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SÉANCE DU JEUDI 13 NOVEMBRE 1997 |
VERGADERING VAN DONDERDAG 13 NOVEMBER 1997 |
M. le président. L'ordre du jour appelle la question orale de Mme Delcourt au Premier ministre.
M. le vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur répondra en lieu et place du Premier ministre.
La parole est à Mme Delcourt.
Mme Delcourt-Pêtre (PSC). Monsieur le président, je voudrais tout d'abord souligner la qualité du travail fourni par le Centre pour l'égalité des chances et ses responsables : MM. Leman, Cornil et Hallet.
Ma question ira dans un tout autre sens que celle de M. Verreycken.
Les événements graves qui se sont produits ce week-end dans les communes d'Anderlecht et de Schaerbeek ont eu pour étincelle la mort d'un dealer en possession de drogue. Je ne m'attarderai pas ici sur les circonstances de ce décès.
Plusieurs acteurs de terrain se sont exprimés et ont insisté à la fois sur la difficulté et l'importance de leur travail d'accompagnement des jeunes pour que ceux-ci, malgré les différentes formes d'exclusion dont ils sont victimes, gardent leur dignité et orientent leurs cris de révolte vers des actions concrètes d'insertion.
Monsieur le vice-Premier ministre, vous vous êtes exprimé à la radio. Vous avez essentiellement centré vos propos sur la répression, c'est-à-dire, en l'espèce, sur la lutte contre les délinquants et les bandes organisées. J'ai eu le sentiment que selon vous, la répression était la seule solution aux problèmes de toxicomanie et d'exclusion, particulièrement critiques dans ces quartiers.
Je voudrais clairement savoir si ces propos traduisent un changement de politique par rapport à la déclaration gouvernementale qui traduisait la volonté d'agir à la fois sur les plans de la répression et de la prévention, déclaration gouvernementale qui exprimait également l'intention de transformer les contrats de sécurité en contrats de société. Ces derniers doivent permettre aux autorités locales de s'engager à prendre des mesures structurelles, dans le cadre du renouveau des quartiers urbains.
Monsieur le vice-Premier ministre, j'aimerais savoir si vous tiendrez compte des initiatives prises depuis longtemps. Soutiendrez-vous les acteurs de terrain qui, de façon permanente et efficace, bien que souvent souterraine, ont sans doute évité des violences peut-être beaucoup plus graves que celles constatées la semaine dernière.
M. le président. La parole est à M. Vande Lanotte, vice-Premier ministre.
M. Vande Lanotte , vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur. Monsieur le président, je déplore qu'il soit si difficile d'être compris. Face aux événements que nous avons connus, j'ai réagi le dimanche, pas plus tôt. Il convient de faire la différence entre les réactions immédiates, spontanées et les attitudes qui sont prises dans le calme.
Je trouve humiliant qu'il soit fait un amalgame entre tous les jeunes Marocains, en indiquant qu'il s'agit d'une réaction de personnes de milieu défavorisé. La majorité de ces jeunes n'a en effet pas réagi.
Lundi matin, à Anderlecht, j'ai clairement dit que le gouvernement maintenait son intention de travailler sur deux axes : la répression et la prévention. C'est à ce titre qu'en 1998, le gouvernement fédéral et la Région de Bruxelles-Capitale mettront 900 millions à la disposition des 19 communes. La moitié de cette somme ira à la prévention, ce qui créera d'ailleurs 1 000 emplois. Il s'agit d'efforts énormes. J'aimerais que l'on prenne ces chiffres en compte avant de parler d'une priorité accordée à la répression.
Il convient d'être clair : nous allons poursuivre dans la voie de la prévention, d'une part, et de la répression, d'autre part. Le dialogue avec les jeunes avait déjà été entamé précédemment. J'ai moi-même eu l'occasion de me rendre dans des maisons de jeunes bien avant les émeutes, et je continuerai à m'y rendre. Cependant, les événements de ce week-end ont été exploités tant au niveau politique, à savoir par le PTB, qu'au niveau criminel. Toute discussion avec ces gens est dès lors impensable.
Comme je l'ai indiqué dimanche, il faut mettre un terme à cette effervescence. En effet, il est apparu clairement alors que l'émotion d'une partie de la population vivant dans des conditions difficiles, a été manifestement manipulée afin d'inciter à la révolte. Que l'on ne vienne pas me dire que les événements étaient imprévisibles lorsque l'on prend la décision d'organiser une manifestation le dimanche alors que des émeutes ont éclaté le vendredi. Je ne pouvais tolérer de telles incitations et j'ai donc agi avec fermeté.
Toutefois, nous allons poursuivre dans la voie déjà initiée. L'an prochain, nous consacrerons notamment 120 millions pour la prévention, et ce uniquement dans la Région bruxelloise. Il n'est donc pas question de remettre en cause ces deux axes de notre action.
M. le président . La parole est à Mme Delcourt pour une réplique.
Mme Delcourt-Pêtre (PSC). Monsieur le président, je remercie M. le vice-Premier de sa réponse. Je me réjouis en particulier du renforcement des deux axes de la politique décidée par le gouvernement.
Je tenais surtout à attirer son attention sur le travail mis en oeuvre pour le moment sur le terrain. Je craignais que votre réaction face aux événements ne tienne pas suffisamment compte de tout ce travail réalisé. C'était là le sens de mon intervention.
M. le président . L'incident est clos.
Het incident is gesloten.