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Question écrite n° 5-9583

de Fatiha Saïdi (PS) du 17 juillet 2013

à la vice-première ministre et ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, chargée de Beliris et des Institutions culturelles fédérales

Addictions à l'alcool - Traitement - Baclofène - Efficacité

alcoolisme
médicament

Chronologie

17/7/2013Envoi question
28/4/2014Fin de la législature

Question n° 5-9583 du 17 juillet 2013 : (Question posée en français)

Prescrit, à l'origine, comme relaxant musculaire en neurologie, le baclofène est en cours d'évaluation depuis les années 2000 dans différents pays pour le traitement d'autres pathologies et principalement comme médication de certaines dépendances notamment aux boissons alcoolisées. L'alcoolisme, comme la toxicomanie, est une maladie, et non un vice. De récentes découvertes sur la chimie des neurones ont permis de montrer que la volonté n'est pas mise en cause dans les phénomènes d'addictions. Environ 10 personnes sur 100 sont prédisposées à devenir dépendantes d'une substance comme l'alcool, l'héroïne, les médicaments, etc. C'est la rencontre avec le produit qui déclenche la maladie et le malade devient l'esclave du produit.

Une étude publiée début décembre 2012 dans la revue Frontiers in Psychiatry montre son efficacité à court terme et une nette réduction de la dépendance à l'alcool sur le long terme.

L'étude portait sur 100 patients fortement dépendants à l'alcool et résistants aux thérapies habituelles. Traités avec du baclofène, les malades ont été suivis pendant deux ans. La consommation d'alcool et l'envie de boire des participants ont été régulièrement mesurées. La consommation d'alcool était réduite chez 84 % des malades après trois mois de traitement, 70 % après six mois, 63 % après un an et 62 % après deux ans. Dans ce panel, dix malades, se considérant comme guéris, ont arrêté le traitement.

Selon l'auteur de l'étude, aucune autre thérapie contre l'alcoolisme ne procure de résultats aussi positifs. Cette étude à une valeur scientifique limitée dans la mesure où il s'agit d'une observation du suivi de patients volontaires, sans comparaison avec un groupe témoin. Toutefois, les résultats sont très encourageants.

Outre le baclofène, deux nouvelles molécules visant à réduire la consommation chez les personnes dépendantes devraient arriver sur le marché en 2014.

Le Selincro est à ce jour le plus abouti. Commercialisé par un laboratoire danois, il a reçu une autorisation de mise sur le marché européen en février 2013 devrait être disponible dans les pays scandinaves, en Pologne et en Allemagne dès cette année et en 2014 en France. L'originalité de ce traitement est de ne pas viser l'abstinence du malade, mais de réduire son envie de boire, selon le laboratoire. Il est indiqué pour des adultes moyennement dépendants.

Le deuxième médicament, l'Alcover, est un traitement connu, prescrit en Italie et en Autriche depuis une quinzaine d'années. Le laboratoire, qui cherche à le commercialiser, mène actuellement un essai clinique dans l'espoir de le lancer sur le marché européen à la fin de l'année 2014. La molécule utilisée n'est autre que le GHB, la "drogue du violeur", ce qui pourrait constituer un handicap pour sa commercialisation. Il est indiqué chez des patients alcoolodépendants qui ont pour projet l'abstinence.

S'ils ciblent des systèmes de neurotransmission différents, ces médicaments ont une même finalité, celle de jouer sur l'activité du circuit cérébral de la récompense. Le malade devrait être ainsi soulagé du besoin irrépressible de boire. Toutefois des réactions très variables sont observées selon les patients. Si certains reprennent le contrôle de leur consommation, d'autres parviennent à l'abstinence et il existe aussi des malades qui ne connaissent aucune amélioration.

Enfin, les addictologues n'ont pour l'heure aucun critère scientifique leur permettant de préférer un médicament à un autre, selon le profil du patient. Des recherches cliniques sont nécessaires pour comparer ces médicaments entre eux et pour étudier leur combinaison. C'est dans cette optique qu'une demande de brevet a déjà été déposée aux États-Unis pour une association du baclofène et du GHB.

Il n'existe donc pas de molécule miracle. Des thérapies comportementales et une assistance sociale restent nécessaires pour lutter contre une dépendance aux ressorts complexes.

Madame la ministre, pourriez-vous m'informer si vous avez connaissance d'études similaires et concordantes en Belgique et à l'étranger sur l'efficacité du baclofène aujourd'hui générique et si vous pourriez envisager dans un avenir proche son usage éventuellement associé à d'autres soins dans le traitement de l'addiction à l'alcool ? Ma question cible le baclofène, dans la mesure où cette molécule est tombée dans le domaine public et c'est celle qui aura le moins de répercussion sur le budget de notre sécurité sociale.