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Communauté juive - Sites juifs - Protection - Surveillance des écoles - Police locale - Relâchement de la vigilance - Mesures - Protection «dynamique» - Application - Incidence de la pandémie - Niveau général de la menace en Belgique
antisémitisme
terrorisme
juif
établissement d'enseignement
sécurité publique
épidémie
police locale
Organe de coordination pour l'analyse de la menace
30/3/2022 | Envoi question (Fin du délai de réponse: 28/4/2022) |
28/4/2022 | Réponse |
Aussi posée à : question écrite 7-1557
La communauté juive nous alerte sur une protection insuffisante des sites juifs par la police. À Bruxelles, et c'est probablement le cas ailleurs aussi, il apparaît que la police locale n'est pas en mesure d'assurer une protection en de nombreux endroits.
On a ainsi indiqué que, par exemple, la police n'est souvent pas présente à temps pour assurer la surveillance des écoles (une école ouvre à 7 h 45 et la surveillance policière n'est assurée qu'à partir de 8 h) et que la communauté juive s'inquiète d'un relâchement de la vigilance policière.
La communauté juive nous a appris que la plage horaire de la surveillance policière est courte et que généralement, les policiers ne sont réellement présents qu'au début et à la fin des cours, ce qui comporte un risque sécuritaire. La protection est donc perçue comme insuffisante, des personnes malveillantes pouvant frapper après le départ des policiers.
Notre pays a malheureusement déjà connu des attentats antisémites, comme l'attentat à la bombe contre une synagogue à Anvers en 1981 et l'attentat au musée juif en 2014. Il importe donc de rester vigilants en permanence.
Aux Pays-Bas, et plus particulièrement à Amsterdam, une protection «dynamique» des institutions juives considérées comme à haut risque est déjà expérimentée. Cette protection dynamique implique que les agents chargés de la surveillance circulent dans les alentours du site concerné pour avoir une meilleure vision de ce qui s'y passe, tout en étant moins exposés qu'en restant de faction devant les portes d'accès au site. D'autres jugent néanmoins nécessaire de poster des sentinelles en armes devant la porte de certains sites (cf. https://www.parool.nl/amsterdam/beveiliging bij amsterdamse joodse instellingen wordt dynamischer~b7da5d70/).
En ce qui concerne le caractère transversal de la question écrite : les différents gouvernements et maillons de la chaîne de sécurité se sont accordés sur les phénomènes qui doivent être traités en priorité au cours des quatre prochaines années. Ceux-ci sont définis dans la Note-cadre de sécurité intégrale et dans le Plan national de sécurité pour la période 2016-2019 et ont fait l'objet d'un débat lors d'une conférence interministérielle à laquelle les acteurs de la police et de la justice ont également participé. Cette question concerne dès lors une matière transversale qui relève également des Régions, ces dernières intervenant surtout dans le volet préventif.
Je souhaiterais dès lors poser les questions suivantes.
1) Êtes-vous conscient des signaux d'alerte lancés par la communauté juive concernant un relâchement de la vigilance de la police locale ? Des mesures ont-elles déjà été prises pour remédier à ce problème ? Dans l'affirmative, en quoi ces mesures consistent-elles, quels en sont les coûts, quelles sont les mesures déjà réalisées et qu'attend-on encore ? Dans la négative, pouvez-vous en donner les raisons ?
2) Selon vous, quelles sont les raisons de ce relâchement de la vigilance ? Pouvez-vous expliquer en détail les facteurs qui entrent en jeu ? Comment pourrait-on y remédier, selon vous ? Pouvez-vous préciser ?
3) Ce problème peut-il être signalé aux zones de police locale dans l'espoir d'une protection plus efficace ? Dans l'affirmative, pourquoi ? Pouvez-vous détailler votre réponse ? Dans quelles conditions cela peut-il se faire ? Dans la négative, pourquoi ?
