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11 MARS 2009
Au niveau mondial, l'épidémie de sida a atteint un plateau en termes de pourcentage de personnes infectées (prévalence). Toutefois, le nombre total de personnes vivant avec le VIH s'est accru du fait du nombre de nouvelles infections de ces dernières années et des effets bénéfiques des thérapies antirétrovirales qui sont plus largement disponibles. Ce nombre atteint 33 millions de personnes avec près de 7 500 nouvelles infections par jour.
L'Afrique subsaharienne reste la région la plus durement touchée par le VIH, et représente 67 % du total des personnes vivant avec le VIH et 72 % des décès dus au sida en 2007.
À l'échelle mondiale, on estime donc à 33 millions le nombre de personnes vivant avec le VIH en 2007. Le nombre annuel de nouvelles infections au VIH a baissé de 3,0 millions en 2001 à 2,7 millions en 2007.
Le taux de nouvelles infections à VIH a chuté dans plusieurs pays, même si ces tendances favorables sur le plan mondial sont, en partie du moins, contrebalancées par un accroissement des nouvelles infections dans de nombreux autres pays tels que, par exemple, la Chine, l'Indonésie, le Kenya, le Mozambique, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Fédération de Russie, l'Ukraine et le Vietnam. L'incidence des infections au VIH augmente aussi dans des pays comme l'Allemagne, l'Australie et le Royaume-Uni.
Le sida, première cause de mortalité en Afrique
En Afrique subsaharienne, la plupart des épidémies nationales se sont stabilisées ou ont commencé à décliner. Encore que ... de nouvelles informations en provenance du Kenya, par exemple, suggèrent qu'en 2007 la prévalence du VIH se situait entre 7,1 % et 8,5 %, contre 6,7 % en 2003.
Surtout, sur les quelque 2 millions de décès attribuables au sida en 2007, 1,5 million ont eu lieu en Afrique. Dans ce continent où 22 millions de personnes vivent avec le VIH, le sida reste la cause majeure de mortalité. Dans la région, 60 % des personnes vivant avec le VIH sont des femmes et 75 % des mineurs contaminés sont des jeunes filles.
Cependant, ces nouvelles tendances ne doivent pas occulter que dans certaines régions, de nouvelles contaminations ont lieu pour certaines populations à risque, des populations de pêcheurs par exemple. Ces derniers ne changent en effet pas leur comportement et de plus n'ont pas accès aux thérapies ad hoc. Ils présentent donc une prévalence cinq fois plus importante que celle de la population générale de leur pays.
Progrès en matière de prévention
Le Rapport sur l'épidémie mondiale de sida publié par l'ONUSIDA en 2008 montre des avancées significatives en ce qui concerne la prévention de nouvelles affections au VIH dans plusieurs pays gravement atteints. Au Rwanda et au Zimbabwe, des modifications du comportement sexuel ont entraîné un déclin du nombre de nouvelles infections au VIH.
Dans un grand nombre des pays les plus atteints, le recours au préservatif augmente parmi les jeunes à partenaires multiples. L'augmentation de l'âge au moment des premiers rapports sexuels constitue un autre signe encourageant, observé dans 7 des pays les plus atteints: le Burkina Faso, le Cameroun, l'Ethiopie, le Ghana, le Malawi, l'Ouganda et la Zambie. Au Cameroun, le pourcentage de jeunes ayant eu des rapports sexuels avant l'âge de 15 ans est passé de 35 % à 14 %.
Femmes et enfants face au VIH
À l'échelle mondiale, les femmes représentent la moitié de toutes les infections au VIH, un pourcentage qui reste stable depuis plusieurs années. Parmi elles, le pourcentage de femmes enceintes séropositives qui reçoivent un traitement préventif de la transmission mère-enfant (PTME) est passé de 14 % à 33 % entre 2005 et 2007.
On dénombre 2 millions d'enfants séropositifs, dont 370 000 infectés en 2007. Au cours de cette même période, le nombre d'infections nouvelles chez les enfants (de moins de 15 ans) a chuté de 410 000 à 370 000. Mais le nombre total d'enfants vivant avec le VIH est passé de 1,6 million en 2001 à 2 millions en 2007. Près de 90 % d'entre eux vivent en Afrique subsaharienne.
Les groupes à risque mieux protégés en l'absence de discrimination
Pour les personnes les plus exposées au risque, on relève depuis 2005 une multiplication par trois des activités de prévention axées sur les professionnel(le)s du sexe, les hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes et les consommateurs de drogues injectables. La discrimination reste un obstacle à l'accès aux services de prévention pour les populations les plus exposées au risque, et inversement, les pays qui protègent ces populations de la discrimination parviennent à toucher une plus grande proportion d'entre elles.
