Groupements violents d'extrême gauche - Groupements actifs en Belgique
extrémisme
extrême-gauche
radicalisation
5/6/2020 | Envoi question (Fin du délai de réponse: 9/7/2020) |
7/8/2020 | Réponse |
Aussi posée à : question écrite 7-589
Il s'agit d'une matière transversale dès lors que certains aspects de la Justice relèvent de la compétence des entités fédérées.
Le président des États-Unis, Donald Trump, a récemment annoncé qu'il allait mettre «Antifa» sur la liste américaine des groupes terroristes. Il estime que ce groupement est responsable de l'embrasement des esprits et qu'il dirige en partie les émeutes violentes qui ont éclaté aux États-Unis en réaction au décès de George Floyd après l'intervention inutilement musclée d'un policier américain. Notre pays compte également différents groupements actifs sous le label «Antifa».
Je souhaiterais dès lors poser les questions suivantes au ministre:
1) Dans notre pays, combien et quels sont les groupements d'extrême gauche actifs et prêts à la violence qui sont suivis par les services de police et la Sûreté de l'État? De combien de personnes s'agit-il?
2) Combien de ces personnes font l'objet d'un suivi actif?
3) Selon le ministre, quel est le degré de risque que ces groupements provoquent des émeutes violentes en Belgique également?
Localisée en Flandre et en Wallonie mais surtout à Bruxelles, l’extrême gauche violente belge comprend les groupes et associations qui recourent à la violence ou en justifient l’usage à des fins de renversement de la société et de l’ordre démocratique et constitutionnel, jugés irréformables et réprouvés en ce qu’ils attenteraient aux libertés individuelles et opprimeraient les travailleurs, les femmes, les immigrés, les transgenres, etc. Trois tendances principales la constituent:
– l’anarchisme insurrectionnel;
– le communisme révolutionnaire;
– les groupes anarchistes constitutifs des «Black Blocks».
Les anarchistes insurrectionnels promeuvent la commission d’attentats, ici et maintenant, contre les appareils sécuritaires d’État, les moyens de surveillance électronique, les infrastructures de télécommunication et de transport de personnes, de biens et d’énergie. Ces actes visent à paralyser la société en en interrompant les flux, ainsi qu’à empêcher l’État d’assurer ses fonctions régaliennes; commis seul ou en petits groupes improvisés de deux ou trois personnes, ils répondent à des appels notamment diffusés en ligne; ils ne sont jamais revendiqués, tout au plus recensés à titre inspiratif dans des publications anarcho-insurrectionnelles.
Selon les communistes révolutionnaires, la lutte armée serait nécessaire au renversement du «système d’exploitation et d’oppression capitaliste et impérialiste». Ils ne s’y livrent toutefois plus – quoiqu’ils continuent d’attendre le «Grand Soir» de la révolution –, tout en apportant leur soutien moral à quiconque la pratique. Leurs activités officielles relèvent de la propagande: elles consistent à dénoncer le sort réservé en Occident à de prétendus «prisonniers politiques», en fait reconnus coupables de crimes, et à défendre la cause de la révolution au Rojava (nord-est de la Syrie sous contrôle partiel kurde). Plusieurs communistes révolutionnaires belges ou résidant en Belgique séjournent ou ont séjourné au Rojava. Certains y ont acquis une formation militaire (maniement des armes et usage des explosifs, tir et tactique) et une expérience du front.
Les communistes révolutionnaires se sont rapprochés de groupes anarchistes acquis à l’usage de la violence en formation de «Black Block». Ces groupes se revendiquent «Antifas», mais les causes qu’ils défendent excèdent le seul antifascisme; ils se constituent aussi en «Black Block» lors de rassemblements de rue anti-autoritaires ou anticapitalistes. Le dimanche 7 juin 2020, en marge de la manifestation «Black Lives Matter» à Bruxelles, des «Black Blockers» et des protestataires radicaux ont affronté les forces de l’ordre (jet de pavés) du côté de la place Royale.
La violence anarchiste et d’extrême gauche revêt donc en Belgique les formes suivantes:
1. promotion de la violence à des fins insurrectionnelles ou révolutionnaires;
2. atteintes aux biens et aux infrastructures;
3. échauffourées lors de rassemblements de rue.
À ce jour, les attentats visant les biens et les infrastructures sont de basse intensité; ils ont même décru en nombre aussi bien qu’en vigueur depuis 2017. Néanmoins, le 8 avril 2020, un site électronique lié aux milieux belges d’extrême gauche a publié un appel à détruire, en avril et en mai 2020, les mâts de téléphonie mobile et les pylônes de lignes électriques à haute tension, ainsi qu’à agresser les policiers et les agents pénitentiaires. De la parole aux actes, le pas n’a toutefois guère été franchi. Des incendies de véhicules de police et d’un mât porteur d’antennes de télécommunication sont-ils à déplorer, sans qu’il soit possible, à ce stade, de les imputer avec certitude à qui que ce soit. Beaucoup des anarchistes insurrectionnels capables de tels actes résident à Bruxelles, dans des immeubles sous occupation illégale; leur nombre total pourrait être estimé à une petite vingtaine. Il n’est pas aisé de distinguer les activistes des simples sympathisants anarcho-insurrectionnels.
Un Black Block peut rassembler jusqu’à une centaine d’activistes, qui se greffent à des marches de protestation plus ou moins radicales, afin d’atteindre la «masse critique» nécessaire à un affrontement avec les forces de l’ordre et au déclenchement d’émeutes urbaines. À ce jour, force est de constater qu’ils n’y sont pas parvenus, à la différence de leurs homologues français. Le noyau dur des communistes révolutionnaires compte une dizaine de membres, occupés à des activités de propagande, en particulier de justification et de promotion de la lutte armée à des fins anticapitalistes et anti-impérialistes.