(Fr.): Question posée en français - (N.): Question posée en néerlandais
La Chine considère la délivrance d'un visa à un habitant de Taiwan comme un acte politique. En effet, lorsqu'un pays déterminé délivre un visa à un habitant de Taiwan, la Chine ne manque pas de lui faire part de son mécontentement à ce sujet. Qui plus est, une trop grande cordialité à l'égard de Taiwan risque d'affecter gravement les relations avec la Chine. La Belgique s'est trouvée elle aussi confrontée à une attitude, condamnable à mes yeux, lorsque M. John Chang, le ministre taiwanais des Affaires étrangères, s'est rendu en Belgique pour une visite informelle. De plus, la Chine ne tolère la présence d'aucun représentant taiwanais dans les pays avec lesquels elle entretient des relations diplomatiques. Taiwan, par contre, souscrit au principe équitable que les deux pays doivent pouvoir coexister. Marie Henckaerts, l'auteur du livre intitulé « The International Status of Taiwan in the New World Order », est d'avis que lors de rencontres telles que celles de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe, l'Union européenne doit adopter une position commune sur le problème de l'octroi de visas aux ressortissants taiwanais. Cet auteur considère en effet que les différents pays se laissent monter les uns contre les autres et que la Chine sanctionne tous ceux qui sortent du rang. L'adoption d'une position commune ne lui en laisserait plus guère l'occasion.
L'honorable ministre des Affaires étrangères pourrait-il fournir une réponse aux questions suivantes :
1. À combien de Taiwanais la Belgique a-t-elle délivré un visa en 1995 et 1996 ? Pour l'octroi de visas, le gouvernement belge tient-il compte de la position de la Chine ?
2. Dans ses relations avec Taiwan et son attitude générale vis-à-vis de ce pays, l'État belge se laisse-t-il guider par l'attitude impérialiste de la Chine ou s'oppose-t-il à un tel jeu d'influence ? Le gouvernement belge autorise-t-il Taiwan à ouvrir une ambassade officielle sur le territoire belge ?
3. L'honorable ministre partage-t-il l'avis de Marie Henckaerts selon lequel il serait souhaitable d'adopter au niveau européen une position commune concernant le problème de l'octroi de visas aux Taiwanais ainsi que d'autres problèmes découlant des velléités expansionnistes de la Chine ?
4. Quelles mesures l'honorable ministre a-t-il déjà prises en vue d'améliorer la position de Taiwan sur le plan international ? Quelles mesures compte-t-il prendre à cette fin dans l'avenir, ou bien partage-t-il la manière de voir des autorités chinoises ?
Réponse : 1. En 1995 et 1996, respectivement 1 628 et 1 337 visas ont été délivrés à des ressortissants taiwanais par notre agent consulaire à Taipei. Les ressortissants taiwanais sont soumis à l'obligation de visa par l'ensemble des États membres de l'Union européenne et des États Schengen, y compris la Belgique.
2. Depuis 1971, la république populaire de Chine a une ambassade à Bruxelles. Taiwan dispose en Belgique d'un Office économique et culturel de Taipei, institution de droit privé. La Belgique, quant à elle, dispose à Taipei d'une « Belgian Trade Association », également de statut privé. La Belgique et Taiwan ont de multiples relations dans les domaines économique, commercial et culturel.
3. Notre politique de visa à l'égard de Taiwan est en accord avec celle de l'Union européenne et de l'Espace Schengen.
4. Depuis 1971, seul le gouvernement de la république populaire de Chine représente la Chine aux Nations unies; en outre, la Chine est membre du Conseil de sécurité. Dans l'état actuel des choses, il est donc plus que probable que la république populaire de Chine imposerait un veto à toute résolution visant à réintégrer Taiwan au sein de l'Organisation des Nations unies. La Belgique ne reconnaît qu'une seule Chine.