Les traitements sauvent des vies mais sont encore largement insuffisants
Quelque 3 millions de personnes reçoivent à l'heure actuelle un traitement antirétroviral dans les pays à revenus faibles ou moyens. Des progrès considérables ont été réalisés par de nombreux pays. Ainsi, par exemple, la Namibie a étendu le traitement de 1 % en 2003 à 88 % en 2007. Le Cambodge a, de même, fait passer la couverture de traitement de 14 % en 2004 à 67 % en 2007. Parmi les autres pays qui ont presque atteint la couverture universelle on compte le Botswana, le Brésil, le Chili, le Costa Rica, Cuba et la République démocratique populaire lao. Un peu partout les femmes sous traitement sont plus nombreuses que les hommes. Quelque 105 pays se sont fixé des objectifs et des buts visant l'accès universel à la prévention, au traitement, à la prise en charge et au soutien des patients contaminés par le VIH d'ici à 2010.
La multiplication par six, entre 2001 et 2007, du financement de programmes anti-VIH dans les pays à revenu faible ou intermédiaire commence à donner des résultats. Les avancées en termes d'abaissement du nombre de décès dus au sida et de prévention de nouvelles infections sont apparentes dans plusieurs pays. Au niveau mondial, le nombre de décès attribuables au sida a baissé, passant de 2,2 millions à 2 millions en 2007 (estimations). Les progrès ne sont toutefois pas homogènes et l'avenir de l'épidémie reste toujours incertain, soulignant la nécessité d'intensifier l'action sur la voie de l'accès universel à la prévention, aux traitements, aux soins et à l'appui en matière de VIH: pour deux personnes placées sous antirétroviraux, cinq autres contractent une nouvelle infection !
Le nombre de personnes touchées dans le monde pour 2007
Le nombre de personnes vivant avec le VIH/sida dans le monde est de 33,2 millions (30,2 millions d'adultes dont 15,4 millions de femmes et 2,5 millions d'enfants de moins de 15 ans) dont:
— 22,5 millions en Afrique subsaharienne (1,6 millions de décès en 2007);
— 4,0 millions en Asie du Sud et du Sud-Est (270 000 décès en 2007);
— 1,6 million en Amérique latine (58 000 décès en 2007);
— 1,6 million en Europe orientale et Asie centrale (55 000 décès en 2007);
— 1,3 million en Amérique du Nord (21 000 décès en 2007);
— 800 000 en Asie de l'Est (32 000 décès en 2007);
— 760 000 en Europe occidentale et centrale (12 000 décès en 2007);
— 380 000 en Afrique du Nord et Moyen-Orient (25 000 décès en 2007);
— 230 000 dans les Caraïbes (11 000 décès en 2007);
— 75 000 en Océanie (1 200 décès en 2007).
Le nombre de nouveaux cas d'infection à VIH en 2007 est estimé à 2,5 millions (dont 2,1 millions d'adultes et 420 000 enfants de moins de 15 ans) dont:
— 1,7 millions en Afrique subsaharienne;
— 340 000 en Asie du Sud et du Sud-Est;
— 150 000 en Europe orientale et Asie centrale;
— 100 000 en Amérique latine;
— 92 000 en Asie de l'Est;
— 46 000 en Amérique du Nord;
— 35 000 en Afrique du Nord et Moyen-Orient;
— 31 000 en Europe occidentale et centrale;
— 17 000 dans les Caraïbes;
— 14 000 en Océanie.
Le nombre de décès dus au sida en 2007 est de 2,1 millions (dont 1,7 millions d'adultes et 380 000 enfants de moins de 15 ans).
En ce qui concerne la découverte d'un vaccin, le monde de la recherche se trouve actuellement dans une impasse. Plus que jamais le support à la recherche d'un vaccin doit être soutenu, des travaux de recherche sont également en cours dans certains pays africains, dans ce domaine le partage des connaissances est indispensable.
Les auteurs ont souhaité, par ailleurs, mettre l'accent sur le cadre stratégique proposé par L'ONUSIDA afin de guider les actions qui seront entreprises dans le cadre du plan de soutien de la Belgique à l'Afrique subsaharienne en matière de VIH/sida demandé au gouvernement.
Les informations reprises dans les développements sont presque intégralement extraites de L'actualité du sida: les chiffres dans le monde, Plate-Forme Prévention Sida, 25 novembre 2008, www.preventionsida.org.
