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SÉANCE DU JEUDI 12 FÉVRIER 1998 |
VERGADERING VAN DONDERDAG 12 FEBRUARI 1998 |
M. le président. L'ordre du jour appelle la question orale de Mme Willame au vice-Premier ministre et ministre de l'Économie et des Télécommunications.
La parole est à Mme Willame.
Mme Willame-Boonen (PSC). Monsieur le président, le passage à l'an 2000, qui n'est pas vraiment une nouvelle, représente un véritable problème au niveau du traitement informatique des dates. En effet, au moins 80 % des ordinateurs renferment un calendrier interne fonctionnant à partir des deux derniers chiffres de l'année. Seuls le deuxième 9 et le 8 de 1998 sont pris en compte par l'ordinateur qui en fait automatiquement l'année 1998. Si l'on ne modifie pas ce système, l'ordinateur considérera l'an 2000 comme étant l'an 00, soit 1900, l'an 2001, sera assimilé à l'an 1901, et ainsi de suite.
Ce problème ne se limite pas aux seuls ordinateurs. Il s'étend aux différentes puces incorporées dans les ascenseurs, lecteurs de vidéos, systèmes de climatisation, chaînes de montage, fax, etc. Le passage à l'an 2000 pourrait donc avoir des répercussions néfastes sur l'activité économique à travers le blocage ou le dysfonctionnement des différents appareils et systèmes informatiques et automatiques. Imaginez par exemple les conséquences de telles perturbations dans une chaîne de montage ou au sein du système informatique des banques !
Le problème informatique du passage à l'an 2000 a été placé par la Grande-Bretagne parmi les priorités du sommet du G 8 de Birmingham en mai prochain. Avec les États-Unis, ce pays a été l'un des premiers à inciter les entreprises à prendre des mesures préventives à travers son projet Task 2000.
Au niveau européen, par contre, l'attention semble davantage focalisée sur le passage à l'euro et les nécessaires adaptations informatiques que cela entraîne.
Monsieur le vice-Premier ministre, des mesures sont-elles prévues en Belgique pour s'assurer que les adaptations nécessaires au passage à l'an 2000 seront effectuées par nos entreprises ? Si oui, quelles sont-elles ? Dans la négative, ne faudrait-il pas envisager des initiatives visant à éviter le risque de dysfonctionnement de l'économie belge à la suite de perturbations informatiques ?
Des mesures sont-elles envisagées par les entreprises afin d'adapter les systèmes informatiques et automatiques de tous les appareils ménagers de la vie quotidienne, ou simplement d'informer leurs clients de moyens permettant d'éviter, par exemple, le dysfonctionnement de leurs ascenseurs, du système de climatisation, de leurs lecteurs de vidéos ou réveille-matin dont la programmation initiale n'a pas prévu le passage à l'an 2000 ? Si cela ne devait pas être le cas, ne faudrait-il pas attirer l'attention des entreprises sur ce problème ? Quels recours auront les citoyens en la matière ?
Il s'agit d'une vaste question, monsieur le vice-Premier ministre, à laquelle vous pourrez sans doute déjà nous donner un début de réponse.
M. le président. La parole est à M. Di Rupo, vice-Premier ministre.
M. Di Rupo, vice-Premier ministre et ministre de l'Économie et des Télécommunications. Monsieur le président, je tiens à remercier Mme Willame de cette question extrêmement importante.
Je dois avouer que je ne m'étais pas concentré sur le problème des réveille-matin à l'aube de l'an 2000. La plupart d'entre nous seront occupés à fêter comme il se doit la nuit du 31 décembre 1999 et ne seront dès lors pas perturbés outre mesure par ce décalage. Il n'empêche que ce problème illustre une réalité plus sérieuse.
Vous avez raison, madame, d'indiquer que bon nombre de systèmes informatiques n'ont pas prévu ce passage à l'an 2000. Voici déjà quelques années que l'Union européenne et d'autres instances internationales se préoccupent de ce problème. Nous avons pu constater avec une relative consternation qu'un certain nombre de systèmes utilisés par les institutions les plus importantes ne prévoyaient pas ce passage à l'an 2000, ce qui entraînera une modification substantielle de toute la programmation. Ces transformations coûteront plusieurs centaines de milliards de francs à l'échelle mondiale.
En ce qui concerne la Belgique, à la suite d'un Conseil des ministres des Télécommunications qui s'est tenu voici environ un an et demi, j'ai pris l'initiative de sensibiliser toutes les administrations et les fédérations industrielles du pays à cette problématique. La plupart d'entre elles ont répondu qu'elles s'activaient, chacune dans leur secteur, à surmonter cette difficulté.
En outre, le gouvernement a décidé d'organiser un forum, intitulé « Forum millénaire 2000 », qui rassemblera tous les acteurs du monde informatique ainsi que les producteurs d'appareils faisant appel à des systèmes informatiques ou autres se référant à des dates. L'objectif de ce forum sera de poursuivre la sensibilisation des secteurs concernés, d'assurer un suivi des transformations dans notre pays, de promouvoir les formations qui s'imposent dans certaines entreprises et, enfin, de résoudre les éventuels problèmes juridiques qui pourraient surgir.
En conclusion, ce forum organisé par le gouvernement est donc un catalyseur que nous comptons utiliser pour accélérer les modifications indispensables.
J'espère que votre question, madame Willame, aura contribué à sensibiliser davantage les personnes concernées par ce problème.
M. le président. La parole est à Mme Willame pour une réplique.
Mme Willame-Boonen (PSC). Monsieur le président, je remercie M. le vice-Premier ministre de sa réponse. J'y ai surtout relevé l'aspect de la sensibilisation et celui de la formation, mais je ne suis pas tout à fait rassurée quant à la faisabilité technique et aux problèmes juridiques que ces modifications vont entraîner.
M. le président. La parole est à M. Di Rupo, vice-Premier ministre.
M. Di Rupo, vice-Premier ministre et ministre de l'Économie et des Télécommunications. Monsieur le président, l'inquiétude est parfois source de stimulation.
Je puis vous dire, madame Willame, que le gouvernement a déjà agi et qu'il continuera à le faire.
En ce qui concerne les transformations techniques, il appartient bien entendu aux utilisateurs de faire appel aux experts en la matière. Certes, il n'est pas aisé de recruter des informaticiens tant ils sont demandés actuellement sur le marché de l'emploi.
Le gouvernement ne peut se substituer aux professionnels. Son rôle est de sensibiliser les secteurs concernés et de favoriser la collaboration entre utilisateurs et professionnels afin que soient apportés les changements qui s'imposent.
M. le président. L'incident est clos.
Het incident is gesloten.