Une récente thèse de doctorat de Tinne Dilles (université d'Anvers) souligne le rôle très important que les infirmiers pourraient jouer dans le suivi de la consommation de médicaments. Ce suivi est trop rarement assuré aujourd'hui et les effets secondaires et indésirables des médicaments échappent donc à l'attention. Cette étude a constaté à cet égard (1) que la majorité des infirmiers jugent cet aspect important et le considèrent comme faisant partie de leurs attributions mais (2) qu'ils ne disposent pas de compétences suffisantes dans ce domaine. C'est pourquoi un instrument, appelé « trigger tool » a entretemps été développé ; il serait d'une grande utilité pour le contrôle des effets des médicaments. Bien que l'étude soit centrée sur les centres d’hébergement et de soins, il semble que l'on puisse en généraliser les conclusions. Mes questions sont les suivantes. 1) La ministre reconnaît-elle qu'un problème se pose en ce qui concerne le contrôle rigoureux de la consommation de médicaments des patients hospitalisés entre autres ? 2) Comment évalue-t-elle et apprécie-t-elle les conclusions de cette thèse de doctorat qui présentent les infirmiers comme des acteurs essentiels d'un contrôle adéquat de l'usage des médicaments mais qui soulignent qu'ils ne disposent pas de toutes les compétences et instruments pour ce faire ? 3) La ministre connaît-elle l'instrument appelé « trigger tool » qui peut être d'une grande utilité pour un tel contrôle ? Reconnaît-elle l'utilité de cet instrument ? A-t-on veillé ou veille-t-on à diffuser cet instrument ? 4) La ministre envisage-t-elle d'autres mesures politiques pour optimiser le contrôle de l'usage des médicaments en cas d'accueil résidentiel ? |
Au sein de mes services, divers projets et
initiatives sont développés et réalisés
pour améliorer en continu la qualité des soins
dispensés aux patients. À cet effet, nous visons une
approche multidisciplinaire des soins, les compétences des
différents prestataires de soins étant complémentaires.
Le nombre élevé
d’hospitalisations et de séjours prolongés sont à
l’origine de notre politique, laquelle accorde également
une attention particulière à la qualité et à
la sécurité de la thérapie médicamenteuse.
1.
L’arrêté royal du 4
mars 1991 prévoit la création du Comité
médico-pharmaceutique (CMP) au sein des hôpitaux. Ce
comité surveille la consommation et l’utilisation de
médicaments au sein de l’établissement, et
rédige si nécessaire des directives et protocoles.
La consommation de médicaments dans
les hôpitaux est consignée avec précision,
(financement, remboursement, budget, moyens financiers, utilisation
rationnelle) et l’information est transmise aux instances
concernées (Institut National d’Assurance
Maladie-Invalidité (INAMI), Service public fédéral
(SPF) Santé publique).
Dans le cadre du contrat de qualité
et de sécurité des patients (plan pluriannuel
2007-2012), il est demandé aux hôpitaux de mettre sur
pied un système de management de la sécurité
des patients, en vue de notifier les incidents. Il ressort du
dernier rapport que 28 % des incidents notifiés concernent
l'utilisation de médicaments. La plupart des actions
d’amélioration mises sur pied suite à un
incident concernaient la médication (20 %).
Des éléments relatifs à
l’administration de médication (IM, S, ID, IV) sont
collectés dans le cadre du Résumé infirmier
minimum (évaluation de la charge de travail liée au
financement des hôpitaux).
L’administration fédérale
a, entre 2005 et 2011, développé l’instrument
BelRAI (la version belge de l’instrument international
MDS-RAI) lequel couvre également la problématique de
la médication.
2.
Depuis 2007, le projet pilote national
« Évaluation de l’impact de la pharmacie
clinique dans les hôpitaux » est en cours. Dans le
cadre de celui-ci, le pharmacien clinique collabore avec l’équipe
de soins au sein des divisions de soins infirmiers afin d’optimiser
ainsi les soins pharmaceutiques destinés au patient. Il en
ressort que ces accords de collaboration
(médecins-pharmacien-infirmier) permettent d'identifier et de
réduire les risques d’incidents avec des médicaments.
