Questions et Réponses

Sénat de Belgique

SESSION DE 1996-1997


Bulletin 1-42

8 AVRIL 1997

Questions posées par les Sénateurs et réponses données par les Ministres

(Fr.): Question posée en français - (N.): Question posée en néerlandais


Ministre des Affaires sociales

Question nº 94 de M. Anciaux du 21 février 1997 (N.) :
Influence néfaste du lobby pharmaceutique sur la situation financière de la Belgique.

Une étude de l'institut international de recherche I.M.S. a révélé qu'en 1996, nous avons dépensé quelque 8 milliards de francs en antidépresseurs, calmants, somnifères, etc., alors qu'aux Pays-Bas ce montant est de 5,9 milliards seulement. L'État belge a dépensé 793 francs par habitant en antidépresseurs. Selon divers experts, cette différence sensible entre la Belgique et les Pays-Bas résulte de la surconsommation qui sévit chez nous en raison de la pléthore de généralistes et de spécialistes ! On souligne aussi qu'en assaillant les médecins de ses produits, le lobby pharmaceutique les conditionne à prescrire ces médicaments. Le lobby pharmaceutique ferait fortement pression aussi sur les responsables politiques. Ces prescriptions inconsidérées entraînent des conséquences financières non négligeables pour la collectivité. Ainsi, le Prozac, l'antidépresseur le plus connu en Belgique, est-il un médicament de type B, de sorte que le patient ne doit en réalité payer que 25 % de son prix. Il se fait rembourser le solde par sa mutuelle, c'est-à-dire par la collectivité.

J'aimerais que l'honorable ministre réponde aux questions suivantes :

1. La prescription inconsidérée de médicaments somme toute puissants n'est assurément pas un des objectifs de notre politique de santé. Quelles mesures l'honorable ministre prendra-t-elle pour freiner, à l'avenir, la consommation inutile de médicaments ? Quelles initiatives a-t-elle déjà prises à cet effet ?

2. N'estime-t-elle pas que, dans certains cas, il y aurait lieu de réduire la part du prix d'un médicament remboursée par la mutualité, et donc, par la collectivité, et ce afin de combattre la surconsommation ?

3. N'est-elle pas d'avis qu'il faudrait sévir à l'égard des médecins et des spécialistes manifestement atteints de « prescrivite aiguë » ?

4. Peut-elle confirmer que le lobby pharmaceutique exerce de fortes pressions ? Comment la société pharmaceutique américaine Lilly, qui produit le Prozac, a-t-elle pu imposer qu'en Belgique ce médicament se vende à un prix supérieur à celui des pays limitrophes ?


Réponse : En réponse à la question de l'honorable membre, je crois devoir communiquer ce qui suit.

Dans le cadre du projet « Pharmanet », il sera envoyé à chaque prescripteur individuel une évaluation de son comportement en matière de prescription. Dans ce rapport, il sera comparé à d'autres confrères de la même région et appartenant au même groupe de spécialisation tel que celui des psychiatres. Ce procédé a un effet à la fois préventif et éducatif.

Des réunions de consensus au sujet de thèmes pharmacothérapeutiques déterminés seront organisées simultanément. Le Comité d'évaluation du comportement en matière de prescription de médicaments a déjà donné une première impulsion à l'organisation, au cours de l'année 1997, d'une réunion de consensus. Au niveau local seront organisés des « peer reviews » permettant aux groupes locaux d'évaluation médicale d'examiner et, le cas échéant, de résoudre les problèmes relatifs à la prescription de médicaments.

Dans le cadre des bases de remboursement élevées, on insiste constamment auprès des firmes pharmaceutiques pour qu'elles acceptent le prix le plus bas possible. Cela se fait toujours à la demande du Conseil technique des spécialités pharmaceutiques.

En ce qui concerne la spécialité Prozac, la firme Eli Lilly Benelux a accepté d'en diminuer le prix qui passe de 1 490 francs à 1 398 francs pour le conditionnement de 28 capsules. Étant donné que le traitement d'une dépression dure au moins quelques mois, le remboursement du conditionnement de 14 capsules est supprimé. Il s'ensuivra une économie pour l'assurance soins de santé et indemnités.