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Question écrite n° 4-3902

de Christine Defraigne (MR) du 11 aôut 2009

au ministre des Affaires étrangères

Zimbabwe - Morgan Tsvangirai - Situation économique

Zimbabwe
situation économique
situation politique
reconstruction économique
démocratisation
aide au développement
droits de l'homme

Chronologie

11/8/2009Envoi question (Fin du délai de réponse: 10/9/2009)
4/9/2009Réponse

Question n° 4-3902 du 11 aôut 2009 : (Question posée en français)

L'Accord politique de partage du pouvoir signé en septembre 2008 a permis un partage du pouvoir au Zimbabwe. Aux termes de cet accord, le président Mugabe restait en fonction, Morgan Tsvangiraï devenait Premier ministre et les postes gouvernementaux se répartissaient entre les membres des formations respectives. Le Zimbabwe fait désormais l'objet d'un plan de redressement énergique visant à endiguer le fléau inflationniste et à faire cesser les pénuries. La libéralisation de l'économie commence à faire sentir ses premiers effets et le plan d'urgence adopté par le Gouvernement a, par son sérieux, convaincu le FMI qui, en mai dernier, a décidé d'accorder à nouveau son assistance.

Je voudrais connaître la situation économique exacte du Zimbabwe et les priorités et les objectifs du nouveau gouvernement.

Que peut faire l'Union européenne pour aider le nouveau Premier ministre dans cette vaste entreprise de reconstruction politique et économique ? Peut-elle fournir son assistance pour professionnaliser les forces de maintien de l'ordre en les formant à la tolérance et au respect des droits de l'homme ? Qu'en est-il du secteur judiciaire ?

Quels sont les progrès sur le plan de la démocratisation du pays : quand le processus de réforme constitutionnelle sera-t-il lancé, quels sont ses objectifs et ses modalités ? Y aura-t-il une commission chargée des droits de l'homme et une commission électorale ? Le gouvernement connaît-il une réelle cohésion ?

Peut-il répondre aux nombreux cas de sida, de choléra et de famine ? Par ailleurs, les organisations humanitaires et les ONG qui souhaitaient la levée des restrictions pesant sur leurs interventions ont-elles été entendues ? Enfin, les autorités disposent-elles des équipements et des médicaments d'urgence et de base nécessaires ?

Trois millions de Zimbabwéens seraient partis en Afrique du Sud : comment envisager leur retour ?

Enfin, qu'en est-il de la propriété foncière ? De graves litiges ont opposé les Zimbabwéens d'origine et les Zimbabwéens issus de la période coloniale. Ces litiges ont-ils été tranchés ?

Réponse reçue le 4 septembre 2009 :

La situation économique du Zimbabwe reste difficile et prendra certainement longtemps avant de se redresser complètement. Cependant, on constate déjà de nettes améliorations depuis l’entrée en fonction du nouveau gouvernement. Àla suite de l’utilisation du dollar américain pour des transactions en cours, l’inflation qui s’élevait à plusieurs millions de pourcent, a pu être réduite à environ 6 %. Le ministre des Finances a pu contrôler une plus grande partie des recettes de l’État et les fonctionnaires sont payés. Le gouvernement a élaboré un plan de reconstruction de l’économie à court-terme.

Le Premier ministre Tsvangirai a effectué une tournée des capitales européennes. Il a également été reçu par mon prédécesseur. Cette visite a permis de confirmer le soutien européen et de relancer le dialogue politique entre l’Union européenne et le Zimbabwe. Jusqu’ici, en raison des difficultés liées au régime, les principaux donateurs ont réduit leur aide à une stricte aide humanitaire. Cette aide s’est sensiblement élargie à des secteurs tels que l’éducation. Un programme complet financé par le Fonds européen de développement ne pourra être conclu que lorsque des progrès tangibles seront observés, notamment en matière de respect des droits de l’homme et de démocratisation.

Les mesures de démocratisation et de réforme de la constitution sont prévues par « l’Accord politique global » de septembre 2008, qui a permis la mise en place du gouvernement. Cet accord prévoit entre autres toutes les étapes visant à l’élaboration d’une nouvelle constitution, la mise sur pied d’une Commission des médias, etc. La question de la réconciliation nationale sera traitée par une Commission spéciale. L’accord prévoit également une réforme du système de sécurité du pays, mais celle-ci tarde à être mise en œuvre.

Les restrictions qui avaient été imposées à la suite des élections ont été levées. Des Organisations non-gouvernementales (ONG) telles que Médecins Sans Frontières (y compris MSF-Belgique) sont très actives dans la lutte contre le VIH-Sida et le choléra. De son côté, la Belgique n’est certainement pas restée indifférente et a plusieurs fois accordé une aide au titre de l’aide humanitaire d’urgence ou de l’aide alimentaire. Elle a accordé 3 350 000 euros en 2008-2009. Le gouvernement zimbabwéen ne dispose pas des moyens nécessaires en matière d’équipements et de médicaments d’urgence et dépend dès lors de ses principaux donateurs en la matière.

Le nombre exact de Zimbabwéens présents sur le sol sud-africain est inconnu à ce jour. C’est essentiellement l’Organisation Mondiale pour les Migrations, qui est présente à la frontière entre ces deux pays, qui s’occupe de ces questions. Le Premier ministre Tsvangirai a rencontré la diaspora zimbabwéenne lors de plusieurs missions et a enjoint ses compatriotes à rentrer afin de participer à la reconstruction de leur pays.

La réforme agraire a été lancée en 2000 par le Président Mugabe et est à l’origine de nombreuses évictions de fermiers blancs. L’accord politique de septembre 2008 consacre un chapitre à cette question et prévoit notamment la réalisation d’un audit. C’est malheureusement l’un des secteurs où la mise en œuvre des dispositions de l’accord est très lente. Àce jour, il semble que des évictions aient toujours lieu dans certaines régions du pays et l’audit en question n’a pas encore été entamé. Le ministre des questions foncières a récemment déclaré qu’il aurait besoin de fonds (30 millions USDollar) afin de mettre sur pied un comité indépendant pour les questions foncières.