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Sénat de Belgique

Belgische Senaat

Annales parlementaires

Parlementaire handelingen

SÉANCES DU JEUDI 6 JUIN 1996

VERGADERINGEN VAN DONDERDAG 6 JUNI 1996

(Vervolg-Suite)

QUESTION ORALE DE MME MAYENCE-GOOSSENS AU SECRÉTAIRE D'ÉTAT À LA COOPÉRATION AU DÉVELOPPEMENT SUR « LE NAUFRAGE DU BATEAU TANZANIEN MV BUKOBA »

MONDELINGE VRAAG VAN MEVROUW MAYENCE-GOOSSENS AAN DE STAATSSECRETARIS VOOR ONTWIKKELINGSSAMENWERKING OVER « HET ZINKEN VAN HET TANZANIAANSE SCHIP MV BUKOBA »

M. le Président . ­ L'ordre du jour appelle la question orale de Mme Mayence au secrétaire d'État à la Coopération au Développement sur « le naufrage du bateau tanzanien MV Bukoba ».

La parole est à Mme Mayence.

Mme Mayence-Goossens (PRL-FDF). ­ Monsieur le Président, le 23 mai, le secrétaire d'État Moreels a gravement mis en cause son administration à la suite du tragique naufrage du bateau tanzanien Bukoba sur le lac Victoria et a lancé une enquête administrative dont nous attendons prochainement les résultats.

Monsieur le secrétaire d'État, vous avez accusé l'AGCD d'avoir trop traîné, disant que l'examen du dossier révélait une série de lenteurs inexplicables à vos yeux.

Certains ont cru déceler un nouveau conflit communautaire opposant les chantiers navals concernés d'Anvers et de Namur. Ce fait a toutefois été démenti par les chantiers qui refusent d'allumer une guerre communautaire à propos de ce dossier.

Pouvez-vous confirmer, monsieur le secrétaire d'État, au stade actuel de vos informations, s'il existe des problèmes communautaires chez les experts de l'AGCD ?

Quoi qu'il en soit, la cause principale du naufrage, selon certains experts, serait la surcharge de passagers. La commission internationale d'enquête confirmera probablement ce verdict, indépendamment de la question des travaux destinés à renforcer la stabilité du bateau. Le souhait des Tanzaniens était que les Danois se chargeassent des travaux de stabilisation, comme cela avait été le cas pour d'autres bateaux du même type.

Monsieur le secrétaire d'État, n'avez-vous pas réagi un peu violemment en accusant ainsi l'AGCD ? Ne pensez-vous pas que ces événements vont déstabiliser davantage encore l'AGCD qui a besoin d'être restructurée ?

M. le Président . ­ La parole est à M. Moreels, secrétaire d'État.

M. Moreels, secrétaire d'État à la Coopération au Développement, adjoint au Premier ministre. ­ Monsieur le Président, ainsi que je l'ai déclaré hier à la Chambre, tout semble indiquer que la cause première du naufrage du Bukoba est liée au nombre trop élevé de passagers. Ce bateau était conçu pour transporter 400 personnes mais il s'avère que le nombre de victimes dépasse ce chiffre. Il reviendra à la commission internationale, à laquelle la Belgique participe, d'établir les causes exactes du naufrage; je n'ai jamais dit le contraire.

Il est évident que la Belgique ne peut se désintéresser d'un tel drame, d'autant que la construction du navire a été assurée par une firme belge, 10 p.c. du budget étant fournis par un prêt d'État, et qu'une assistance technique a été assurée par l'AGCD au moment de la construction.

Vous avez fait allusion, madame, à ma réaction concernant l'AGCD. Il est exact que j'ai demandé un examen administratif qui sera terminé le 30 juin prochain. Sans doute comprendrez-vous mieux mon indignation si je vous apprends que dès 1989, la Tanzanie avait adressé à la Belgique une demande pour remédier aux problèmes du navire Bukoba. En 1991, la Belgique prit un engagement à cet effet et, en 1993, un arrangement particulier pour des travaux de stabilisation fut signé avec la Tanzanie. En 1996, la question n'était toujours pas résolue et il reviendra à l'enquête administrative et au Comité supérieur de contrôle de rechercher pourquoi une solution n'a pas été trouvée.

À ce stade, je constate, sans me prononcer à ce sujet, qu'une coopération étrangère a, quant à elle, bien été en mesure de remédier au problème de stabilité d'un autre navire belge de type semblable. C'est cet élément de lenteur qui m'a amené à dire que l'AGCD n'avait pas réagi efficacement à la requête tanzanienne.

À toutes fins utiles, je souligne aussi le fait qu'initialement, sur plan, le Bukoba devait pouvoir transporter 400 passagers et 200 tonnes de fret. Après plusieurs années, on s'est rendu compte que le bateau pouvait, en fait, transporter 400 passagers, mais seulement 60 tonnes de fret.

Quant aux chantiers navals ayant répondu à l'appel restreint de fin 1993, ils ont, à mes yeux, joué le jeu de la concurrence. L'enquête administrative étant en cours, je ne puis pour l'heure ni conclure ni exclure que ce dossier ait un aspect communautaire.

Si j'ai utilisé un langage clair dans mon communiqué, avec nulle intention de blesser qui que ce soit, c'est parce que je me rends compte de l'émoi qu'aurait suscité pareil drame s'il avait eu lieu en Belgique. J'ai personnellement vécu ce genre de circonstance étant donné que j'étais de garde, sur place, lors de la catastrophe du Herald of Free Enterprise. Je pense que si notre réaction reste timide à l'heure actuelle, c'est notamment parce que le drame s'est déroulé en Afrique.

M. le Président. ­ La parole est à Mme Mayence pour une réplique.

Mme Mayence-Goossens (PRL-FDF). ­ Monsieur le Président, je serai certainement la dernière à regretter une réaction vive devant un drame humain de cette importance.

Toutefois, ce qui m'a quelque peu étonnée, monsieur le secrétaire d'État, c'est la vigueur de votre critique à l'égard de l'administration, même si cette dernière peut parfois susciter un énervement certain.

Je souhaiterais que vous vous informiez, pour justifier ces lenteurs, au sujet du refus des Tanzaniens de confier les réparations aux Belges. Il semblerait qu'étant tellement satisfaits de la façon dont le même travail avait été réalisé par les Danois, ils aient envisagé de retarder les réparations afin de pouvoir s'adresser à ces derniers. Cet élément n'a pratiquement pas été évoqué jusqu'à présent.

Par ailleurs, loin de moi l'idée de faire de cette question un sujet communautaire, surtout en ce qui concerne les chantiers navals.

Je puis comprendre qu'il y ait un problème communautaire au sein de l'AGCD pour choisir l'une ou l'autre firme mais, en tout cas, les chantiers navals ne ressentent pas les choses de cette manière.

M. le Président. ­ L'incident est clos.

Het incident is gesloten.