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Question écrite n° 7-1586

de Tom Ongena (Open Vld) du 27 avril 2022

au vice-premier ministre et ministre de l'Economie et du Travail

Expo 2020 à Dubaï - Pavillon belge - Modalités pratiques - Exposition dans le pavillon - Contenu - Réactions - Coûts

manifestation culturelle
Émirats arabes unis
évaluation de projet
manifestation commerciale

Chronologie

27/4/2022Envoi question (Fin du délai de réponse: 26/5/2022)
11/7/2022Rappel
20/7/2022Réponse

Question n° 7-1586 du 27 avril 2022 : (Question posée en néerlandais)

L'Exposition universelle s'est tenue à Dubaï. La Belgique y a également participé. Bien que le pavillon belge ait été une prouesse architecturale, il n'a pas échappé aux critiques.

L'exposition organisée dans le pavillon belge fait étalage de personnages de bandes dessinées, de Gil et Jo au Marsupilami, et de personnalités comme Eddy Merckx et Frank De Winne, d'une buse lumineuse ressemblant étrangement aux cylindres qui relient les boules de l'Atomium, ainsi que du vélo sur lequel Victor Campenaerts a battu le record mondial de l'heure. Mais les principales attractions sont évidemment les frites et les gaufres distribuées à l'entrée (cf. https://www.tijd.be/politiek economie/belgie/algemeen/dermagne beeld van belgie op wereldtentoonstelling moet beter/10364809.html).

Or, il y avait une forte demande pour que l'on donne une image plus actuelle de la Belgique. L'insatisfaction que suscitent le pavillon et particulièrement l'exposition elle-même, est largement partagée. L'exposition a été complétée par l'apport des Régions mais malheureusement, ce ne sont pas tant nos atouts en matière d'économie durable (les parcs éoliens, l'Interuniversitair Micro-Electronica Centrum (IMEC - centre interuniversitaire flamand de microélectronique, etc.) qui ont été mis en évidence mais plutôt les frites et Gaston Lagaffe.

Pascal Smet, le secrétaire d'État bruxellois aux Relations internationales, s'irrite du caractère puéril des présentations. Le ministre-président de la Région flamande, Jan Jambon, a même avancé l'idée de construire dorénavant un pavillon flamand indépendant.

On n'en arrivera toutefois pas là. Le mercredi 2 février 2022, le gouvernement fédéral et les entités fédérées se sont déjà mis d'accord, au sein du Comité de concertation, sur un budget et une clé de répartition pour la prochaine Exposition universelle qui se tiendra dans la ville japonaise d'Osaka. Un budget de 13 millions d'euros était disponible pour le pavillon belge à Dubaï ; le budget prévu pour la prochaine Exposition universelle oscille entre 13,5 et 17 millions d'euros.

La présence à l'Exposition universelle a également une importance économique. Les entreprises concernées voient chaque fois le nombre de leurs contrats augmenter.

En ce qui concerne le caractère transversal de la question écrite : le Sénat est habilité à se pencher sur cette matière car l'exposition est organisée au niveau fédéral avec la participation des Régions.

Je souhaiterais poser au ministre les questions suivantes.

1) Pouvez-vous indiquer qui a été chargé des modalités pratiques au sein du pavillon même ? Pouvez-vous confirmer que la majorité des responsables de l'organisation étaient des Néerlandais ? Si c'est bien le cas, pourquoi ne pas avoir choisi des Belges ?

2) Quels sont les aspects de l'exposition qui vous semblent réussis ? Quels sont ceux qui sont les moins réussis à vos yeux ? Dans quelle mesure envisage-t-on de prendre des mesures pour éviter de tels problèmes à l'avenir ?

3) Pouvez-vous expliquer pourquoi on a surtout mis en évidence les concepts hyperclassiques, comme les bandes dessinées, la bière, les frites, le chocolat, etc. et moins des concepts réellement novateurs, comme nos atouts en matière d'économie durable (parcs éoliens, IMEC, etc.) ? Comment comptez-vous changer les choses pour les prochaines expositions de ce type ?

4) Dans quelle mesure les réactions négatives sont-elles dues, selon vous, au morcellement de l'organisation ? Dans quelle mesure le gouvernement fédéral y a-t-il joué un rôle ? Dans quelle mesure les Régions y ont-elles joué un rôle ? Qui avait en pratique le rôle prépondérant ? À qui souhaiteriez-vous confier le rôle prépondérant lors de futures expositions semblables ?

5) La Burj Khalifa est éclairée par une firme belge. Cela a-t-il été mentionné durant l'exposition ? Dans la négative, pourquoi ?