Il en ressort également que la complémentarité
en matière de médication est appréciée,
qu’il y a plus d’attention pour la continuité de
la thérapie médicamenteuse, que les médecins et
les infirmiers sont satisfaits de collaborer avec un pharmacien
hospitalier, que l’administration des médicaments est
optimisée.
Divers hôpitaux ont formé et engagé
des infirmiers pour effectuer une anamnèse médicamenteuse
approfondie lors de l’admission du patient. Dans les projets
pilotes de pharmacie clinique, les infirmiers sont considérés
comme des partenaires dans la médication.
Nous demandons de mettre en œuvre dans tous
les projets pilotes la politique d’admission et de sortie. À
partir de 2013, les initiatives en matière de pharmacie
clinique et de soins transmuraux seront encouragées et
développées (voir plus loin).
Pour le contrat suivant et le plan
pluriannuel portant sur la qualité et la sécurité
des patients 2013-2017, il sera notamment demandé aux
hôpitaux d’accorder une attention particulière à
la sécurité de la médication.
Le 22 décembre 2010, le texte de
synthèse « Propositions et mesures pour une
meilleure coordination de la politique des soins en maisons de repos
et de soins » a été approuvé par le
Groupe de travail mixte « Médecins coordinateurs
et conseillers » (MCC). Ce texte comprend des tâches
et missions spécifiques pour les établissements et le
CMM concernant les différents aspects de l’évaluation
des soins et de la promotion de la qualité pour les personnes
âgées. La politique relative à la médication
a été reprise dans celui-ci. Ce texte a abouti à
un avis du Conseil national des Établissements hospitaliers
en février dernier. La possibilité d'appliquer ces
recommandations est actuellement à l’étude.
Le 26 avril 2010, la Conférence
interministérielle (CIM) a formulé plusieurs
recommandations reprises dans le document « Vers une
meilleure politique de soins médico-pharmaceutiques dans les
centres résidentiels et de soins : projets en soutien
d’une concertation multidisciplinaire ». Sur cette
base, un arrêté royal est actuellement en préparation
par l’Institut national d’assurance maladie-invalidité
(INAMI) pour lancer 20 projets pilotes, conformément aux
remarques formulées par le groupe de travail Inter-cabinets
« Politique de santé à mener en faveur des
personnes âgées ».
De mon point de vue, l’attention sur
cette problématique peut être transmise aux instances
de formation concernées.
Au sein d’une équipe de soins
multidisciplinaire, nous pourrions demander de décrire les
différentes fonctions et compétences. Les directions
des établissements peuvent développer et suivre cela.
L’Agence Fédérale des
Médicaments et des Produits de Santé (AFMPS) a lancé
fin 2010 un outil électronique, disponible sur
www.fichejaune.be, pour la
notification d’effets indésirables de médicaments
par les médecins, les pharmaciens et les dentistes, comme
alternative aux fiches jaunes « papier » de
notification. En juillet 2012, cet outil électronique sera
également rendu accessible aux infirmiers. L’AFMPS
informera les infirmiers, via les associations professionnelles, de
la mise à disposition de l’outil et les sensibilisera à
l’importance de la notification des effets indésirables.
3.
Au sein de mes services, le trigger
tool est connu et est appliqué
par certains hôpitaux dans le cadre des contrats « Qualité
et Sécurité du patient ». Un trigger
tool est une méthode d’examen
interne de dossier dans laquelle une analyse rétrospective
est effectuée pour constater l’apparition de dommages
liés aux soins pendant une hospitalisation dans le but
d’améliorer la qualité des soins du patient
(développement de trajets d’amélioration).
Une telle analyse multidisciplinaire sera
promue dans le cadre du prochain plan pluriannuel (2013-2017). Afin
de soutenir les hôpitaux, l’organisation d’ateliers
spécifiques est prévue.
4.
Des actions ont été
entreprises par l’AFMPS pour enregistrer les incidents
survenus avec des médicaments.
Dans le cadre de la pharmacovigilance, des
notifications sont soumises à l’AFMPS. (fiche jaune).
Des informations supplémentaires se
trouvent sur www.mfc-cmp.be
et www.patent-safety.be.
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