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Question écrite n° 7-1726

de Gaëtan Van Goidsenhoven (MR) du 18 juillet 2022

à la ministre de la Défense

Armée française - «Red Team» - Création envisageable en Belgique - Éventuelles prochaines situations de crise - Réflexions au sein de la Défense belge

politique de défense
réalité virtuelle
armée
France
conflit international

Chronologie

18/7/2022Envoi question (Fin du délai de réponse: 19/8/2022)
2/9/2022Réponse

Question n° 7-1726 du 18 juillet 2022 : (Question posée en français)

Le ministère des Armées français a, en 2019, mis en place une «Red Team Défense». Vous n'ignorez sans doute pas qu'il s'agit là d'un groupe de créateurs (auteurs, dessinateurs, designers) de science-fiction chargés d'élaborer des scénarios, «d'imaginer les menaces pouvant directement mettre en danger la France et ses intérêts», comme l'indique le site web de cette initiative hexagonale. Le tout avec l'encadrement d'experts scientifiques et militaires.

L'objectif avoué n'est autre que «d'anticiper les aspects technologiques, économiques, sociétaux et environnementaux de l'avenir qui pourraient engendrer des potentiels de conflictualités à horizon 2030-2060» et, in fine, «de nourrir les réflexions stratégiques, opérationnelles, technologiques et organisationnelles des armées, mais également d'acteurs extérieurs au ministère».

Cette «Red Team» a déjà produit plusieurs scénarios. Certains sont voués à demeurer confidentiels. D'autres, par contre, ont été dévoilés publiquement. À titre d'exemple, les deux derniers en date ont pour titre «Après la nuit carbonique» et «Une guerre écosystémique».

Si les visions d'avenir crées par ces réflexions ne sont guère plaisantes, les envisager a, a minima, l'avantage de permettre d'envisager des situations auxquelles les autorités, notamment militaires, ne pensent pas forcément aujourd'hui. Des circonstances qui concerneraient potentiellement évidemment la Défense mais également moult autres domaines de la vie de nos sociétés.

Il n'est pas besoin de rappeler combien les compétences fédérales, régionales et communautaires sont concernées en cas de conflit touchant directement ou non notre pays; cette thématique est donc éminemment transversale.

Permettez-moi dès lors de vous poser les questions suivantes:

1) Que pensez-vous de la «Red Team» de l'Armée française et de ce qu'elle a produit jusqu'à aujourd'hui?

2) Serait-il envisageable de lancer une pareille initiative en Belgique, au sein de la Défense? Ou pensez-vous plutôt que c'est au niveau européen que ce type de dispositif présenterait le plus de cohérence?

3) À l'heure actuelle, quels sont les types de réflexions menés au sein de la Défense belge pour prévoir les éventuelles prochaines situations de crise?

Réponse reçue le 2 septembre 2022 :

1) Les produits de la «Red Team» accordent une attention particulière aux signaux faibles et à la créativité, et se tournent vers des avenirs lointains. Ils complètent la culture stratégique et prospective déjà existante en France.

Cependant, seule une partie des produits du «Red Team» est publique. L’impact et l’utilisation réelle de ces produits sont donc en grande partie inconnus, de sorte qu’il est difficile de commenter cette initiative.

2) En raison de la spécificité des structures des gouvernements nationaux et de leurs intérêts, les initiatives nationales de prospective auront toujours une fonction complémentaire aux initiatives similaires au niveau supérieur de gouvernance (comme l’Union européenne).

Au sein du département, il existe actuellement une capacité limitée d’étude prospective qui se concentre principalement sur l’engagement opérationnel, et ce, avec un horizon temporel de cinq ans.

3) Un exercice interdépartemental de «strategic foresight», auquel la Défense a participé activement, a été mené sur le thème «La Belgique dans l’environnement global de sécurité à un horizon de cinq ans» lors duquel des scénarios plausibles ont été développés.

En outre, une étude similaire a également été menée sur le même horizon temporel pour les principales zones de déploiement de la Défense.

En 2021, un projet «Strategic Foresight Analysis» (SFA) sur le Sahel a dynamisé l’élaboration d’une stratégie interdépartementale pour le Sahel.

À partir de septembre 2022, un projet similaire sera mis en place autour de la région des Grands Lacs.

En 2021-2022, la Défense a également mené une étude sur les «Emerging Disruptive Technologies». En raison de l’aspect capacitaire, cette étude a été réalisée sur un horizon temporel plus long de trente ans. Ce projet identifie les dangers des nouvelles technologies dans les crises futures et vise à contribuer au pilotage du développement capacitaire et technologique de la Défense.

Enfin, les analyses du Service général du renseignement et de la sécurité (SGRS) et de l’Institut royal supérieur de défense (IRSD) contribuent également à l’anticipation à court terme des crises.