6) Pourquoi n'y avait-il aucune reproduction de Tintin qui est pourtant un symbole national ?

7) Combien de réactions négatives au sujet de l'exposition même avez-vous reçues ? Quels aspects comptez-vous améliorer ?

8) Quel a été le coût total de l'exposition ? Quelle part de ce montant a été payée par le contribuable et quelle part par des sponsors ou grâce à d'autres méthodes ?

9) Existe-t-il des organisations ou associations que vous souhaiteriez impliquer à l'avenir dans l'organisation de telles expositions ? Quelles sont-elles ?

Réponse reçue le 20 juillet 2022 :

1) Le Pavillon belge à l’Expo 2020 de Dubaï a été géré sur le plan opérationnel par une directrice belge expérimentée épaulée par une équipe de 15 collaborateurs chargé du management et 48 collaborateurs chargés de l’accueil des visiteurs et du soutien logistique. Ce total de 64 employés était directement rémunéré par le Pavillon belge et composé de 56 Belges et de 8 non-Belges.

En outre, une équipe composée de membres de l’entreprise belge Creneau International, concessionnaire des activités F&B (food and beverage), et du consortium belge BEMOB-2020, responsable de la conception, de la construction et de l’entretien du pavillon, a travaillé dans le pavillon pendant l’Expo. Les employés de ces groupes belges étaient pour la plupart du personnel recruté localement.

Par conséquent, je me dois de réfuter que la majorité du personnel du Pavillon belge était de nationalité néerlandaise.

La Belgique n’a pas manqué le coche et était bien présente au premier grand événement mondial post-Corona.

Le Pavillon belge a, une fois de plus, fait honneur à sa réputation en enregistrant un succès honorable lors de cette exposition universelle. La vente de produits connus et un restaurant bien géré sont aussi très appréciés du public.

Les semaines consacrées aux trois Régions, la journée nationale en présence du Roi et de la Reine et les évènements organisés tout au long de la durée de l’Expo ont remporté un franc succès.

À Dubaï, la scénographie a été décevante. Le message pour les visiteurs manquait de clarté et la technologie associée était en deçà des standards contemporains que l’on est en droit d’attendre. Une des causes de cet échec se trouve notamment du côté de l’espace du pavillon consacré à cette scénographie. Nous avons voulu présenter les nombreuses facettes de notre pays dans un espace trop restreint. Cette responsabilité est collective. Je l’ai déjà rappelé dans ma réponse du 17 février 2022 à la question écrite no 766 à la Chambre des représentants (doc. Chambre, QRVA 55 082, p. 72).

Je regrette également l’absence de la Belgique aux nombreux événements prévus par les organisateurs mêmes de l’Expo 2020 de Dubaï, ou conjointement par d’autres pays, ou encore par l’Union européenne. La participation active à des événements de fond permet à la Belgique de se faire connaître des visiteurs professionnels, des scientifiques, des capitaines d’industrie et des investisseurs potentiels.

C’est justement pour éviter de telles déceptions lors de la prochaine exposition universelle d’Osaka en 2025 que nous avons choisi de travailler différemment à sa préparation. Pour Osaka, BelExpo a réalisé un exercice stratégique sur le pourquoi et le comment de notre participation.

Ces éléments vont guider les travaux d’attribution des marchés publics: l’un pour le bâtiment physique (conception, construction, entretien) et l’autre pour l’«expérience du visiteur», dont la scénographie est évidemment l’élément principal. Le futur commissaire général pourra s’y référer pour conduire son action.

3) Comme mentionné plus haut, certains concepts classiques font partie intégrante de notre participation à une exposition universelle: le grand public en particulier attend et souhaite que la Belgique n’oublie pas de proposer ses produits bien connus. Une partie des visiteurs viennent au pavillon spécialement pour cette raison. Cela ne constitue pas un problème en soi; cela en pose un lorsque nous ne parvenons pas à enrichir cette image de la Belgique auprès des visiteurs, ni à leur démontrer que la Belgique est un pays innovant, progressiste, dynamique et ouvert sur le monde.

Toutefois, permettez-moi de rectifier votre description du Pavillon belge à l’Expo de Dubaï: les bandes dessinées constituaient un fil conducteur ludique pour illustrer notre histoire en matière de haute technologie: IMEC était effectivement présent, ainsi que d’autres entreprises, institutions ou produits innovants belges spécifiques. Je citerai à titre d’exemple Solvay, Flanders Bike Valley, Liège Trilogiport et l’Euro Space Center. Pour rappel, le Pavillon belge était par ailleurs situé dans le district thématique de la mobilité et l’accent devait donc être mis sur les innovations en matière de mobilité.