4) Dans quelle mesure la pandémie a-t-elle eu une incidence sur la protection des communautés juives ? A-t-on observé, pendant cette période, moins ou plus de menaces à l'encontre de la communauté juive ? Pouvez-vous me fournir des statistiques à ce sujet pour les trois dernières années ? Certaines tendances se dessinent-elles ? Pouvez-vous expliquer si ces évolutions ont incité la police à modifier son approche de la sécurisation ?
5) Selon l'Organe de coordination et d'analyse de la menace (OCAM), le niveau général de la menace en Belgique se situe actuellement au niveau 2. Quel impact cela a-t-il sur la protection des sites susmentionnés ? La différence avec le niveau 3 est-elle grande et quelles sont les mesures relatives à la communauté juive qui ont été modifiées à la suite de la diminution du niveau de la menace ?
8) Selon vous, une approche «dynamique», comme aux Pays-Bas, qui prévoit de faire patrouiller les agents de sécurité dans tout le voisinage plutôt que de les poster de faction, serait-elle efficace ?
À l’occasion de vos questions, le le Centre de crise national (NCCN), a questionné les trois zones de police les plus concernées. Au sein de ces trois zones – Bruxelles-Capitale Ixelles, Uccle-Watermael-Boitsfort-Auderghem et Anvers – se situent la plupart des institutions juives et des écoles.
1) & 2) Je n’ai pas connaissance de signaux d’avertissement venant de la communauté juive. De plus, aucune des zones consultées n’ont reçu de plaintes à ce sujet. Les trois zones concernées ont chacune une personne de contact en service chargé de la sécurité de la communauté juive. Et les trois zones nient le fait qu’il y aurait une diminution de vigilance envers les institutions juives et les écoles. Cela reste plutôt une priorité.
3) Je comprends des zones concernées que l’importance d’une vigilance accrue est constamment soulignée dans les ordres internes. Ce point d’attention est aussi constamment cité pendant les briefings opérationnels. Il en découle que beaucoup d’attention est accordée à la surveillance des écoles, avec une attention particulière aux arrivées et aux départs, ce qui a été convenu en concertation avec le service de sécurité interne des différentes écoles.
4) & 5) Pendant cette période de pandémie, l’OCAM n’a pas constaté d’évolution dans le nombre de menaces à l’encontre des intérêts juifs et israéliens de Belgique. La sécurité des communautés juives n’a pas été spécialement impactée par cette pandémie et la tendance de ces trois dernières années reste stable, quelques vingt-trois incidents nous ont été rapportés et ceux-ci concernent en majorité:
– des agissements suspects aux alentours des ambassades et consulats d’Israël, mais n’ayant pas été suivis d’effet ;
– des lettres de menaces envoyées au musée juif, au forum des organisations juives ou à Radio Judaïca par exemple, mais s’apparentant à des courriers haineux et antisémites et bien souvent rédigés par des personnes instables psychologiquement;
– une menace téléphonique à l’encontre d’une école juive ou une autre verbale à l’encontre d’une synagogue (émise par un détenu en colère);
– des discours de haine publiés sur des réseaux sociaux d’associations, relevant également plus du propos haineux ou antisémite que d’une réelle menace suivie d’un passage à l’acte.
De nombreux actes racistes et xénophobes ciblant la communauté juive sont nourris par des thèses complotistes, relayées par les réseaux sociaux ou autres «fake news». Nous devons rester vigilants, l’antisémitisme est très présent sur les médias sociaux mais il ne se traduit pas, du moins ces dernières années, par des menaces concrètes en Belgique.
À la suite de la vague d’attentats que connaît Israël en ce moment, et à l’approche des fêtes de la Pâque juive, l’OCAM a récemment mis à jour son analyse de la menace à l’encontre des intérêts juifs et israéliens de Belgique, qui restent évalués à leur niveau le plus grave.
Sur la base de cette analyse, le NCCN détermine les mesures à prendre, qui seront exécutées par la police locale. Des mesures appropriées sont prises lors de chaque événement émanant de la communauté juive.
6) Le système des patrouilles dynamiques est en place depuis plusieurs années et a été discuté au préalable par le NCCN avec les acteurs de terrain.