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Question écrite n° 6-1950

de Jean-Jacques De Gucht (Open Vld) du 3 septembre 2018

au vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères et européennes, chargé de Beliris et des Institutions culturelles fédérales

Vatican - Discrimination et homophobie - Déclarations du pape - Démarches diplomatiques

Saint-Siège
catholicisme
discrimination fondée sur l'orientation sexuelle
minorité sexuelle
identité de genre

Chronologie

3/9/2018Envoi question (Fin du délai de réponse: 4/10/2018)
9/12/2018Dossier clôturé

Aussi posée à : question écrite 6-1951
Réintroduite comme : question écrite 6-2215

Question n° 6-1950 du 3 septembre 2018 : (Question posée en néerlandais)

Selon le pape François, les parents qui découvrent que leur enfant a des " tendances homosexuelles " devraient solliciter une aide psychiatrique. C'est ce qu'il a déclaré lors d'une conférence de presse, en réponse à un journaliste lui demandant quel conseil il pouvait donner aux parents découvrant l'homosexualité de leur enfant.

Le pape estime qu'il faut tenir compte de l'âge des enfants en question et qu'il peut s'avérer nécessaire de recourir à une aide psychiatrique lorsque l'enfant commence à présenter des particularités " inquiétantes ". Le pape a déclaré que lorsque de telles tendances apparaissent pendant l'enfance, beaucoup de choses peuvent être faites pour voir ce qu'il en est.

Ce ne sont pas les seules déclarations que le pape ait faites concernant les lesbigays. En mai de cette année, le pape avait chargé les évêques italiens d'examiner les candidatures des aspirants au sacerdoce et d'écarter les hommes présumés homosexuels. En juin, il a indiqué que la famille à l'image de Dieu ne pouvait être composée que d'un homme et d'une femme, excluant explicitement les couples homosexuels du modèle familial.

Les jeunes lesbigays constituent un groupe particulièrement vulnérable, comme en témoigne le risque accru de suicide dans cette catégorie. L'Église ferait mieux d'examiner sa moralité en interne, plutôt que de faire des déclarations sur des modèles familiaux qui, contrairement à ce qu'elle pense, sont déjà intégrés depuis des années dans la société. Ces déclarations sont avant tout contraires aux droits de l'homme et au principe de non-discrimination.

Le Vatican remplit un double rôle - religieux et politique - puisqu'il est la seule Eglise à bénéficier de la souveraineté dans notre pays et à être, dès lors, également représenté sur le plan diplomatique.

Cette question concerne également une matière transversale avec les Communautés (égalité des chances). Je me réfère au décret du 10 juillet 2008 portant le cadre de la politique flamande de l'égalité des chances et de traitement et le décret portant création du Centre interfédéral de l'égalité des chances. Les positions du gouvernement flamand et leur défense auprès des Nations Unies se font systématiquement en coordination avec l'autorité fédérale en ce qui concerne entre autres l'égalité des chances.

Les autorités fédérées contribuent à forger l'opinion de la fédération dans ces matières qui relèvent de leurs compétences internes.

Concernant l'égalité des chances et la non-discrimination, il s'agit de dossiers dits " multilatéraux mixtes ". La concertation intrafédérale sur les droits de l'homme (égalité des chances et principe de non-discrimination) se déroule surtout dans le cadre de la coordination ad hoc qui intervient lors de la présentation d'un rapport international ou de la détermination d'un point de vue. On utilise à cette fin le mécanisme de coordination COORMULTI ou des coordinations ad hoc réalisées par d'autres services publics

fédéraux

La politique étrangère de la Belgique est coordonnée au sein de la Conférence interministérielle Politique étrangère où les différents niveaux de pouvoir sont représentés. Cet organe se réunit à nouveau depuis le 6 juillet 2015.

Je souhaite poser les questions suivantes au ministre :

1) Que pensez-vous, d'une part, des récentes déclarations du pape sur l'homosexualité, où il indique que la psychiatrie peut faire beaucoup lorsque les tendances homosexuelles d'un enfant sont claires, et, d'autre part, des incidents antérieurs relatés dans l'introduction de ma question ?

2) Pouvez-vous indiquer :

- quel est le point de vue de notre gouvernement à ce sujet et

- si vous êtes prêt à transmettre une protestation officielle au Saint Siège étant donné que les déclarations émanent du chef d'État du Vatican et qu'elles sont extrêmement stigmatisantes et discriminatoires ? Pouvez-vous détailler votre réponse ?

3) Envisagez-vous de faire savoir au nonce apostolique que notre pays ne peut admettre la déclaration selon laquelle la psychiatrie peut encore faire beaucoup lorsque les tendances homosexuelles d'un enfant sont claires ?

Êtes-vous disposé à l'interpeller explicitement à ce sujet ?

Dans la négative, pourquoi, et pouvez-vous détailler votre réponse ?

Dans l'affirmative, dans quel sens ira cette interpellation, et quand cette question sera-t-elle discutée ?

4) Quelles autres démarches jugez-vous opportunes à cet égard ? Pouvez-vous fournir des explications concrètes ?