Oscar Hernalsteens, dessinateur de son état, travaillait pour la résistance en élevant des pigeons originaires de France.
Il utilisait ces messagers fiables pour renseigner rapidement et efficacement les alliés sur les opérations de décollage ou de survol des zeppelins allemands.
L'occupant allemand se servait de ces dirigeables pour effectuer des vols de reconnaissance et pour bombarder Liège, Anvers, Londres, Paris et de nombreuses autres villes françaises.
Malheureusement, l'ennemi eut vent des activités d'Hernalsteens, et celui-ci fut condamné à mort dans l'hémicycle du Sénat en avril 1916.
Durant son procès, ce père veuf et courageux patriote avait rédigé un appel émouvant :
"Ici, sur ce banc, a été condamné à mort pour espionnage, le 12 avril 1916, Hernalsteens, né à Boitsfort en 1874, veuf et père de trois jeunes enfants. Puisse le sénateur qui occupera cette place avoir de temps à autre une pensée pour moi. Vive la Patrie!"
Trois ans plus tard, durant la séance plénière du 19 mars 1919, le sénateur Etienne de Vrière déclarait avoir fait la veille, dans l'hémicycle, une découverte étonnante dans son pupitre...
Il y avait trouvé un petit mot curieux qui l'avait profondément et sincèrement ému. Il comprit en un instant pourquoi la clé de son pupitre avait disparu. Il fallait que l'on retrouve le petit mot qu'Oscar Hernalsteens avait rédigé en 1916 !
Le sénateur Etienne de Vrière demanda ensuite à ses honorables collègues s'ils souhaitaient se rallier à l'appel qui avait ainsi été lancé sous l'occupation. Voulant faire retentir une fois encore dans cet édifice le cri du cur de ce patriote, ils crièrent tous ensemble « Vive la Patrie ! ».
Au nom de tous ses collègues, le sénateur demanda au président que l'état s'occupe immédiatement des trois enfants. Le président ne perdit pas un instant et, le jour même, le Sénat se mit à la recherche du lieu de résidence des enfants.
Un an plus tard, le sénateur Alphonse Ryckmans reprit le dossier.
Les enfants Irène, René et Blanche se portaient bien et étaient suivis par l'Oeuvre nationale des orphelins de guerre.
Le sénateur Ryckmans se déclara pleinement satisfait des mesures proposées par ce service.
Les nombreuses lettres disponibles à ce sujet dans nos archives attestent que le Sénat prit son rôle à cur et veilla à ce que les enfants bénéficient d'un excellent suivi.