant que de plus en plus de pays occidentaux sont prêts à accepter ce « good government » comme substitut valable de la démocratie. Peut-il le confirmer ? Y a-t-il un consensus entre les pays européens à ce sujet ? Quelle est l'attitude du gouvernement belge en la matière ?