4) La Belgique est un État fédéral.

BelExpo est un service administratif à comptabilité autonome. Les autorités tant fédérales que régionales et communautaires sont représentées au sein de son comité de gestion, tout comme au sein de son comité technique mis en place pour chaque participation à une exposition. Le contenu scénographique du Pavillon belge de Dubaï a été principalement discuté au sein du comité technique. L’accent était en effet davantage mis sur l’apport régional, mais le gouvernement fédéral était également représenté.

Pour la participation à Osaka 2025, tout d’abord, le comité de gestion devra être informé plus régulièrement de l’état d’avancement de la scénographie et, le cas échéant, être impliqué en cas de désaccord; ensuite, nous mettrons mieux en avant les atouts spécifiques des entités qui composent notre pays. Enfin, BelExpo jouera un rôle plus important et plus actif de coordination.

5) Non, cela n’a pas été spécifiquement mentionné.

Il est important de comprendre ce qu’est une exposition universelle, ou plutôt ce qu’elle n’est pas: ce n’est pas une foire commerciale ou une exposition professionnelle. Les entreprises ou produits belges ne sont pas nécessairement cités nommément. L’objectif poursuivi, au travers du Pavillon belge et des animations, est une présentation de la Belgique qui touche le grand public et lui donne envie d’en savoir plus sur notre pays.

6) Pendant les préparatifs de l’Expo 2020 de Dubaï, BelExpo a été en contact avec tous les éditeurs de bandes dessinées belges, ainsi qu’avec l’association des éditeurs belges. Plusieurs réunions ont eu lieu et tous les éditeurs qui le souhaitaient étaient invités à proposer leur(s) personnage(s) de bande dessinée et à les intégrer dans la scénographie.

7) En ce qui concerne les améliorations, je me réfère aux ajustements déjà mentionnés plus haut pour la préparation à notre participation à l’Expo 2025 d’Osaka.

8) Le budget total de l’Expo 2020 de Dubaï s’élevait à 13,5 millions d’euros, auxquels s’est ajouté un montant de 916 590 euros pour les coûts supplémentaires liés à la Covid.

Ce total de 14 416 590 euros a été financé par les autorités belges participantes. Étant donné que l’Expo 2020 de Dubaï s’est déroulée jusqu’à la fin du mois de mars 2022, que les modalités de clôture de notre participation sont toujours en cours et que l’exercice 2022 n’a évidemment pas encore été clôturé, il n’y a pas de vue définitive sur le résultat final. Il est toutefois prévu que le budget total ne soit pas épuisé et qu’un excédent puisse être dégagé et reporté à l’Expo 2025 d’Osaka.

En ce qui concerne les financements alternatifs, les recettes commerciales en fondent une partie mais l’essentiel relève des accords de sponsoring. Ces accords ont été conclus pour une valeur totale d’un peu plus de 4 millions d’euros. Il s’agissait principalement de sponsoring en nature, par lesquels les sponsors fournissaient gratuitement (ou à des prix très réduits) des matériaux pour la construction du pavillon et son fonctionnement.

9) Lors de la préparation de l’Expo 2020 de Dubaï, BelExpo a associé de nombreuses organisations et associations faîtières à ses travaux et continuera à le faire à l’avenir. Pour Dubaï, BelExpo a collaboré avec plusieurs organisations professionnelles, comme l’Association des éditeurs belges déjà citée, mais aussi avec le département spécialisé ChoPraBisco de FEVIA (Fédération de l’industrie alimentaire belge) pour le magasin de chocolat du Pavillon, les agences régionales de mode et de design pour le développement des uniformes du personnel, Agoria pour informer le monde des affaires belge et l’inciter à conclure des partenariats avec le Pavillon belge, Febiac (Fédération belge de l’industrie automobile et du cycle) pour les applications dans le secteur de la mobilité, plusieurs chambres de commerce, etc. Le même exercice a été fait pour la participation aux expositions horticoles internationales de Pékin en 2019 et d’Almere (Floriade) en 2022: pour cela, nous avons collaboré, entre autres, avec les associations (régionales) de producteurs horticoles et les cultivateurs belges.

Il va sans dire que cette pratique sera poursuivie à l’avenir.

Les agences commerciales belges FIT (Flanders Investment & Trade), AWEX (Agence wallonne à l’exportation et aux investissements étrangers) et hub.brussels, qui siègent également au comité technique d’une exposition, occupent avec les représentants fédéraux un rôle important dans ce processus et veillent à ce que BelExpo sache quelles organisations doivent être impliquées et s’assurent de leur implication.