Cryptomonnaies - Émissions - Consommation électrique - Impact climatique - Chiffres et tendances
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4/2/2022 | Envoi question (Fin du délai de réponse: 10/3/2022) |
4/3/2022 | Réponse |
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Selon une étude récente de la Banque centrale néerlandaise, les cryptomonnaies sont très préjudiciables au climat. Les émissions de CO2 résultant d'une transaction en bitcoins sont à peu près les mêmes que celles d'un ménage pendant trois semaines (cf. https://www.demorgen.be/nieuws/een bitcointransactie stoot evenveel co2 uit als een huishouden in drie weken~b6b3de90/).
Ce constat est dû en grande partie au minage des nouveaux bitcoins. Le système fonctionne sur la base de la technologie dite de la blockchain, une sorte de journal de bord dans lequel tous les participants assurent ensemble le suivi des transactions. Toutes les dix minutes, une nouvelle «page» contenant les dernières modifications est ajoutée au registre. Une formule mathématique complexe doit être résolue afin que chaque ajout puisse être traité en toute sécurité. Des systèmes informatiques spécifiques du monde entier s'attellent à ces calculs, ce qui nécessite beaucoup d'énergie.
Le rapport néerlandais indique qu'en 2020, chaque transaction en bitcoins a représenté environ 402 kilos de CO2, ce qui est comparable aux deux tiers des émissions mensuelles d'une famille moyenne. De plus, les émissions par transaction sont en augmentation. En 2020, les émissions de CO2 par transaction étaient déjà supérieures d'un tiers à celles de 2019.
Selon la Banque centrale néerlandaise, deux facteurs expliquent cette tendance. D'une part, la hausse est principalement due à la croissance de la puissance de calcul requise pour le réseau bitcoin. D'autre part, le cours du bitcoin joue également un rôle. Au fur et à mesure que la valeur de la cryptomonnaie augmente, celle-ci attire un plus grand nombre de mineurs, qui consomment alors plus d'électricité pour générer les cryptomonnaies.
La popularité croissante des cryptomonnaies, qui s'accompagne d'une consommation électrique croissante, inquiète donc certaines autorités. Par exemple, le régulateur financier suédois s'est récemment prononcé en faveur d'une interdiction européenne des méthodes de minage de cryptomonnaies à forte consommation d'énergie, donc notamment des bitcoins.
Quant au caractère transversal, cette question porte sur l'impact climatique des cryptomonnaies. Il s'agit donc d'une compétence partagée entre l'autorité fédérale et les Régions.
Je souhaiterais dès lors poser les questions suivantes :
1) Pourriez-vous fournir les chiffres, s'ils sont disponibles, relatifs au nombre de bitcoins et autres cryptomonnaies en circulation en Belgique ? Si possible, veuillez également indiquer le nombre de cryptomonnaies minées en Belgique ou au moyen d'installations électriques/TIC belges. Combien de kilowatts par heure cela représente-t-il par mois ? Discerne-t-on des tendances depuis les cinq dernières années ?
2) Pourriez-vous, si possible, étayer votre réponse de données sur la quantité d'électricité consommée chaque mois par les serveurs, les PC et autres appareils TIC pouvant être utilisés pour miner les cryptomonnaies ? Quel est le coût estimé en termes d'émissions de CO2 ? Quel est le coût (en euros) de la consommation électrique ? Celle-ci est-elle supérieure ou inférieure à celle des années précédentes ?
3) Dans quelle mesure la Belgique soutient-elle une interdiction européenne des méthodes de minage de cryptomonnaies à forte consommation d'énergie, comme le propose la Suède ? Pourquoi ? Pourriez-vous justifier votre réponse ?
4) Dans quelle mesure êtes-vous informé des émissions de CO2 qu'entraînent la technologie de la blockchain et les cryptomonnaies ? Prévoit-on, en Belgique, de lutter contre la surconsommation énergétique liée au minage des cryptomonnaies ? Si oui, quelles sont les étapes concrètes, du point de vue des citoyens ou des entrepreneurs ? Quel est le coût estimé et quand les décisions entreront-elles en vigueur ? Si non, dans quelle mesure considérez-vous l'utilisation et le minage des cryptomonnaies comme une menace pour notre environnement et notre climat ?
5) Dans quelle mesure les entreprises énergétiques, le secteur financier ou le secteur des TIC peuvent-ils, selon vous, contribuer à la réduction des émissions dues aux cryptomonnaies et aux blockchains ? Existe-t-il déjà des plans ou des accords à ce sujet ? Si oui, veuillez justifier votre réponse. Si non, pourquoi n'est-ce pas encore le cas ?
6) Quelles mesures le gouvernement peut-il prendre pour faire en sorte de réduire les émissions de CO2 dues au minage de cryptomonnaies ? A-t-il déjà des plans à cet égard ? Pourriez-vous justifier votre réponse ? Quelles autres mesures sont-elles en préparation ?
Le développement de la cryptomonnaie suscite de nombreux questionnements et vous en soulevez, à juste titre, plusieurs d’entre eux. Cependant, je n’aborderai ici que son impact environnemental.
Je ne dispose pas de chiffres précis relatifs au territoire belge, mais il est clair que l’échange de cryptomonnaie entraîne une augmentation significative de la consommation d’énergie, sous forme d’électricité, comme le montre la source que vous avez citée. Cependant, la consommation d’électricité pour le «mining» d’un bitcoin est beaucoup plus élevée et, selon la source utilisée, se situe entre 400 et 600 MWh, soit la consommation moyenne électrique de cent familles belges.
Les émissions de CO2 issues de la production d’électricité en Belgique, comme au sein des autres États membres, sont couvertes par le système européen d’échange de quotas d’émission (EU ETS). Le système plafonne la quantité totale absolue de CO2 pouvant être émise chaque année. Ainsi, l’augmentation de la consommation d’électricité des crypto-monnaies et les émissions de CO2 associées n’entraînent pas d’émissions de CO2 supplémentaires au niveau de l’Union européenne (UE). Cependant, cette augmentation de la consommation entraîne des efforts plus importants ailleurs dans l’EU ETS et augmente potentiellement le prix du CO2.
Quoiqu’il en soit et quel que soit le développement futur de la cryptomonnaie, nous devons décarboner l’ensemble de notre économie. Les scénarios de neutralité climatique à l’horizon 2050 produits par mon administration montrent qu’à terme le secteur de la production d’électricité peut et doit être entièrement décarboné via le déploiement massif des énergies renouvelables, dont principalement l’éolien et le solaire. Mais rendre la production d’électricité entièrement renouvelable ne peut se faire qu’en combinaison avec une gestion adéquate de la demande. Et c’est là que le bât blesse: plus les cryptomonnaies entre autres font augmenter la consommation d’électricité, plus le défi est grand de rendre la production d’électricité 100 % renouvelable et la Belgique climatiquement neutre. Autrement dit, si la consommation électrique devait augmenter sans fin, il serait impossible de résoudre le problème climatique. Une modération de la demande fait partie des politiques susceptibles de décarboner l’économie et de nous rendre moins dépendant de l’étranger. Les cryptomonnaies n’apparaissent de ce point de vue pas aider l’environnement.
En ce qui concerne les autres points d’attentions que vous soulevez, je laisserai vous répondre mes collègues directement concernés par ces matières.