(Fr.): Question posée en français - (N.): Question posée en néerlandais
L'hebdomadaire militaire VOX , nº 9535, p. 14, a publié un article sur la force aérienne chilienne, intitulé « Les Tigres de Cero Moreno ». Cet article commence par fournir brièvement un aperçu historique complet à propos de l'unité de vol Grupo Nº 7 de la force aérienne chilienne, aperçu qui va jusqu'au coup militaire de 1973 perpétré contre le régime élu démocratiquement du président Allende, qui trouva la mort au cours de celui-ci. J'ai été tout à fait stupéfait de constater que la citation de l'actuel major Lopez était reprise telle qu'elle avait été formulée. En voici les termes : « Le 11 septembre 1973, notre groupe de vol (Grupo Nº 7) a reçu l'ordre de bombarder le bâtiment gouvernemental La Moneda (...). (...) Le pays était enfin libéré du régime communiste et optait pour une démocratie offrant un niveau de vie plus élevé. Le bombardement que nous avons effectué constitue l'un des piliers de l'histoire du Chili, et nous sommes fiers qu'il figure à notre palmarès ! ». L'auteur de cet article poursuit cette citation avec les mots suivants : « L'année d'après, le Grupo Nº 7 épinglera un autre fait de bravoure. »
L'honorable ministre connaît-il cet article ? Estime-t-il qu'il faille réserver, dans VOX , une place pour réécrire l'histoire ? Pour autant que je sache, le Chili n'est pas devenu « démocratique » sous Pinochet, loin de là. L'honorable ministre estime-t-il que, lorsque l'on fait état de tels « faits de bravoure », il faut le faire sans s'embarrasser de sens critique ?
Réponse : L'honorable membre est prié de bien vouloir trouver ci-dessous la réponse à ses questions.
1. J'ai pris connaissance de l'article paru dans VOX sous le titre « Les Tigres de Cerro Moreno ».
2. Je suis d'avis que l'hebdomadaire VOX ne peut être le lieu où l'on réécrit ou falsifie l'histoire. Il convient cependant de faire remarquer à l'honorable membre que l'article en cause ne réécrit pas l'histoire, mais donne la parole à un officier chilien qui fait lui-même l'apologie du coup d'État militaire qui, en 1973, renversa le président Allende démocratiquement élu.
3. Je désapprouve l'article en cause. Il est, en effet, inacceptable que son auteur rapporte les propos d'un commandant d'escadrille sans prendre, par rapport à ceux-ci, l'indispensable recul critique, donnant même l'impression de considérer que l'attaque du palais présidentiel de « La Moneda » constitue un « fait de bravoure ». C'est pourquoi j'ai, dès la parution de cet article, fait part de ma réprobation à la rédaction de VOX. Celle-ci a, dans le numéro suivant, fait paraître un rectificatif rédigé comme suit :
« Soyons clairs...
Dans notre dernière édition du VOX, nous avons publié un article sur l'histoire mouvementée du Grupo nº 7 de la force aérienne chilienne. Nous y donnions la parole au major chilien qui vantait la participation de son escadrille au coup d'État militaire de 1973 dans son pays.
Cet article a créé chez certains lecteurs la fausse impression que la rédaction approuvait le coup d'État du général Pinochet.
La rédaction condamne toute intervention militaire dans des régimes démocratiques.
Le coup d'État de 1973 a renversé le régime élu démocratiquement de Allende pour mettre en place une dictature militaire coupable d'excès extrêmement douloureux qui ont choqué toute la communauté internationale. Depuis 1990, un gouvernement civil est revenu au pouvoir suite à des élections démocratiques. »
4. Je tiens à rappeler que je n'ai ni les moyens ni le désir de m'ériger en censeur des publications des forces armées. C'est la raison pour laquelle chaque numéro de VOX précise : « VOX laisse aux auteurs l'entière responsabilité de leurs articles. Les articles figurant dans cette revue ne représentent donc pas nécessairement l'opinion ou la politique des forces armées. » Cependant, il appartient au ministre de sanctionner les responsables des fautes professionnelles commises dans le cadre de cette revue.