Anne DELVAUX Nahima LANJRI Marc ELSEN Jean-Paul PROCUREUR. |
Le Sénat,
A. considérant que l'Afrique, en particulier l'Afrique subsaharienne, est actuellement la région la plus touchée; que le VIH/sida y est considéré comme créant un état d'urgence qui menace le développement, la cohésion sociale, la stabilité politique, la sécurité alimentaire et l'espérance de vie et qu'il constitue un fardeau dévastateur pour l'économie;
B. considérant que seules des stratégies engageant le long terme constituent une riposte adéquate à l'épidémie;
C. considérant l'importance de développer des mesures intégrées en termes socio-culturels et socio-économiques;
D. considérant que les besoins en formation de personnes ressources et des professionnels de l'aide et du soin en matière de prévention doivent être mieux rencontrés;
E. considérant que les besoins de partage de connaissance entre professionnels de la santé, de l'éducation et de l'aide doivent être mieux rencontrés, notamment en matière de recherche d'un vaccin;
F. considérant qu'une vigilance et une attention continues doivent être apportées à l'évolution de la situation, notamment en termes de besoins, de demandes et d'offres en matière de sida, en termes de formation et d'échange de connaissance;
Demande au gouvernement, en concertation et en collaboration avec les Communautés:
de rédiger un plan de soutien de la Belgique à l'Afrique subsaharienne en matière de VIH/sida;
1. Le contenu de ce plan se situera dans le cadre des axes stratégiques définis par l'ONUSIDA (1) , repris ci-après:
a) conjuguer l'élargissement des programmes et des mesures visant à réduire les facteurs sociétaux qui accroissent le risque et la vulnérabilité face au VIH, à savoir les inégalités sexospécifiques, la stigmatisation et la discrimination, ainsi que la marginalisation sociale;
b) donner aux personnes vivant avec le VIH les moyens de contribuer à la conduite de la riposte nationale, et faire participer la société civile à l'élaboration, à la mise en œuvre, et à l'évaluation des stratégies nationales de lutte contre le VIH;
c) s'acheminer sur la voie de l'accès universel aux services de prévention, de traitement, de soins et d'appui en matière de VIH, ce qui constitue une étape majeure pour une riposte efficace, durable au VIH;
d) prévoir pour l'avenir, en mettant en œuvre des systèmes de planification stratégique et d'évaluation s'étendant sur plus de trois et de cinq ans;
e) harmoniser et aligner les efforts de toutes les parties prenantes par rapport aux stratégies et priorités définies par les pays eux-mêmes, et renforcer la qualité et la souplesse du soutien technique offert pour bâtir rapidement un potentiel national durable;
f) mobiliser les ressources financières suffisantes afin d'atteindre les cibles mondiales associées à l'accès universel, en mettant en place des dispositifs innovants à l'appui d'un financement sur le long terme;
g) atténuer l'impact du sida sur le développement, sachant que 12 millions d'orphelins du sida se trouvent en Afrique subsaharienne (sur 15 millions au niveau mondial), et que les effets secondaires sont délétères, notamment sur la croissance économique;
2. Ce plan visera:
a) la formation, en Afrique subsaharienne, de personnes ressources et de professionnels des soins, de l'éducation et de l'aide en matière de prévention du sida;
b) l'échange de connaissance entre professionnels de la santé de Belgique et d'Afrique subsaharienne, sur la problématique du sida en veillant à:
1º fonder l'action nationale sur les preuves irréfutables de ce qui est efficace, en veillant à l'exécution intégrale de politiques et de programmes établis à partir de données factuelles;
2º investir dans une riposte au VIH réellement efficace, en accordant une attention particulière aux stratégies de prévention reposant sur des données factuelles et propres à contenir les épidémies nationales;
3º prévoir pour l'avenir, en mettant en œuvre des systèmes de planification stratégique et d'évaluation s'étendant sur plus de trois et de cinq ans;
4º supporter les recherches qui visent à créer un vaccin sida au travers des différents moyens possibles (partage des connaissances, incitants pour l'industrie pharmaceutique, etc.);
c) la nomination d'un « coordinateur/ambassadeur sida », dont la mission sera notamment d'assurer le suivi des points a), b) et d) et de renforcer, développer et évaluer le plan de soutien;
d) l'amélioration de l'accompagnement de populations plus à risque, et en particulier les femmes et les enfants.
4 février 2009.
Anne DELVAUX Nahima LANJRI Marc ELSEN Jean-Paul PROCUREUR. |
(1) Rapport sur l'épidémie mondiale de sida 2008. Résumé d'orientation, ONUSIDA, juillet 2008.