1/03/2019
Dr. Jean Faniel (CRISP) Les rapports de force entre le législatif et l'exécutif en Belgique depuis la Grande Guerre : renversement suite à l'instauration du suffrage universel pur et simple ?
La Grande Guerre, loin d’être une parenthèse dans l’histoire de la démocratie belge, en a été un tournant capital.
La guerre a bien entendu permis l’instauration du suffrage universel pur et simple masculin. Ce bouleversement, revendiqué par le POB juste avant le conflit mondial, avait été préparé par l’instauration du suffrage universel tempéré par le vote plural (obligatoire) en 1894 ainsi que du scrutin proportionnel dès 1899.
Mais le premier scrutin d’après-guerre, qui se déroule le 16 novembre 1919, sonne aussi la fin de l’hégémonie d’un seul parti et pérennise les gouvernements de coalition (d’ailleurs encouragés par le roi Albert). Ces gouvernements vont peser lourdement sur les relations entre les partis politiques et apporter des changements fondamentaux de structure, de système et de culture politique, que nous connaissons encore aujourd’hui.
Car pour assurer la cohésion des gouvernements de coalition, apparaît la nécessité de négocier un programme, d’avoir un chef d’équipe en la personne du Premier Ministre (et de protéger de la sorte la fonction royale, qui va s’atténuant). Les pratiques de lecture de la déclaration gouvernementale, du vote de confiance, de la démission du gouvernement après les élections, de la nomination d’un formateur s’installent progressivement dans l’entre-deux-guerres, de même que la nécessaire discipline de parti des parlementaires et la solidarité gouvernementale.