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Question écrite n° 7-418

de Stephanie D'Hose (Open Vld) du 25 mars 2020

au ministre de l'Agenda numérique, des Télécommunications et de la Poste, chargé de la Simplification administrative, de la Lutte contre la fraude sociale, de la Protection de la vie privée et de la Mer du Nord

Crise du coronavirus - Désinformation - Fake news - Médias sociaux - Lutte - Mesures (Covid-19)

maladie infectieuse
épidémie
médias sociaux
communauté virtuelle
désinformation

Chronologie

25/3/2020Envoi question (Fin du délai de réponse: 23/4/2020)
24/4/2020Réponse

Aussi posée à : question écrite 7-417

Question n° 7-418 du 25 mars 2020 : (Question posée en néerlandais)

La pandémie de coronavirus se double d'une «infodémie», selon l'expression de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Les informations en circulation sont beaucoup trop abondantes; elles sont souvent exactes mais, souvent aussi, pas du tout exactes. Les Russes font tout ce qu'ils peuvent pour semer la confusion mais nous, Occidentaux (et en particulier les États-Unis), ne sommes pas non plus en reste.

«Ce sont les migrants qui ont amené le coronavirus.» Ou: «Le coronavirus est une arme biologique des États-Unis, du Royaume-Uni et / ou de la Chine.» Ou encore: «Il existe une relation évidente entre le virus et le nouveau réseau 5G.» Autre affirmation remarquable: «L'UE envisage une vaccination massive de sa population.»

Cette sombre liste a été établie par l'East StratCom Taskforce, une prétendue organisation de l'Union européenne au nom alléchant qui se concentre spécialement sur les campagnes de désinformation menées par la Russie dans l'UE. Depuis le 22 janvier 2020, les chercheurs ont identifié cent dix fausses informations sur des médias populaires. Si elles ne sont pas l'œuvre du Kremlin, elles sont en tout cas allègrement propagées par des trolls internet russes via des médias entretenant des liens avec le gouvernement. Objectif: semer la confusion et la division.

Quel impact ces infox ont-elles? En Espagne, nous constatons que RT (anciennement Russia Today, une chaîne de télévision d'information financée par le Kremlin) est la douzième source la plus partagée sur les médias sociaux pour les informations au sujet du coronavirus. East StratCom présente un aperçu des fausses informations qui circulent actuellement. Par exemple, le lieu où le virus a fait son apparition ne serait pas Wuhan mais les USA. Ou bien: tandis que tous les Européens seraient placés en quarantaine, les migrants pourraient aller et venir à leur guise.

Ou encore: toute l'histoire du coronavirus est une énorme farce, ce virus n'existe pas. Toutes sortes de théories du complot ont bien sûr également cours, alimentées par les prédictions ancestrales de personnes comme Nostradamus; tantôt, le complot doit déclencher une Troisième Guerre mondiale, tantôt il a été monté par l'industrie pharmaceutique dans le but de gagner encore plus d'argent.

Selon East StratCom, les infox russes s'adressent à la fois à un public étranger et au public national. La population russe est surtout abreuvée d'«informations» destinées à montrer que la catastrophe a été causée par un agresseur extérieur (les USA ou des laboratoires occidentaux). On y souligne également que le virus ne frappe que les autres pays, surtout les pays démocratiques, et que la Russie met tout en œuvre pour protéger son peuple. Selon Natalia Krapiva, d'Access Now, organisation qui milite pour un internet libre et ouvert, il s'agit d'une stratégie bien connue en Russie. «Le gouvernement pointe souvent du doigt l'Occident lorsque quelque chose ne fonctionne pas en Russie», déclare-t-elle dans une interview au site Euractiv. «Il se dispense ainsi de devoir rendre des comptes, tout en ravivant les sentiments nationalistes.»

Le sujet de la présente question concerne une compétence transversale partagée avec les Communautés, ces dernières et en particulier l'enseignement ayant un rôle essentiel à jouer dans l'éducation des jeunes au repérage des infox (fake news) et à une utilisation clairvoyante des médias.

Vu la gravité de cette désinformation et les conséquences que pourrait avoir une mauvaise information des citoyens, je souhaiterais vous poser les questions suivantes:

1) Avez-vous déjà connaissance de la propagation d'une telle masse de fausses informations sur le coronavirus? Qu'avez-vous déjà appris à ce sujet?

