1-44

1-44

Sénat de Belgique

Belgische Senaat

Annales parlementaires

Parlementaire handelingen

SÉANCE DU JEUDI 9 MAI 1996

VERGADERING VAN DONDERDAG 9 MEI 1996

(Vervolg-Suite)

QUESTION ORALE DE MME MAYENCE-GOOSSENS AU MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES SUR « L'ACCUEIL DU PRÉSIDENT MOBUTU PAR LES AUTORITÉS FRANÇAISES ET L'AVENIR DE LA TROÏKA EN CE QUI CONCERNE LE ZAÏRE »

MONDELINGE VRAAG VAN MEVROUW MAYENCE-GOOSSENS AAN DE MINISTER VAN BUITENLANDSE ZAKEN OVER « DE ONTVANGST VAN PRESIDENT MOBUTU DOOR DE FRANSE AUTORITEITEN EN DE TOEKOMST VAN DE TROIKA MET BETREKKING TOT ZAIRE »

M. le Président. ­ L'ordre du jour appelle la question orale de Mme Mayence au ministre des Affaires étrangères sur « l'accueil du président Mobutu par les autorités françaises et l'avenir de la Troïka en ce qui concerne le Zaïre ».

La parole est à Mme Mayence.

Mme Mayence-Goossens (PRL-FDF). ­ Monsieur le Président, la presse a largement fait écho à la récente visite en France du président Mobutu, à sa réception « non officielle » au Palais de l'Élysée et à la relance des relations de coopération entre la France et le Zaïre annoncée par le ministre français de la Coopération, M. Jacques Godfrain.

Le Gouvernement belge ­ et particulièrement vous-même, monsieur le ministre des Affaires étrangères ­ s'est jusqu'ici réfugié derrière le prétexte de placer sa politique à l'égard du Zaïre dans le cadre exclusif de la Troïka pour justifier son refus de réengager des relations bilatérales normales avec ce pays.

L'attitude des autorités françaises démontre le peu de considération qu'elles portent à la Troïka. Celle-ci disparaît même de facto. La stratégie d'ostracisme prônée jusqu'à présent par le Gouvernement belge envers le Zaïre a manifestement échoué.

Le ministre a-t-il l'ambition d'être le dernier responsable européen à boycotter systématiquement les Zaïrois pour des motifs qui relèvent plus de l'affectif que du rationnel ?

Ne constate-t-il pas que l'attitude française ridiculise en fait la méthode suivie par le Gouvernement belge qui a consisté à s'abstenir de toute politique autonome et bilatérale envers le Zaïre pour se placer automatiquement à la remorque des grands pays voisins ?

M. le Président. ­ La parole est à M. Derycke, ministre.

M. Derycke, ministre des Affaires étrangères. ­ Monsieur le Président, notre politique à l'égard du Zaïre s'inscrit dans le cadre établi par les responsables politiques zaïrois eux-mêmes, à savoir l'Acte constitutionnel de transition du 9 avril 1994.

Nous souhaitons apporter notre contribution au processus de transition du Zaïre vers une troisième réplique démocratique, fondée sur les principes de l'État de droit, des droits de l'homme et de la bonne gestion. La Conférence nationale des élections a d'ailleurs annoncé les élections et l'Union européenne attend la lettre qui inviterait toutes les parties intéressées ­ dont la Belgique ­ à prendre leurs responsabilités.

Cette approche, toujours partagée par nos partenaires de l'Union européenne et les États-Unis, n'est pas une forme de boycottage : le dialogue existe et continue avec le Gouvernement Kengo. Son intensité est naturellement liée aux progrès accomplis par ce Gouvernement pour satisfaire aux principes précités. La Belgique apporte en outre, depuis 1990, une aide humanitaire importante en vue de reconstruire la société zaïroise par la voie d'une coopération avec les structures locales et la société civile, dont le critère principal est, bien entendu, de répondre aux besoins de la population et non du régime.

Nous ne voulons pas en effet rester inactifs face aux conditions lamentables dans lesquelles vit le peuple zaïrois. Ce n'est pas une visite à Paris du président Mobutu qui nous amènera à changer de cap.

Je voudrais profiter de l'occasion pour souligner la responsabilité écrasante du président Mobutu dans l'instabilité qui règne dans la région des Grands Lacs. De tous les entretiens que j'ai eus ces dernières semaines avec de hautes personnalités au sujet du drame burundais, il ressort clairement que le président Mobutu cherche à se profiler, auprès de la communauté internationale, comme l'homme fort de la région tout en menant des actions déstabilisatrices pour le Rwanda et le Burundi, notamment par le trafic d'armes et l'entraînement de réfugiés. De tous ces entretiens, ressort l'image d'un homme que l'on pourrait décrire comme un pyromane qui cherche à se joindre aux pompiers pour être remercié d'avoir coopéré à éteindre des incendies qu'il a lui-même allumés et recueillir ainsi les applaudissements du public. La haute estime que j'ai pour Mme Mayence me fait croire qu'elle ne figurera pas au premier rang de ce public.

M. le Président. ­ L'incident est clos.

Het incident is gesloten.