2) Pouvez-vous me dire si nos services de sécurité ont déjà enquêté à ce sujet? Ces informations sur le coronavirus sont-elles exploitées à des fins politiques? À partir de quels pays ces fake news sont-elles coordonnées? Pouvez-vous fournir des précisions concrètes à ce sujet? Quels mobiles politiques se cachent derrière cette désinformation?

3) Quelles démarches comptez-vous entreprendre pour y faire face? Avez-vous déjà pris des initiatives? Dans l'affirmative, pouvez-vous préciser en détail la teneur des actions entreprises et leurs résultats ?

4) Avez-vous déjà évoqué cette question avec vos collègues étrangers? Dans l'affirmative, que font-ils? Agit-on de concert?

5) L'Union européenne anticipe-t-elle ces campagnes de désinformation? Quelles mesures prend-elle?

6) Combien de sites diffusant des infox sont actifs à ce sujet dans notre pays?

7) Avons-nous une vue d'ensemble des canaux utilisés pour diffuser les différents types d'informations?

8) Quels sites web avez-vous déjà fait fermer pour cette raison? Si vous n'avez pas encore exigé la fermeture de certains sites, pourquoi?

9) Recherche-t-on systématiquement ces informations? Dans l'affirmative, combien d'informations avez-vous déjà pu tracer?

Réponse reçue le 24 avril 2020 :

La désinformation autour du Covid-19 continue à se disperser dans le monde entier, avec des conséquences potentiellement néfastes pour la santé publique et la communication de crise efficace par les gouvernements. Aussi bien en Europe qu’en dehors, on essaye par des messages coordonnées de désinformation de considérer certaines populations ou même des technologies comme étant la cause de la pandémie et de stimuler la méfiance dans la capacité des établissements démocratiques pour réagir efficacement à la crise. Différentes études ont déjà vu le jour sur ce sujet. Le Service européen d’action extérieure (EEAS) a également publié un rapport spécifique sur l’épidémie du coronavirus.

Afin de pouvoir gérer les risques dans ce contexte le plus efficacement possible, les deux services de renseignements, la Sûreté de l'État (VSSE) et son homologie militaire, le Service général du renseignement et de la sécurité (SGRS), ont établi une répartition des tâches et une concertation permanente sur base de leur expérience lors des dernières élections fédérales et leur coopération accrue. Pour plus d’informations sur cette enquête, je fais référence aux ministres compétents.

En ce qui concerne les éventuelles étapes, les plateformes en ligne jouent manifestement un rôle important. Toutes les grandes plateformes internet ont fait des efforts pour améliorer la visibilité de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et en Belgique le site du gouvernement www.info-coronavirus.be, sur leurs services. Ils ont tous adaptés leur stratégie de contenu comme réaction sur le Covid-19. Facebook par exemple a annoncé qu’il effacerait toutes revendications décourageant le traitement ou la prise des mesures adéquates de précaution. Néanmoins, il reste différents défis importants concernant les nouvelles limitations de contenu, notamment en ce qui concerne la transparence de la réflexion et du respect des règles. De plus, les grandes plateformes continuent à générer les revenus avec des désinformations et du contenu préjudiciable sur la pandémie, par exemple en mettant des publicités en ligne sur des pages qui présentent les migrants à tort comme étant la cause du virus, promouvoir de faux traitements ou des théories du complot sur la propagation du virus.

Au sein de l’Union européenne (UE), un échange des informations au lieu entre les États membres via le Rapid Alert System. Sur base de cette plateforme numérique sûre, le système facilite le partage des données, des perceptions et des bonnes pratiques entre les participants. Il permet la connaissance commune de la situation et le développement d’une réponse commune. à côté d’un nouveau cadre réglementaire pour les plateformes en ligne (Digital Services Act), on travaille aussi sur un plan d’action européen pour la démocratie, avec une attention particulière pour la transparence sur la manière de partager et de gérer les informations sur l’Internet.

Mes services n’ont aucune vue sur le nombre de sites de fake news sur le coronavirus. En ce qui concerne la déconnexion de ces sites, je voudrais souligner que c’est uniquement possible s’il est question de contenu illégal.

En ce qui concerne la détection de faux messages, je renvoie vers mon collègue compétent pour les services de renseignements.